COMMENT J’AI RENCONTRÉ MON PÈRE réalisé par Maxime Motte, disponible en DVD chez M6 Vidéo le 11 octobre 2017
Acteurs : François-Xavier Demaison, Isabelle Carré, Albert Delpy, Diouc Koma, Owen Kanga, Robert Lemaire…
Scénario : Maxime Motte, David Charhon
Photographie : David Chambille
Musique : Mateï Bratescot
Durée : 1h22
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
Un couple, parents adoptifs d’Enguerrand, un petit enfant africain, habite en Normandie près de la mer, non loin du lieu stratégique permettant aux clandestins de se rendre en Angleterre. Une nuit, Enguerrand croise le chemin d’un migrant, Kwabéna, à la peau noire comme la sienne. Pour lui, c’est sûr, il s’agit de son père biologique ! Il décide donc de l’héberger dans sa chambre, à la grande surprise de ses parents… De péripéties en rebondissements, l’aventure pourrait bien souder la famille comme jamais…
Mignonnet. Voilà notre ressenti à la fin de Comment j’ai rencontré mon père, premier long métrage de Maxime Motte, provenant directement de son court-métrage homonyme réalisé en 2009. Difficile de parler de la situation des migrants, réfugiés et sans papiers à travers le registre de la comédie. On ne sait pas trop quelles étaient les intentions originales du réalisateur-scénariste, mais rien n’est réaliste ici. Mieux vaut espérer que le film ait été pensé comme une fable et même un conte afin d’apprécier Comment j’ai rencontré mon père, qui s’avère un divertissement honnête.
Enguerrand, un petit garçon d’origine africaine, a été adopté par Eliott et Ava. Avec maladresse mais amour, ces derniers assument tant bien que mal leur statut de parents. De son côté, Enguerrand ne cesse de demander à voir son père biologique. Il ignore qu’il est décédé. Quand Enguerrand croise le chemin de Kwabena, un migrant, il pense avoir retrouvé son papa. Il décide donc de l’héberger dans sa chambre. Kwabena se rend rapidement compte que le petit garçon a été accueilli dans une bonne famille. La présence de l’invité-surprise va permettre à Eliott et Ava de se remettre en question.
On avait déjà pu apercevoir Maxime Motte en tant que comédien chez David Charhon dans Cyprien (du moins pour ceux qui ont eu le courage de visionner cette chose) et le grand succès De l’autre côté du périph, ainsi que dans le superbe Exercice de l’État de Pierre Schoeller. Egalement scénariste, notamment des Naufragés avec Daniel Auteuil (qu’il a coécrit avec David Charhon), Maxime Motte a donc naturellement demandé à son complice de cosigné avec lui le scénario de Comment j’ai rencontré mon père. Comme c’est souvent le cas, ce premier long métrage ne se démarque pas du tout-venant, mais repose en grande partie sur son casting et de ce point de vue-là l’excellente Isabelle Carré et François-Xavier Demaison, qui s’étaient déjà donné la réplique dans Tellement proches du duo Nakache-Toledano, accompagnés du truculent Albert Delpy assurent et se démènent pour qu’on ne s’ennuie pas. Du moins pas autant qu’on pouvait le craindre.
Le problème de Comment j’ai rencontré mon père, c’est que Maxime Motte se trouve pris au dépourvu et ne sait plus trop quoi broder autour de son court-métrage qui durait à peine dix minutes. Heureusement, l’intérêt va quand même en grandissant, jusqu’à un dernier acte qui détonne certes par rapport au reste, mais qui s’avère drôle, sans pathos, burlesque, jusqu’à une scène finale qui emporte l’adhésion et laisse une bonne impression quand le générique apparaît au bout de 80 minutes. On pense alors à Little Miss Sunshine, qui a inspiré moult « feel good movies » depuis sa sortie en 2006, même si le film de Maxime Motte reste bien trop modeste et enfermé dans un carcan typique du cinéma français. Un cinéma qui souhaite parler de choses graves ou importantes à travers l’humour, mais qui tombe finalement dans le piège, celui d’avoir peur de ne pas parvenir à divertir l’audience et qui préfère donc miser sur quelques gags même éculés.
La mise en scène fonctionnelle, aidée par une jolie photo qui met en valeur la beauté de la Côte d’Opale – d’où est originaire le metteur en scène – parvient à maintenir suffisamment l’intérêt du spectateur, ce qui est en soi un challenge que de nombreux jeunes réalisateurs français ne parviennent pas à relever et qui disparaissent quasiment du jour au lendemain. Ce qu’on ne souhaite pas à Maxime Motte, même si l’échec dans les salles de Comment j’ai rencontré mon père a été plutôt important avec à peine 50.000 entrées à sa sortie.
LE DVD
Pas de sortie HD pour Comment j’ai rencontré mon père, disponible chez M6 Vidéo, en raison du peu d’entrées réalisées dans les salles. En revanche, le visuel de l’affiche du film n’a pas été repris pour cette sortie dans les bacs. La jaquette affiche donc le couple vedette en compagnie du petit acteur, de façon beaucoup plus rapprochée que l’affiche originale, qu’on préférait largement. Le menu principal est peu recherché, standard, animé sur une séquence du film.
M6 Vidéo ne s’embête pas trop pour cette édition, qui semble avoir été réalisée à la va-vite. Deux scènes coupées (1’30 au total) montrent une sortie d’école assez amusante et la création en cachette d’un profil sur un site de rencontre entre les pensionnaires de la maison de retraite.
Le court-métrage Comment j’ai rencontré mon père (7’-2009) est également disponible. Dans un petit village de bord de mer, un petit garçon de six ans rêve de rencontrer son père biologique. David Charhon, complice de Maxime Motte, interprète le père adoptif du petit garçon.
L’interactivité se clôt sur une petite vidéo montrant le réalisateur Maxime Motte en pleine séance de coaching avec le jeune Owen Kanga (2’).
L’Image et le son
Point d’édition Blu-ray, mais un beau DVD pour Comment j’ai rencontré mon père. M6 Vidéo soigne le master avec des contrastes élégants, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est vif, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.
Le Mixage Dolby Digital 5.1 délivre de rares ambiances naturelles, à part sur les séquences de plage et l’action demeure essentiellement frontale. Les dialogues sont saisissants sur l’enceinte centrale et la balance gauche-droite dynamique, mais les latérales exsudent avec trop de parcimonie les quelques effets attendus. Seule la musique (très présente) offre un semblant de spatialisation. La piste Stéréo est de fort bon acabit et s’avère bien suffisante. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.
Crédits images : © SND/ Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr