LE JUSTICIER DE NEW YORK (Death Wish 3) réalisé par Michael Winner, disponible en DVD et Blu-ray le 22 mai 2020 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Charles Bronson, Deborah Raffin, Ed Lauter, Martin Balsam, Gavan O’Herlihy, Kirk Taylor, Alex Winter, Tony Spiridakis, Marina Sirtis…
Scénario : Don Jacoby
Photographie : John Stanier
Musique : Jimmy Page
Durée : 1h31
Date de sortie initiale : 1985
LE FILM
L’architecte Paul Kersey arrive à New York et découvre son vieil ami Charley, battu à mort par des voyous. Retrouvé sur les lieux du crime, il est arrêté par les forces de l’ordre. Mais le chef de la police, qui connaît le passé de justicier de Kersey, l’incite à reprendre ses activités. Kersey se lance alors sur les traces de Fraker, un chef de bande qui terrorise le quartier où habitait le défunt Charley.
Paul Kersey is back ! Après son retour triomphal et inattendu sous les couleurs de la Cannon en 1982, le justicier le plus célèbre de l’histoire du cinéma n’attendra pas huit années pour revenir s’occuper de la racaille. Yoram Globus et Menahem Golan décident de remettre le couvert et font un pont d’or à l’ami Charles Bronson, qui entre-temps aura tourné Le Justicier de minuit – Ten To Midnight, rien à voir avec la saga Death Wish, ainsi que L’Enfer de la violence – The Evil That Men Do, deux films de J. Lee Thompson. A près de 65 ans, le comédien reprend la pétoire, pas n’importe laquelle, et fait son comeback dans la Grosse Pomme, lieu d’action du premier épisode. Si Un justicier dans la ville 2 était une suite tout à fait honorable et mérite même d’être réévaluée, on ne peut pas en dire autant de ce Death Wish 3 – Le Justicier de New York, qui bien que mis en scène une fois de plus par Michael Winner, vire désormais au nanar. Ultra-divertissant, complètement irresponsable, cet opus n’a plus rien à dire sur le thème de l’autodéfense, mais fait la part belle au spectacle bourrin où le personnage de Paul Kersey devient un ersatz de Rambo, prêt à décimer à lui seul, ou presque, tout un gang qui a mis la main sur un quartier délabré et laissé à l’abandon. Alors oui, on pourra taxer le film de tous les noms, réactionnaire entre autres, mais force est de constater que Le Justicier de New York vaut son pesant de cacahuètes et va au bout de son concept en proposant notamment un dernier acte explosif où Bronson/Kersey flingue sur tout ce qui bouge et aligne comme au balltrap les petites frappes rasées et tatouées. Bref, la Cannon offre aux spectateurs ce qu’ils sont venus chercher, à savoir une succession de règlements de comptes, où chaque nouvelle victime de Paul Kersey se voit trucider par un calibre toujours plus gros.
Dix ans après les événements du premier opus et quelques années après ceux du second, Paul Kersey a définitivement laissé tomber les armes. L’un de ses amis, Charley, rencontré pendant la guerre de Corée, lui propose de se rendre chez lui à New York, dans le quartier de Belmont. A peine débarqué, Paul découvre avec horreur le corps de Charley gisant sur le sol, sauvagement agressé par une bande de voyous dans son appartement. Alertée, la police se rend dans l’appartement et arrête Paul. Au commissariat, la présence de Kersey ne passe pas inaperçue aux yeux du commissaire Shriker qui le reconnaît immédiatement : celui-ci connaît son passé et ses méfaits en tant que justicier dix ans auparavant dans les rues de New York. Kersey se voit alors proposer un marché : en échange de sa libération, il devra nettoyer les rues abritant une bande de voyous ultraviolente terrorisant le voisinage. Paul accepte et reprend les armes une nouvelle fois dans une véritable guérilla qui l’oppose à des voyous beaucoup plus dangereux que ceux qu’il a jadis combattus…
Cette fois, la police engage Paul Kersey pour « assainir » la ville de ses dealers et autres gangsters, qui agissent sous les ordres de Fraker, que Kersey avait aperçu en prison. Même si ce dernier voulait se ranger, et pourquoi pas batifoler avec cette avocate qui semble dingue de lui (et qui fait un poulet succulent), Paul Kersey va malgré tout franchir une nouvelle étape et s’attaquer aux délinquants avec un Wildey Magnum .475, un pistolet semi-automatique créé pour la chasse en Afrique, mais aussi une mitrailleuse Browning calibre 30, habituellement montée sur des véhicules, à l’instar de la 2e Division Blindée de Leclerc en 1944. C’est dire si Paulo n’est pas là pour rigoler ! Si cela ne suffisait pas, il se fait livrer de la plus grosse artillerie pour sa vendetta, avec rien de moins qu’un bazooka antichar avec ses missiles autopropulsés perforants. C’est bien simple, tout vole en éclats dans la dernière demi-heure. Aussi bien les salauds, que les décors, les accessoires (une porte claquée violemment fait exploser une bagnole) et le scénario, même si le récit commence dès le départ à imposer ses intentions.
Ici, Paul Kersey s’amuse à appâter ses futures « victimes » en sortant le soir, en laissant sa voiture bien en vue sous sa fenêtre en attendant que certains viennent lui voler son autoradio, ou va tranquillement acheter un esquimau avec son appareil photo Nikon (beau placement de produit) en bandoulière, prêt à dégainer et à tirer – dans le dos – sur celui qui osera le lui dérober. Il est comme ça Paulo, il est malin, même quand il prépare quelques pièges chez lui, entre John Rambo et Kevin McCallister, avec quelques clous, une planche, sa bite et son couteau.
Le reste du temps, Charles Bronson essaye de donner le change en courant (au ralenti) après les rats du quartier quand ils s’en prennent aux vieilles dames. Et quand Kersey abat froidement un voleur en pleine rue, les vieux, les juifs, les afro-américains, les latinos, les grabataires, tout le monde applaudit notre héros dont la moustache frétille de satisfaction modeste. De son côté, Michael Winner, co-producteur et disposant d’un budget quasiment deux fois supérieur à Death Wish 2, fait ce qu’il peut pour consolider tout ça et y parvient la plupart du temps grâce à un rythme soutenu et un humour noir décomplexé. L’image est pas dégueulasse loin de là, le montage se tient (à peu près), la musique de Jimmy Page est pas mal (même s’il reprend une grande partie de ce qu’il avait fait pour le second) et le réalisateur s’en donne à coeur joie quand Charles Bronson, visage figé et botoxé sous sa coupe de Playmobil prend en main sa mitrailleuse Browning pour pulvériser ses bruyants voisins. Sans oublier quelques références au western quand le cinéaste filme son comédien en gros plan comme dans Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, regard de serpent vissé sur les dealers, punks et violeurs.
Alors oui, le scénario de Don Jacoby (Tonnerre de feu, Philadelphia Experiment, Lifeforce) compile tout ce qui fait le charme du cinéma d’action des années 1980, avec ses mauvais côtés (nous ne ferons pas de politique aussi) et ses anciennes gloires qui cachetonnent (Martin Balsam en apoplexie), mais aussi et surtout ses qualités, autrement dit en y allant à fond dans la violence (même si moindre que dans Death Wish 2), dans l’unique but de rentabiliser le popcorn du spectateur, tout en remplissant le tiroir-caisse de billets verts.
Mission accomplie donc pour cet expéditif Justicier de New York, beau succès commercial à sa sortie et qui renfloue quelque peu la Cannon qui commence sérieusement à battre de l’aile et qui produisait aussi bien Jean-Luc Godard (King Lear) que Chuck Norris (Invasion U.S.A. et Delta Force). Si Michael Winner tire sa révérence, Charles Bronson reprendra la pétoire deux ans plus tard, dans Le Justicier braque les dealers – Death Wish 4: The Crackdown, sous la « direction » de J. Lee Thompson.
LE BLU-RAY
Après l’Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret du premier épisode, celle en DVD et Blu-ray de la version longue du second, Le Justicier de New York est tout naturellement proposé sur les deux supports et toujours chez Sidonis Calysta ! Afin d’attirer le chaland, plus que le cinéphile, et dans une logique commerciale, l’éditeur a rebaptisé le film en Justicier dans la ville 3 écrit en gros caractères gras, tandis que le titre français « original » est inscrit en dessous, plus discrètement. « Death Wish 3 » est également indiqué au-dessus du flingue de Charles Bronson. Sidonis indique qu’il s’agit ici de la version intégrale restaurée. Le menu principal est dynamique, animé sur la musique de Jimmy Page.
En ce qui concerne les suppléments, Sidonis a pu mettre la main (probablement sur YouTube) sur un tout petit making of (5’30), composé de quelques images de tournage à Londres (où New York a été « reconstitué »), des propos de Charles Bronson (si si !) et de Michael Winner, ainsi que d’aperçus du film. La qualité de la vidéo est très médiocre.
L’autre bonus est consacré à la remise de l’étoile à Charles Bronson sur Hollywood Boulevard (5’40) le 10 décembre 1980, en présence du comédien et de sa femme Jill Ireland.
Sidonis joint également la bande-annonce des cinq opus de la saga Death Wish, indiquant ainsi la sortie prochaine des deux derniers épisodes !
L’Image et le son
Le master HD du Justicier de New York est soigné et se révèle même très souvent bluffant pour un film de cette envergure. La restauration est évidente et élégante (quelques poussières subsistent néanmoins), les nombreux gros plans étonnent par leur précision, la clarté est plaisante (jusque dans l’éclat des yeux de Charles Bronson) et le piqué joliment acéré sur les séquences diurnes comme l’atteste le relief des textures et des matières. Le grain original est conservé, l’encodage AVC costaud, les fourmillements limités, la colorimétrie chatoyante et vive, et même les scènes sombres s’avèrent aussi soignées avec des contrastes denses. Un lifting de premier ordre, comme celui de Charles Bronson au moment du tournage quoi !
En ce qui concerne le son, nous avons évidemment le choix entre la version originale et la version française, proposée en DTS-HD Master Audio Mono. Le doublage que nous connaissons tous est évidemment respecté et cette piste s’avère moins rentre-dedans avec des dialogues plus confinés, tout comme les ambiances annexes. La version originale paraît plus agitée et claire, avec des ambiances, une musique, des déflagrations (attention à la dernière partie !) et des dialogues beaucoup plus riches. Les sous-titres ne sont pas imposés sur cette piste et le changement de langue n’est pas verrouillé.