LE ROMAN DE JIM réalisé par Arnaud & Jean-Marie Larrieu, disponible en DVD & Blu-ray le 7 janvier 2025 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Karim Leklou, Laetitia Dosch, Bertrand Belin, Noée Abita, Andranic Manet, Eol Personne, Sara Giraudeau, Mireille Herbstmeyer, Suzanne De Baecque, Sabrina Seyvecou, Marguerite Machuel, Robinson Stévenin…

Scénario : Arnaud & Jean-Marie Larrieu, d’après le roman de Pierric Bailly

Photographie : Irina Lubtchansky

Musique : Bertrand Belin & Shane Copin

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Aymeric, le beau-père de Jim, a rencontré Florence, sa mère, alors qu’elle était enceinte de six mois. Tous les trois mènent une vie heureuse dans le Jura jusqu’à ce que le père biologique, Christophe, revienne suite à une tragédie personnelle. Aymeric ne trouve plus sa place et, éloigné de l’enfant, il décide de partir faire sa vie ailleurs. Mais des années plus tard, Jim, 23 ans, frappe à la porte d’Aymeric.

Autant le dire d’emblée, le neuvième long-métrage de Jean-Marie et Arnaud Larrieu est incontestablement l’un de leurs meilleurs. Les réalisateurs de Peindre ou faire l’amour (leur plus gros succès), Le Voyage aux Pyrénées et Les Derniers Jours du monde, livrent une adaptation à la fois personnelle et fidèle au roman de Pierric Bailly, publié en 2021. Trois ans après l’infernal Tralala (ne tentez pas, vous n’en reviendrez pas indemnes), les Larrieu rectifient le tir, ils ne sont d’ailleurs jamais aussi inspirés que lorsqu’ils ne dirigent pas Mathieu Amalric finalement, et offrent au grand Karim Leklou l’un de ses plus beaux rôles à ce jour. Délicat, à fleur de peau, pudique, Le Roman de Jim frappe le spectateur en plein coeur et l’embarque dans une histoire d’amour contrariée entre un père et son fils, en jouant ouvertement la carte du romanesque. On ne s’attendait pas à pareille explosion des sentiments de la part des deux cinéastes, comme s’ils avaient attendu une « commande » pour démontrer qu’ils savaient aussi exprimer les non-dits de leurs personnages. On ressort bouleversés et les joues inondées de larmes du Roman de Jim, qui donnera sûrement envie aux spectateurs de découvrir l’ouvrage de Pierric Bailly, si cela n’avait pas déjà été fait.

Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Quand Jim nait, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu’au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque… Ça pourrait être le début d’un mélo, c’est aussi le début d’une odyssée de la paternité.

Cela fait visiblement du bien aux Larrieu de quitter les Pyrénées (comme ils l’avaient déjà démontré), pour se « délocaliser » dans les montagnes du Jura ! Comme s’ils y trouvaient un second souffle, sans doute nécessaire, leur cinéma faisant quelque peu surplace depuis une dizaine d’années, après l’encourageant L’Amour est un crime parfait. Sélectionné en section Cannes Première lors du Festival de Cannes en 2024, Le Roman de Jim avait fait sensation auprès de la critique et du public, quelques semaines avant la sortie en salle. Un engouement partagé par plusieurs centaines de milliers de spectateurs, qui se sont déplacés au cinéma durant l’été, période alors peu favorable à ce genre de drame. Le Roman de Jim c’est tout d’abord Karim Leklou, présent à l’écran depuis une quinzaine d’années, après une première apparition dans Un prophète de Jacques Audiard. Depuis, le comédien né en 1982 n’a eu de cesse de monter les échelons en passant successivement devant la caméra de Michel Leclerc, Jeanne Labrune, Bouli Lanners, Radu Mihaileanu…Jusqu’à sa révélation totale chez Katell Quillévéré (Suzanne, Réparer les vivants) et dans l’exceptionnel Coup de chaud (2015) de Raphaël Jacoulot. Également présent dans la série Hippocrate depuis 2018, Karim Leklou profite du triomphe dans les salles de BAC Nord de Cédric Jimenez pour passer la vitesse supérieure en tenant désormais le haut de l’affiche. Le Roman de Jim est une étape importante dans sa carrière. Avec sa carrure solide qui contraste avec son regard aussi bouleversant que magnétique, Karim Leklou est présent dans toutes les scènes, pour ne pas dire de tous les plans. Si ses partenaires sont tous merveilleux, Lætitia Dosch et Sara Giraudeau surtout, on ne voit que lui et on espère que la prochaine cérémonie des César viendra le récompenser d’une compression du meilleur acteur, ou tout du moins qu’elle n’oubliera pas de le nommer pour sa prestation.

On pourra peut-être tiquer sur le passage du temps qui ne se fait pas ressentir comme on pouvait l’espérer pour cette transposition au cinéma (d’autant plus que la jeunesse des personnages est comme souvent représentée maladroitement), mais on se laisse porter par le courant de ce récit hyper-sensible sur la paternité, celle d’un homme pour un enfant qui n’est pas le sien, mais dont il a coupé le cordon ombilical, qu’il a élevé, chéri, éduqué, comme s’il était le fruit de ses entrailles. L’émotion est à son comble à chaque moment, sans pathos, mais avec une sérénité, une force, qui caractérisent le personnage d’Aymeric, habitué à encaisser, à la fermer. Si le désir de s’exprimer davantage viendra au moment où celui-ci apprend que Jim et sa mère vont finalement suivre le père biologique (l’énigmatique et charismatique Bertrand Belin) de l’autre côté de l’Atlantique, Aymeric préférera taire ce qu’il ressent, avant d’accepter l’inéluctable et de devoir cloisonner à nouveau ses sentiments pendant une quinzaine d’années. Jusqu’à ce que Jim ressurgisse dans sa vie.

Drame solaire, optimiste dans l’adversité, ode à la résilience, Le Roman de Jim ne quitte plus les pensées du spectateur et l’on se met à imaginer ce que peut être dorénavant la vie d’Aymeric et de son fils, en espérant que leur relation soit au beau-fixe et enfin apaisée.

LE BLU-RAY

Comme pour Tralala il y a deux ans, le dernier film des frères Larrieu apparaît dans les bacs, en DVD et Blu-ray, sous la bannière de Pyramide Vidéo. La jaquette reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Le premier supplément de cette belle interactivité, est un entretien avec Arnaud et Jean-Marie Larrieu (27’). Interviewé par David Ezan, journaliste et critique cinéma, les deux frères dévoilent avoir reçu le roman, après être apparu en première place des metteurs en scène envisagés pour l’adaptation du livre de Pierric Bailly, une liste alors établie par l’écrivain lui-même. Les Larrieu expliquent ensuite comment ils ont su s’approprier le roman original, en le reliant à leur propre univers, leur sensibilité, avant d’évoquer les conditions de tournage, les défis à relever (raconter une histoire qui se déroule sur un quart de siècle, élaguer après un premier montage d’une durée de 2h30), le casting, ainsi que l’excellent accueil reçu à Cannes, puis dans les salles.

Nous allons après à la rencontre de Pierric Bailly (15’). L’auteur et écrivain du Roman de Jim revient non seulement sur les lieux de tournage, mais aussi sur le fait que le cinéma s’est vite intéressé à son livre après son succès dans les librairies, certains producteurs lui ayant même demandé d’établir une liste de metteurs en scène qu’il verrait bien transposer son œuvre. Ayant fait de courtes études de cinéma à Montpellier, Pierric Bailly, passionné par le travail des frères Larrieu, a aussitôt placé leur nom en haut de la liste demandée. Pour lui, ils étaient parmi les rares à savoir filmer la nature, les lacs, le ciel, les rivières, les arbres, la vie de village, tout en ayant le goût du romanesque. Plus tard dans ce segment, la parole est donnée à celles et ceux qui ont accueilli l’équipe de tournage, certains s’étant même fait engager pour participer comme technicien, voire comme comédien, à l’instar d’un agent commercial, qui incarne le père d’Aymeric dans Le Roman de Jim.

Il est l’un de nos chouchous depuis dix ans maintenant. Karim Leklou se prête au jeu de l’interview pour la sortie du Roman de Jim (18’). De très beaux propos sont tenus ici. Le comédien s’exprime sur sa rencontre avec les Larrieu, sur la qualité de leur écriture, sur ce « film très personnel, jamais tire-larmes, très épuré, sans esbroufe ». Karim Leklou parle aussi de son personnage, de sa douceur, de sa force de résilience, du fait d’incarner Aymeric sur une période de 25 ans (avec ce que cela implique pour trouver l’apparence). Ses partenaires ne sont pas oubliés, sans oublier l’accueil au Festival de Cannes et l’enthousiasme des spectateurs.

Pyramide nous donne aussi l’avis de François Barge-Prieur, auteur de l’émission culturelle Le Bon Plan (Télérama-Vodkaster). Le principe ? En cinq minutes, le critique propose une formidable analyse du film, en croisant le fond et la forme. Un exemple pour les futurs spécialistes du cinéma.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Après un très joli dans les salles (plus de 400.000 entrées, le meilleur score des Larrieu depuis Peindre ou faire l’amour il y a vingt ans), Pyramide prend soin du service après-vente du Roman de Jim et livre un superbe master HD. La définition est optimale, la luminosité aveuglante, ainsi que le relief, la gestion des contrastes et le piqué sans cesse affûté. L’apport HD est constant et renforce l’éclatante colorimétrie, l’encodage AVC consolide l’ensemble, les détails fourmillent, notamment lors des splendides panoramas sur les paysages jurassiens et toutes les séquences de jour tournées en extérieur sont magnifiques de précision.

Le spectateur a le choix entre les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. Notre préférence va pour la première qui instaure un confort acoustique percutant, une spatialisation musicale convaincante et des effets latéraux probants. Le caisson de basses s’invite à la partie à quelques reprises, les ambiances naturelles sont présentes, la balance frontale est toujours dynamique et équilibrée, et le report des voix solide. La piste stéréo est évidemment plus plate, mais riche et remarquablement équilibrée. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Pyramide Films / Pyramide Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr