
PSYCHO BEACH PARTY réalisé par Robert Lee King, disponible en Blu-ray le 16 juillet 2025 chez Extralucid Films.
Acteurs : Lauren Ambrose, Thomas Gibson, Nicholas Brendon, Kimberley Davies, Matt Keeslar, Charles Busch, Beth Broderick, Danni Wheeler…
Scénario : Charles Busch, d’après sa pièce
Photographie : Arturo Smith
Musique : Ben Vaughn
Durée : 1h36
Année de sortie : 2000
LE FILM
Été 1962. Le drive-in est le lieu incontournable où les jeunes se donnent rendez-vous pour flirter… jusqu’à ce qu’un cadavre soit découvert, la première victime d’un tueur en série ! Florence « Chicklet » Forest est une jeune fille maladroite en quête de popularité et dont le rêve ultime est d’approcher la bande des surfeurs et leur leader le Grand Kanaka. Le problème, c’est que Chicklet, légèrement schizophrène, a plus de personnalités qu’une pizza pepperoni a de parts ; et lorsque ses nouveaux amis surfeurs se mettent à tomber comme des mouches, elle commence à sérieusement douter de son innocence.

Mais…mais…d’où sort ce truc ? Cet Objet Filmique Non Identifié ? Ce long-métrage réalisé par Robert Lee King, après un court-métrage (The Disco Years, 1991) et une participation à une œuvre collective (Boys Life: Three Stories of Love, Lust, and Liberation, 1994) est l’adaptation d’une pièce à succès, créée par Charles Busch off-Broadway en 1987, qui s’intitulait à l’origine Gidget goes Psychotic, en référence directe aux trois films Gidget interprétés par la légendaire Sandra Dee pour le premier opus, puis par Deborah Walley dans Gidget à Hawaï – Gidget Goes Hawaiian et par Cindy Carol dans Gidget à Rome – Gidget Goes to Rome, précurseur de la culture du surf aux États-Unis à la fin des années 1950. Lui-même comédien, Charles Busch s’était jadis octroyé le rôle de Chicklet dans sa création. Les années ayant passé, la maturité aussi, il devient Monica Stark dans Psycho Beach Party à l’aube des années 2000. Présenté au Festival de Sundance, ce film interdit aux moins de 16 ans (oui oui, on a bien du mal à le croire) joue avec les genres, s’apparente à un film des sixties, s’empare des codes du slasher remis au goût du jour par Scream de Wes Craven (qui lui aussi était interdit aux moins de 16 ans), tout en célébrant le genre camp, qui représente les films destinés aux jeunes, qui, le plus souvent, mettent en scène des personnages de l’âge du public visé dans des situations plus ou moins familières. En l’état, Psycho Beach Party est quasi-inclassable, emmène le spectateur là où il s’y attend le moins, fait sa place aux côtés de la filmographie de John Waters (Pink Flamingos, Polyester, Hairspray, Cry-Baby), avec une petite touche de James Signorelli, Stephan Elliott et Ken Russell. Le tout dans une bonne humeur on ne peut plus contagieuse. On en redemande !


Les beaux jours sont arrivés ! Durant ses vacances d’été à Malibu Beach, en Californie, la très complexée Florence « Nénette » Forest découvre le cadavre d’une jeune spectatrice dans un drive-in. Celle-ci a été assassinée au terme d’un flirt poussé. Victime de trous de mémoire réguliers, Nénette ne se rappelle plus où elle était au moment du crime. Le capitaine de police Monika Stark a du mal à croire à son alibi et la soupçonne fortement. Pour se changer les idées, Florence va faire un tour sur la plage et sympathise avec une bande de surfers qui n’ont d’yeux que pour sa copine. Vexée, elle s’attire les faveurs de leur leader, le Grand Kanaka, et devient rapidement la mascotte du groupe. Lorsque ses nouveaux amis sont retrouvés morts dans d’étranges circonstances, Florence remet en question son innocence et s’interroge sur son état mental.


« Direction la plage ! Pas de vague à l’âme ! Ça va être sensass’ ! Des gonzesses ! Des gonzes ! Des meurtres ! Un peu de sexe ! Un peu de vice ! » (bande-annonce)
Ce que l’on retient avant tout de Psycho Beach Party, c’est sa grande réussite plastique, qui nous fait croire à un film tout droit sorti de 1962, grâce à une superbe photo signée Arturo Smith, remarqué pour son travail sur Nowhere de Gregg Araki, avec ses couleurs flashy, son sable blond, sa mer cyan et des costumes bigarrés. Ensuite, Psycho Beach Party détonne par ses ingrédients passés au blender, de la comédie potache par ci, de l’horreur par là, le tout saupoudré de touches gores. Secouez bien le tout, servez frais et vous obtenez un gouleyant cocktail qui rafraîchit autant qu’il pique la langue et les papilles.


Robert Lee King s’empare du scénario de Charles Busch et s’éclate à créer des plans « comme à l’époque », en ayant recours à des incrustations on ne peut plus artificielles, tout en demandant à son casting d’en faire des tonnes. À ce petit jeu, la belle Lauren Ambrose, juste avant la série Six Feet Under qui la propulsera au sommet, crève l’écran en Scream Queen à la chevelure incendiaire. Le reste de la distribution provient d’horizons divers, essentiellement de la télévision, Thomas Gibson (Dharma et Greg, futur Hotch d’Esprits criminels), Nicholas Brendon (Alex dans la série Buffy contre les vampires et qui sera aussi récurrent dans Esprits criminels), Matt Keeslar (qui la même année sera au générique de Scream 3), Beth Broderick (Sabrina, l’apprentie sorcière, que l’on reverra dans Lost : Les Disparus) et donc Charles Busch dans la peau du Captain Monica Stark. Mais celle que l’on reconnaît surtout est la magnifique Amy Adams, 25 ans, au début de sa carrière, alors entre Belles à mourir – Drop Dead Gorgeous de Michael Patrick Jann et Sexe Intentions 2 – Cruel Intentions 2 de Roger Kumble, deux ans avant d’être révélée par Steven Spielberg dans Arrête-moi si tu peux – Catch Me If You Can.


Du beau monde, qui se donne à fond, qui se coule dans le moule, surjoue comme il faut, gesticule et parle fort, avant de voir leur univers habituel être parasité par la multiplication de meurtres autour de leurs planches de glisse bien cirées.


Vous cherchez une comédie qui sort de l’ordinaire ? Cette ode à la déconnade qui ne se prend absolument pas au sérieux et qui propose des personnages bien frappadingues, tout en rendant hommage aux gentilles séries Z d’antan, est faite pour vous !



LE BLU-RAY
Nous sommes de retour chez Extralucid Films avec cette fois entre nos mains, le numéro 24 de la collection Extra Culte, à savoir Psycho Beach Party, qui avait semble-t-il connu une exploitation française en DVD chez Lancaster. Pour cette sortie en HD, l’éditeur a conçu un splendide Slim Digipack à deux volets, qui renvoie aux couleurs acidulées du film, jusqu’à la sérigraphie du disque. Le tout glissé dans un fourreau cartonné du plus bel effet, une habitude chez Extralucid. Le menu principal est animé et musical.


On commence les bonus par une excellente présentation de Psycho Beach Party, proposée par Mylène Da Silva (13’). La créatrice de la chaîne YouTube Welcome To Primetime BITCH ! (si vous êtes bons, vous avez la référence) a bossé son intervention et revient sur tous les aspects du film de Robert Lee King. Celle-ci aborde le mélange des genres, les références de ce « produit hybride », tout en revenant également sur l’origine du slasher, avec ses hauts et ses bas, ses films piliers. Le casting, le réalisateur, le genre camp (avec quelques propos sur Susan Sontag, la première à avoir théoriser ce mouvement), les partis-pris et les intentions du scénario de Charles Bush et du metteur en scène sont également passés en revue.

Les boss d’Extralucid Films ont pu s’entretenir avec Charles Busch en visioconférence (35’30). Ne manquez pas ce rendez-vous on ne peut plus sympathique, durant lequel le scénariste, comédien et dramaturge s’exprime sur sa carrière, sur la création de la pièce qui donnera naissance à Psycho Beach Party au début des années 2000, sur ses références (les films Gidget, Les Trois Visages d’Ève avec Joanne Woodward, Pas de printemps pour Marnie, Deux mains, la nuit de Robert Siodmak), ainsi que sur le casting du film. Charles Busch parle aussi de sa participation en tant qu’acteur dans Psycho Beach Party, de son obsession pour Sarah Bernhardt, ainsi que sur la pérennité du film qui a su trouver son public avec les années qui ont passé.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Reprenant les partis-pris esthétiques liés aux films pour adolescents des années 1960, Psycho Beach Party voit ses intentions respectées à travers ce master HD proposé par Extralucid Films. Il est fort probable que l’éditeur ait repris la même copie présentée il y a déjà dix ans chez Strand Releasing aux États-Unis, un Blu-ray au format 1080p (AVC), qui fait ressortir des teintes chatoyantes, un ciel au bleu profond, des costumes bariolés mélangeant allégrement les teintes roses, rouges et vertes. La luminosité est évidente sur les scènes en extérieur, les tons chair sont naturels et abondants, les détails sont satisfaisants pour une production à petit budget, les décors sont riches, le cadre appréciable. L’acte final est peut-être le moins défini avec des scènes plus sombres et une texture argentique plus hasardeuse. La copie est propre, bien que diverses poussières subsistent.

Les mixages DTS-HD Master Audio Stéréo (en anglais et en français) sont donc frontaux, nets, précis. La restitution des dialogues est donc la priorité absolue, la musique est énergique, les effets concrets et le confort acoustique indéniable. Les sous-titres français ne sont pas imposés.


Crédits images : © Extralucid Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr