LE MONSTRE DU TRAIN (Terror Train) par Roger Spottiswoode, disponible en combo Blu-ray/DVD le 4 janvier 2020 chez Rimini Editions
Acteurs : Jamie Lee Curtis, Ben Johnson, Hart Bochner, David Copperfield, Derek McKinnon, Sandee Currie, Timothy Webber, Anthony Sherwood, Vanity…
Scénario : T.Y. Drake
Photographie : John Alcott
Musique : John Mills-Cockell
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 1980
LE FILM
Une fraternité d’étudiants universitaires décident de se faire une soirée costumée pendant un voyage en train. Mais un tueur s’est infiltré dans le train, les tuant un par un et récupérant les costumes de ses victimes…
S’il n’est évidemment pas comparable à Halloween, la nuit des masques (1978) de John Carpenter et nettement moins réussi que Le Bal de l’horreur – Prom Night (1980) de Paul Lynch, Le Monstre du train – Terror Train (1980) vaut encore le coup d’oeil pour plusieurs raisons. D’une part parce qu’il est toujours plaisant de revoir la belle Jamie Lee Curtis à ses débuts, il s’agit ici de son quatrième long métrage, d’autre part parce qu’il s’agit des premiers pas derrière la caméra du sympathique Roger Spottiswoode, ancien monteur de Sam Peckinpah (Les Chiens de paille, Pat Garrett et Billy le Kid) et de Walter Hill (Le Bagarreur), futur réalisateur du meilleur épisode de James Bond avec Pierce Brosnan, Demain ne meurt jamais – Tomorrow Never Dies (1997). De plus, Le Monstre du train est aussi l’unique incursion au cinéma de David Copperfield, en dehors de ses apparitions dans son propre rôle, qui interprète (forcément) un illusionniste sur qui pèsent de nombreux soupçons. Et si c’était lui tueur du train avec sa coupe de cheveux improbable et ses chemises col pelle à tarte ? Enfin, Terror Train reste très plaisant pour les mirettes, grâce notamment à la très belle photographie signée John Alcott, immense chef opérateur à qui l’on doit notamment les images inoubliables d’Orange mécanique (1971), Barry Lyndon (1975) et de Shining (1980) de Stanley Kubrick. S’il n’est pas une entière réussite, Le Monstre du train, production américano-canadienne, possède donc suffisamment d’atouts pour qu’on s’y intéresse quarante ans (!) après sa sortie.
Trois ans après avoir fait une bien mauvaise farce à un de leurs camarades, un groupe de jeunes étudiants en médecine se réunit pour un réveillon costumé dans un train à vapeur. Ils ont apporté des quantités de drogues et de divertissement et engagé un magicien. Mais un tueur s’est infiltré dans le train, les tuant un par un et récupérant leurs costumes. Comme le train n’a pas de téléphone et circule sur une voie unique dans une région isolée, la seule solution est de poursuivre le voyage.
Terror Train, connu aussi sous le titre opportuniste After Halloween, c’est comme si un metteur en scène avait pris la longue séquence du train de La Course à l’échalote (1975) du maître Claude Zidi, celle où un bal masqué est donné dans un tortillard reliant Paris à l’Angleterre, dans laquelle aurait été jeté un tueur en série. Un postulat très chouette et surtout un cadre restreint et étouffant. Le problème majeur du film de Roger Spottiswoode provient de son rythme en dents de scie, de ses meurtres limités et sans imagination. Il n’y a pas véritablement de suspense dans Le Monstre du train, puisque l’on se doute très vite de l’identité du tueur, mais l’usage des masques est intéressant, intelligent et fait son petit effet.
Le fait de montrer de jeunes personnages bien imbibés (et antipathiques) se faire dessouder pour avoir humilié l’un des leurs quelques années auparavant lors d’un bizutage qui a mal tourné, conserve un aspect intemporel qui permet à Terror Train de passer les années, malgré son charme désuet. Drogues, alcool, danse, rien n’a changé. En revanche, Roger Spottiswoode passe de longs moments sur les tours de David Copperfield – présenté comme étant le gros suspect potentiel – réalisés en temps réel, principalement sans coupes. Si les passionnés de magie seront ravis (comme l’auteur de ces mots) en voyant le plus grand illusionniste à ses débuts, cela pèse sur la narration et certains risquent de trouver le temps long. Même chose, Le Monstre du train est un film très bavard et on ne peut pas dire que les discussions des étudiants soient intéressantes. Du coup, on peut décrocher et s’ennuyer, surtout durant la première heure où l’intrigue se perd au milieu de tout ce joyeux bordel. Les quelques sursauts proviennent également de l’excellente composition de Ben Johnson, acteur fétiche de John Ford et de Sam Peckinpah, qui vole pour ainsi dire la vedette dans le rôle du contrôleur.
