T2 TRAINSPOTTING réalisé par Danny Boyle, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD le 12 juillet 2017 chez Sony Pictures
Acteurs : Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle, Kelly MacDonald, Anjela Nedyalkova, Irvine Welsh, Shirley Henderson…
Scénario : John Hodge d’après les romans Trainspotting et Porno d’Irvine Welsh
Photographie : Anthony Dod Mantle
Musique : Rick Smith
Durée : 1h57
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison. Vingt ans après, certaines choses ont changé, d’autres non. Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer : Edimbourg. Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent. Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. La vie ? Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse…
Cela faisait plus de vingt ans que certains cinéphiles espéraient et attendaient le retour de Renton, Spud, Sick Boy et Begbie. Longtemps annoncée, puis reportée, enfin concrétisée, la suite de Trainspotting a enfin pu voir le jour. Lancés avec Petits meurtres entre amis, le réalisateur Danny Boyle et le comédien Ewan McGregor ont ensuite explosé dans le monde entier avec Trainspotting, petite production tournée avec 3,5 millions de dollars, qui en avait rapporté 72 millions et attiré plus d’un million de spectateurs en France à sa sortie en juin 1996. Après Une vie moins ordinaire (1997), Ewan McGregor et Danny Boyle ne se sont pas adressé la parole pendant une dizaine d’années, l’acteur n’ayant pas apprécié d’être remplacé par Leonardo DiCaprio dans La Plage en 2000. En raison de ces rapports tendus et de la difficulté à synchroniser leurs emplois du temps respectifs, la suite de Trainspotting a été maintes et maintes fois repoussée. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et donc T2 Trainspotting, puisque le film est intitulé ainsi, est arrivé sur les écrans en 2017.
Que sont-ils devenus ? Mark Renton semble en avoir fini avec la drogue. Il a un travail sûr à Amsterdam qui lui assure un train de vie confortable. Il revient à Edimbourg, sa ville natale qu’il ne reconnaît plus. Il avait besoin de ce retour aux sources afin de se confronter à ses démons et à ses amis, Sick Boy, Spud et Begbie, qu’il avait trahis lors d’un deal de drogue vingt ans plus tôt en emportant avec lui un butin de 16 000 £. Il retrouve Sick Boy, qui a remplacé l’héroïne par la cocaïne et qui dirige une très lucrative agence d’escort girls, tout en tenant désespérément le pub déserté de sa tante. Spud, lui, a du mal à avoir une vie normale tant il a abusé des drogues et se laisse aller à des pulsions suicidaires. Après vingt ans de prison et voyant toutes ses demandes de liberté conditionnelle rejetées, Begbie parvient à s’évader. Il est bien décidé à se venger et à prendre sa revanche sur Renton. Notre quatuor est donc bel et bien présent, pour notre plus grand plaisir.
Trainspotting est rapidement devenu un film culte et a su traverser les années sans trop de dommages. Danny Boyle a su démontrer son savoir-faire dans des genres différents (28 jours plus tard, Sunshine, 127 heures) jusqu’à la consécration ultime avec Slumdog Millionnaire. Bien que ses films aient été souvent marqués par des budgets modestes, Danny Boyle a toujours su imposer un style visuel reconnaissable et une énergie revigorante. T2 Trainspotting ne déroge pas à la règle et outre la joie non dissimulée de retrouver les personnages, le cinéaste signe également une œuvre mélancolique sur le passage du temps. C’est ainsi que Mark « Rent Boy » Renton parti d’un point A revient finalement au point A, là où tout avait commencé, là où rien n’avait commencé. La fureur de vivre s’est dissoute, sauf en ce qui concerne Francis « Franco » Begbie qui enfermé depuis vingt ans derrière les barreaux n’a eu de cesse de voir son désir de vengeance s’exacerber. La vie n’a pas changé pour lui puisqu’il n’a rien connu d’autre depuis son arrestation. Il reste très violent et inquiétant (si ce n’est plus), même les cheveux blancs et la bedaine. Si le feu s’est consumé, les personnages doivent apprendre à vivre à partir de ce qui reste des cendres de leur jeunesse. Daniel « Spud » Murphy parvient tant bien que mal à survivre, seul dans son appartement miteux. Ses retrouvailles avec Renton vont l’aider à lâcher définitivement l’héroïne. Quant à Simon « Sick Boy » Williamson, il parvient à se faire quelques rentrées d’argent en faisant du chantage auprès de bourgeois, filmés dans quelques positions compromettantes avec la délicieuse Veronika (Anjela Nedyalkova, révélée dans le rôle-titre du film Avé de Konstantin Bojanov), complice de Sick Boy, qui les attirent dans une chambre tamisée où une caméra a été dissimulée.
Si l’on craignait tout d’abord que T2 Trainspotting se contente de nous refaire le même film, le scénario original de James Hodge (complice de Danny Boyle depuis toujours), qui ne s’inspire que très sporadiquement de Porno (2002), la suite du livre écrite par Irvine Welsh, parvient à jouer avec la nostalgie du spectateur, tout en lui offrant quelque chose de frais. Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller et Robert Carlyle assurent le show avec classe et leur plaisir à retrouver ces personnages qui ont contribué à lancer leurs carrières respectives est contagieux. Si elle ne fait qu’une brève apparition, Kelly MacDonald est également de la partie, ce qui nous permet de comprendre que Diane est devenue une avocate qui a réussi. Le film est truffé de scènes destinées à devenir cultes (la soirée 1690, la course-poursuite dans le parking), marqué par une b.o explosive (Young Fathers, Wolf Alice, The Rubberbandits, Blondie) et une mise en scène au cordeau avec quelques réminiscences intelligemment amenées.
T2 Trainspotting ne cesse d’étonner par ses partis pris, par son approche des revers de la vie et des espoirs déçus. Bien qu’ils aient passé beaucoup de temps à fuir et à courir, personne, pas même Renton, ne peut finalement retenir et encore moins devancer le temps qui finit par nous rattraper. Finalement, après être finalement revenu au bercail, que faire maintenant ? Pourquoi ne pas écouter un album digne de ce nom ? Alors que Bowie s’en est allé et qu’Iggy Pop résiste encore, autant mettre Lust For Life à fond comme au bon vieux temps et on verra bien ce que nous réservent ces quarante prochaines années.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray de T2 Trainspotting repose un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette reprend l’un des visuels promotionnels avec nos quatre loustics occupant des toilettes. Etat-il nécessaire de la gâcher par les étoiles provenant des critiques françaises dithyrambiques ? Le menu principal est fixe et musical.
Les amateurs de suppléments seront ravis d’apprendre que l’éditeur nous propose ici près de trois heures de bonus !
On commence par le commentaire audio de Danny Boyle et du scénariste John Hodge, disponible en version originale sous-titrée en français. Les deux complices reviennent essentiellement sur le succès et le phénomène du premier film, la longue gestation de T2 Trainspotting et l’évolution des personnages. S’ils se marrent beaucoup pendant l’exercice, les deux intervenants ne livrent pas le commentaire du siècle. Mais comme ils ne s’arrêtent pour ainsi dire jamais de parler, qu’ils passent du coq à l’âne, qu’ils ne manquent pas d’anecdotes sur le tournage et qu’ils sont très sympathiques, il serait dommage de ne pas en profiter. Un commentaire distrayant.
Comme il l’indique dans le supplément précédent, Danny Boyle a beaucoup coupé au montage, surtout dans la première partie qui se penchait plus longuement sur chacun des personnages. Afin de les réunir le plus vite possible à l’écran, ces séquences n’ont donc pas été montées et se trouvent essentiellement réunies dans la section des scènes coupées (30’). Il y a donc plus de scènes en prison avec Begbie (et une où il se réveille pendant son opération), de Sick Boy dans son pub avec Veronika, de réunions d’entraide avec Spud, mais aussi des petits plans coupés ici et là pour accélérer le rythme. Une intrigue secondaire concernant Begbie et ses problèmes sexuels, ainsi que Begbie qui séquestre son avocat chez lui ont également été écarté du montage final. Ceux qui auraient été déçus de voir la participation de la belle Kelly McDonald réduite à une simple apparition seront heureux de la voir dans deux ou trois séquences où Diane héberge Renton chez elle après que ce dernier se soit fait agresser par Begbie dans le parking. On le voit allongé dans le canapé, se relever en pleine nuit avec l’envie d’aller rejoindre Diane dans sa chambre, avant d’y renoncer. Le lendemain, Renton lui demande si elle a déjà pensé à ce qu’aurait pu être leur vie s’ils avaient vécu ensemble. Une autre séquence très amusante montre Spud voler un iPad malgré la réticence de Renton. S’ensuit une course-poursuite dans la rue qui n’est évidemment pas sans rappeler la séquence d’ouverture du premier Trainspotting. Un vrai plaisir.
Après ces séquences, nous passons à une discussion sous forme de table ronde entre Danny Boyle et trois de ses comédiens principaux (25’), Ewan McGregor, Robert Carlyle et Jonny Lee Miller. Si Ewen Bremner n’est pas présent pour cause de tournage (Wonder Woman de Patty Jenkins), il introduit néanmoins ce supplément et apparaît parmi ses camarades sous forme de silhouette en carton. Le réalisateur et Ewan McGregor monopolisent la parole, avant d’être rapidement rejoint par Robert Carlyle. Seul Jonny Lee Miller semble trouver le temps long et n’ouvre la bouche qu’au bout d’un quart d’heure et encore de façon très sporadique. Les souvenirs des autres affluent (surtout sur le phénomène du premier film), chacun évoque son propre personnage ainsi que son évolution d’un film à l’autre, l’alchimie est toujours aussi évidente et cette réunion entre potes s’avère un très bon moment.
L’interactivité se clôt sur un spot promotionnel – intitulé « documentaire athlétique de Calton » – pour une association sportive destinée à aider d’anciens junkies et alcooliques durant leur cure de désintoxication. Constitué de témoignages et de gros plans sur quelques rescapés, ce clip ne laisse évidemment pas indifférent (4’).
L’Image et le son
Sony Pictures prend soin de T2 Trainspotting et livre un master HD au format 1080p, irréprochable et au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques du chef opérateur Anthony Dod Mantle (Trance, Dredd, Antichrist), la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes multicolores et saturées (vert, rouge, rose, bleu, tout y passe), à la fois chaudes et froides (avec un usage de filtres à l’étalonnage), le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué est tranchant, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre 1.85. Les partis pris esthétiques sont donc respectés avec un léger grain cinéma conservé qui confère à l’image une agréable texture, une fabuleuse gestion des contrastes et des séquences sombres aussi soignées. Un service après-vente remarquable.
Voici le genre de mixage qui ne fait pas dans la demi-mesure ! Les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent fracassantes et redoutablement immersives. La bande-originale très « gros son » met à mal le caisson de basses à plusieurs reprises. Nous vous conseillons d’ailleurs de visionner T2 Trainspotting au moment où vos voisins seront absents. Les dialogues sont ardents sur la centrale, tandis que les frontales et les latérales n’ont de cesse de s’affronter lors des séquences plus agitées. Le doublage français est correct et reprend les mêmes comédiens que pour le premier film, mais le mixage peine parfois à mettre les dialogues en avant. Montez le volume, car c’est du très grand spectacle ! L’éditeur joint également une piste française Audiodescription.
Crédits images : © Sony Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr