
PIÉGÉ (Locked) réalisé par David Yarovesky, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 9 août 2025 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Bill Skarsgård, Anthony Hopkins, Ashley Cartwright, Michael Eklund, Navid Charkhi, Ricardo Pequenino, Gaston Morrison, Reese Alexander…
Scénario : Michael Arlen Ross, d’après le scénario du film argentin 4×4 coécrit par Mariano Cohn & Gastón Duprat
Photographie : Michael Dallatorre
Musique : Tim Williams
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 2025
LE FILM
Un voleur s’introduit dans une voiture de luxe et se retrouve piégé à l’intérieur. Il découvre que son énigmatique propriétaire en a le contrôle total et qu’il va exercer sur lui une vengeance diabolique.

Voilà, c’est court, direct. Piégé ou Locked en version originale, est réalisé par David Yarovesky. Venu de l’univers du clip musical, il signe en 2014 son premier long-métrage, The Hive, resté inédit dans nos contrées. Il parvient à percer cinq ans plus tard avec son second essai, Brightburn – L’Enfant du mal, produit par James Gunn, écrit par le frère de celui-ci, ainsi que par leur cousin, film fantastique qui évoquait déjà Superman en filigrane. 2021, David Yarovesky s’associe avec Netflix pour Nightbooks, qui confirme sa prédilection pour le fantastique. Il change son fusil d’épaule avec Piégé, thriller anxiogène, huis clos, dont l’action se déroule essentiellement dans l’habitacle d’un SUV, qui n’est autre que le remake du film argentin 4 x 4, mis en scène par Mariano Cohn, sorti en 2019. On ne saurait comparer les deux versions, puisque l’auteur de ces mots n’a pas vu le film original, toujours est-il que ce Piégé est un savoureux tour de force, qui offre enfin matière à l’étonnant Bill Skarsgård, débarrassé de ses maquillages récurrents (Ça, The Crow, Nosferatu), présent dans chaque scène, pour ne pas dire dans chaque plan. Grande prestation de ce dernier, quasi-seul en scène pendant 90 minutes, qui parvient à rendre attachant un personnage qui a pourtant tout pour être facilement détestable. Si Anthony Hopkins a peu à faire dans cette histoire, il n’apparaît d’ailleurs que dans le dernier quart d’heure, même si sa voix est entendue tout du long, Piégé fait partie de ces divertissements emballés avec ingéniosité et savoir-faire, qui fonctionne à fond si on accepte un postulat de départ nawak. Le contrat est donc rapidement rempli.


Eddie Barrish en vient à tenter de voler un luxueux 4X4 Dolus garé sur un parking afin de résoudre ses gros soucis financiers, qui l’empêchent de payer la réparation de son van avec lequel il fait des livraisons et récupère sa fille Sarah à l’école 2 jours par semaine. Une fois introduit dans le véhicule, Eddie ne trouve rien à voler et décide de ressortir, lorsqu’il a la mauvaise surprise de découvrir que toutes les portes sont verrouillées. Après avoir tenté en vain de casser les vitres sans tain, qui se sont avérées blindées, Eddie réalise qu’il est piégé dans la voiture et coupé du monde extérieur par l’insonorisation et le brouilleur téléphonique interne du véhicule. Quand le téléphone du 4×4 sonne, Eddie se retrouve en communication avec le propriétaire, le docteur William Larsen, qui n’a plus que quelques mois à vivre à cause d’un cancer de la prostate. Eddie comprend bientôt que William, très contrarié après avoir subi déjà 6 vols de voiture et constaté chaque fois l’incompétence de la police, le surveille grâce à des webcams placées dans l’habitacle. De plus, William contrôle le véhicule à distance. Mais pourquoi fait-il cela ?


Décidément, après Boy Kills World de Moritz Mohr, dans lequel il ne décrochait pas la parole de tout le film, Bill Skarsgård ne cesse d’étonner encore et toujours de film en film. Dans Piégé, il apparaît à visage découvert et on va même jusqu’à dire que le comédien n’a jamais été aussi bon. Produit par Sam Raimi, Locked enferme littéralement le spectateur dans cette grosse bagnole blindée, qui passe du froid frigorifique à la chaleur étouffante, éclate les tympans de son prisonnier en diffusant le volume à fond du yodel qui rappelle le Tyrolien du Juste Prix…et tout cela n’est qu’une mise en bouche, puisque William va ensuite jouer de la télécommande et emmener Eddie en promenade qui s’annonce sèche, brutale, violente, sanglante.


Évidemment, on comprend que le piège qui s’est refermé sur Eddie va être l’occasion d’une introspection forcée, tandis que la bagnole se transforme en véritable confessionnal. L’émotion arrive sans qu’on s’y attende, contrebalancée par des moments de belle tension, à l’instar de la course échevelée du SUV, qui se rapproche douloureusement de la fille d’Eddie. Le dernier acte offre enfin le face-à-face attendu entre les deux têtes d’affiche, affrontement qui ne déçoit pas et qui réserve là encore d’intenses moments et de rebondissements.


Piégé roule à plein régime, non seulement dans ses enjeux, dans son aspect « attraction », mais aussi dans sa forme particulièrement élégante et racée. La photographie de Michael Dallatorre, déjà chef opérateur sur Brightburn, est un régal pour les mirettes, le montage imputable à Andrew Buckland (collaborateur fidèle de James Mangold) et Peter Gvozdas (Conjuring 3 : Sous l’emprise du diable, La Malédiction de la Dame Blanche, The Jane Doe Identity), combiné à la mise en scène de David Yarovesky, immisce le public dans le calvaire vécu par le personnage principal, sans redondance, en exploitant à merveille le décor pourtant restreint (euphémisme).


Entrez donc avec confiance dans cette « Dolus », cet étrange SUV à la carrosserie blindée, aux vitres pare-balles, aux sièges « électriques », son système de caméras de surveillance en six points. Vous ne le regretterez pas. À moins d’être réellement claustrophobe, là en revanche on vous déconseille le tour, car immersion garantie.


LE BLU-RAY
Après un bide intersidéral dans les salles du monde entier (dont 83.000 entrées en France), Piégé tente une seconde vie ailleurs, notamment en Blu-ray et DVD. Heureusement pour nous, c’est Metropolitan Film & Video qui prend les choses en main chez nous, alors la qualité est d’ores et déjà annoncé. Pour cette exploitation en support physique, le visuel a été retouché et, il faut bien le dire, l’horrible affiche n’a pas été reprise à cette occasion. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Aux côtés d’une poignée de bandes-annonces de films avec Bill Skarsgård, disponibles chez le même éditeur (dont l’excellent Boy Kills World), nous trouvons un making of assez court (9’). Celui-ci se compose de nombreuses images de tournage et on découvre alors comment le décor réduit de l’habitacle de la voiture a été scindé pour mieux y placer la caméra. Quelques propos du réalisateur David Yarovesky viennent éclairer cet envers du décor, où les effets directs étaient privilégiés, plutôt que d’avoir recours au numérique en postproduction.







L’Image et le son
Piégé est un film plutôt sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Michael Dallatorre, qui avait déjà collaboré avec David Yarovesky sur Brightburn – L’Enfant du mal. Les volontés artistiques sont donc respectées, tout en conservant un piqué chirurgical et des détails à foison aux quatre coins du cadre, y compris sur les très nombreuses scènes peu éclairées. Ce master HD demeure impressionnant de beauté, du début à la fin, avec des contrastes qui affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs), tandis que la palette chromatique froide reste optimale.

Les deux versions DTS-HD Master Audio 5.1 font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale. Le spectateur est littéralement plongé dans ce huis clos, la spatialisation reste solide tout du long et le caisson de basses est utilisé à bon escient. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu sur l’homogénéité et la fluidité acoustique, tandis que la piste française a tendance à mettre les voix un peu trop en avant. Présence d’une piste audiodescription et de sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.


Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr