Test Blu-ray / Le Chasseur, réalisé par Buzz Kulik

LE CHASSEUR (The Hunter) réalisé par Buzz Kulik, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD + Livret depuis le 12 septembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Steve McQueen, Eli Wallach, Kathryn Harrold, LeVar Burton, Ben Johnson, Richard Venture, Tracey Walter, Thomas Rosales Jr.…

Scénario : Ted Leighton & Peter Hyams, d’après le roman de Christopher Keane

Photographie : Fred J. Koenekamp

Musique : Michel Legrand (version US) et Charles Bernstein (version européenne)

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Ralph Thorson est un chasseur de primes d’un autre temps. Quoique habile à pourchasser les repris de justice, il est peu en phase avec son époque. Au volant d’une voiture, c’est un véritable danger de la route. Sa maison ressemble davantage à un saloon qu’à un foyer. Tandis qu’il vaque à ses engagements, sa femme tente de l’intéresser à la naissance de leur enfant.

Si Le Chasseur The Hunter est plus ou moins entré dans l’histoire du cinéma, c’est parce qu’il s’agit du dernier long-métrage interprété par Steve McQueen, avant le décès prématuré de la star à l’âge de 50 ans des suites d’un cancer du poumon, diagnostiqué peu de temps après le tournage, où il se sentait étrangement fatigué. Réalisé par Buzz Kulik (1922-1999), connu pour avoir écumé les séries télévisées (Climax !, Rawhide, Perry Mason, Gunsmoke, La Quatrième dimension), mais aussi fait tourner d’autres grands noms comme Yul Brynner, Robert Mitchum et Charles Bronson (Pancho Villa), Burt Reynolds (Le Fauve), Gene Hackman (La Mutinerie), sans oublier Pierce Brosnan dans une adaptation en mini-série du Tour du monde en quatre-vingts jours à la fin des années 1980, Le Chasseur est un thriller que l’on pourrait qualifier de sympathique, qui ne vole pas haut la plupart du temps certes, mais qui divertit plus qu’honorablement et qui a même tendance à devenir de mieux en mieux au fil du récit, par ailleurs bien rythmé. Il est vrai que Steve McQueen paraît souvent fatigué à l’écran, comme vieilli avant l’heure, l’acteur s’étant quelque peu laissé aller depuis le triomphe international de La Tour infernale en 1974. Depuis, comme si son éternelle rivalité avec Paul Newman avait pris fin en partageant l’affiche à ses côtés, Steve McQueen a délaissé le cinéma, pris du poids, s’adonne à la drogue, au sexe, à l’alcool, tout en refusant les projets qu’on lui présente sur un plateau d’argent, comme Apocalypse Now, Superman, Rencontres du troisième type, Sorcerer et Un Pont trop loin. Ses apparitions deviendront alors très rares. Avant Le Chasseur, il tourne Un ennemi du peupleAn Enemy of the People de George Schaefer, d’après une pièce d’Henrik Ibsen, dans lequel il est méconnaissable, puis dans le western Tom Horn …sa véritable histoire de William Wiard. Deux metteurs en scène venus de la télévision, plus « malléables » que les pointures qui refusaient de s’associer avec le comédien, en raison de son caractère jugé irascible et incontrôlable. Mais pour l’heure, Le Chasseur est un chant du cygne modeste, une œuvre testamentaire qui ne manque pas d’humour (voir McQueen mauvais conducteur est un running-gag directement adressé aux fans), qui s’avère même plutôt attachant et qui contient une ou deux séquences marquantes, pour qu’on se penche à nouveau sur son cas.

Ralph « Papa » Thorson arrive dans une petite ville de l’Illinois où il arrête Tommy Price, un fugitif. Puis il se rend à Houston pour attraper un dangereux voyou nommé Billie Joe, un membre de la famille du shérif Strong, homme de loi corrompu qui le met en garde dans son enquête. Papa l’ignore et se retrouve engagé dans une bagarre sanglante avec l’énorme fugitif, mais parvient à l’appréhender. Thorson reconduit Tommy Price et Billie Joe à Los Angeles, où il touche sa récompense pour les avoir ramenés. À la maison, Thorson est un homme posé, passionné de jouets anciens et de musique classique. Sa petite amie Dotty, institutrice, est enceinte et aimerait que « Papa » soit là pour elle à la naissance du bébé, car son travail le force constamment à voyager. Thorson collabore avec Ritchie Blumenthal, un agent de cautionnement âgé, qui lui confie des missions dangereuses pour traquer des fugitifs aux quatre coins des États-Unis. Cependant, Thorson est traqué par le tueur psychopathe Rocco Mason, l’un de ses anciens détenus. Ce dernier en vient même à terroriser Dotty sur son lieu de travail, ce qui pousse Thorson à tenter de la protéger, mais elle tente plutôt de le convaincre d’abandonner sa vie de chasseur de primes et de l’emmener…à un cours d’accouchement. Alors qu’il commence à penser à la retraite, Blumenthal envoie Thorson dans un bidonville de Chicago pour y retrouver Anthony Bernardo, un dangereux ex-détenu en fuite.

