Test Blu-ray / Malicia 2000, réalisé par Salvatore Samperi

MALICIA 2000 (Malizia 2mila) réalisé par Salvatore Samperi, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 5 décembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Laura Antonelli, Turi Ferro, Roberto Alpi, Luca Ceccarelli, Barbara Scoppa, Miko Magistro…

Scénario : Ottavio Jemma & Salvatore Samperi

Photographie : Paolo Carnera

Musique : Fred Bongusto

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Le riche Ignazio La Brocca coule des jours heureux avec Angela, son ancienne bonne, dans une splendide villa sicilienne. Le jour où un jeune architecte s’y installe avec son fils Jimmy âgé de quinze ans, l’harmonie du couple se fissure. L’adolescent tombe immédiatement sous le charme de la belle maîtresse des lieux et, pour la séduire, redouble d’imagination. S’il réussit à sortir son mari de sa maison en pleine nuit pour arriver à ses fins, il ne s’attendait pas à que ce soit son père qui profite des faveurs d’Angela. Aussi rusé qu’amoureux, Jimmy n’a pas dit son dernier mot…

Ah oui mais là non quoi…Même en étant indulgent, il est impossible de défendre Malicia 2000, ou Malizia 2mila de l’autre côté des Alpes, ultime apparition à l’écran de Laura Antonelli. Alors que la cinquantaine approche, la carrière de la comédienne bat de l’aile. À cela s’ajoute son arrestation en avril 1991, après que la police ait retrouvé 36 grammes de cocaïne à son domicile suite à une perquisition. Assignée à résidence, Laura Antonelli fait la première page des journaux, les images de l’affaire judiciaire sont diffusées en boucle à la télévision et demeurent dans toutes les mémoires. La même année, elle accepte pourtant un projet inespéré, Malicia 2000, autrement dit la suite de son plus grand succès, réalisé près de vingt ans auparavant. Si toute l’équipe ou presque est réunie, devant comme derrière la caméra, rien, plus rien, absolument rien ne fonctionne dans cet immense navet honteux. Le charisme éteint, les yeux soulignés de cernes qu’elle peine à dissimuler, le corps fatigué, Laura Antonelli n’est plus que l’ombre d’elle-même dans cette séquelle inappropriée, qui ne lui offre rien à jouer et dans laquelle elle déambule comme un spectre qui ne demanderait qu’à se cacher ou à disparaître définitivement. Suite à ce gigantesque échec au box-office et aux critiques unanimement négatives (pléonasme) qui accompagneront le film à sa sortie, l’actrice fera ses adieux au cinéma, avant de connaître d’autres drames. Après avoir accepté des injections de collagène en vue du tournage de Malicia 2000, elle se retrouve avec le visage défiguré par la chirurgie esthétique, ce qui entraînera treize années de procès contre le chirurgien, Salvatore Samperi et le producteur Silvio Clementelli. Elle passera sa vie recluse dans un petit appartement de Ladispoli, dans l’ombre, dans la foi, avant de disparaître en 2015 à l’âge de 73 ans. Mais Laura Antonelli est éternelle, son talent et son incommensurable beauté ont été imprimés à vie sur la pellicule de Mario Bava, Jean-Paul Rappeneau, Philippe Labro, Pasquale festa Campanile, Lucio Fulci, Claude Chabrol, Dino Risi, Luigi Comencini, Luchino Visconti, Mauro Bolognini, Ettore Scola et bien d’autres, dont Salvatore Samperi, qui, en dépit de cette conclusion pathétique, tant sur le plateau que dans le privé, fera d’elle une déesse du septième art.

Ignazio La Brocca, la soixantaine, vit dans une villa luxueuse avec Angela, son ancienne bonne à tout faire, devenue sa femme, Le jeune architecte Lance Bruni vient leur rendre visite accompagné de son fils Jimmy âgé de quinze ans. Il a été alerté par la Direction des Beaux-Arts qu’au cours des travaux de construction du métro, tout près d’ici, on aurait trouvé la fosse où Ruggero d’Altavilla, premier comte de Sicile, aurait muré vivante la princesse Aisha, coupable de n’avoir pas cédé à ses avances. Le jeune Jimmy est immédiatement troublé par Angela qui dort désormais séparée de son mari. Celle-ci trouve une rose déposée dans sa poche puis un mot doux tout à fait explicite. Angela soupçonne d’abord Lance l’architecte, puis devine que l’auteur des lettres est le jeune garçon qui lui fait comprendre qu’il est capable de blesser et même tuer son mari pour changer sa vie. Les fouilles se poursuivent, ainsi que les malentendus, jusqu’à ce qu’Ignazio, convaincu par Jimmy de se rendre de nuit dans la fosse pour y découvrir un trésor est coincé par un éboulement provoqué par le garçon diabolique. La nuit est donc libre pour que Jimmy et Angela puissent la passer ensemble.

C’est extrêmement gênant. Dès la première image, la photographie disons-le dégueulasse de Paolo Carnera (qui signera plus tard celle du nanar Fleuve noir d’Erick Zonka), quelque chose ne passe pas, ou plutôt ne passe plus. La mise en scène, habituellement inspirée de Salvatore Samperi est aux abonnés absents, la caméra se contentant de filmer les personnages et de les suivre dans des travellings soporifiques. Les couleurs sont fades, l’aspect téléfilm ne s’arrangera pas par la suite, le cadre est immonde (ces gros plans gênants), sans parler du vide abyssal des dialogues et des « enjeux » dont on se fout de la première à la dernière seconde. Puis, après avoir retrouvé Ignazio, toujours incarné par Turi Fero (D’amour et de sang de Lina Wertmüller, Chronique d’un homicide de Mauro Bolognini, Nous sommes tous en liberté provisoire de Damiano Damiani), Laura Antonelli apparaît…et là, c’est le drame. On pense bien sûr au film de trop, qui ne s’imposait pas, qui aurait dû rester au stade du fantasme (et encore…), car il est évident que plus aucun acteur, y compris sa tête d’affiche, ne croit à ce qu’il est en train de « jouer » et ce manque de motivation, de part et d’autre de l’objectif, se ressent à chaque instant.

Le jeune Luca Ceccarelli, dont la carrière bifurquera vers la mise en scène et la production, ne peut faire oublier le regretté Alessandro Momo, qui incarnait Nino dans le premier Malicia, présent aussi dans le formidable Péché véniel, que beaucoup considèrent comme étant la véritable suite du film. Aucune alchimie entre Laura Antonelli et Luca Ceccarelli, nul charme, pas d’attraction, ce qui donne à Malicia 2000 un côté déplacé où une bientôt quinquagénaire aurait juste envie de sauter sur un petit jeune. On peine franchement à aller jusqu’au bout de ces interminables 100 minutes, le dernier acte étant qui plus est encore plus navrant que ce qui s’est passé précédemment avec Ignazio coincé dans les décombres, Angela, dont on ne verra qu’un sein furtif, qui cède à l’architecte alors qu’elle aurait voulu se farcir son ado de fils.

Puis, tout est bien qui finit bien (car oui, le dénouement du bouzin arrive quand même) avec le départ des invités et le couple Ignazio-Angela, qui retourne s’emmerder dans sa routine ennuyeuse. Et le spectateur, la bave aux lèvres, les yeux révulsés et le corps pris de tremblements, essaye d’ores et déjà d’oublier l’ignominie qu’il vient se taper.

LE BLU-RAY

Après Malicia, Sidonis Calysta revient à Laura Antonelli, en lui consacrant deux éditions DVD et Combo Blu-ray+DVD, pour Péché véniel et Malicia 2000 de Salvatore Samperi. Si le visuel est forcément très attractif pour le second, vous savez en réalité ce qui vous attend si vous avez lu notre critique…vous êtes prévenus ! Le menu principal est animé et musical.

Sur cette édition, ainsi que sur celle de Péché véniel, l’éditeur fournit un documentaire consacré à la star de Malicia, intitulé Senza malizia et réalisé en 2021 par Bernard Bédarida et Nello Correale. 75 minutes dédiées à celle qui fut et qui est encore aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes stars en son pays. De multiples témoignages s’enchaînent sur un rythme soutenu, de la part de celles et ceux qui l’ont connu, côtoyé ou avec laquelle ils ont travaillé. Le plus touchant de ce film reste bien entendu l’apparition de notre Bébel national, interviewé peu de temps avant son décès et qui s’exprime, entre rire et larmes, sur celle avec laquelle il a vécu une grande histoire d’amour pendant près de dix ans. Interviennent également le réalisateur/acteur Michele Placido, le critique Valerio Caprara, le directeur de la photographie Paolo Carnera, le chanteur Simone Cristicchi, les comédiennes Francesca d’Aloja et Claudia Gerini, le cinéaste et journaliste Philippe Labro, l’acteur Giancarlo Giannini…Via des images d’archives, Claude Chabrol, Dino Risi, Luigi Comencinio, Edwige Fenech et bien d’autres célébrités apparaissent aussi dans ce documentaire-hommage qui dresse le portrait et retrace la carrière d’une femme marquée par une enfance difficile, sans doute dépassée par son statut de sex-symbol et dont la fin de vie sera aussi inattendue que bouleversante. Notons aussi la présence de diverses images de tournage, y compris de Docteur Popaul, encore inédit en DVD en France.

L’Image et le son

Décidément, il n’y a rien à sauver. Ou tout du moins, si Sidonis présente un master HD de Malicia 2000, cette « promotion » ne parviendra jamais à relever le niveau du film, au contraire, puisqu’il accentue toutes les fautes de goût de la photographie originale et des partis-pris de Salvatore Samperi. La copie n’est pas fantastique (euphémisme), mais il s’agit de la seule existante dans les bacs français, alors nous la prenons comme elle se présente. Vous aurez l’impression de (re)voir le film sur une télé cathodique dans les années 1980-90 (sans la coupure pub M6 « Chaud devant chaud ! Un jingle pub pour la six ! »), avec des couleurs souvent fades, quelques poussières ici et là, diverses sautes et broutilles éparses, un piqué aléatoire, une gestion moyenne des contrastes, une texture argentique appuyée sur les séquences plus sombres…ce n’est guère reluisant.

Malicia 2000 est proposé en français et en italien. La première piste dispose d’un doublage bas de gamme, le mixage s’avérant souvent chuintant et étouffé, en misant aussi trop souvent sur le report des voix au détriment des effets annexes. La version italienne s’en sort mieux. Fluide et dynamique, propre, elle instaure un bon confort acoustique. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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