REPLICANT réalisé par Ringo Lam, disponible en DVD et Blu-ray le 8 juillet 2017 chez Metropolitan Video
Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Michael Rooker, Catherine Dent, Brandon James Olson, Pam Hyatt…
Scénario : Lawrence Riggins, Les Weldon
Photographie : Mike Southon
Musique : Alex Khaskin, Guy Zerafa
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 2001
LE FILM
Depuis longtemps, Garrotte, le tueur en série surnommé la Torche, hante les jours et les nuits de Jake Riley, un inspecteur de police qui s’est juré de l’arrêter. Les victimes de Garrotte ne cessent de s’accumuler et l’enquête de Jake piétine même si l’assassin l’a choisi pour confident. Ecœuré, Jake donne sa démission au moment même où le département secret du gouvernement, la NSA, lui demande de se joindre à ce projet top secret visant à arrêter Garrotte. La NSA crée un «Replicant», un clone issu de l’ADN de Garrotte, doté de capacités télépathiques.
Pour les plus grands fans du comédien, mais aussi pour la critique aujourd’hui quasi-unanime, Replicant, réalisé par le cinéaste chinois Ringo Lam en 2001, est probablement le meilleur film avec Jean-Claude Van Damme. Remarquable film d’action, thriller violent et nerveux, cet opus marque la deuxième sur les trois grandes collaborations entre « les Muscles de Bruxelles » et le metteur en scène, après Risque maximum (1996), dont la sortie avait été gâchée par un montage charcuté par la Columbia, et avant le formidable In Hell (2003). Non seulement Replicant vaut pour son histoire passionnante menée de main de maître par Ringo Lam, mais le film vaut aussi et surtout pour l’interprétation exceptionnelle de JCVD dans un double-rôle où il démontre toute une palette d’émotions qu’on ne lui prêtait pas forcément, ou à de très rares occasions comme dans Timecop de Peter Hyams.
D’un côté, il interprète un tueur redoutable, brutal, impitoyable, glacial, cheveux longs et gras, lunettes teintées, qui s’en prend aux femmes, les bat avant de les arroser d’alcool et de les brûler, parfois devant les yeux de leurs propres enfants. De l’autre, il incarne son clone, enfant dans un corps d’adulte, qui vient d’être « mis au monde » et apprend à marcher, à s’asseoir, à manger. Il se déplace comme un animal craintif, Ringo Lam ayant par ailleurs demandé à JCVD de visionner des documentaires animaliers pour se préparer. Ses regards, sa gestuelle, son jeu n’ont jamais été aussi intenses et habités que dans Replicant et le comédien émeut comme jamais auparavant.
L’aspect buddy-movie avec l’imposant, teigneux et tout aussi génial Michael Rooker fonctionne alors à plein rendement du début à la fin. Un tueur en série assassine des mères de famille et les enflamme avant de disparaître, ce qui lui vaut le surnom de La Torche. Après trois ans et onze victimes, Jake Riley alors chargé d’une enquête qui ne progresse toujours pas, décide de tout abandonner et de quitter la police. Autrefois idéaliste et large d’esprit, Jake en a suffisamment appris sur la nature humaine pour devenir cynique, cachant ses désillusions sous un humour caustique. C’est à ce moment qu’il est contacté par la NSA qui lui propose de continuer la traque avec de nouvelles méthodes, tandis que de son côté Garrotte, qui l’a choisi pour confident et qui l’appelle à chaque nouveau crime, continue de le harceler. Le département des services secrets du gouvernement a enfin peut-être trouvé la solution afin d’arrêter le tueur en série, grâce à un Replicant, c’est-à-dire un clone génétique, créé au moyen du sang de Garrotte trouvé non loin d’un de ses meurtres. Ce Replicant, dont la croissance a été accélérée afin qu’il atteigne l’âge biologique du tueur, double parfait de Garrotte, permettra à Jake de retrouver le meurtrier en question grâce aux dons télépathiques dont il est doté. Mais le Replicant manque de toute l’expérience d’une vie. Tandis que l’officier de police gère les émotions et les souvenirs de ce clone naïf et juvénile, il développe avec lui une relation étrange, se demandant constamment si ce Replicant est aussi dangereux que Garrotte, ou s’il peut lui faire confiance.
Alors que Replicant aurait pu refaire JCVD au box-office américain, où ses films sortaient directement en DTV depuis quelques années, le film de Ringo Lam n’a finalement pas été exploité dans les salles suite au désistement du distributeur Artisan Entertainment après l’échec commercial de Blair Witch 2 : Le Livre des ombres. Le film sort au cinéma dans le reste du monde, mais JCVD alors au sommet de son addiction à la drogue, rate complètement la promotion de Replicant, à l’instar de sa participation à l’émission Loft Story. Replicant n’attirera en France qu’un peu plus de 100.000 spectateurs, un bide vraiment pas mérité. Plus de quinze après, Replicant est et demeure un chef d’oeuvre du genre, probablement l’un des meilleurs thrillers des années 2000. Avec son intrigue mêlant film policier, élément fantastique, dédoublement (thème très prisé par Ringo Lam et JCVD lui-même), on pense fortement au bancal À l’aube du sixième jour de Roger Spottiswoode avec Arnold Schwarzenegger, mais plus encore à Volte/Face, autre référence, également mise en scène par un réalisateur chinois, John Woo. Les deux films se ressemblent tout en étant bien différents, mais bien qu’il ne bénéficie pas de la même reconnaissance internationale, Replicant n’a absolument rien à envier à Volte/Face.
LE BLU-RAY
Replicant fait partie d’un combo Blu-ray spécial Van Damme / Ringo Lam, aux côtés de l’édition HD de In Hell. A l’instar des éditions combo Black Eagle – L’arme absolue + Full Contact et The Order + Le Grand tournoi sorties en 2016, et comme celle récemment consacrée au cinéaste Albert Pyun, Mean Guns + Nemesis, Metropolitan Video fait ainsi le bonheur des fans de la star belge. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Une fois le disque inséré, le spectateur est invité à sélectionner le film de son choix. Dans les deux cas, le menu principal est fixe et muet, minimaliste, sans chapitrage. Seuls l’envoi du film, la sélection de la langue et le choix des suppléments sont proposés.
L’historien du cinéma et expert en cinéma d’arts martiaux, sujet auquel il a consacré quelques ouvrages, l’excellent Christophe Champclaux présente Replicant en avant-programme (4’). C’est une véritable déclaration d’amour au film de Ringo Lam, qu’il considère comme le meilleur film avec Jean-Claude Van Damme. Il revient rapidement sur cette deuxième rencontre entre le comédien et le réalisateur, replace Replicant dans la filmographie de JCVD, croise le fond et la forme, tout en saluant la double performance d’acteur de l’acteur belge. Néanmoins, pas un mot sur Michael Rooker.
Hormis une (mythique) interview française de JCVD donnée lors de la promotion du film, le storyboard de la naissance du Replicant et les filmographies, l’éditeur reprend les suppléments disponibles sur l’édition DVD sortie en avril 2002. Quinze années déjà !
Le commentaire audio de Michael Rooker et de Jean-Claude Van Damme (en anglais) est disponible en version originale sous-titrée en français. Ne vous réjouissez pas trop vite car les deux comédiens ont été enregistrés séparément, l’éditeur ayant ensuite relié leurs deux interventions. JCVD intervient finalement peu. Visiblement spectateur de son propre film, il revient de temps en temps pour parler de son partenaire, de la direction d’acteur de Ringo Lam, sur la façon dont il a pu enrichir son propre jeu grâce au cinéaste, sur le tournage des scènes d’action. Quand il ne paraphrase pas ce qui se déroule à l’écran, JCVD sort quelques phrases valent le détour : « Aller, on s’éclate et on regarde Replicant, yeaaah ! », « C’est cool, c’est Replicant, yeeeah ! », « Le public aime voir JCVD faire son grand écart alors on allait pas s’en priver, à plus ! », « Il est trop fort ce film et vous savez quoi ? Je suis là avec mes potes à enregistrer ce commentaire et j’ai rien à dire sur ce film alors que c’est un des meilleurs que j’ai faits ! ». De son côté, Michael Rooker est très généreux et revient sur beaucoup d’aspects du film, sur son investissement dans les séquences d’action, sur le jeu de son partenaire (on apprend qu’ils désiraient tourner ensemble depuis pas mal de temps), le tournage à Vancouver, le travail avec Ringo Lam, etc. Un commentaire sympathique à défaut d’être réellement enrichissant.
Le making of d’époque (2001 – 23’) est très bon et donne la parole aux acteurs Michael Rooker, Jean-Claude Van Damme (« le plus beau cadeau que m’ait fait Ringo Lam, c’est de me rendre meilleur ») et Catherine Dent, au producteur John Thompson, au coordinateur des cascades Mike Crestejo, au chef décorateur Andrew Neskoromny, tous en mode promotionnel (l’histoire, les personnages…), mais dont les propos ne manquent pas d’intérêt, surtout lorsqu’ils évoquent la méthode de tournage de Ringo Lam. Si celui n’intervient pas face caméra, quelques images le montrent sur le plateau avec ses comédiens. Diverses images des prises de vues, ainsi que des répétitions complètent ce documentaire bien fichu, surtout lorsqu’il dévoile l’envers du décor des confrontations de JCVD face à lui-même.
S’ensuivent quelques scènes coupées, certaines rallongées (21’) ou alternatives, à l’instar du premier meurtre. Dans le montage cinéma, le corps en train de brûler de la victime se reflète dans les lunettes de JCVD, alors que la séquence tournée à l’origine montrait frontalement le corps en feu. Les séquences de Michael Rooker avec sa mère d’un côté, et celle avec Catherine Dent ont été raccourci, tout comme celle de la fête de son départ à la retraite.
L’Image et le son
A l’instar de l’édition HD d’In Hell et malgré un léger manque de concision sur certains plans, le Blu-ray de Replicant (1080p, AVC) dépasse toutes les espérances. Toutefois, l’élévation HD s’avère moins flagrante que pour In Hell. Les contrastes sont plutôt beaux, mais la photographie grisâtre gâche un peu l’ensemble. Les ambiances nocturnes sont soignées, les teintes froides excellemment restituées. Les séquences en extérieur manquent cependant de clarté. Si l’on constate quelques points blancs, la propreté est évidente, les détails sont parfois précis, d’autres fois plus riches, les partis pris esthétiques originaux sont respectés, tout comme le léger grain heureusement conservé lors du transfert, mais plus appuyé sur les scènes sombres, qui entraînent un léger bruit vidéo. Le piqué est également un peu doux à notre goût. Mais le résultat vaut le détour et cette édition HD rend caduque la pourtant solide édition DVD.
Replicant bénéficie de pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, la spatialisation s’avère agréable, les enceintes latérales délivrent un lot fort appréciable d’ambiances naturelles, d’effets palpables, sans oublier la musique en soutien. Les explosions, poursuites, coups de feu et coups de poing sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontales-latérales est intelligemment équilibrée, l’ensemble est toujours dynamique et les basses interviennent à bon escient avec quelques pics remarquables. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, l’écoute demeure franche, puissante et limpide. Evitez tout de même la version française qui vous fera perdre le timbre inimitable de Michael Rooker.
Crédits images : © Millenium Films / Metropolitan Filmexport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr