LE TOBOGGAN DE LA MORT (Rollercoaster) réalisé par James Goldstone, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 5 septembre 2017 chez Elephant Films
Acteurs : George Segal, Richard Widmark, Henry Fonda, Timothy Bottoms, Helen Hunt, Harry Guardino…
Scénario : Sanford Sheldon, Richard Levinson, William Link
Photographie : David M. Walsh
Musique : Lalo Schifrin
Durée : 1h58
Date de sortie initiale : 1977
LE FILM
Un terroriste sabote les montagnes russes du parc d’attractions d’Ocean View et réclame un million de dollars pour arrêter ses actes. Harry Calder, l’inspecteur chargé de la sécurité des fêtes foraines, soupçonne le terroriste de vouloir piéger le Grand huit de Los Angeles le jour de la fête nationale.
Les années 1970 ont vu exploser un genre dans le cinéma américain, celui du film catastrophe. Près d’une trentaine de longs métrages exploiteront le filon initié par Airport de George Seaton en 1970. Tout y passera, catastrophes aériennes (Airport donc, Alerte à la bombe, 747 en péril, L’Odyssée du Hindenburg, Les Naufragés du 747, le nanar Airport 80 Concorde), catastrophes maritimes (L’Aventure du Poséidon, Terreur sur le Britannic, Sauvez le Neptune, Le Dernier secret du Poséidon, S.O.S. Titanic), sans oublier Tremblement de terre, La Tour infernale de John Guillermin et Irwin Allen, mètre étalon du genre, Le Pont de Cassandra et bien d’autres. Le Toboggan de la mort – Rollercoaster, est également un thriller atypique, puisque le récit se situe essentiellement dans une fête foraine.
Harry Calder est un contrôleur chargé de vérifier le bon fonctionnement des manèges dans des parcs d’attractions. Lorsqu’un accident mortel survient sur des montagnes russes qu’il avait récemment inspectées, il est interrogé par la police. Persuadé que ce n’est pas un accident, Calder se rend à Chicago lorsqu’il apprend que les patrons des cinq plus grandes compagnies de parcs de loisirs ont décidé de se réunir d’urgence à l’hôtel Hyatt Regency. Ensemble, ils écoutent une cassette sur laquelle un homme exige 1 million de dollars, sans quoi d’autres parcs d’attractions seront visés. EN 1977, Le Toboggan de la mort arrive en fin de parcours alors que Star Wars venait déjà de créer un raz-de-marée au box-office et rendait le genre catastrophe désuet et même périmé. Néanmoins, afin d’appâter les spectateurs, le film bénéficie d’une exploitation en Sensurround, procédé acoustique qui consistait à synchroniser à l’action, la diffusion de puissantes vibrations sonores de très basses fréquences. Ces ondes sonores étaient supposées procurer au spectateur certaines sensations en rapport avec le film projeté. Ce système d’effets spéciaux avait été lancé en 1974 à l’occasion de la sortie de Tremblement de terre de Mark Robson. En dehors de La Bataille de Midway (1976) de Jack Smight, Le Toboggan de la mort est finalement l’un des rares films à avoir pu et su utiliser ce « gadget » visant à attirer les spectateurs dans les salles. Mais à côté de cette technique destinée à son exploitation et à renforcer les séquences de caméra embarquée sur le Grand huit, que vaut aujourd’hui le thriller de James Goldstone ?
S’il n’est pas un chef d’oeuvre, il n’en demeure pas moins un très bon thriller qui repose sur un scénario intelligent écrit par Richard Levinson et William Link, complices sur une multitude de séries télévisées comme L’Homme à la Rolls, Le Fugitif, Mannix, mais aussi et surtout Columbo, qui ne serait rien sans l’intelligence de leur plume. Spécialisés dans les intrigues policières, les deux associés s’étaient également déjà essayés au film de genre avec L’Odyssée du Hindenburg de Robert Wise en 1975. Deux ans plus tard, les studios Universal leur confient l’histoire du Toboggan de la mort. Aux manettes, on retrouve l’excellent James Goldstone (1931-1999), réalisateur venu de la télévision (Perry Mason, Rawhide, Voyage au fond des mers, L’Homme de fer, Au-delà du réel), qui est ensuite passé au cinéma et à qui l’on doit entre autres Virages avec Paul Newman.
Qui dit film catastrophe dit casting prestigieux et si Le Toboggan de la mort ne profite pas d’une affiche aussi ahurissante qu’au début de la décennie, retrouver George Segal, Richard Widmark, Henry Fonda (même dans une petite apparition) et Timothy Bottoms tout juste révélé par Johnny s’en va-t-en guerre de Dalton Trumbo et La Dernière séance de Peter Bogdanovich, reste on ne peut plus attractif. C’est d’ailleurs le mot qui convient à ce thriller qui se déroule dans un parc d’attractions où l’on suit le parcours dicté à Calder, inspecteur dont la vie personnelle est quelque peu chaotique, par un terroriste (minéral Timothy Bottoms). Etape par étape, à l’instar d’Harry Callahan devant se rendre d’une cabine téléphonique à une autre dans L’Inspecteur Harry ou bien encore à la manière des énigmes de Simon posées à John McClane dans Une journée en enfer, Harry Calder (ironique George Segal, parfait dans la peau d’un mec dépassé par les événements) écoute et suit les instructions du terroriste. Calder passe donc d’un manège à l’autre, achète et arbore un chapeau ridicule, tout en trimballant une valise remplie de billets qu’il devra déposer à un endroit précis. La surveillance s’organise autour de l’agent fédéral Hoyt (Widmark, toujours aussi agité et c’est tant mieux), bien décidé à prendre le terroriste la main dans le sac.
Après une séquence d’ouverture particulièrement violente avec un accident de manège repris en version plus trash dans Destination finale 3, James Goldstone installe ses personnages comme des pions sur un échiquier, pour mieux les manipuler dans un décor qu’il exploite parfaitement du début à la fin. Le suspense est maintenu, le divertissement demeure entier malgré une fin quelque peu expédiée et le charme vintage agit toujours, tout comme la composition inspirée de Lalo Schifrin. Dernière anecdote, la fille du personnage d’Harry Calder est interprétée par la jeune Helen Hunt, alors âgée de 14 ans.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray du Toboggan de la mort est disponible chez Elephant Films en DVD et combo Blu-ray/DVD. Le menu principal est animé et musical.
Outre un lot de bandes-annonces et une galerie de photos, la présentation du film par Julien Comelli (23’) est nettement plus intéressante et instructive que pour La Kermesse des aigles chroniqué fin août. Le journaliste en culture pop propose tout d’abord un petit récapitulatif des films catastrophes tournés dans les années 1970, tout en donnant de nombreuses indications sur les scénaristes, le casting, le compositeur du Toboggan de la mort. La fin du genre est également abordée avec l’arrivée des films de science-fiction et fantastiques qui attirent désormais les spectateurs Star Wars depuis en 1977. Julien Comelli avance avec justesse que le film de James Goldstone parvient à tirer son épingle du jeu, tout en le comparant avec d’autres thrillers se passant dans un parc d’attractions, à l’instar de Westworld, Les Dents de la mer 3 et Le Flic de Beverly Hills 3. Enfin, le procédé Sensurround est également évoqué, tout comme la sortie du film.
L’Image et le son
Superbe ! Entièrement restauré, Le Toboggan de la mort est enfin proposé dans une édition digne de ce nom, en Blu-ray au format 1080p. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce lifting lui sied à ravir. Tout d’abord, la copie affiche une propreté incontestable, aucune scorie n’a survécu à l’attention des restaurateurs, la clarté HD et la colorimétrie pimpante flattent les rétines sur les séquences en extérieur. Dès la fin du générique d’ouverture, marqué par un grain plus prononcé, les contrastes trouvent une fermeté inédite, le piqué est renforcé et les noirs plus denses, les détails sur les décors abondent, sans oublier la profondeur de champ. Certes, quelques plans peuvent paraître plus doux en matière de définition, à l’instar des images tournées au moyen d’une caméra embarquée sur les attractions, avec de sensibles fourmillements et flous intempestifs, mais jamais le film de James Goldstone n’avait jusqu’alors bénéficié d’un tel traitement de faveur.
Evidémment, le Sensurround ne s’invite pas dans votre salon. Cependant, l’éditeur offre la possibilité de visionner Le Toboggan de la mort en DTS-HD Master Audio 3.1 anglais, mais aussi en version française ! Ces options acoustiques créent un véritable confort, tout en reproduisant quelques secousses bienvenues lors des scènes où le spectateur s’invite dans une des attractions. Le caisson de basses participe à cette expérience. Les versions française (excellent doublage avec les illustres Dominique Paturel, Marc Cassot, Roger Crouzet, Jacques Richard) et anglaise sont également disponibles en DTS-HD Master Audio 2.0 qui conviennent également, mais puisque l’éditeur nous offre la possibilité de renforcer un peu plus le spectacle, pourquoi s’en priver ?