L’ÉTREINTE DU DESTIN (Count Three and Pray) réalisé par George Sherman, disponible en DVD et Blu-ray le 10 août 2020 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Van Heflin, Joanne Woodward, Philip Carey, Raymond Burr, Allison Hayes, Myron Healey, Nancy Kulp, James Griffith, Richard Webb, etc.
Scénario : Herb Meadow
Photographie : Burnett Guffey
Musique : George Duning
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 1955
LE FILM
A l’issue de la Guerre de Sécession, Luke Fargo décide de changer de vie, d’oublier le joueur, bagarreur et coureur de jupons qu’il a été. S’il rentre chez lui, c’est désormais plein de bonnes intentions, dans les habits d’un pasteur pressé de reconstruire l’église locale. Mais son passé lui colle aux bottes et certains se chargent de le lui rappeler…
L’Étreinte du destin – Count Three and Pray restait jusqu’ici introuvable en DVD et Blu-ray en France. Il est réalisé par George Sherman (1908-1991), réalisateur d’une centaine de films de 1937 à 1971 et qui s’est spécialisé dans le western. D’ailleurs son dernier long-métrage est Big Jack avec John Wayne, en tant qu’acteur et co-réalisateur.
La Guerre de Sécession terminée, trois hommes rentrent chez eux. Tandis que les deux premiers retrouvent avec bonheur leurs familles respectives, personne n’est présent pour accueillir Luke Fargo. Son retour n’enthousiasme pas les habitants du village. Bien que la guerre soit finie, ayant été dans le camps des nordistes, il reçoit des coups de poing de la part des sudistes. Les blessures de la perte d’amis, de frères ou d’enfants sont encore vives. Les belles bagarres qui éclatent offrent un beau spectacle.
Luke Fargo est bien décidé à reconstruire l’église détruite par la guerre et à devenir pasteur afin de faire régner la paix. Mais les habitants hostiles vont lui rendre la tâche difficile. Ayant vu ce qu’était la guerre, il souhaite mettre un terme à la barbarie. Dès le début, il échoue dans sa quête, retrouvant pendant un temps son passé de bagarreur. En attendant la reconstruction de l’église, il fait un sermon en plein air, devant quelques personnes.
Il se construit une nouvelle vie, avec débrouillardise. Grâce à la capture d’un cheval, il participe à une course qu’il remporte. Les gains lui servent à financer son projet. Il cohabite avec une jeune orpheline, un garçon manqué qu’il tente d’éduquer malgré son fort tempérament et qui lui tient tête. Les travaux de l’église ont à peine commencé que les habitants provoquent un incendie. Face à cette violence, les démons de Luke Fargo refont surface et la tentation d’y replonger est trop forte. Sa détermination baisse fortement. Heureusement, la présence d’une charmante femme va l’aider à tenter d’aller jusqu’au bout.
Van Heflin (1908-1971) qui interprète cet homme caractériel qui souhaite changer de vie et devenir sage, est remarquable. Ce film est aussi le premier rôle de Joanne Woodward, qui joue la petite chipie. Trois ans plus tard, elle remportera l’Oscar de la meilleure actrice pour Les Trois Visages d’Eve – The Three Faces of Eve de Nunnally Johnson et épouse Paul Newman en 1958. Ils resteront ensemble jusqu’à la mort de l’acteur en 2008. Enfin, Raymond Burr (1917-1993) tient merveilleusement le rôle du méchant dans le film qui provoque la pagaille dans le projet de Luke Argo. Cet acteur est célèbre au cinéma pour son personnage du suspect dans Fenêtre sur cour – Rear Window d’Alfred Hitchcock. La musique signée George Duning est très riche, s’adaptant aux émotions que dégagent les scènes drôles, touchantes ou d’action.
L’Étreinte du destin – Count Three and Pray est loin d’être un western classique, la violence se fait rare, laissant place à une histoire pleine de tendresse. Cette chronique provinciale est un parfait mélange entre la comédie et la tragédie.
LE BLU-RAY
Le DVD et le Blu-ray du film L’Étreinte du désir – Count Three and Pray sont disponibles chez Sidonis Calysta. Le visuel de la jaquette est soigné, avec Van Heflin tenant un fusil aux côtés d’Allison Hayes, avec une bagarre en dessous d’eux. Le menu est animé par des extraits du film et musical avec la bande originale.
Les bonus comportent deux présentations du film. La première est celle de Jean-François Giré (16′), un grand spécialiste des westerns, qui nous propose son analyse personnelle du film. A travers des extraits, il revient sur le contexte historique, le scénario, les personnages, les acteurs et la réalisation. Son observation de certaines séquences est passionnante.
La deuxième est celle de Patrick Brion (8′), historien du cinéma, connu pour être le présentateur de l’émission Cinéma de minuit depuis 1976. Sa présentation est beaucoup plus classique mais tout aussi intéressante. Il nous donne les informations principales du film, revient sur le cinéma de cette époque, le genre du western, l’histoire, la carrière du scénariste, les acteurs et la production. Il livre quelques anecdotes.
L’image et le son
Le film a été superbement restauré. Filmé à l’époque en cinémascope et en technicolor, le rendu des couleurs est magnifique. Il n’y a qu’à voir les paysages pour se rendre compte du travail de restauration. Il n’y a aucune poussière, l’image est remarquable. Cependant, certains plans qui se déroulent dans la pénombre auraient mérité un effort sur la luminosité.
Le son est en DTS-HD. La version anglaise est supérieure car la musique est plus dynamique. Mais la version française est tout aussi respectable. Le doublage est réussi, malgré la voix parfois stridente du personnage de Lissy qui devient de temps en temps insupportable, et d’une clarté agréable. Les sous-titres français sont non imposés et disponibles sous deux versions : l’une qui traduit seulement les textes écrits en anglais visibles dans le film et l’autre avec l’intégralité des dialogues.