Test Blu-ray / Notre-Dame de Paris, réalisé par Wallace Worsley

NOTRE-DAME DE PARIS (The Hunchback of Notre Dame) réalisé par Wallace Worsley, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 21 janvier 2025 chez Rimini Editions.

Acteurs : Lon Chaney, Patsy Ruth Miller, Norman Kerry, Kate Lester, Winifred Bryson, Nigel De Brulier, Brandon Hurst, Ernest Torrence…

Scénario : Edward T. Lowe Jr & Perley Poore Sheehan, d’après le roman de Victor Hugo

Photographie : Robert Newhard

Durée : 1h37

Année de sortie : 1923

LE FILM

Dans le Paris du XVe siècle, la Gitane Esmeralda danse sur le parvis de Notre-Dame. Quasimodo, le sonneur de cloche, est secrètement amoureux d’elle. Lorsque la jeune femme doit être pendue pour meurtre, Quasimodo s’empare d’elle et la met à l’abri dans la cathédrale.

C’est un blockbuster des années 1920. Notre-Dame de Paris ou Le Bossu de Notre-Dame The Hunchback of Notre-Dame, réalisé par Wallace Worsley (1878-1944) est le second long-métrage adapté de l’oeuvre colossale de Victor Hugo, publiée en 1831. Avant cela, on trouve deux courts-métrages français, un de 1905 et un autre de 1911, tandis que les Américains s’emparent de l’histoire de Quasimodo dès 1917, The Darling of Paris, d’une durée d’une heure. La version qui nous intéresse faisait à l’origine pas loin de 120 minutes (un quart d’heure n’a jamais pu être retrouvé) et reste encore aujourd’hui considérée comme l’une des plus belles de toute l’histoire du cinéma. Avec des moyens colossaux, le mythique roman est transposé dans les studios Universal, où la base de la cathédrale a été reconstituée, ainsi que les habitations parisiennes, le parvis du monument et les rues adjacentes, le tout étalé sur une dizaine d’hectares et nécessitant la présence de 2000 figurants, et donc autant de costumes, sans oublier les accessoires. En 1923, produit par Carl Laemmle (le somptueux 20.000 lieues sous les mers de Stuart Paton) et Irving Thalberg (Freaks de Tod Browning) Notre-Dame de Paris devient ainsi le plus grand succès du cinéma, tandis que le budget colossal d’un million et demi de dollars est largement rentabilisé. Redécouvrir ce chef d’oeuvre plus d’un siècle après sa sortie est aussi bouleversant qu’inespéré, puisque devenu invisible depuis 1947, année où un boss d’Universal avait purement et simplement décidé de détruire les négatifs des films muets. Il faudra attendre soixante ans pour qu’une copie 16 mm soit miraculeusement retrouvée par un restaurateur américain, une version intégrale et teintée que nous avons désormais nos yeux ébahis.

Dans le Paris du XVe siècle, la gitane Esméralda danse sur le parvis de Notre-Dame. Sa beauté bouleverse Jehan, frère de l’archidiacre de la cathédrale. Jehan décide de l’enlever avec l’aide de Quasimodo, mais elle est sauvée par une escouade d’archers commandée par Phoebus de Châteaupers. Ce dernier, sensible à la beauté de la Gitane, l’invite dans une auberge. Esmeralda réussi à s’échapper mais Quasimodo est fait prisonnier et condamné à recevoir vingt coups de fouet en place publique. Il réclame à boire et c’est Esméralda, dont il est secrètement amoureux, qui lui donne de l’eau fraîche. Phoebus est fiancé à Fleur-de-Lys mais, séduit par la Gitane, il lui donne rendez-vous. Jehan, qui les a suivis, poignarde Phoebus. Accusée de cette tentative de meurtre, Esméralda avoue sous la torture les faits de meurtre et de sorcellerie qui lui sont reprochés. Jehan lui propose de sauver sa vie si elle cède à ses désirs. Elle refuse. On va la pendre sur le parvis mais avant d’exécuter la sentence elle doit aller faire amende honorable à Notre-Dame de Paris pour expier ses péchés. Quasimodo s’empare d’elle et l’emmène dans la cathédrale où le droit d’asile la met à l’abri. Il la porte dans la pièce où il loge en haut de la cathédrale. Durant ce temps les gueux de la Cour des miracles rassemblés par leur roi Clopin, assiègent la cathédrale et tentent d’y pénétrer.

Il aura donc fallu six mois de tournage pour rendre un hommage digne de ce nom au pavé de Victor Hugo, le traduire en images. Il fallait aussi sans doute un nom porteur pour incarner le personnage emblématique de Quasimodo. Lon Chaney (1883-1930) s’approprie la figure mythique du Bossu de Notre-Dame, crée et réalise lui -même son propre maquillage (qui nécessitait quatre heures chaque jour) et campe un être difforme bouleversant. Sa prestation laisse pantois et la séquence des coups de fouet demeure la plus marquante du film. Entre L’Île au trésor Treasure Island de Maurice Tourneur et Le Fantôme de l’Opéra de Rupert Julian, celui que l’on surnommait alors L’Homme aux mille visages (ce qui deviendra d’ailleurs le titre d’un biopic lui étant consacré en 1957, avec James Cagney dans le rôle principal et réalisé par Joseph Pevney) serait entré dans l’histoire du cinéma uniquement avec son interprétation du fameux Bossu.

S’il y a des trahisons de l’histoire originale (Hollywood se garde bien de montrer un prêtre criminel), Notre-Dame de Paris impressionne toujours pas son ambition formelle, par l’incommensurable beauté des décors et la violence de l’affrontement final. Dans ce dernier acte, Quasimodo projette ni plus ni moins sur les insurgés des blocs de pierre et du plomb fondu. Un montage nerveux rend compte de la brutalité de ce face-à-face, le rythme s’accélère, la passion des personnages s’exacerbe. Le film montre d’ailleurs Jehan tenter de violer Esmeralda, ce qui a pu faire grincer les dents de la censure. En dehors de Lon Chaney, les comédiens demeurent obscurs, à part Norman Kerry (Phoebus), qui retrouvera la tête d’affiche dans Le Fantôme de l’Opéra et Brandon Hurst (Jehan), vu aux côtés de Conrad Veidt dans L’Homme qui rit The Man Who Laughs de Paul Leni, autre adaptation de Victor Hugo, et de douglas Fairbanks dans Le Voleur de Bagdad de Raoul Walsh.

Grandiose, il n’y a pas d’autres mots pour évoquer Notre-Dame de Paris de Wallace Worsley, adaptation de référence et qui n’a surtout rien à envier aux transpositions plus connues de William Dieterle avec Charles Laughton et Maureen O’Hara (1939), et celle de Jean Delannoy, interprétée par Gina Lollobrigida et Anthony Quinn en 1956. Ajoutons que si vous ne devez découvrir qu’une seule mouture cinématographique de Notre-Dame de Paris, celle de 1923 serait indéniablement la plus conseillée.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Notre-Dame de Paris version 1923 n’est pas inédit dans les bacs français. Nous trouvons un DVD édité par KVP en 2002, un autre chez Bach Films un an plus tard, avant qu’ARTE prenne le relais en 2008, avant de réapparaître chez Lancaster en 2009. 2025, le film de Wallace Worsley revient dans la plus belle mouture imaginable, un Combo Blu-ray + DVD chez proposé par Rimini Éditions. La jaquette au visuel sobre, mais efficace, est glissée dans un boîtier Blu-ray classique transparent, le tout disposé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est animé et musical.

Pour cette grande et nouvelle édition de Notre-Dame de Paris, Rimini s’est tourné vers Frédéric-Albert Lévy, journaliste-auteur. À travers deux modules spécifiques, Notre-Dame de Paris, roman gothique (31’) et De Notre-Dame de Paris à The Hunchback of Notre Dame (23’30), le critique de cinéma du magazine original de STARFIX, spécialiste de l’oeuvre de Victor Hugo, revient tout d’abord sur le livre de l’écrivain, sa genèse, sa conception, les intentions et les partis-pris de l’auteur, les thèmes du roman, sa sortie et sa réception. Dans le second bonus, Frédéric-Albert Lévy en vient à l’adaptation qui nous intéresse aujourd’hui, celle de Wallace Worsley, mais aussi au succès international du livre de Victor Hugo. Le journaliste aborde la production de Notre-Dame de Paris, les conditions de tournage, le casting (en particulier Lon Chaney bien sûr), les différences entre le roman et le film. À ce titre, Frédéric Albert-Lévy déclare que Victor Hugo n’aurait pas été mécontent des changements apportés par les scénaristes.

L’Image et le son

Magnifique restauration 2K – réalisée par Universal au début des années 2020 à partir d’un scan 4K d’éléments 16mm – pour un film qui revient de loin (le négatif original 35mm ayant été brûlé) et qui était même porté disparu pendant de longues décennies. L’ensemble est lumineux, la clarté appréciable, le grain (très) présent, la stabilité de mise, les teintes originales respectées, l’étalonnage rééquilibré. Le master, reste évidemment marqué par des points, des rayures et des griffures, mais rien de rédhibitoire. Blu-ray au format 1080p.

La piste DTS-HD Master Audio 2.0. restitue avec une grande efficacité et une réelle immersion la composition de Nora Kroll-Rosenbaum et Laura Karpman. Les intertitres sont évidemment sous-titrés en français.

Crédits images : © Rimini Éditions / Universal Stduio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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