THE BOAT réalisé par Winston Azzopardi, disponible en DVD et Blu-ray le 25 janvier 2020 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Joe Azzopardi
Scénario : Winston Azzopardi, Joe Azzopardi
Photographie : Marek Traskowski
Musique : Lachlan Anderson
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
Un marin est prisonnier d’un vaisseau fantôme perdu au milieu de la Méditerranée.
Voilà. C’est ça The Boat. Non, en réalité le premier long métrage du réalisateur maltais Winston Azzopardi est bien plus complexe que cela et mérite surtout qu’on s’y attarde. Scénariste, directeur de production sur World War Z, 13 Hours et Assassin’s Creed, producteur (Troie de Wolfgang Petersen, Le Crime de l’Orient-Express de Kenneth Branagh), Winston Azzopardi avait jusqu’à maintenant signé quelques téléfilms, courts-métrages et documentaires. L’histoire de The Boat se déroule au large de Malte et le casting se compose uniquement de Joe Azzopardi, fils de Winston, également co-producteur et co-scénariste. Véritable petit tour de force, The Boat est une série B très efficace, qui suinte d’amour pour le genre, pas forcément convaincante de bout en bout, mais suffisamment maline, prenante, mystérieuse et techniquement aboutie pour retenir l’attention du spectateur.
Alors qu’un jeune homme est parti pêcher en mer, le temps se couvre. Un bateau apparaît au milieu du brouillard. Le pêcheur monte à bord et découvre qu’il est vide. Lorsqu’il veut retourner sur son embarcation, celle-ci a disparu. Il se retrouve donc seul à bord de ce vaisseau fantôme. Vraiment seul ?
Véritable survival nappé de fantastique, The Boat est une petite production de cinq millions de dollars, qui parvient d’emblée à instaurer une ambiance, une atmosphère trouble, un rythme languissant, mais maîtrisé et qui contient son lot d’étonnants rebondissements. S’il est vrai que l’on peut passer une bonne partie du film à se demander pourquoi le personnage principal agit de telle ou telle façon, l’immersion est évidente et totale. Joe Azzopardi, vu, ou plutôt aperçu dans 13 Hours de Michael Bay et prochainement dans The Last Planet de Terrence Malick, est charismatique et se donne à fond dans ce rôle unique, pour lequel il ne s’épargne pas et s’avère tout à fait convaincant quand il doit « affronter » une force invisible, bien déterminée à le cloîtrer à bord de ce voilier quasi-surnaturel. On pense alors à Duel (1971) de Steven Spielberg, Enfer mécanique (1977) d’Elliot Silverstein, ou bien encore à Christine (1983) de John Carpenter.
Le « marin », dont on ne connaîtra jamais le nom, se retrouve coincé pendant 30 minutes dans l’espace réduit des toilettes. Seul un petit vasistas lui permet d’être légèrement en contact avec l’extérieur et où il aperçoit un navire de charge se diriger dangereusement vers lui. Pouvant passer un bras par l’ouverture, le marin doit alors redoubler d’imagination pour stopper ce bateau, qui semble être définitivement animé par une âme agressive. Sans dévoiler toutes les péripéties, tous les pièges et les épreuves que devra affronter le protagoniste, disons que The Boat maintient en permanence un sentiment d’insécurité. Aucun élément dramatique n’est expliqué, le réalisateur préférant s’en remettre à l’intelligence et à la réflexion des spectateurs. Du coup, on en vient à penser à voix haute devant le film. Le marin agit-il parfois inconsciemment comme s’il était en transe ou hypnotisé par une force diabolique ? Est-il prisonnier d’une boucle temporelle et les bruits de pas qu’il entend ne sont-ils pas les siens, ou du moins d’un « autre lui » déjà perdu et condamné sur ce maudit rafiot ? Deux forces fantastiques s’opposent-elles ? Des questions auxquelles nous n’aurons aucune réponse.
Tourné dans de magnifiques décors naturels, à Malte et en pleine mer, The Boat ne cesse d’interroger son audience, tout en la flattant constamment avec une mise en scène belle et maîtrisée, ainsi qu’une bizarrerie de chaque instant, y compris dans son dénouement et dans son épilogue très déconcertants, mais osés et surtout très réussis. Prometteur donc.
LE BLU-RAY
The Boat fait directement son entrée dans les bacs français chez Metropolitan. Jaquette sobre avec une tagline attractive « Ne croisez JAMAIS sa route » et la critique de Screen International « Terrifiant ». Le menu principal est aussi sobre. Très légèrement animé et musical, l’ensemble ne propose que le choix des langues.
N’attendez rien sur cette édition pour vous permettre de mieux comprendre le film ou d’obtenir quelques clés pour l’appréhender, car nous ne trouvons aucun supplément sur ce Blu-ray !
ERRATUM : Stéphane Erbisti nous a signalé un bonus caché sur cette édition. Il s’agit d’un petit instantané de tournage de deux minutes, consacré à la séquence de la tempête. Merci à lui.
L’Image et le son
Si cette édition HD est vide de bonus, l’éditeur se rattrape une fois de plus sur la technique irréprochable de ce Blu-ray. Ce master restitue habilement l’omniprésence des gammes bleues avec l’omniprésence de l’océan et l’étendue du ciel azur. Les contrastes sont superbes, le cadre large excellemment exploité avec une impressionnante profondeur de champ. La définition laisse souvent pantois, le piqué reste très appréciable sur toutes les scènes diurnes, les détails sont légion, la clarté est de mise. Un solide transfert, très élégant, représentatif du savoir-faire de Metropolitan.
Deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 qui parviennent à embarquer le spectateur à bord de cet étrange voilier. Les ambiances naturelles ne manquent pas, surtout lors de la tempête rencontrée par le marin, où le caisson de basses s’anime également. Les voix, même si très rares sur 1h25 sont solidement plantées sur la centrale et la spatialisation musicale est systématique.