LE COMTE DE MONTE-CRISTO réalisé par Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 6 novembre 2024 chez Pathé.
Acteurs : Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte, Pierfrancesco Favino, Patrick Mille, Vassili Schneider…
Scénario : Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, d’après le roman d’Alexandre Dumas
Photographie : Nicolas Bolduc
Musique : Jérôme Rebotier
Durée : 2h58
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
En 1815, à Marseille, au début du règne de Louis XVIII et alors que Napoléon s’apprête à quitter l’île d’Elbe, le jeune matelot Edmond Dantès, sur le point d’épouser sa bien-aimée Mercedès, est accusé à tort de menées bonapartistes et emprisonné dans le château d’If. Quatorze années plus tard, il parvient à s’évader et élabore un implacable plan de vengeance.
À l’heure où est réalisée cette critique, Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière continue de réaliser près de 100.000 entrées par semaine, le film étant sorti fin juin 2024. Alors que la barre des 9 millions d’entrées est d’ores et déjà acquise, cette adaptation du roman d’Alexandre Dumas (publié en 1844) est devenue celle qui a remporté le plus de succès au cinéma, 70 ans après celle portée par Jean Marais (7,8 millions d’entrées) et celle de Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan dans le rôle principal (4,5 millions de spectateurs). Un triomphe tant critique que public et donc commercial pour cette superproduction au budget colossal de plus de 40 millions d’euros, qui rencontre aussi un accueil chaleureux dans le reste du monde. Si l’oeuvre de Dumas n’a eu de cesse d’inspirer le septième art et ce depuis ses débuts (la première transposition remonterait à 1908), l’une des plus célèbres demeure la mini-série mise en scène en 1998 par Josée Dayan, avec Gérard Depardieu, qui restera l’un des plus grands événements de l’histoire de la télévision française. On a oublié la transposition, également sous la forme d’une mini-série, avec Jacques Weber dans le rôle-titre et réalisée en 1979 par Denys de La Patellière (Le Bateau d’Émile, Rue des prairies, Les Grandes familles). C’est Alexandre, le fils de ce dernier, et Matthieu Delaporte, déjà auréolés par le succès du Prénom en 2012 et scénaristes du diptyque de Martin Bourboulon, Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan et Milady, qui dépoussièrent le monument littéraire original et livrent un chef d’oeuvre instantané. Sublime de la première à la dernière seconde, impressionnant, ambitieux, magistral, passionnant, Le Comte de Monte-Cristo version 2024, qui peut se voir comme une vraie relecture de Batman (à moins que Dantès ait inspiré le personnage de Bruce Wayne en fait), repose sur un récit virtuose, une distribution qui mérite tous les éloges et une mise en scène luxueuse. Vive le cinéma populaire français !
En 1815, lors d’un voyage en mer Méditerranée, Edmond Dantès sauve contre les ordres de son capitaine, Danglars, une naufragée nommée Angèle. Cette dernière est porteuse d’une lettre de Napoléon que Danglars lui saisit. Arrivé à Marseille, Danglars se plaint du comportement de Dantès auprès de l’armateur Morrel qui renvoie Danglars pour avoir manqué à son devoir de sauver les naufragés et nomme Edmond à sa place. Le futur capitaine se rend ensuite au château des Morcerf, où son père travaille comme majordome, famille dont il est devenu le pupille. Il y retrouve d’abord Mercédès de Morcerf, avec qui il entretient une relation amoureuse, et que le nouveau statut social qui accompagne sa promotion lui permet de demander en mariage. Il annonce l’évènement à son ami Fernand de Morcerf, le cousin de Mercédès, qu’il souhaite prendre pour témoin. Il ignore que Fernand avait également l’intention d’épouser Mercédès. Le jour de la cérémonie à l’église, Edmond est arrêté et amené devant Gérard de Villefort, substitut du procureur du roi à Marseille, qui lui apprend qu’il est accusé de bonapartisme en raison d’une lettre écrite par l’Empereur retrouvée parmi ses affaires dans son navire. Convaincu par Edmond qui clame son innocence, il pense le faire libérer jusqu’à ce que le jeune homme lui annonce qu’il connaît le nom de la rescapée du naufrage qui détenait la lettre, Angèle. Villefort l’incarcère alors temporairement le temps d’interroger Gaspard Caderousse, l’un des marins, et Danglars. En fait, Villefort s’accorde en secret avec les deux hommes ainsi qu’avec Fernand, venu initialement innocenter Edmond, pour se débarrasser du jeune homme gênant.
Si l’on pouvait avoir quelques doutes quant au choix de Pierre Niney pour camper le rôle principal du Comte de Monte-Cristo, ceux-ci s’envolent dès sa première apparition. Le comédien, littéralement habité, se fond dans la peau de son personnage, à 20 ans comme à 40, apporte la candeur à Edmond Dantès alors que la vie lui tend les bras, mais aussi une noirceur et une rage quand celui-ci entreprend sa vengeance, les flammes de l’enfer brûlant dans son regard. Après Boîte noire de Yann Gozlan, le comédien signe une nouvelle et grande prestation, s’empare, s’approprie ce personnage mythique et sans doute casse-gueule, en l’emmenant sur un territoire jusqu’alors inexploré. Cette approche de Dantès est par ailleurs osée, dans le sens où son côté implacable ne le rend pas forcément sympathique, mais son bouillonnement intérieur et la souffrance accumulée durant vingt ans se faisant ressentir chaque seconde, le rendent évidemment humain et donc attachant.
Si Pierre Niney trône de façon impériale sur Le Comte de Monte-Cristo, projet qui a d’ailleurs été pensé pour et autour de lui, le reste du casting est au diapason. Bastien Bouillon (suintant Fernand de Morcerf), Anaïs Demoustier (lumineuse Mercédès de Morcerf), Anamaria Vartolomei (l’ensorcelante Haydée), Laurent Lafitte (Gérard de Villefort, que l’on adore détester), Pierfrancesco Favino (l’Abbé Faria), Patrick Mille (le Baron Danglars, immense salopard), Julien de Saint Jean (bouleversant André de Villefort) et Vassili Schneider (touchant Albert de Morcerf) sont tous exceptionnels, chacun jouant admirablement sa propre partition, indispensable à l’harmonie de cette symphonie de la vengeance.
Grâce à un montage aussi fluide que discret, aucun temps mort ne se fait ressentir durant ces trois heures de grand spectacle. La photographie de Nicolas Bolduc (Les Trois Mousquetaires, La Belle époque, Crisis) est un ravissement de tous les instants, les costumes de Thierry Delettre (Eiffel, L’Incroyable histoire du facteur Cheval) et les décors de Stéphane Taillasson participent au voyage dans le temps de ce XIXè romanesque, la musique de Jérôme Rebotier prend aux tripes et les effets spéciaux (numériques et de maquillages) ne cessent d’impressionner, surtout quand Dantès a recours au déguisement pour tromper ses adversaires.
Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte parviennent à retranscrire l’essence du roman d’Alexandre Dumas, avant-gardiste dans le sens où l’écrivain mélangeait alors plusieurs genres, de l’histoire d’amour au thriller, en passant par le roman d’aventures, la tragédie, le tout saupoudré de politique, d’humour, d’ironie…Un livre fait pour le cinéma donc, qui a connu moult (re)lectures à travers le monde, y compris aux États-Unis puisque la précédente mouture remontait au début des années 2000 et transformait Jim Caviezel en Edmond Dantès, juste avant de se faire martyriser dans La Passion du Christ. On ressort intégralement conquis de cette fresque flamboyante qui a su toucher tous les spectateurs, un rollercoaster d’émotions qui fera date.
LE BLU-RAY
Forcément, avec (pour le moment, le film étant encore dans les salles) 9 millions d’entrées, Le Comte de Monte-Cristo est attendu dans les bacs, en DVD, Blu-ray et 4K UHD, ainsi qu’en 4K Ultra HD + Blu-ray – Édition SteelBook limitée le 6 novembre 2024, et enfin en Édition collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray le 4 décembre 2024. C’est évidemment Pathé qui se charge de ces splendides éditions et qui nous a fait parvenir bien avant l’heure le Blu-ray grâce auquel est réalisée cette chronique. Le menu principal est animé et musical.
L’interactivité se compose tout d’abord d’un making of très classique (27’30), mais brillamment construit, illustré et riche en information. De très nombreuses images dévoilent l’envers du décor et le tournage des scènes principales (attention aux spoilers donc). Les comédiens, les responsables des différents départements techniques (décors, costumes, effets visuels), ainsi que les deux réalisateurs interviennent pour évoquer la genèse du projet, les conditions de tournage et l’adaptation du roman d’Alexandre Dumas. C’est simple, plutôt rapide, très agréable à regarder et les propos sont toujours intéressants.
Place à la promotion du film ! Pierre Niney et Laurent Lafitte enregistrés d’un côté, Bastien Bouillon et Patrick Mille également, sans oublier Anamaria Vartolomei, Vassili Schneider et Julien de Saint Jean, puis Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, ils se plient tous à l’exercice de l’interview au moment de la sortie du Comte de Monte-Cristo dans les salles (29’30). Ils s’expriment sur le roman d’Alexandre Dumas (« C’est le premier livre qui m’a fait voyager » dit Niney, tandis que Lafitte déclare avoir lu la version condensée dans sa jeunesse et que Schneider murmure que c’est tout simplement le premier livre qu’il a lu dans sa vie), la psychologie des personnages, l’adaptation, le mélange des genres, les partis-pris, les effets spéciaux de maquillage, les décors, les costumes et les conditions de tournage.
L’Image et le son
En attendant la possibilité de mettre la main sur le master UHD, le Blu-ray du Comte de Monte Cristo est déjà fabuleux. Le master HD édité par Pathé restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Nicolas Bolduc en conservant les couleurs chaudes et clinquantes, des contrastes léchés ainsi qu’un relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre large, le piqué aiguisé et la copie éclatante. C’est sublime.
Service princier ! Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes de la piste Dolby Atmos est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, l’excellente musique de Jérôme Rebotier bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’action. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique. Ça décoiffe ! L’éditeur joint également une piste Audiovision, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.