SCHLOCK réalisé par John Landis, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juillet 2019 chez Carlotta Films
Acteurs : John Landis, Saul Kahan, Joseph Piantadosi, Richard Gillis, Tom Alvich, Walter Levine, Eric Allison, Ralph Baker…
Scénario : John Landis
Photographie : Robert E. Collins
Musique : David Gibson
Durée : 1h19
Année de sortie : 1973
LE FILM
Depuis trois semaines, la ville de Canyon Valley est le théâtre d’une série de meurtres sanglants. Surnommé le « tueur à la banane », le dangereux criminel est en réalité un gorille âgé de vingt millions d’années, le Schlockthropus. Pourchassé par la police, Schlock va découvrir l’amour en la personne de Mindy, une jeune aveugle qui le prend pour un chien…
En 1971, un jeune comédien et cascadeur du nom de John Landis décide de passer derrière la caméra. Grand cinéphile et cinéphage, il rédige un scénario en un week-end pour rendre hommage à toutes les séries B et Z des années 1950 qu’il affectionne tout particulièrement. Schlock est né. John Landis emprunte ici et là et met toutes ses économies dans ce projet, pour un total de 60.000 dollars, pour finalement emballer le tout en une dizaine de jours. Interprétant lui-même le rôle-titre, bien au chaud dans son costume de singe préhistorique – il faisait alors près de 50 degrés sur le plateau – conçu par un jeune maquilleur du nom de Rick Baker qui fait également ici ses débuts à Hollywood, le cinéaste laisse libre cours à son imagination. En résulte un film OVNI, quasi-inclassable, inégal, avec un rythme en dents de scie, mais le tout animé par une envie de cinoche et de s’éclater particulièrement contagieuse.
Grand émoi dans une petite ville américaine qui vient de découvrir que le tueur à la banane responsable de plus de 200 morts en 3 semaines n’est autre que le chaînon manquant de l’évolution. Schlock, ainsi le nomme-t-on, s’est réveillé après des siècles dans la glace et il sème perplexité et terreur sur son passage. Mais derrière son faciès de Schlocktropus se cache un humanoïde sensible à la rouquine Mindy, dont l’affection partagée doit beaucoup à une cécité bientôt guérie. Il n’est pas dit que Mindy continuera à apprécier Schlock dès qu’elle aura pris conscience qu’il n’est pas un gentil chien-chien, et encore moins que Schlock, déjà pourchassé par la police, acceptera d’être ainsi répudié.
Difficile de donner son avis sur un film comme Schlock. Chacun y piochera ce dont il a envie et rira où bon lui semble. John Landis, trop heureux de réaliser son premier long métrage, manie l’humour noir au plus absurde (le récurrent « See you next Wednesday » que l’on retrouvera d’ailleurs dans d’autres de ses films), le non-sens, les gags visuels et le pastiche avec une rare décontraction. Bien dissimulé et grimé dans la peau poilue du Schlocktropus, ou le « chaînon manquant », le réalisateur s’amuse et espère bien emporter avec lui les spectateurs qui voudraient passer un bon moment. Car malgré ses points faibles, Schlock est une première œuvre évidemment attachante.
John Landis est sans doute conscient qu’une bonne partie des gags tomberont à l’eau et ne feront pas l’unanimité, mais sa générosité et sa bouffonnerie l’emportent haut la main. Entre 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick et L’Abominable homme des cavernes de Freddie Francis, dernier film de Joan Crawford, tout en passant par King Kong de Merian C.Cooper et Ernest B. Schoedsack, sans oublier quelques touches de documenteur (ou mockumentary) et même de Nouvel Hollywood, Schlock est un vrai bordel assumé et mis en boite avec une totale liberté. Ça passe ou ça casse, toujours est-il que ce premier long métrage, sorti en 1973, puis ressorti après American College sous le titre The Banana Monster, est devenu un film culte. Cela allait donner de la suite dans les idées aux scénaristes David Zucker, Jerry Zucker et Jim Abrahams qui écriront leur premier film à sketches, Hamburger Film Sandwich – The Kentucky Fried Movie que réalisera d’ailleurs John Landis en 1977.