Heureusement, l’histoire se resserre dans un dernier acte beaucoup plus intéressant, très bien mené avec la caméra de Roger Spottiswoode qui scrute les moindres recoins des wagons blindés de fêtards, des contrastes soignés par John Alcott et bien sûr l’investissement de la Scream Queen Jamie Lee Curtis, que l’on suivrait les yeux fermés et qui hurle à pleins (et jolis) poumons. La confrontation finale est quelque peu nawak (euphémisme), mais on ne peut s’empêcher d’avoir beaucoup d’affection pour Terror Train, slasher devenu culte.
LE COMBO BLU-RAY/DVD
On ne le dira jamais assez, mais la collection de Rimini Editions consacrée aux classiques de l’épouvante est l’une des plus belles apparues sur le marché depuis quelques mois. Terror Train – Le Monstre du train rejoint ainsi Trauma, Mutations, Le Bal de l’horreur et Happy Birthday To Me, tous ayant été passés en revue dans nos colonnes. Cette édition collector DVD-Blu-ray-Livret du Monstre du train se présente sous la forme d’un Digipack à trois volets, glissé dans un fourreau cartonné du plus bel effet et au visuel très attractif. Le menu principal est animé et musical.
Le livre de 24 pages écrit par Marc Toullec est bien illustré et donne moult informations sur la production et la sortie du film qui nous intéresse.
On apprécie de revoir Roger Spottiswoode, réalisateur de Terror Train, et aussi d’Under Fire (1983), Randonnée pour un tueur (1988), Turner et Hooch (1989), Arrête, ou ma mère va tirer ! (1992), Demain ne meurt jamais (1997) et À l’aube du 6e jour (2000). Agé de 75 ans, le cinéaste revient ici sur son premier long métrage, en abordant les conditions de tournage de ce « film fonctionnel, qui ne casse pas trois pattes à un canard », mais qu’il aime puisqu’il lui rappelle ses débuts derrière la caméra. Le casting, le scénario réécrit par Judith Roscoe, la collaboration avec le directeur de la photographie John Alcott sont abordés au cours de cet entretien (16’).
Judith Rascoe, qui n’est pas créditée au générique, mais qui a repris le scénario de T.Y. Drake, intervient également pour évoquer les mêmes éléments que Roger Spottiswoode (5’). Beaucoup plus concise, Judith Rascoe partage quelques anecdotes sur Terror Train, sur lequel elle dit s’être beaucoup amusée, notamment pour tout ce qui est lié à la magie dans le film.
Enfin, l’éditeur joint un petit module consacré à l’actrice Jamie Lee Curtis, qui propose un récapitulatif de sa vie et de sa carrière en un peu plus de 25 minutes. Un bonus quelque peu dispensable, réalisé en 2014 à partir de nombreuses images d’archives, d’interviews de la belle et de camarades comédiens. Et puis, c’est aussi l’occasion de se faire plaisir avec quelques photos…
L’Image et le son
Encore une belle réussite technique que ce master HD. Les couleurs sont chaudes, rafraîchies, plaisantes, la copie est stable, les contrastes denses, le piqué agréable, tout comme la patine argentique bien équilibrée (en dehors de deux ou trois plans plus grumeleux) et gérée. Certaines séquences sortent du lot, avec de nombreux détails très appréciables au niveau des décors, mais également et surtout sur les gros plans. Une définition très solide qui participe à la (re)découverte de ce slasher des années 1980. Exit l’ancienne édition Swift Productions de 2005, ce Blu-ray remet les pendules à l’heure et fait honneur à la belle photo de John Alcott.
Le Monstre du train est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française est du même acabit, avec un doublage aux petits oignons. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.
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