RAMBO : LAST BLOOD réalisé par Adrian Grunberg, disponible en DVD et Blu-ray le 25 janvier 2020 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Sylvester Stallone, Paz Vega, Sergio Peris-Mencheta, Adriana Barraza, Yvette Monreal, Óscar Jaenada, Rick Zingale, Fenessa Pineda, Louis Mandylor, Jessica Madsen…
Scénario : Matthew Cirulnick, Sylvester Stallone d’après le personnage créé par David Morrell
Photographie : Brendan Galvin
Musique : Brian Tyler
Durée : 1h41
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Cinquième épisode de la saga Rambo.
Vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo va devoir affronter un cartel mexicain.
Il y a onze ans, nous laissions John Rambo revenir chez lui, se dirigeant vers un ranch au bout d’un chemin poussiéreux, après son retour de Birmanie. La conclusion de la saga et l’opus John Rambo (ou simplement Rambo en version originale) étaient en tout point parfaits. Quelle ne fut pas l’étonnement de la part des fans de Sylvester Stallone, quand le comeback du plus célèbre des Bérets Verts a été annoncé par le comédien ! S’il s’agit clairement d’une « cerise sur le gâteau », Rambo : Last Blood, titre qui indique clairement qu’il s’agit bel et bien de l’ultime baroud d’honneur de son protagoniste en faisant référence au tout premier épisode réalisé par Ted Kotcheff, First Blood (1982), n’était franchement pas espéré, mais puisque le film existe, pourquoi s’en priver ?
En fait, Rambo : Last Blood, c’est un peu comme le quatrième volet de Toy Story, autrement dit, personne ne l’attendait, le film remplit son contrat, mais on ne peut s’empêcher de lui trouver un goût amer et de le considérer comme étant quasiment hors-série. Même combat entre Rambo : Last Blood et Toy Story 4 donc, pas vraiment l’épisode de trop, mais celui qui ne s’imposait pas et que l’on visionne plutôt comme un bonus facultatif ou un épilogue alternatif. Car dans Rambo : Last Blood, Sylvester Stallone montre une fois de plus que l’on peut avoir près de 75 ans et rester bad-ass, sans jamais tomber dans le ridicule. Conspuée par la critique, rejetée par beaucoup de fans de la première heure, cette cinquième et dernière aventure n’en reste pas moins très plaisante, bien plus que l’immonde Terminator : Dark Fate de Tim Miller où l’ancien rival de Sly, Arnold Schwarzenegger ne prend même plus la peine de faire semblant d’y croire, paumé dans des images de synthèse affreuses et une intrigue atroce. Bref, Rambo : Last Blood ne feint pas d’être autre chose qu’une série B burnée, bien violente et sanglante, dans laquelle le charisme ravagé de Sylvester Stallone fait encore des merveilles.
Plus de dix ans ont passé après les évènements en Birmanie. John Rambo vit dans l’ancien ranch de son père à Bowie, dans le comté de Cochise dans l’Arizona. Il gère les lieux avec Maria Beltran, une vieille amie, et Grabrielle, la petite-fille de Maria. Pensant y rencontrer son père biologique, Gabrielle se rend au Mexique mais elle est kidnappée par un Cartel de la drogue mexicain. Rambo va alors tenter de la sauver.
Dans le prologue, étrangement coupé pour l’exploitation du film aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Canada, John Rambo est montré comme étant intégré à la communauté car devenu auxiliaire bénévole des forces de secours. Lors d’un orage diluvien, l’ancien soldat parvient seul à pénétrer dans une forêt pour aider quelques promeneurs égarés. Il ramène une jeune femme au péril de sa vie et se voit remercier, pour la première fois de la saga, par les autorités et les habitants, les siens, sur sa terre natale. Mais n’ayant pas pu sauver un couple, son sentiment de culpabilité suscite une fois de plus en lui le traumatisme de ses souffrances passées. Pour passer ses journées, en dehors de l’élevage des chevaux, Rambo creuse des tunnels et un bunker afin de se préparer, le cas échéant, à protéger ceux qui lui sont chers. Malgré son stress post-traumatique toujours présent chaque seconde, Rambo a trouvé l’équilibre (il est aussi aidé par des médicaments) qui lui avait échappé toute sa vie. Alors, quand Gabrielle, après avoir menti à ses proches pour se rendre au Mexique et après avoir été rejetée une nouvelle fois par son père, se laisse entraîner par son amie dans une boîte de nuit, où elle est droguée et enlevée par des hommes de main d’un cartel de la drogue, le monde de Rambo s’écroule. Gabrielle est alors maltraitée, vendue comme prostituée. John Rambo débarque au Mexique, prêt à tout pour retrouver la jeune fille.
