Test Blu-ray / Nuits de cauchemar, réalisé par Kevin Connor

NUITS DE CAUCHEMAR (Motel Hell) réalisé par Kevin Connor, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Rory Calhoun, Paul Linke, Nancy Parsons, Nina Axelrod, Wolfman Jack, Elaine Joyce

Scénario : Robert Jaffe, Steven-Charles Jaffe

Photographie : Thomas Del Ruth

Musique : Lance Rubin

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Bienvenue dans ce petit motel accueillant, un peu à l’écart des grandes artères routières, tenu par un couple des plus folkloriques, Vincent et Ida Smith. Ici on offre tout pour attirer le client en manque de tranquillité et de dépaysement. En prime, la maison fabrique un superbe saucisson, dont la qualité est reconnue dans toute la région environnante. Mais les paisibles tenanciers ont une drôle de recette secrète pour obtenir avec amour et dévouement le plus succulent des produits régionaux !

Un souvenir d’enfance revenait souvent dans la tête de l’auteur de ces mots. Agé de dix ans, je passe devant la télévision où passait un film étrange. Les images montraient des personnes enterrées dans une sorte de jardin, où ne dépassaient que leurs têtes. A cela s’ajoutaient les râles et grognements, comme si ces personnes, visiblement prisonnières, ne pouvaient plus parler. Ces images sont restées très longtemps dans ma mémoire et m’avaient valu quelques mauvais rêves. Quelques années plus tard, au fil de recherches grâce aux débuts d’internet, j’avais pu enfin mettre un titre sur ce film. Mais il aura fallu attendre 2017 pour que je puisse enfin voir ce long métrage d’horreur qui s’intitule Nuits de cauchemar ou Motel Hell en version originale. Moi qui croyais que Nuits de cauchemar était un film d’épouvante, je suis finalement tombé sur une vraie comédie d’horreur, réalisée par le cinéaste, producteur et scénariste britannique Kevin Connor, né en 1937, dont le premier film Frissons d’outre-tombeFrom Beyond the Grave démontrait déjà son goût pour le cinéma de genre. Metteur en scène touche-à-tout, capable de passer d’un film d’horreur à la série télévisée L’Amour en héritage, Kevin Connor est appelé pour réaliser Nuits de cauchemar, après que les producteurs aient un temps envisagé de faire appel à Tobe Hooper. Le cinéaste accepte à condition que le scénario très premier degré soit revu et surtout que de l’humour soit injecté. Les studios United Artists acceptent. Pour le meilleur et pour le rire.

Vincent Smith et sa sœur Ida sont des fermiers qui tiennent par ailleurs un motel, attenant à leur ferme. Vincent propose en outre à la vente de la viande fumée très réputée. Mais l’origine de sa viande est inhabituelle, car il s’agit en fait de viande humaine qu’il arrive à se procurer en kidnappant puis en tuant des touristes de son motel. Vincent, c’est Rory Calhoun (1922-1999), mythique comédien de westerns de séries B vu dans Le Gaucho de Jacques Tourneur, Crépuscule sanglant de Jack Arnold, Vengeance à l’aube de George Sherman, et deux fois aux côtés de Marilyn Monroe dans Comment épouser un millionnaire et La Rivière sans retour. S’il s’est fait plus rare dans les années 1970, le comédien trouve dans Nuits de cauchemar ce qui est considéré par certains cinéphiles comme étant son plus grand rôle. Il faut dire qu’il est excellent, brillant, charismatique en diable avec son sourire chevalin inquiétant et qu’il a l’air de prendre un malin plaisir à jouer ce redneck, accueillant au premier abord, qui se révèle être un psychopathe et tueur en série. On le voit kidnapper les clients de son motel (le fantôme de Norman Bates n’est pas loin), les endormir, leur couper les cordes vocales et les planter comme des carottes dans son potager pour ensuite les gaver comme des oies, afin de les dépecer ensuite avec l’aide de sa sœur Ida (démente Nancy Parsons), pour transformer les corps en viande fumée, particulièrement appréciée dans toute la région.

Rapidement devenu un film culte, Nuits de cauchemar a profité des belles heures de la VHS. Plus de 35 ans après la sortie du film, l’humour noir et sarcastique fonctionne encore à plein régime, la photo de Thomas Del Ruth (Breakfast Club, Running Man) est très riche et participe, comme la musique de Lance Rubin, à la plongée du spectateur dans ce coin paumé et glauque de l’Amérique profonde. Motel Hell est un film qui ne se prend pas au sérieux, mais qui n’est en rien bâclé malgré son manque évident de moyens. On rit tout autant qu’on frissonne et l’affrontement final à la tronçonneuse dans l’abattoir peut autant faire glousser que donner la chair (fumée) de poule quand on voit le fermer péter littéralement les plombs – alors qu’il pensait avoir trouvé la solution pour lutter contre la surpopulation et le manque de nourriture – et arborer une tête de porc en poussant un rire machiavélique.

Le film de Kevin Connor tient une place à part dans le coeur des cinéphiles, d’autant plus qu’il traverse les années sans prendre de rides et qu’il peut être vu encore différemment à l’heure où les Etats-Unis viennent de commencer un nouveau et angoissant chapitre.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Nuits de cauchemar, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des nombreux fans du film de Kevin Connor, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Un seul supplément au programme, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec. L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies passe en revue l’histoire de Nuits de cauchemar, les références à Massacre à la tronçonneuse et à Psychose, la genèse du film, le fait que Tobe Hooper ait été un temps pressenti pour le réaliser, le choix de Kevin Connor pour le remplacer, la révision du scénario par celui-ci, qu’il trouvait trop déviant (la sœur couchait avec un porc et un dindon) et l’ajout d’humour noir, sans oublier le casting (Harry Dean Stanton a été envisagé) et les conditions de tournage. Ne visionnez pas ce bonus si vous n’avez jamais vu Nuits de cauchemar puisque Marc Toullec évoque de nombreuses séquences y compris le dénouement de l’intrigue.

L’Image et le son

Cette édition HD redonne un petit coup de jeune à Motel Hell, tout en respectant son caractère vintage. La restauration de ce master au format 1080p – AVC, 1.85 compatible 16/9, semble dater et quelques tâches et points subsistent, surtout lors du générique en ouverture. Le grain est heureusement conservé, la plupart du temps bien géré, sauf sur divers plans, plus grumeleux, en particulier lors des séquences plus sombres. Nuits de cauchemar est un film essentiellement nocturne, mais les couleurs froides signées Thomas Del Ruth, à tendance verdâtre et jaune, sont bien restituées, à l’instar de l’éclairage spécifique du potager. La stabilité est de mise, les noirs profonds, l’ensemble est plus que correct, comme les contrastes, même s’il ne faut pas non plus demander des miracles pour un film tourné avec peu de moyens et doté d’une image déjà « sale » à l’origine. Mais le confort de visionnage est indéniable.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono. Comme pour l’image, l’écoute rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé pour la piste française, qui bénéficie d’un doublage très réussi et amusant. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets, la délivrance de la musique et des grognements contestataires de nos pauvres touristes enterrés. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Movinside – MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

2 réflexions sur « Test Blu-ray / Nuits de cauchemar, réalisé par Kevin Connor »

  1. Très bon descriptif et on est content de voir un site web qui teste sérieusement les disques, quand on voit la quantité de parasites sur internet qui montrent la jaquette du film et pas un seul commentaire sur la qualité, comme cultura.com, disking, et autres, sans parler des commentaires sur amazon (les gens n’ont pas compris à quoi servent l’espace commentaire).

    1. Merci beaucoup Willy ! Cela nous touche beaucoup et nous pensons que cela a contribué à notre succès depuis six ans maintenant ! A très bientôt 🙂

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