RENDEZ-VOUS AVEC LA MORT (Appointment with Death) réalisé par Michael Winner, disponible en DVD et Blu-ray le 25 septembre 2019 chez BQHL Editions
Acteurs : Peter Ustinov, Lauren Bacall, Carrie Fisher, John Gielgud, Piper Laurie, Hayley Mills, Jenny Seagrove, David Soul, Nicholas Guest, Valerie Richards, John Terlesky…
Scénario : Peter Buckman, Anthony Shaffer, Michael Winner d’après le roman d’Agatha Christie
Photographie : David Gurfinkel
Musique : Pino Donaggio
Durée : 1h43
Date de sortie initiale : 1988
LE FILM
Qui a organisé un rendez-vous avec la mort pour la terrible Mrs Boynton ? L’un de ses sinistres beaux-enfants ? Son avocat manipulateur ? Un compagnon effacé ? Un membre du parlement ? Une seule personne saura faire la lumière : Hercule Poirot…
Dans Rendez-vous avec la mort – Appointment with Death, Peter Ustinov (1921-2004) livre sa sixième et dernière prestation dans le rôle du légendaire Hercule Poirot. Et qui retrouve-t-on derrière la caméra à cette occasion ? Le célèbre Michael Winner (1935-2013), le réalisateur britannique à qui l’on doit les mythiques Le Flingueur (1972), Le Cercle noir (1973), Scorpio (1973) et Un justicier dans la ville (1973). Dans les années 1980, sous contrat avec la célèbre Cannon et ses deux Go-Go Boys Menahem Golan et Yoram Globus, le cinéaste donne deux suites à son Death Wish original, deux triomphes au box-office en 1982 et 1985. C’est donc une surprise de le retrouver aux commandes de ce Rendez-vous avec la mort, l’adaptation cinématographique du roman policier éponyme d’Agatha Christie publié en 1938. Les aventures d’Hercule Poirot ont connu un regain d’intérêt au cinéma dans les années 1970, avec Le Crime de l’Orient-Express (1974) de Sidney Lumet, avec Albert Finney dans le rôle de l’inspecteur belge, puis Mort sur le Nil (1978) de John Guillermin, dont l’enquête est cette fois menée pour la première fois par Peter Ustinov. Le comédien reprendra ensuite ce rôle au cinéma dans Meurtre au soleil (1982) de Guy Hamilton, mais aussi à la télévision dans trois téléfilms, Le Couteau sur la nuque (1985) de Lou Antonio, Poirot joue le jeu (1986) de Clive Donner et Meurtre en trois actes (1986) de Gary Nelson. Avec Rendez-vous avec la mort, il fait son baroud d’honneur au cinéma dans la peau d’Hercule Poirot. Nettement moins prestigieux que les précédentes transpositions d’Agatha Christie, Appointment with Death n’en reste pas moins un divertissement soigné et élégant.
Emily Boynton est la belle-mère des trois enfants Boynton qu’elle tyrannise en profitant du fait que son mari décédé lui a laissé par testament le contrôle total sur sa fortune. La famille effectue une croisière vers la Palestine, à l’époque sous mandat britannique, puis séjourne à Jérusalem. Hercule Poirot, en vacances privées, enquête sur la mort de Boynton.
Si Le Crime de l’Orient-Express, Mort sur le Nil et Meurtre au soleil brillaient par leur casting exceptionnel composé de monstres hollywoodiens et de stars planétaires qui gravitaient autour d’Hercule Poirot, on ne peut pas en dire autant pour Rendez-vous avec la mort. Toutefois, si les comédiens n’ont pas le même statut, ils n’en demeurent pas moins excellents. On se réjouira de voir l’immense Lauren Bacall, la regrettée Carrie Fisher et la cultissime Piper Laurie participer à cette aventure, dans laquelle les trois comédiennes semblent particulièrement s’amuser, les deux premières en assassins potentiels de la troisième, qui campe une femme particulièrement odieuse avec l’incroyable talent et l’aisance qui ont fait sa renommée, notamment dans Carrie au bal du diable de Brian De Palma, qui lui vaudra d’être nommée aux Oscars en 1976.
Hormis David Soul, éternel Kenneth « Hutch » Hutchinson de la série Starsky et Hutch, le reste de la distribution est donc moins célèbre, mais solide. On retrouve ainsi Hayley Mills, ancienne égérie Disney (Les Enfants du Capitaine Grant, L’Espion aux pattes de velours), la belle Jenny Seagrove qui passera à la postérité dans le rôle-titre de La Nurse – The Guardian (1990) de William Friedkin, et John Gielgud, l’un des plus grands interprètes du théâtre britannique, qui interprète ici le Colonel Carbury.
Tout ce petit monde se trouve réuni en Israël, après un petit détour par l’Italie, où bien sûr un meurtre a été commis par l’un des personnages principaux. Peter Ustinov se délecte une fois de plus dans le peignoir improbable d’Hercule Poirot, qui se retrouve comme par hasard témoin d’intrigues, de sous-intrigues, de conspirations et de querelles provenant de la famille Boynton, de leur avocat, de leurs compagnes et compagnons. Alors forcément, quand ce qu’il pressentait arrive, autrement dit le meurtre de la matriarche, Poirot mène l’enquête et parviendra à résoudre cette énigme au bout de deux jours. Au terme de ses investigations et interrogatoires, Poirot réunira tous les protagonistes afin de reconstituer les évènements survenus le jour fatidique, pour enfin désigner le, la ou les coupable(s). Une fois n’est pas coutume, cette scène se déroulera en deux temps.
Si cette aventure manque parfois de souffle dans sa longue première partie où l’on attend impatiemment le fameux rendez-vous qui donne son titre au film (et qui intervient au bout de 45 minutes), le scénario coécrit par Anthony Shaffer, l’auteur des remarquables Le Limier (1972) de Joseph L. Mankiewicz, Frenzy (1972) d’Alfred Hitchcock, The Wicker Man (1973) de Robin Hardy, mais également coscénariste des trois précédents Hercule Poirot au cinéma, prend le temps de bien installer les personnages, leurs liens, leur haine, leurs secrets. Appointment with Death n’est certes pas le plus célèbre et le plus réussi des Hercule Poirot avec Peter Ustinov, mais il s’agit d’un ultime opus honnête, à la reconstitution raffinée, excellemment interprété et élégamment mis en scène.
LE BLU-RAY
Après une première sortie en DVD chez MGM / United Artists en 2006, Rendez-vous avec la mort passe désormais dans la musette de BQHL Editions, qui pour l’occasion propose désormais le film de Michael Winner en Haute-Définition. Joli visuel, menu principal animé et musical. Seul le choix de la langue y est disponible.
Aucun supplément.
L’Image et le son
Le grain argentique est préservé, fin, les scènes diurnes et nocturnes sont logées à la même enseigne et formidablement rendues avec ce master nettoyé de presque toutes défectuosités. Mis à part un générique vacillant, les contrastes du chef opérateur emblématique de la Cannon, David Gurfinkel (L’Implacable Ninja, Delta Force, Over the Top – Le bras de fer), retrouvent une nouvelle densité. Les nombreux points forts de cette édition demeurent la beauté des gros plans, la propreté du master (hormis quelques points blancs) et sa stabilité, les couleurs souvent ravivées et le relief des scènes en extérieur jour avec des détails plus flagrants. Quelques fléchissements de la définition, mais rien de rédhibitoire.
Les mixages anglais et français Dolby Digital 2.0 (pas de HD de ce côté) sont propres, efficaces et distillent parfaitement la musique du grand Pino Donaggio. La piste anglaise ne manque pas d’ardeur et s’avère la plus équilibrée du lot. Au jeu des différences, la version française (où Peter Ustinov se double d’ailleurs lui-même) apparaît plus sourde et confinée. Aucun souffle constaté sur les deux pistes.