LE BLU-RAY
Attention, Schlock débarque en DVD et Blu-ray chez Carlotta Films ! A cette occasion, l’éditeur a concocté une belle édition HD. Le disque repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné liseré noir souligné de rose. Le menu principal est animé et musical.
Avant l’apparition du menu principal, John Landis réalise la présentation la plus courte et sincère de l’histoire du DVD, à savoir « Bonjour, je suis John Landis et vous allez voir Schlock ! Je suis désolé… ».
Après avoir (re)vu Schlock, n’hésitez pas à le visionner de nouveau en compagnie du réalisateur John Landis et le responsable des maquillages Rick Baker. Ce commentaire audio (VOSTF) est l’occasion pour les deux compères de s’amuser, de rire de leurs débuts, tout en délivrant un lot conséquent d’anecdotes de tournage et sur ce que ce film a fait pour eux dans leurs carrières respectives.
On enchaîne avec un entretien dense, drôle, passionnant et remplit de références cinéphiles, de monsieur John Landis lui-même (2017-41’30). Face à des journalistes allemands (les cartons-questions sont d’ailleurs écrits dans cette langue), le cinéaste américain, toujours très prolixe et le sourire aux lèvres, aborde ses débuts au cinéma en tant qu’assistant et cascadeur, sa passion pour le cinéma (il passe ainsi de Fellini à certains nanars des années 1950, en passant par Ray Harryhausen, les gialli, Billy Wilder), jusqu’à la genèse de Schlock en revenant sur les conditions drastiques de tournage, le travail de Rick Baker, l’accueil du film. John Landis parle également de ses rencontres avec Alfred Hitchcock, Robert Aldrich, les ZAZ…une véritable encyclopédie du cinéma !
Nous trouvons un autre entretien, nettement plus anecdotique, avec Bob Collins, directeur de la photographie sur Schlock (7’30). Les arguments ici font inévitablement écho avec ce qui a été entendu précédemment. Bob Collins évoque également sa participation en tant que comédien dans Schlock, dans lequel il incarne le barman. Diverses photos de tournage viennent illustrer tout cela.
Le supplément Trailers from Hell (2’40) est plus original, puisque John Landis qui se présente aux spectateurs comme étant Klaus Kinski, propose de commenter la bande-annonce de The Banana Monster, en expliquant qu’il s’agit du trailer de Schlock, ou plus exactement de sa ressortie opportuniste après le succès monstre d’American College. Une décision prise par le producteur et distributeur Jack H. Harris, dont s’amuse John Landis qui conseille aux spectateurs ne pas aller voir ce film.
L’interactivité se clôt sur quelques spots radio (2’) et un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Schlock a bénéficié d’une nouvelle restauration 4K approuvée par mister Landis himself. Merci à Carlotta Films de nous permettre d’ajouter ce film culte à notre collection de Blu-ray, d’autant plus qu’il était alors inédit en DVD dans nos contrées ! Schlock se refait une vraie petite beauté. Une fois passé le générique un peu grumeleux, on perçoit le travail de restauration effectué puisque l’essentiel des scories et poussières ont été éliminées. L’ensemble est plutôt riche et stable, la gestion du grain équilibrée et les fourmillements limités grâce au codec AVC. Le piqué demeure peu pointu et les contrastes corrects. Certaines séquences tirent agréablement profit de cette élévation HD avec une palette chromatique chaude, vive et lumineuse. Jamais John Landis n’aurait pu imaginer voir son premier long métrage dans ces conditions.
Deux mixages au choix en DTS-HD Master Audio 1.0 : une version française et la piste anglaise. Les deux options s’avèrent riches et propres, instaurant un confort acoustique propre et dynamique. Peut-être un léger souffle sur la piste française, mais celle-ci vaut le coup pour son doublage aux petits oignons.