LE CONTINENT OUBLIÉ (The People That Time Forgot) réalisé par Kevin Connor, disponible en DVD et Blu-ray le 20 août 2019 chez Rimini Editions
Acteurs : Patrick Wayne, Sarah Douglas, Thorley Walters, Dana Gillespie, Shane Rimmer, Doug McClure…
Scénario : Patrick Tilley d’après le roman d’Edgar Rice Burroughs
Photographie : Alan Hume
Musique : John Scott
Durée : 1h31
Date de sortie initiale : 1977
LE FILM
1917. Le major Ben McBride réunit un petit groupe d’aventuriers pour partir à la recherche de l’un de ses collègues, disparu dans une région inexplorée du globe. Contraints de se poser en catastrophe après l’attaque de leur avion par un ptérodactyle, les membres de l’expédition découvrent un monde étrange, peuplé d’hommes préhistoriques et de dinosaures.
Le Continent oublié – The People That Time Forgot est à la fois la suite du Sixième Continent – The Land That Time Forgot sorti en 1975, mais également le troisième long métrage du cinéaste britannique Kevin Connor (né en 1937), adapté des écrits d’Edgar Rice Burroughs (1850-1950), le créateur de Tarzan, l’homme-singe. Après Le Continent oublié, première aventure de la trilogie du Cycle de Caspak, et Centre terre, septième continent – At the Earth’s Core (1976), premier volet du Cycle de Pellucidar, Kevin Connor souhaitait transposer le Cycle de Mars, connu pour son héros John Carter. Mais faute de budget, le réalisateur décide finalement de donner suite au Cycle de Caspak. Le Continent oublié est donc la suite directe du Sixième Continent et convoque la même équipe, à savoir le cinéaste Kevin Connor, le comédien Doug McClure (Le Virginien), le directeur de la photographie Alan Hume (Rien que pour vos yeux, Supergirl, Runaway Train) et le chef décorateur Maurice Carter.
Après le succès du Sixième Continent, Le Continent oublié cible un public plus familial (même s’il y a une tribu de cannibales) et multiplie les apparitions de créatures préhistoriques pour notre plus grand plaisir. Si les jeunes spectateurs s’amuseront des monstres en mousse et caoutchouc, la gent masculine n’aura d’yeux que pour Dana Gillespie, légendaire sauvageonne à la crinière envoûtante, aux yeux de braise et au décolleté vertigineux. Tout ce cocktail d’aventures, de fantasy, d’humour et de fantastique fonctionne encore remarquablement et Le Continent oublié conserve un charme dingue et inaltérable.
Début 1917, à la suite de la réception par bouteille du message de Brown Tyler, le major Ben McBride mène une expédition à Caprona à la recherche de Tyler, mais en plein vol, ils sont attaqués par un ptérodactyle et l’avion s’écrase : ils vont non seulement devoir rechercher Tyler, mais aussi affronter les dangers de Caprona.
Franchement, quel pied ! Le Continent oublié demeure un grand spectacle généreux pour les spectateurs de 7 à 77 ans. Les effets visuels, constitués essentiellement de maquettes, de créatures en papier mâché et de matte-painting reflètent cette magie propre au cinéma, qui parvient à nous transporter dans un autre monde en nous renvoyant à nos propres rêves peuplés de monstres tout droit sortis de notre imaginaire. On excuse donc volontiers les dinosaures rudimentaires, l’animation image par image et les transparences visibles, puisque les comédiens sont ici tous excellents, que le rythme est dynamique du début à la fin et que l’histoire est également prenante. The People That Time Forgot est un divertissement excessivement généreux, qui en met plein la vue avec ce continent éponyme où les décorateurs se sont faits plaisir et qui ont redoublé d’imagination par rapport au premier opus, avec cette grande île au climat tropical perdue dans l’Antarctique. Le must reste la dernière demi-heure, qui fait tout exploser sans interruption. Un véritable festival pyrotechnique, où les protagonistes doivent esquiver les boules de feu et les déflagrations, alors que Dana Gillespie se démène tant bien que mal pour conserver ses seins magnifiques dans son bustier trop court en peau de chamois.
Le reste du temps, on s’amuse également du jeu du chat et de la souris entre Patrick Wayne (fils de The Duke himself), qui venait d’interpréter le rôle-titre de Sinbad et l’Œil du tigre – Sinbad and the Eye of the Tiger de Sam Wanamaker aux côtés de la sublime Jane Seymour, et Sarah Douglas, qui allait enchaîner avec les deux premiers volets de Superman, dans lesquels elle incarne la diabolique et mythique Ursa. La coiffure de cette dernière rappelle évidemment celle arborée par Carrie Fisher dans Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir, une étrange coïncidence puisque les deux films sortiront à quelques mois d’intervalle. Le récit enchaîne les morceaux de bravoure, certaines séquences annoncent même Indiana Jones et le Temple maudit (et même d’autres titres de Steven Spielberg comme Le Monde perdu : Jurassic Park) ou plus récemment le Kong: Skull Island de Jordan Vogt-Roberts, tout comme il rappelle le formidable Voyage au centre de la Terre (1960) d’Henry Levin. La photo est superbe, c’est de l’entertainment haut de gamme, bref, Le Continent oublié est un petit joyau de série B.
LE BLU-RAY
Le Continent oublié avait déjà fait l’objet d’une édition en DVD chez MGM il y a une quinzaine d’années. Grâce à Rimini Editions, le film de Kevin Connor est non seulement de retour dans les bacs en DVD, mais aussi et surtout en Haute-Définition ! A cette occasion, l’éditeur reprend le sublime visuel d’une des affiches originales. Un « visuel qui tabasse grave » comme l’a justement qualifié mon ami Simon Dolléans. Le disque repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné du plus bel effet et liseré feu ! Le menu principal est animé et musical.
On démarre cette interactivité par un commentaire audio du réalisateur Kevin Connor, dirigé par Brian Trenchard-Smith, producteur, cinéaste et scénariste. Disponible en version originale sous-titrée en français, ce commentaire se suit agréablement et distille son lot d’informations et d’anecdotes liées à la genèse, à la production et au tournage du Continent oublié.
On se délecte de l’interview de la comédienne Sarah Douglas (19’30) réalisée en 2016. L’actrice revient sur l’une des plus belles expériences de sa vie. Très attachée au Continent oublié, Sarah Douglas évoque de nombreux souvenirs, liés notamment à sa partenaire Dana Gillespie avec laquelle elle s’entendait à merveille, même si « plus personne ne me regardait quand j’étais à ses côtés » dit-elle avec un grand sourire. La comédienne déclare que ce film a quasiment changé sa vie, puisqu’elle aura enchaîné avec Superman de Richard Donner, dont elle raconte d’ailleurs la façon dont s’est déroulé le casting.
Nous retrouvons ensuite Dana Gillespie, également interviewé en 2016 (24’) à l’occasion de la sortie du Continent oublié en Blu-ray aux Etats-Unis. Comme sa partenaire, la comédienne, mais surtout chanteuse, se souvient d’un tournage amusant et du travail avec les autres acteurs. Bien consciente que la production l’avait engagé pour sa plastique avantageuse, plutôt que pour ses qualités d’actrice (même si elle s’en sort très bien), Dana Gillespie rappelle qu’elle avait déjà joué une fille des cavernes « au gros décolleté » dans Le Peuple des abîmes – The Lost Continent réalisé par Michael Carreras en 1968. Elle s’amuse en se rappelant la difficulté de conserver ses seins scotchés dans son costume pour éviter « tout débordement malencontreux ».
L’éditeur joint un excellent module rétrospectif sur le film, écrit et réalisé par le journaliste Alexandre Jousse (22’30) et produit par l’équipe de Rimini Editions. Retour sur Caspak revient habilement sur tous les aspects du Continent oublié, à travers un montage soigné et une réalisation dynamique. Les propos sont clairs et précis, parfois accompagnés d’animations 3D pour expliquer comment les prises de vues ont été effectuées avec les modèles réduits. Alexandre Jousse explore la genèse du film de Kevin Connor, le casting, l’élaboration des décors, les effets spéciaux et aborde la carrière du cinéaste. Une excellente présentation à ne pas manquer, d’autant plus qu’on y apprend la sortie prochaine du Sixième Continent chez Rimini !
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Grâce à un codec AVC de haute tenue, le Blu-ray du Continent oublié proposé au format 1080p, permet aux spectateurs de redécouvrir totalement les incroyables décors du film. Si l’on excepte divers fourmillements et quelques séquences plus douces que d’autres ou au grain plus appuyé, nous nous trouvons devant une image restaurée qui ne cesse de flatter les rétines. La propreté est agréable (divers points blancs subsistent ici et là), les couleurs retrouvent une vraie vivacité, le piqué est joliment acéré et les détails sont probants aux quatre coins du cadre. Certes les effets spéciaux ont pris un petit coup de vieux, mais le découpage est net et sans bavure, l’ensemble est homogène et d’une indéniable élégance. Revoir Le Continent oublié dans ces conditions a de quoi ravir les cinéphiles.
Les versions originale et française bénéficient d’un mixage LPCM 2.0. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque plus d’homogénéité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.