
L’HÉRITIER DE LA VIOLENCE / LÉGITIME VENGEANCE (Legacy of Rage – Long zai jiang hu) réalisé par Ronny Yu, disponible en Blu-ray le 12 juillet 2025 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Brandon Lee, Michael Wong, Regina Kent, Chan Wai-Man, Kirk Wong, Bolo Yeung, Shing Fui-On, Chung Lam…
Scénario : Raymond Fung & Clifton Ko
Photographie : Chan Hau-Ming
Musique : Richard Yuen
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 1986
LE FILM
Brandon mène une vie paisible entre ses deux emplois et sa fiancée May. Un jour, il est pris au piège par son ami dealer Michael qui le fait accuser de meurtre d’un policier corrompu. Après huit ans de prison ferme, Brandon en sort, bien déterminé à se venger après avoir appris la vérité.

L’Héritier de la violence, Le Soldat, ou bien encore Légitime vengeance et même Legacy of Rage en anglais, est le premier long-métrage interprété par Brandon Lee (1965-1993), ainsi que son seul et unique réalisé à Hong Kong. Le fils de Bruce Lee, né aux États-Unis, mais qui a grandi en Chine dans ses très jeunes années, où son père tournait Big Boss et La Fureur de vaincre, démarre d’abord sur les planches, puis prend des cours à l’académie Actors Studio du légendaire Lee Strasberg. L’aventure démarre en 1986, quand on lui propose le rôle principal de L’Héritier de la vengeance, mis en scène par Ronny Yu. Film d’action et d’arts martiaux, Legacy of Rage joue évidemment à fond la carte de la ressemblance entre Brandon Lee et son mythique paternel (décédé en 1973), au point de lui faire adopter plusieurs postures héritées de son géniteur, à l’instar du fameux doigt pointé vers son adversaire, destiné à le mettre en garde, ou l’incitant à le lui tirer pour faire une blague, c’est possible aussi. En l’état, L’Héritier de la violence est un pur produit de son époque, clipesque à souhait, qui annonce les montages hachés (ou à ch*er, c’est selon) de certains opus de Jean-Marie Poiré, furieusement kitsch, un divertissement honnête, qui anticipe aussi quelque part le génial Haute sécurité – Lock Up de John Flynn avec Sylvester Stallone, avant de s’en donner à coeur joie dans une dernière partie bien explosive et pétaradante.


Brandon Ma est un jeune homme aussi ordinaire que son travail, qui rentre le soir pour retrouver sa petite amie, May. Il cumule deux emplois, ce qui lui permet de subvenir aux besoins de cette dernière et de réaliser son rêve de posséder une moto. Son meilleur ami est Michael Wan, un trafiquant de drogue ambitieux et meurtrier. Michael, lui aussi amoureux de May, élabore un plan avec un policier corrompu nommé Sharky pour la conquérir et se débarrasser de Brandon. Le flic pourri utilise ses relations avec la police pour dominer le trafic de cocaïne local. Michael le fait donc tuer et utilise Brandon comme bouc émissaire. Brandon va en prison et rencontre Hoi, bien qu’il pense être bientôt libéré grâce aux efforts de son bon ami Michael. Cependant, après huit longues années, Brandon sort enfin de prison et jure de se venger de Michael pour avoir trahi leur amitié et lui avoir volé l’amour de sa vie. À sa sortie, il apprend que May a eu son fils.


« 1971, Bruce Lee choque le monde ! 1987, Brandon Lee continue la légende ! » (accroche de l’affiche originale, qui laissait même apparaître Bruce Lee)
Il y a donc cette dimension méta indéniable dans L’Héritier de la violence, liée à la filiation. Mais cela reste anecdotique, car le principal reste les scènes de bastons (dont une qui rend explicitement hommage à La Fureur du Dragon, comme par hasard) et de ce point de vue il faut véritablement attendre le dernier tiers, quand Brandon décide de retrouver Michael. L’affrontement avec les gardes et le dernier face-à-face valent leur pesant de cacahuètes et Brandon Lee, très à l’aise dans les scènes physiques, s’en tire remarquablement bien. Son charisme est indéniable, les similitudes avec son père sont souvent frappantes et par ailleurs troublantes.


Ronny Yu (né en 1950), se lâche derrière la caméra, compile les plans alambiqués, renvoie au manga dans la composition de certains cadres. Une efficacité qui sera remarquée par Hollywood, où le réalisateur tournera entre autres La Fiancée de Chucky – Bride of Chucky, considéré comme l’un des meilleurs épisodes de la franchise, et aura l’honneur de diriger le duel de titans Freddy contre Jason en 2003. Outre Brandon Lee, la distribution de Michael Wong (Firestorm,Piège à Hong Kong, The Bride With White Hair), Regina Kent (disparue en 1999, vue dans Le Syndicat du crime 2), Shing Fui-On (The Killer, Le Syndicat du crime), ainsi que d’une petite participation, mais bien marquante, de Bolo Yeung, présent face à Bruce Lee dans Opération Dragon – Enter The Dragon (1973) et qui donnera aussi du poing avec JCVD dans Bloodsport – Tous les coups sont permis de Newt Arnold en 1988.


De beaux et bons atouts réunis pour ce spectacle qui y va à fond dans la castagne, dans les sentiments exacerbés (on n’échappe pas au pathos), dans la violence, le tout parcouru par un humour noir qui fonctionne bien au milieu de tous ces ingrédients, qui au final forment un pudding assez lourd, mais finalement rassasiant et qui se digère mieux que ce qu’on imaginait au départ.


LE BLU-RAY
L’Héritier de la violence a tout d’abord été exploité en VHS chez Delta Vidéo. Puis, chose peu commune, Metropolitan en récupère les droits et décide de sortir le film de Ronny Yu au cinéma en 1989 en le rebaptisant Légitime vengeance. Cela ne durera pas longtemps et il s’agira d’une sortie dite technique. Vingt ans plus tard, l’éditeur au cheval ailé sort L’Héritier de la violence (sous ce titre), en DVD. Et il faut attendre 2025 pour que ce dernier refasse à nouveau surface et pour la première fois en Haute-Définition chez le même éditeur. Le disque repose dans un boîtier Slim Digipack à trois volets, efficacement illustré et qui rejoint la collection HK Vidéo. Notons que le Digipack comporte quelques notes de production fort éclairantes sur la mise en chantier du film qui nous intéresse aujourd’hui. Le menu principal est fixe et musical.

En plus de la bande-annonce (où apparaît encore Bruce Lee, au cas où certains n’auraient pas compris la filiation), l’éditeur joint un entretien avec Ronny Yu, déjà présent sur le DVD de 2009. Une interview rapide (10’), au cours de laquelle Ronny Yu évoque brièvement les conditions de tournage de L’Héritier de la violence, ainsi que le travail de Brandon Lee et la mise au point des cascades.

L’Image et le son
Si l’apport HD demeure plutôt limité, force est de constater que le master affiche une stabilité fort plaisante. Quelques points blancs subsistent, la colorimétrie retrouve une petite vivacité, les contrastes et les détails sont sensiblement renforcés, le grain cinéma est respecté, même si la gestion vacille sur les séquences sombres. Certains arrière-plans fourmillent quelque peu, mais la définition contentera les grands fans du film. Un vrai plaisir de le posséder en HD ! Ce Blu-ray est au format 1080p.

Sachant que les spectateurs français ont avant tout découvert ce film en VF, Metropolitan propose heureusement cette version, quand bien même en Mono, contrairement à la piste cantonaise, présentée à la fois en 2.0 et en 5.1. Certes, ces options acoustiques ne peuvent pas rivaliser avec les standards actuels, mais l’éditeur permet de revoir ce petit classique dans de bonnes conditions techniques. En version originale, la musique est spatialisée, les effets frontaux sont très efficaces et mention spéciale aux bruitages lors des bastons.


Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr