RELIC réalisé par Nathalie Erika James, disponible en DVD et Blu-ray le 3 février 2021 chez Blaq Out.
Acteurs : Robyn Nevin, Emily Mortimer, Bella Heathcote, Steve Rodgers, Chris Bunton, Robin Northover, Catherine Glavicic, Christina O’Neill…
Scénario : Natalie Erika James & Christian White
Photographie : Charlie Sarroff
Musique : Brian Reitzell
Durée : 1h30
Année de sortie : 2020
LE FILM
Edna, une octogénaire, disparaît subitement. Sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent chez elle, dans sa grande demeure isolée, afin de mener les recherches et tenter de la retrouver. Quelque chose d’aussi mystérieux que néfaste et inquiétant semble entourer l’endroit…
C’est un premier long-métrage, un coup de maître. Relic n’est pas un film d’épouvante comme les autres, il fait aussi et surtout réfléchir pendant et après son visionnage. Si l’on comprend petit à petit que tout n’est qu’allégorie, la mise en scène prend aux tripes à mi-parcours, au détour d’un plan, pour ne plus lâcher le spectateur jusqu’à la toute dernière séquence, ahurissante et poignante. Lors de ce dénouement, après une demi-heure passée littéralement en apnée (encore plus fort que Tom Cruise donc), certains se diront que la réalisatrice Natalie Erika James ne donne pas d’explications…et en fait si, tout apparaît, s’illumine. Produit par Jake Gyllenhaal et les frères Russo, Relic est une oeuvre incroyablement intelligente, sensitive, philosophique, anxiogène sur la forme (la photo de Charlie Sarroff est sublime), totalement bouleversante et tragique sur le fond car universelle et intime. Assurément l’une des plus belles découvertes de l’année 2020 au cinéma.
Quand Edna, la matriarche démente, âgée et veuve de la famille, disparaît, sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent dans leur maison familiale éloignée pour la retrouver. Ils découvrent la maison fermée de l’intérieur et une substance noire ressemblant à de la moisissure sur un mur à l’étage. Une grande partie du mobilier a été ornée de post-it de rappels pour Edna. Cette nuit-là, Sam reçoit la visite de leur jeune voisin Jamie, nu adolescent trisomique, qui déclare ne pas être allé rendre visite à Edna depuis un moment après que son père lui ait dit de ne pas rentrer à la maison. Sam et Kay deviennent de plus en plus dérangés par un grincement bruyant provenant de l’intérieur des murs, tandis que la moisissure paraît s’étendre de plus en plus. Kay fait un cauchemar au cours duquel elle voit un cadavre flétri et pourri, recroquevillé dans une vieille cabane dans les bois. Le lendemain matin, elle constate qu’Edna est revenue, pieds nus, recouverte de boue, mais ignorant tout de sa propre disparition. Suite à la visite d’un médecin, la vieille femme est considérée comme étant saine d’esprit et physiquement stable, à l’exception d’une grosse ecchymose noire sur la poitrine, ressemblant aussi à de la moisissure. Kay dit à Sam qu’elle envisage de placer Edna dans une maison de retraite, compte tenu de sa négligence personnelle.
Difficile de parler de Relic sans en dévoiler le sujet réel. Comme tout film d’horreur et d’épouvante, la mort est au centre de l’histoire bien sûr, mais l’angle avec lequel la cinéaste s’y attaque est foncièrement original. Non seulement Relic évoque le trépas, mais il parle aussi et avant tout du cycle de la vie, de l’égalité de tous face à la mort, de l’acceptation (pour ceux qui vont partir et pour ceux qui vont rester, qui devront partir un jour à leur tour), avec les autres étapes du deuil, autrement dit le choc et le déni, la douleur et la culpabilité, la colère, la dépression, la reconstruction. Le plan final restera probablement inscrit dans la mémoire de celles et de ceux qui auront vu le film, mais qui l’auront compris une fois qu’ils auront assimilé les intentions de Natalie Erika James.
A l’origine de Relic, il y a l’expérience personnelle de la réalisatrice nippo-australienne, qui du jour au lendemain a vu la mémoire de sa grand-mère rongée et effacée et par la maladie d’Alzheimer. Ce choc, qui pour elle était « pire que la mort, en voyant une personne que l’on aime disparaître progressivement pour devenir une étrangère » lui a inspiré son premier long-métrage, écrit (le projet remonte à 2014) et réalisé après quatre courts, dont l’un, Creswick, posait déjà les bases de Relic. Dans ce dernier, elle croise ainsi trois générations de femmes d’une même famille, la grand-mère, la mère et la fille, formidablement interprétées par Robyn Nevin (Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, Gods of Egypt), Emily Mortimer (Scream 3, Match Point, Hugo Cabret) et Bella Heathcote (Dark Shadows, The Neon Demon, Le Maître du Haut Château), qui sont à la fois confrontées à la même situation, au même drame, mais enfermées séparément dans un processus différent, face à leurs pensées et réflexions, mais aussi face à leurs émotions, jusqu’à ce qu’elles parviennent toutes à retrouver un « terrain » d’entente, où elles ne pourront que rendre les armes face à leur adversaire commun et invulnérable, la grande faucheuse.
Relic est une histoire aussi étrange et labyrinthique que la maison d’Edna (le décor est admirable), rapidement montrée comme un prolongement d’elle-même, de son état mental en dégénérescence et de sa condition physique. Si les pièces iront en se rétrécissant autour de Sam, alors perdue dans les couloirs devenus insondables, c’est que l’inéluctable est imminent et qu’il est désormais temps de se rendre à l’évidence, quant à la disparition programmée (et cela est valable pour tous) d’Edna, Kay étant la première à embrasser littéralement le corps de sa mère, pour ensuite la délivrer de son écorche charnelle, avant d’adopter une position quasi-foetale, bouclant ainsi une boucle prédéterminée.
Complexe et immersif dans une première partie, Relic se révèle enfin, soudainement et touche le spectateur autant à l’estomac qu’en plein coeur, en l’emmenant là où il s’y attendait le moins, le drame psychologique et existentiel. À ranger précieusement aux côtés d’Hérédité d’Ari Aster et Mister Babadook de Jennifer Kent.
LE BLU-RAY
Sorti dans les salles françaises, peu de temps malheureusement, en octobre 2020, Relic fait son apparition dans les bacs sous les couleurs de Blaq Out. Non seulement le film de Natalie Erika James bénéficie d’une édition en DVD, mais aussi en Haute-Définition ! La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche du film et le tout est glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est fixe et musical.
Seul bémol de cette édition, nous ne trouvons que la bande-annonce comme supplément.
L’Image et le son
Le cadre large n’est évidemment pas dénué de qualités, mais nous constatons quelques soucis au niveau des contrastes, ainsi qu’un manque visible d’homogénéité sur les très nombreuses séquences sombres, tamisées et nocturnes, qui s’accompagnent quasi-systématiquement d’artefacts. Les couleurs sont certes très belles, mais le piqué est étrangement émoussé, les détails manquent à l’appel et les contours sont malheureusement brouillons.
Les deux versions DTS-HD Master Audio 5.1 font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale. Le spectateur est complètement plongé dans ce huis clos, la spatialisation reste solide tout du long. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu avec une fluidité acoustique plus ronde. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.