Test Blu-ray / Vaincre ou mourir, réalisé par Paul Mignot & Vincent Mottez

VAINCRE OU MOURIR réalisé par Paul Mignot & Vincent Mottez, disponible en DVD & Blu-ray le 25 mai 2023 chez Puy du Fou Films.

Acteurs : Hugo Becker, Rod Paradot, Gilles Cohen, Grégory Fitoussi, Constance Gay, Jean-Hugues Anglade, Francis Renaud, Dorcas Coppin…

Scénario : Vincent Mottez

Photographie : Alexandre Jamin

Musique : Nathan Stornetta

Durée : 1h39

Année de sortie : 2023

LE FILM

1793. Voilà trois ans que Charette, ancien officier de la Marine Royale, s’est retiré́ chez lui en Vendée. Dans le pays, la colère des paysans gronde : ils font appel au jeune retraité pour prendre le commandement de la rébellion. En quelques mois, le marin désœuvré devient un chef charismatique et un fin stratège, entraînant à sa suite paysans, déserteurs, femmes, vieillards et enfants, dont il fait une armée redoutable car insaisissable. Le combat pour la liberté ne fait que commencer…

On en entendu des vertes et des pas mûres sur Vaincre ou mourir, la première production cinématographique du Puy du Fou, inspirée par le spectacle Le Dernier Panache, triomphe du parc vendéen en 2016, tirée du combat de François-Athanase Charette de La Contrie, figure majeure de la guerre de Vendée. La presse de gauche s’est délectée à le traîner dans la boue, tandis que Cnews, Valeurs actuelles et consorts se pâmaient devant. Il en faut pour tous les goûts et loin de nous l’idée de nous prétendre historien pour parler oui ou non de respect des faits réels. Nous ne jugerons Vaincre ou mourir qu’en tant que long-métrage à part entière et donc comme divertissement. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est très mauvais…Si l’on devait faire une critique rapide du style Reader’s Digest, on pourrait résumer ainsi « Félicitations à Hugo Becker, qui a réussi ses scènes a cheval malgré son balai bien enfoncé dans le fondement dans Vaincre ou mourir. Nous ne sommes pas loin de Vercingétorix avec Cri-Cri Lambert et c’est la première fois que nous avons eu l’impression de visionner un film réalisé en Audiodescription. Il s’agit d’un reportage XL France 3 région au montage épileptique avec des beaux costumes piétinés dans la boue, le tout sur fond de musique de Fort Boyard ». C’est assez clair ? On peut en parler un peu plus longuement plus bas si vous le désirez, mais l’essentiel est dit.

Vendéens, Vendéennes !

Dans la France révolutionnaire (« période vachement troublée » disaient Les Inconnus), en 1793, après trois ans de tranquillité au château de Fonteclose où il s’est établi après son mariage, François Athanase Charette de La Contrie se voit rappeler par des paysans en colère pour prendre le commandement de l’insurrection vendéenne. Le jeune marin devient alors un habile stratège et un chef de guerre charismatique, défiant la République avec son armée de paysans, de femmes et d’enfants.

Où est Mel Gibson ?

Visiblement, Le Puy du Fou a de la suite dans les idées, puisque même avant la sortie de Vaincre ou mourir, qui sera parvenu malgré tout à attirer près de 285.000 spectateurs dans les salles, le parc planchait déjà sur d’autres longs-métrages. Si l’on devait donner un conseil aux producteurs, ce serait de choisir d’autres lieux de tournage, plutôt que de se concentrer uniquement ou presque sur les terres du parc vendéen, qui donnent un cachet cheap au film du début à la fin. Mais ce n’est évidemment pas le seul problème, loin de là. À la barre, un certain Paul Mignot, producteur d’Hostile de Mathieu Turi et de Night Fare de Julien Seri et Vincent Mottez, qui lui avait signé quatre épisodes de l’émission Secrets d’histoire (sur Léonard de Vinci, Lady Hamilton, Raphaël et Victor-Emmanuel II). Pas étonnant que le film démarre par l’intervention croisée des historiens Reynald Secher (dont certaines publications ont fait l’objet de controverses dans la presse française de Gauche) et Nicolas Delahaye, tous les deux spécialistes de la période de la Révolution française et des guerres de Vendée, de la professeur d’Histoire moderne Anne Rolland-Boulestreau et de l’écrivain Armand Bérart. Une introduction qui donne le la, qui plante le décor et les enjeux, ainsi que la personnalité de celui qui sera le héros du film, « un rebelle qui réussit et rate des coups […] la référence par excellence », François-Athanase Charette de la Contrie. Un super-héros made in France.

Il faut bouter la République hors d’Orouët !

C’est le falot Hugo Becker, vu dernièrement dans Diane de Poitiers de Josée Dayan, dans les séries Au service de la France, Baron Noir et Chefs. Un surjeu éhonté, un acteur qu’on a laissé vraisemblablement faire ce qu’il lui plaisait, autrement dit imiter Rambo (on est sûr qu’il s’est retenu de dire « Pour survivre à la guerre, il faut devenir la guerre ! »), flasque comme un fion vendéen, qui plisse les yeux sans arrêt pour se donner un air bad-ass, en étant toujours en hyperventilation. Grosse erreur de casting qui tire Vaincre ou mourir vers la comédie involontaire. Dommage également de compter dans la distribution le génial Rod Paradot, un des jeunes acteurs français les plus prometteurs de ces dernières années, et de ne rien lui confier à faire, même si son charisme demeure. Les gueules de Gilles Cohen, Grégory Fitoussi, Olivier Barthélémy et Jean-Hugues Anglade sont on ne peut plus photogéniques, mais les malheureux n’ont aussi rien à défendre et c’est encore pire du côté des actrices. Passons.

Vaincre ou mourir est une succession de faux affrontements, dans le sens où la plupart ne sont pas montrés à l’écran, mais racontés par une voix-off insupportable qui ne fait que paraphraser ce qui se déroule à l’écran sur les séquences dites « sobres », ou qui expliquent en fait ce qui s’est passé sur le champ de bataille, ce qui restera hors champs et non tourné faute de moyens. Les combats qui le sont laissent songer que les cadreurs étaient soit atteints de la maladie de Parkinson, soit victimes d’une crise d’épilepsie au moment de la prise de vue. Ces scènes sont insipides, laides, incompréhensibles, comme un Braveheart de chez Foir’Fouille. Nous retiendrons tout de même la belle photographie d’Alexandre Jamin, qui parvient à apporter au film une élégance qui lui manque partout ailleurs, y compris dans les costumes qui paraissent avoir été salis juste avant les prises, ou les décors peu recherchés et redondants, ce qui est évident quand on sait que Vaincre ou mourir a été tourné dans un périmètre limité.

Je vous jure que je ne savais pas où était passée ma pipe…

Plus le récit avance, plus l’ensemble évoque une compilation de vidéos tournées pour une exposition (à la base, cela devait être un docu-fiction pour la télévision, avant de muter par ambition « De Villières »), se « narnardise » pour notre plus grand bonheur, avec des dialogues tordants, jusqu’à la scène finale qui nous rejoue la Passion du Christ, en faisant du personnage principal un martyr, tandis que la musique pompeuse, qui rappelle parfois le thème écrit par Paul Koulak pour un jeu télévisé situé sur un fort maritime où l’on doit gagner des boyards, martèle chaque action avec quelques accents que l’on croirait tirés d’Heidi Heido. En attendant la résurrection, mais nous ne pensons pas que Le Puy du Fou ira si loin…

C’est toi le scénariste ?

LE BLU-RAY

Vaincre ou mourir est édité dans les bacs par Puy du Fou Films, en DVD et Blu-ray. Le disque HD repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné, reprenant le visuel de l’affiche d’exploitation. Même chose pour le menu principal, animé et musical.

Un making of de 25 minutes, très complet, revient sur tous les aspects de Vaincre ou mourir, sa genèse, les intentions cinématographiques (« prolonger le langage artistique du parc) de Nicolas de Villiers, président du Puy du Fou et donc désormais producteur, les conditions de tournage, le travail des deux réalisateurs, celui des responsables techniques, l’évolution du scénario, le casting, les cascades et les scènes de batailles, la musique, les répétitions… Le tout agrémenté de très nombreuses images de plateau et d’interviews de l’équipe. Un documentaire très sympathique, sincère (on n’en doute pas une seconde), qui donnerait presque envie de revoir le film une seconde fois pour lui redonner une autre chance. On a bien dit presque.

Nous trouvons aussi la bande-annonce, le teaser, ainsi qu’un mini-reportage de 45 secondes (!) sur l’avant-première parisienne de Vaincre ou mourir, qui s’était déroulée à l’UGC Normandie le 10 janvier 2023.

L’Image et le son

Faites confiance à Puy du Fou Films pour assurer le service après-vente de son premier bébé ! Le film se trouve choyé par l’éditeur. Le master tient toutes ses promesses, la colorimétrie froide souvent désaturée est superbe, les contrastes denses, les détails ciselés et le relief étonnant. Si la définition n’est pas optimale – certaines séquences en intérieur sont plus douces – le piqué est fort acceptable, et la photo du chef opérateur Alexandre Jamin est admirablement restituée. En revanche, il s’agit d’un Blu-ray 1080i.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages français, DTS HD Master Audio 5.1 et Stéréo, aussi probants dans les scènes de batailles que dans les séquences plus calmes. Les pics de violence peuvent compter sur une balance assez percutante des frontales comme des latérales, avec les cris très présents. Les effets annexes sont palpables et souvent dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des séquences au moment opportun. La spatialisation musicale est probante. La piste Stéréo devrait largement contenter ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène avant. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription…qui ne change pas grand-chose par rapport au mixage original avec cette voix-off omniprésente.

Crédits images : © Puy du Fou Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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