Test Blu-ray / Le Puits et le Pendule, réalisé par Stuart Gordon

LE PUITS ET LE PENDULE (The Pit and the Pendulum) réalisé par Stuart Gordon, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2017 chez Movinside

Acteurs :  Lance Henriksen, Jeffrey Combs, Oliver Reed, Stephen Lee, William J. Norris, Mark Margolis, Carolyn Purdy-Gordon…

ScénarioDennis Paoli d’après la nouvelle « Le Puits et le Pendule » d’Edgar Allan Poe

Photographie : Adolfo Bartoli

Musique : Richard Band

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Machiavélique, cruel, Torquemada règne sur la très catholique Espagne par l’intermédiaire de l’Inquisition, doctrine religieuse dont il fait un instrument de promotion personnelle. Ainsi, lorsque la très belle Maria se refuse à lui, Torquemada fait torturer son mari, un boulanger. A l’objet de sa convoitise, le Grand Inquisiteur inflige ensuite l’accusation de sorcellerie, soupçon qui ne peut que la conduire au bûcher…

Né en 1947, le réalisateur américain Stuart Gordon connaît le succès dès son premier long métrage, Re-Animator (1985), adapté d’une nouvelle de H.P. Lovecraft. Les films – aujourd’hui devenus cultes – s’enchaînent, From BeyondAux portes de l’au-delà (1986) autre adaptation de Lovecraft, Les PoupéesDolls (1987) et plus tard Fortress (1993) avec notre Christophe(r) – Hin Hin Hin – Lambert national. Mis en scène en 1991, Le Puits et le PenduleThe Pit and the Pendulum, directement sorti en VHS en France, est la transposition d’une nouvelle écrite par Edgar Allan Poe, publiée pour la première fois en 1842 dans la revue littéraire annuelle The Gift : A Christmas and New Year’s Present et en France dans le recueil Nouvelles histoires extraordinaires. Avant Stuart Gordon, cinq autres metteurs en scène avaient adapté ce court récit, la première en 1909 par Henri Desfontaines, en passant par le film La Chambre des tortures (1961) de Roger Corman, librement inspiré de la nouvelle de Poe et l’adaptation d’Alexandre Astruc avec Maurice Ronet, moyen métrage de 1964 considéré comme étant la plus respectueuse de l’oeuvre originale. A l’instar du film de Roger Corman, la scène de torture qui donne son titre à la nouvelle et au film de Stuart Gordon, n’apparaît que dans le dernier quart d’heure du film qui nous intéresse. Il fallait donc broder un scénario autour de cet élément central.

Nous voilà donc plongés en Espagne, en 1492. L’Inquisition a instauré un sanglant règne de terreur, tortures et meurtres au nom de la religion. Prise dans la tourmente, Maria, la femme du boulanger Antonio, est accusée de sorcellerie. Elle comparaît nue devant le grand inquisiteur Torquemada. Subjugué par sa beauté, au point d’en être troublé “physiquement”, Maria devient le jouet des tortures sadiques de Torquemada. De son côté, Antonio va tout tenter pour libérer celle qu’il aime. Ce qui intéresse Stuart Gordon ici, ce n’est pas tant de mettre en scène les supplices endurés par les prisonniers hérétiques lors de l’Inquisition espagnole, que raconter une histoire d’amour. Certes, le réalisateur n’y va pas de mainmorte en filmant des coups de fouet, des strangulations en gros plan, des cilices qui trouent la peau, des membres écartelés, des langues coupées, des sorcières qui explosent, mais Stuart Gordon montre aussi et avant tout le lien qui unit un homme et une femme, plus fort que toutes les tortures endurées.

Peu importe si Poe déformait la réalité historique, le scénariste Dennis Paoli (Re-Animator, Le Dentiste) parvient à trouver cet équilibre entre l’émotion et l’horreur. Toutefois, il est vrai que Le Puits et le Pendule vaut essentiellement pour ses séquences qui lorgnent sur le sous-genre du torture porn, qui rappelle le cinéma d’exploitation des années 70. Pure série B horrifique, étrange et anachronique dans le monde cinématographique du début des années 1990, Le Puits et le Pendule est une bizarrerie très plaisante où trône un Lance Henriksen complètement allumé, en transe et donc inquiétant dans son personnage de grand inquisiteur dégénéré. N’oublions pas la participation de Jeffrey Combs et même une apparition d’Oliver Reed. Rien à redire du point de vue technique. Les décors (bien que cheap) comme la photo et les costumes sont aussi soignés que possible en dépit d’un budget limité et parviennent à nous plonger dans un monde étouffant et poisseux, mais aussi outrancier et carnavalesque avec des personnages fardés, qui s’esclaffent à la vue du sang ou devant le corps nu d’une demoiselle aux belles miches (elle est boulangère rappelons-le) et qui s’amusent à fouetter des squelettes pour blasphème.

Le rythme est plutôt bien soutenu et on s’amuse souvent du jeu parfois exagéré de certains comédiens, tout comme devant certains partis pris gore ou au contraire naïfs (“l’évasion” des sorcières près d’une fontaine) qui font le charme indéniable et plus que sympathique de ce Puits et le Pendule.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Puits et le Pendule, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique et élégant de couleur noire. La jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

L’éditeur propose la bande-annonce originale et une présentation de ce bon vieux Marc Toullec (9’). Toujours installé dans son canapé, le journaliste a visiblement enchaîné les introductions disponibles sur le DVD de Bates Motel et le Blu-ray/DVD de La Nuit de la grande chaleur puisqu’on le retrouve dans la même position, le visage tourné vers son écran. Même principe que pour les deux autres présentations, Marc Toullec semble découvrir son texte pour la première fois, butte sur certains noms, se reprend et bafouille. La technique est tellement pauvre – avec un nombre conséquent de coupes – qu’elle prend le pas sur ce qui est raconté sur la production du film et le casting. Marc Toullec revient également sur les diverses adaptations de la nouvelle de Poe. On espère sincèrement que l’éditeur veillera à la qualité des suppléments sur ses prochaines sorties.

L’Image et le son

Comme pour La Nuit de la grande chaleur, le Blu-ray du Puits et le Pendule est au format 1080i. Toutefois, le master est plus qu’honorable, très propre, avec des contrastes denses et des couleurs plaisantes. Jusqu’alors inédit en DVD dans nos contrées, le film de Stuart Gordon tire profit de cette élévation Haute-Définition avec une stabilité jamais prise en défaut, un piqué pointu et une restitution élégante des partis pris esthétiques originaux avec son grain respecté. Seuls les arrière-plans sombres s’accompagnent de fourmillements.

Point de remixage à l’horizon, mais pas de Haute-Définition non plus en ce qui concerne le son ! Les pistes anglaise et française sont présentées en LPCM 2.0 et instaurent toutes deux un bon confort acoustique, même si la piste française surpasse son homologue sur la délivrance des dialogues. L’excellente partition de Richard Band bénéficie d’une belle ouverture des canaux, le doublage français est amusant et les effets annexes riches. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © FULL MOON FEATURES. ALL RIGHTS RESERVED / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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