UNE JOURNÉE DE FOUS (The Dream Team) réalisé par Howard Zieff, disponible en DVD et Blu-ray le 21 janvier 2020 chez Rimini Editions
Acteurs : Michael Keaton, Christopher Lloyd, Peter Boyle, Stephen Furst, Dennis Boutsikaris, Lorraine Bracco, Philip Bosco, Milo O’Shea…
Scénario : Jon Connolly, David Loucka
Photographie : Adam Holender
Musique : David McHugh
Durée : 1h53
Date de sortie initiale : 1989
LE FILM
Le Dr Weitzman, psychiatre, décide d’emmener quatre de ses patients en balade à New York. Il y a là Billy, sujet à des accès de violence, Henry, schizophrène et paranoïaque, Albert, incapable de communiquer avec les autres, et Jack, qui croit être la réincarnation du Christ. Mais le médecin est victime d’une agression, et nos quatre énergumènes se trouvent livrés à eux-mêmes, dans une ville encore plus folle qu’eux.
Hit the road Jack and
don’t you come back
No more, no more, no more, no more
Hit
the road Jack and don’t you come back no more…
Méconnu, voire totalement inconnu en France, Une journée de fous – The Dream Team est pourtant un joyau de la comédie américaine de la fin des années 1980, réalisé par Howard Zieff (1927-2009), qui avait signé La Bidasse – Private Benjamin (1980) avec Goldie Hawn, et plus tard les deux volets de My Girl (1991 et 1994) avec Dan Aykroyd, Jamie Lee Curtis, Macaulay Culkin (pour le premier opus) et Anna Chlumsky. Sur un scénario coécrit par Jon Connolly (Eddie, avec Whoopy Goldberg) et David Loucka (La Maison au bout de la rue), le cinéaste dirige un quatuor de comédiens exceptionnels, Michael Keaton, Christopher Lloyd, Peter Boyle et Stephen Furst. Une journée de fous est une totale découverte, complètement passée inaperçue en France à sa sortie en septembre 1989.
Quatre patients du Dr Weitzman, brillant psychiatre persuadé qu’un bref retour à la vie normale leur ferait le plus grand bien, se voient offrir, dans le cadre de leur thérapie, un match au Yankee Stadium de New York. Malheureusement, dès leur arrivée en ville, le Docteur est assommé dans une ruelle déserte par des ripoux et sombre dans le coma. Le groupe qui comprend un romancier mythomane et coléreux, un patient qui se prend pour un psychiatre, un publicitaire talentueux se prenant pour le Christ et enfin un obèse obsédé par la télévision, commence à errer dans les rues de la Grosse Pomme. New York étant un asile d’aliénés à ciel ouvert, nos quatre pensionnaires passent relativement inaperçus. Ils se retrouvent plongés malgré-eux dans une histoire de policiers corrompus.
Bienvenue dans une ville de dingues ! Une journée de fous est une véritable attraction dans le sens où le film agit comme une visite guidée de New York faite en compagnie des gens du cru. Après une exposition assez bavarde, mais néanmoins très bien écrite, qui présente nos quatre protagonistes durant une bonne vingtaine de minutes, Howard Zieff déploie sa petite colonie pour près d’1h30 de quiproquos, de rebondissements et de répliques vraiment très drôles et inattendues. Sans forcer le trait, chaque personnage s’avère immédiatement attachant et surtout, le réalisateur ne se moque jamais et d’aucune façon de ses héros. S’il a démarré au cinéma en 1982 dans Les Croque-morts en folie de Ron Howard, Michael Keaton devra attendre 1988 pour se faire réellement un nom grâce au mythique Beetlejuice de Tim Burton. La consécration viendra la même année qu’Une journée de fous, avec Batman, dans lequel il interprète évidemment le rôle principal et qui déboule sur les écrans quelques mois après le film d’Howard Zieff. Il est absolument formidable dans le rôle du mec mythomane colérique, qui pète un câble à la première occasion et qui doit se farcir la compagnie de trois autres patients, avec qui l’entente est aussi difficile que tendue. En revanche, même si Peter Boyle (Tout le monde aime Raymond, Double Détente) et Stephen Furst (American College) sont aussi géniaux que Michael Keaton, Christopher Lloyd vole la vedette dans le rôle d’Henry Sikorsky. Apparu au cinéma dans Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975) de Miloš Forman, et qui connaîtra un succès foudroyant dix ans plus tard dans Retour vers le futur (1985) de Robert Zemeckis, l’acteur est encore une fois irrésistible, même quand il apparaît au second plan. Ses mimiques, ses yeux plissés, sa bouche en cul de poule, sa longue silhouette dégingandée font rire du début à la fin, tout comme les tocs de son personnage, comme lorsqu’il essaye de tout consigner dans un rapport.
Toutes ces sensibilités, ces talents et ces tempéraments divers s’accordent finalement pour le meilleur et aucun comédien ne tire la couverture, chacun étant bien mis en valeur par Howard Zieff et surtout par l’histoire qui n’en laisse aucun sur le bas côté, sans oublier l’émotion, car il s’agit avant tout de personnages tragiques perdus dans un monde qui ne fait pas de cadeau aux cabossés de la vie. De plus, le récit démontre que si chaque individu se renferme dans son univers, l’entente, le dialogue et l’entraide deviennent malgré tout possibles. De belles valeurs qui apparaissent en filigrane, sans jamais être pesant.
The Dream Team possède et conserve ce charme propre aux comédies américaines du style La Folle journée de Ferris Bueller (1986) de John Hughes. Si elle n’est sans doute pas passée à la postérité comme ce dernier, la folle journée de Billy, Henry, Jack et Albert vaut sacrément le détour et risque de devenir culte pour celles et ceux qui découvriront cette pépite trente ans après sa sortie.
LE BLU-RAY
Inédit en DVD dans nos contrées, Une journée de fous débarque enfin en France sous la bannière de Rimini Editions. Encore une fois, l’éditeur a su dégoter une vraie petite perle du cinéma américain et nous offre le film d’Howard Zieff à la fois en édition standard et en Blu-ray. Ce dernier est proposé sous la forme d’un boîtier bleu classique, glissé dans un surétui cartonné. Très beau visuel coloré de la jaquette. Le menu principal est animé sur l’entêtant Hit the road Jack de Ray Charles.
Un seul supplément sur cette édition. Il s’agit d’un entretien de Célia Sauvage, enseignante et chercheuse en cinéma américain (30’), qui aborde la comédie américaine des années 1980 à 2000, sous plusieurs angles, par ailleurs rares et toujours passionnants. L’évolution du genre, le changement de visage des personnages (de héros à antihéros), l’apparition au premier plan des marginaux, sans oublier une formidable analyse du film d’Howard Zieff, tous ces sujets et bien d’autres (la lecture sociale et politique d’Une journée de fous) sont passés en revue sans aucun temps mort. Une réflexion fine et intelligente sur la comédie est assez rare pour être signalée et donc ce supplément est à ne pas manquer.
L’Image et le son
Aux Etats-Unis, Une journée de fous est disponible en Blu-ray chez Universal depuis 2016. C’est vraisemblablement la même copie qui arrive en France. La copie présentée est très propre, superbe même. La HD est flagrante, surtout sur la luminosité et l’éclat des couleurs, le grain excellemment géré, le piqué agréable et pointu, les détails appréciables (le dédales des rues new-yorkaises, la texture des vêtements, les gros plans) et la profondeur de champ indéniable.
Les versions originale et française bénéficient d’une piste DTS-HD Master Audio Stéréo 2.0 exemplaire et limpide, restituant les dialogues avec minutie, ainsi que la belle partition de David McHugh (Mystic Pizza) qui jouit d’un coffre inédit. Les effets sont solides, le confort acoustique largement assuré. Le mixage français est certes moins riche mais le doublage est brillant avec les voix légendaires d’Emmanuel Jacomy, Pierre Hatet, André Valmy et de Marc François.
Une réflexion sur « Test Blu-ray / Une journée de fous, réalisé par Howard Zieff »