Construit en trois actes courts et bien distincts, Rambo : Last Blood montre le quotidien « apaisé » de son protagoniste dans une première partie, puis ses recherches au Mexique (sans doute le segment le moins inspiré), et enfin le règlement de comptes final où le spectateur en a vraiment pour son argent avec des explosions, des membres arrachés, des fusillades et tout un tas de réjouissances qui feraient passer le personnage de Liam Neeson dans l’improbable trilogie Taken pour le Schtroumpf Grognon. Sylvester Stallone garde et conservera son emprise sur un genre qui a contribué à faire de lui l’acteur le mieux payé dans les années 1980 et l’une des plus grandes stars d’Hollywood. Conscient de son visage parcheminé, de sa carcasse pesante, de sa voix qui n’a jamais été aussi caverneuse, le comédien, ne cherche pas à dissimuler son âge bien avancé, ce qui profite à son personnage revenu de tout. Certes, toujours en forme et capable de décimer à lui seul un cartel avec ses sbires aux tronches improbables, Stallone joue encore habilement de la gâchette, de l’arc et du couteau, mais en montrant que le bonhomme est à bout de forces. Il y a donc cette humanité derrière la machine infernale, ce qui boucle parfaitement la boucle avec le Rambo original de Ted Kotcheff, tout en lorgnant constamment et de manière évidente sur le crépusculaire Impitoyable (1992) de Clint Eastwood. Si la mise en scène d’Adrian Grunberg (Kill the Gringo avec Mel Gibson) n’est pas aussi frontale, primale pourrait-on dire que celle de Sylvester Stallone pour John Rambo, le soin apporté aux angles des prises de vue (beaucoup de gros plans) et le rythme en parfaite adéquation au fil des trois actes du film, est évident.
Cette « Dernière Mission » comme l’indique le titre québécois du film ne déçoit pas. Si Rambo : Last Blood aurait pu tomber gratuitement et facilement dans la série Z, ce n’est pas le cas, car Sylvester Stallone est allé au bout de son idée, bien plus que le très dispensable Creed II. En tout cas, on espère (encore une fois certes) que Sly ne retouchera pas à son personnage, car l’image de fin et le générique sont sublimes et font espérer que Rambo puisse enfin trouver la paix jusqu’à la fin de ses jours.
LE BLU-RAY
A l’instar de John Rambo, Rambo : Last Blood bénéficie d’une sortie en DVD et en Blu-ray chez Metropolitan. Pas de « Director’s cut » prévu, le montage proposé ici est le même que celui exploité dans les salles françaises. Le menu principal de l’édition HD est très légèrement animé et musical.
Le gros morceau de cette édition s’avère un making of de 50 minutes, entièrement constitué d’images de tournage et des propos (en voix-off) de l’équipe. Les commentaires imposants de Sylvester Stallone s’imposent au fil de ce documentaire, dans lequel on suit surtout le comédien, qui donne constamment son avis sur la mise en scène d’Adrian Grunberg. Sly évoque tour à tour son rapport avec le public qui le suit depuis le premier Rocky, les différences entre les différents opus de la saga Rambo (il considère le 4ème épisode comme un drame avec un final shakespearien), sa passion pour Stevenson et Poe, tout en faisant un point sur sa propre vie et sur ce qu’il souhaite laisser après sa mort. L’évolution du personnage, le travail du réalisateur, l’intention de ce cinquième épisode (« Il restait encore une histoire à raconter et ce volet a le potentiel pour être le meilleur » dit Sly), l’Arizona recréé en Bulgarie (!) et d’autres éléments sont également abordés au cours de ce module souvent passionnant.
L’éditeur joint aussi un supplément consacré à la musique du film, en compagnie du compositeur Brian Tyler (17’), qui entre deux sessions d’enregistrement revient sur la création des différents thèmes de Rambo : Last Blood avec quelques démonstrations au piano. Le musicien avait déjà collaboré avec Sylvester Stallone sur John Rambo ainsi que sur les trois volets de la franchise Expendables.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Metropolitan se devait de mettre la barre très haute. C’est chose faite avec cette fantastique édition HD qui en met plein la vue. Pour ce cinquième opus, les partis-pris esthétiques du chef opérateur Brendan Galvin (En territoire ennemi, Les Immortels et qui a officié sur la série Westworld) font la part belle aux couleurs chaudes et sombres, qui trouvent ici un écrin magnifique. Ce master respecte non seulement les volontés artistiques originales, mais parvient à les sublimer. Le piqué n’est jamais altéré y compris sur les séquences sombres, les contrastes demeurent d’une richesse jamais démentie, le cadre large fourmille de détails, le relief est omniprésent et les gros plans sur la gueule cassée de Sylvester Stallone n’ont jamais été aussi impressionnants. Metropolitan confirme encore une fois – et de loin – sa place sur la première marche du podium des éditeurs sur le marché français en ce qui concerne la qualité de ses éditions Haute-Définition.
Honnêtement, il serait difficile voire impossible de faire mieux. Non pas que Rambo : Last Blood regorge de scènes d’action pendant 1h40, mais toutes les séquences (la tempête qui ouvre le film donne le la), y compris les nombreux échanges entre les personnages principaux, sont constamment mises en valeur par des effets et ambiances puissantes, mettant à contribution chaque parcelle de votre installation acoustique (sans oublier le caisson de basses), dès l’apparition du cheval ailé Metropolitan. En anglais comme en français (avec le doublage d’Alain Dorval évidemment), les mixages DTS-HD Master Audio 7.1 créent une immersion constante, dynamique et souvent fracassante, avec un net avantage pour la version originale. Chaque coup de feu, chaque baston est prétexte à une déferlante frontale et latérale. Autant dire que le dernier tiers permet de décrasser les enceintes ! L’éditeur joint également une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.