En fait, Le Chasseur n’a pas vraiment d’histoire. Il s’agit d’une succession de petites vignettes de vingt minutes, qui plongent dans le quotidien professionnel et personnel du personnage principal, inspiré par la vie du vrai Ralph « Papa » Thorson, chasseur de primes de renom. Ainsi, on passe d’une petite scène à l’autre, sans véritable lien, si ce n’est qu’elles sont reliées par un fil rouge, quand Papa rentre chez lui pour retrouver celle qu’il aime et qui attend leur premier enfant. La séquence où Papa débarque dans la cambrousse du Nebraska pour arrêter deux fugitifs arrive comme un cheveu sur la soupe et la course-poursuite, où Papa emprunte une moissonneuse-batteuse pour traquer dans les champs de maïs les deux frangins abrutis qui se défendent à coups de dynamite, est complètement improbable. Et l’on passe à l’acte suivant, le plus célèbre du film, celui de la poursuite sur le métro aérien de Chicago, où Steve McQueen effectue lui-même la plupart des cascades.

Chose amusante, on ne peut pas s’empêcher de penser à la poursuite Belmondo-Letellier/Cianfriglia-Marcucci dans Peur sur la ville de Henri Verneuil, où notre Bebel se tenait debout sur le métro de la ligne 6 sur le pont de Bir Hakeim. Sur l’affiche de ce film, Belmondo portait une tenue (qu’il ne porte pas dans le film d’ailleurs), inspirée de celle portée par Steve McQueen sur celle de Bullitt. Rétrospectivement parlant, Steve McQueen, devenu une vedette de la télévision avec la série Au nom de la loi, redevient chasseur de primes pour son ultime rôle au cinéma. De là à voir comme une boucle bouclée il n’y a qu’un pas.

Le Chasseur est une chronique, comme pouvait l’être l’exceptionnel Les Flics ne dorment pas la nuit du maître Richard Fleischer. Mais point de comparaison, le film de Buzz Kulik est un spectacle honnête, qui avance par à-coups, symbolique de la dernière partie de la carrière et de l’existence de Steve McQueen.

LE BLU-RAY

Tout d’abord titre Paramount, Le Chasseur sort logiquement chez cet éditeur en 2002, en édition Standard. Sidonis Calysta reprend le flambeau et propose le film de Buzz Kulick en version restaurée, encore une fois en DVD, mais aussi pour la première fois en Haute-Définition à travers un Combo Blu-ray+DVD+Livret. Superbe visuel hérité de l’affiche française du Chasseur. Menu principal animé et musical.

Sur le DVD et le Blu-ray nous trouvons une présentation – toujours complète – d’Olivier Père (35’). Celui-ci revient sur tous les aspects du dernier film de Steve McQueen, qui détient « une valeur testamentaire ». Ainsi, le journaliste et critique de cinéma français, directeur d’Arte France Cinéma et directeur des acquisitions pour Arte France, aborde la fin de carrière (et de vie) de la star, qui s’était mis volontairement (« par paresse et par narcissisme ») en retrait du monde du cinéma depuis le triomphe international de La Tour infernale. La personnalité difficile et complexe de Steve McQueen est ainsi évoquée, tout comme sa vie privée mouvementée et dissolue, ses addictions (drogue, alcool, tabac), une dimension autodestructrice intelligemment analysée. Les trois derniers longs-métrages interprétés par le comédien sont passés en revue. En ce qui concerne Le Chasseur, les scènes d’action, le réalisateur, la musique (au moment du mixage, les producteurs ont refusé le score de Michel Legrand, le jugeant inadapté pour un film d’action et le remplaçant par une musique de Charles Bernstein pour l’exploitation européenne), ainsi que les grandes faiblesses physiques rencontrées par l’acteur sur le plateau (il souffre alors d’un cancer du poumon, diagnostiqué après le tournage) sont aussi les points abordés.

Uniquement présent sur le Blu-ray, nous découvrons un documentaire consacré à Steve McQueen, intitulé Steve McQueen: Man on the Edge, réalisé dans les années 1980 (52’). Un module comme bien souvent hagiographique, mais qui ne fait pas l’impasse sur la vie de mauvais garçon vécue par le comédien. De nombreux témoignages d’amis, de collaborateurs et même des enfants de Steve McQueen, à l’instar de Karl Malden, Norman Jewison, Chuck Norris (si si), Robert Wise, Shelley Winters, racontent quelques anecdotes personnelles ou liées à un tournage. Les extraits de films sont nombreux, le tout est raconté par une voix-off française, les archives familiales dévoilent un homme dans son intimité, qui avait un énorme manque de confiance en lui, qui vivait sur le fil du rasoir, et qui trouvait dans les drogues diverses et l’alcool, un « soutien » qui lui apportait une assurance qui lui faisait défaut.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Sidonis reprend visiblement le master HD édité aux États-Unis chez Kino Lorber en 2023, issu d’un restauration 4K, réalisée à partir du négatif original. Un très beau Blu-ray (1080p), même si quelques petites imperfections demeurent. Ce sont surtout les couleurs qui s’avèrent superbes et fraîches comme au premier jour, ainsi que les contrastes, très solides du début à la fin, y compris sur les scènes sombres. La clarté et la profondeur sont également très agréables, tout comme la stabilité de l’image.

Sans surprise, la piste anglaise jouit d’un traitement de faveur avec une fluidité et une homogénéité exemplaires. Le report des voix est pur et sans accroc, la musique est délivrée avec une dynamique constante. La piste française est plus altérée avec un manque d’ardeur certain et des voix qui tendent à prendre le dessus sur l’ensemble.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Paramount / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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