COW réalisé par Andrea Arnold, disponible en DVD le 4 avril 2023 chez Ad Vitam.
Production : Kat Mansoor
Photographie : Magda Kowalczyk
Durée : 1h34
Année de sortie : 2021
LE DOCUMENTAIRE
« Cow nous invite à porter un autre regard sur les vaches, à nous en rapprocher, à contempler leur beauté mais aussi la réalité de leur vie. Sans fard. Ceci est l’histoire d’une réalité, celle d’une vache laitière, et un hommage à l’immense service qu’elle nous rend. Quand je regarde Luma, notre vache, c’est notre monde que je vois à travers elle. » Andrea Arnold
L’auteur de ces mots se souvenait d’un excellent documentaire réalisé en 2013 par Emmanuel Gras, Bovines – ou la vraie vie des vaches. Dix ans plus tard, contre toute attente, la cinéaste de renom Andrea Arnold (Fish Tank, American Honey, Les Hauts de Hurlevent, Red Road) décide de se placer à hauteur de mammifère pour évoquer le quotidien d’une vache en particulier, qui répond ici au doux nom de Luma. Dans les champs, broutant paisiblement, mettant bas pour la sixième fois de son existence (son veau ne pourra d’ailleurs même pas profiter du lait de sa maman, qui nous est réservé et se voit même d’emblée arraché à sa maman après le vêlage), harnachée à la trayeuse électrique (comme un ouvrier sur sa machine), à la fois placide et pourtant dotée d’un fort caractère, qui n’a eu de cesse de s’affirmer avec les années, on suit Luma, qui observe tout autour d’elle, avant de tourner sa magnifique gueule vers nous. Cow prend une autre dimension, car évidemment il ne s’agit pas d’un documentaire « gentil » sur la condition de vie des vaches, par ailleurs dépourvu du moindre commentaire ou voix-off. Autant le dire tout de suite, la fin percutante risque de choquer plus d’un spectateur, ou tout du moins en laisser pas mal sonné par sa brutalité soudaine, même si d’autres l’auront senti venir. Difficile d’en dire plus, mais Cow est un film choc sur le rapport primaire entre l’homme et l’animal, qui laisse de nombreuses traces en tête après l’avoir visionné.
Les nombreux avions zèbrent le ciel (un aéroport est sans doute planté pas loin) et les trains passent dans Cow, tandis que Luma et ses congénères prennent l’air et suivent la voix qui leur dit « Venez mes jolies ! ». C’est que notre personnage principal n’a pas vraiment le temps de se reposer, entre la mise au monde de son dernier veau, les sabots à se faire raboter, se faire à nouveau monter par un ou plusieurs taureaux, sans compter les heures passées à se faire traire par des machines au boucan infernal. Il est loin le cliché du brave bovin étendu dans l’herbe, à se la couler douce. Luma, vache laitière, est condamnée chaque jour aux mêmes rituels immuables, comme si elle n’était qu’un simple rouage d’une industrie mathématiquement mise au point et implacable. Pourtant, celles et ceux qui auront pris le temps de les observer, savent à quel point le regard d’une vache est non seulement expressif, mais aussi rempli d’âme, de conscience et d’amour, mais en aucun cas vide.
C’est là qu’intervient le regard engagé et évidemment sensible d’Andrea Arnold, qui démontre ce qui se cache derrière l’appellation « animal d’élevage ». N’attendez pas une vision romantique de la vache, mais plutôt romanesque, car s’il y a un début, il y a forcément une fin, comme tout être vivant, à l’exception que de par sa nature, le mammifère n’a jamais eu ou presque un moment de répit, étant bien sûr convoitée pour la richesse qu’elle crée, mais uniquement si celle-ci vient de mettre au monde. Andrea Arnold aurait pu jeter son dévolu sur une autre protagoniste, Cow aurait été à la fois identique, dans ce que le film souhaite dire, et pourtant différent puisque chaque vache peut comme chaque individu, être diamétralement opposée. Mais quand nous faisons la rencontre avec Luma, nous ne voyons qu’elle par la suite.
Présenté en séance spéciale sous le label Cannes Première au Festival de Cannes 2021 (pendant qu’Andrea Arnold présidait le jury Un Certain Regard), Cow ne devrait pas laisser le spectateur indifférent et permettra nous l’espérons que celui-ci participera à créer une nouvelle empathie de l’être humain avec ce sublime animal…et les autres. Tandis que Milk de Garbage résonne encore et encore après.
LE DVD
C’est chez Ad Vitam que Cow débarque en DVD ! Une sortie inespérée, étant donné que le film d’Andrea Arnold est passé inaperçu dans les salles françaises en novembre dernier. Le menu principal est animé et musical.
Seule la bande-annonce est disponible comme supplément.
L’Image et le son
Tourné en numérique, Cow bénéficie d’une belle édition Standard, qui parvient à restituer les volontés artistiques, un tournage vif afin de capter la spontanéité de sa protagoniste, avec une belle précision. Le cadre est beau, la colorimétrie brillante et le relief omniprésent. L’encodage consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est acéré.
La piste 5.1. est anecdotique et le soutien des latérales n’est palpable que sur les rares séquences tournées en extérieur. Les scènes demeurent essentiellement axées sur les frontales, les latérales se contentant d’un écho très lointain. Pour cause de tournage brut, l’enregistrement sonore varie selon les conditions des prises de vue. Pour une meilleure homogénéité, la stéréo se révèle parfaite, percutante à souhait, cette piste donne finalement plus de corps à l’ensemble.
Crédits images : © Ad Vitam / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr