LA CHUTE DU PRÉSIDENT (Angel Has Fallen) réalisé par Ric Roman Waugh, disponible en DVD et Blu-ray le 3 janvier 2020 chez M6 Vidéo
Acteurs : Gerard Butler, Morgan Freeman, Lance Reddick, Jada Pinkett Smith, Piper Perabo, Nick Nolte, Tim Blake Nelson, Danny Huston…
Scénario : Robert Mark Kamen, Matt Cook, Ric Roman Waugh
Photographie : Jules O’Loughlin
Musique : David Buckley
Durée : 2h01
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Victime d’un coup monté, Mike Banning, agent des services secrets, est accusé d’être le cerveau d’une tentative d’assassinat envers le président américain, Allan Trumbull. Poursuivi par le FBI, il va devoir combattre pour survivre et trouver l’identité de celui qui menace la vie du président…
Et c’est reparti pour Mike Banning ! Après avoir sauvé la Maison-Blanche de la Corée du Nord et Londres menacée d’être rayée de la carte par les islamistes, l’agent secret doit faire face cette fois…aux siens dans La Chute du président. Changement de ton, de réalisateur, d’ambiance et de partis pris pour un troisième volet étonnamment plus réussi que les deux précédents, moins bête, plus sobre et très largement inspiré par Le Fugitif d’Andrew Davis. Si Gerard Butler n’a pas la palette de jeu d’Harrison Ford, l’écossais buriné est ici plus attachant, le scénario n’hésitant pas à fouiller un peu plus le passé de son personnage, en lui donnant notamment un père, comme dans Indiana Jones et la dernière Croisade (toutes proportions gardées bien sûr), et en le mettant souvent face à lui-même. Une bonne surprise. Mais faisons d’abord un récapitulatif de la franchise qui réunit désormais Olympus Has Fallen – London Has Fallen – Angel Has Fallen.
Dans La Chute de La Maison-Blanche (2013) Gerard Butler, Morgan Freeman, Dylan McDermott, Radha Mitchell, Aaron Eckhart et Ashley Judd sont tous réunis devant la caméra d’Antoine Fuqua, réalisateur de Training Day, L’Elite de Brooklyn pour ne citer que ses meilleurs films, car le bougre a aussi commis Le Roi Arthur, Shooter, tireur d’élite et Les Larmes du Soleil. Tout ce beau monde a répondu présent pour un divertissement hautement bourrin et complètement éculé qui aurait eu une belle place au milieu des années 1990. Autant dire que La Chute de la Maison-Blanche arrive avec presque 20 ans de retard et que cette entreprise ne cesse de brasser quelques classiques du genre, notamment Piège de cristal qu’il plagie allègrement au point que l’on parvient à anticiper de nombreuses séquences.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Antoine Fuqua y va à fond dans l’action et la violence. De ce point de vue-là il n’y a rien à redire puisque le spectacle proposé est largement assuré, divertissant du début à la fin. Cependant, malgré ses 70 millions de dollars de budget, celui alloué aux effets spéciaux devait être restreint, car les images de synthèse demeurent visibles comme le nez au milieu de la figure et ressemblent bougrement à des animatiques. Mis à part cela, Gerard Butler tout en mâchoires fermées se tape tout le boulot, poignarde, tord des cous, torture vite fait les coréens du nord qui prennent d’assaut la Maison-Blanche, tout cela en gardant la main sur le coeur en chantant God Bless America. En mode John McClane, il est relié par satellite aux pontes du Pentagone qui restent assis pendant tout le film à regarder des écrans, pendant que Gerard avance vers le bunker sécurisé où sont séquestrés le Président des Etats-Unis (Aaron Eckhart, petit frère de Bill Pullman dans Independence Day) avec ses ministres, également assis à attendre leur sauveteur monolithique. Antoine Fuqua n’y va pas de main morte à l’instar de l’assaut de 13 minutes filmé en temps réel. Ça explose à tout va, ça tire dans la tête, c’est bête, complètement irresponsable, mais c’est surtout hautement jouissif.
Suite au succès surprise en 2013 de La Chute de la Maison-Blanche avec près de cent millions de dollars de recette récoltés sur le sol américain et qui avait d’ailleurs damé le pion au pourtant largement supérieur White House Down de Roland Emmerich, un deuxième volet – La Chute de Londres (2016) – a rapidement été annoncé et mis en chantier. Les scénaristes Creighton Rothenberger et Katrin Benedikt se sont donc mis au boulot pour tenter de trouver un nouveau guet-apens tendu par des méchants de la pire espèce, voulant mettre la main sur le président des Etats-Unis. Afin d’attirer un peu plus le public européen, qui avait fait la fine bouche quant au premier film, leur choix s’est porté sur la capitale britannique qui sert alors de nouveau plateau de jeu pour l’agent secret Mike Banning, toujours interprété par l’écossais bourru Gerard Butler, chargé de la protection de son ami et surtout président Benjamin Ahser, lui aussi une fois de plus incarné par Aaron Eckhart et sa fossette. Morgan Freeman, fatigué, se demandant ce qu’il fait là et visiblement tiré du lit (on l’espère, pour oser réciter les dialogues les plus nauséabonds du film), reprend le costume d’Allan Trumbull mais cette fois promu vice-président des Etats-Unis. Angela Bassett enfile à nouveau le tailleur de la secrétaire de la Défense des U.S.A., tout comme Melissa Leo qui pour le coup n’ouvre même pas la bouche et se contente de combler le décor. Robert Forster bougonne, Radha Mitchell est sur le point d’accoucher, Charlotte Riley crève l’écran à chaque apparition et Alon Abutbul vient jouer le trafiquant d’armes et chef des terroristes, qui fait exploser Londres et ses monuments parce que les américains ont envoyé une bombe sur la cérémonie de mariage de sa fille quelques années auparavant. Voilà. Tout ce beau monde est réuni pour une série B lorgnant sur le Z qui veut dire ici Zéro limite.
Encore plus crétin, plus irresponsable, plus radical, plus bourrin que La Chute de la Maison-Blanche, La Chute de Londres repousse les limites du discours réac du premier volet. Le personnage joué par Gerard Butler est montré comme un type sadique qui enfonce centimètre par centimètre un couteau dans le ventre de son ennemi, le sourire aux lèvres, en faisant écouter le râle d’agonie du terroriste au frère de ce dernier par talkie-walkie interposé. Mais comme il est un des plus grands patriotes américains, on l’applaudit. Mike Banning est comme le petit-fils de John Rambo (celui du deuxième volet) ou des personnages « interprétés » par Chuck Norris. Véritable machine à tuer avec visiblement un pète au casque, il faut le voir dézinguer à lui seul toute une armée pakistanaise qui a pris d’assaut la ville de Londres, après les exécutions de cinq des plus grands chefs d’état du monde. Y compris notre président qui répond au nom de Jacques Maynard. Exit le réalisateur Antoine – Dragée – Fuqua, réalisateur improbable d’Equalizer et La Rage au ventre, place à l’inconnu Babak Najafi, cinéaste iranien du deuxième volet d’Easy Money et metteur en scène de quelques épisodes de la série Banshee, qui a remplacé au pied levé son confrère Fredrik Bond (Charlie Countryman), qui s’est désisté six semaines avant le début des prises de vues pour cause de divergences artistiques.
La Chute de Londres est une superproduction au budget conséquent, un bon tiers probablement alloué aux comédiens, le reste à la reconstitution de certains quartiers de Londres dans les studios de cinéma en Bulgarie. Ce divertissement rentre-dedans s’avère aussi jubilatoire, si ce n’est plus que La Chute de la Maison-Blanche. Les punchlines sont tellement mauvaises qu’elles en deviennent géniales (« Retournez au Connardistan ! »), Butler ne s’embarrasse plus à donner une certaine humanité à son personnage et fonce dans le tas armé d’une lame aiguisée ou d’une pétoire.
Comme pour le premier film, les images de synthèse laissent à désirer, à l’instar de la séquence des hélicoptères face aux missiles Stinger ou des explosions diverses. Cela rajoute un petit côté nanar à ce spectacle généreux dans l’action et efficace dans la violence, qui contentera l’être régressif présent en chaque spectateur.
Même si La Chute de Londres a moins fonctionné que le précédent aux Etats-Unis, le film a été un grand succès dans le monde entier. Nous arrivons donc à La Chute du président – Angel Has Fallen, troisième et probablement dernier opus de la saga. Selon Gerard Butler lui-même, le ton du film aurait été inspiré par celui de Logan de James Mangold avec une grosse touche du Fugitif d’Andrew Davis. Le réalisateur Ric Roman Waugh, remarqué en 2013 pour son film Infiltré avec Dwayne – The Rock – Johnson, livre un film qui invite un peu plus à la réflexion que les deux volets précédents. Le réalisateur de la seconde équipe n’est autre que le mythique Vic Armstrong, l’un, si ce n’est le plus grand responsable des cascades d’Hollywood, ce qui donne au film un vrai cachet. Certes, le spectateur avide d’explosions, de bastons, de déflagrations et de fusillades en aura largement pour son argent, mais le rythme est un peu plus lent, parfois peut-être un peu trop, et se concentre davantage sur les personnages, en particulier celui de Mike Banning.
Au début du film, l’agent du Secret Service Mike Banning combat violemment des soldats d’élite, dans un centre d’entraînement opéré par la société paramilitaire Salient Global, qui appartient à son ex-collègue des forces spéciales et ami Wade Jennings. Par ailleurs, Banning cache à son entourage qu’il souffre de migraines et de maux de dos et consulte plusieurs médecins pour les traiter. Plus tard, il accompagne le Président des États-Unis, Alan Trumbull, à une partie de pêche sur une rivière. Près de la rive, il aperçoit un essaim se diriger vers le site et comprend qu’il s’agit de drones. Les hommes sur place sont tués, sauf Banning et Trumbull. L’agent se réveille à l’hôpital, où il apprend que le Président est inconscient et lui, menotté. Accusé d’avoir attenté à la vie du Président par l’agent du FBI Thompson, il est amené par convoi sécurisé vers un centre de détention à haute sécurité. En cours de route, Banning est enlevé, mais parvient à tuer ses ravisseurs, qu’il a confrontés au centre d’entraînement. Dès que son évasion est connue des autorités, toutes les forces policières du pays sont informées du rôle de Banning ; il devient donc le fugitif le plus recherché des Etats-Unis.
Le Président des Etats-Unis est ici interprété par Morgan Freeman, qui est passé de film en film de Président de la Chambre des représentants, à vice-Président, avant de s’installer dans le fauteuil du Bureau Ovale. Agé de 82 ans, le comédien passe cette fois la moitié du film dans le coma, avant de se dégourdir les jambes dans le dernier acte sous la haute protection de son ange-gardien. Le reste du temps on ne s’ennuie pas devant La Chute du président. Gerard Butler a pris de la bouteille et cela convient bien à son personnage cassé de partout, qui prend des médocs et qui est atteint d’insomnies. C’est ce qui rend finalement le personnage plus attachant, même si Banning oublie rapidement ses douleurs quand il doit passer en mode assaut. La bonne trouvaille est de lui avoir mis un père dans les pattes, en l’occurrence Nick Nolte, barbe hirsute, chemise cradingue, voix rocailleuse et suintant l’alcool par tous les pores. A 78 ans, le comédien en a encore sous le capot et le vieux briscard cabotine génialement, tout en s’amusant à tout faire péter et à foutre le feu à une forêt entière. Du côté du casting, Tim Blake Nelson, Jada Pinkett Smith (dans le rôle de Tommy Lee Jones lancé sur les traces du Fugitif), Danny Huston (en méchant qui en fait des caisses) et Piper Perabo (qui remplace Rhada Mitchell) sont également de la partie.
Si l’on excepte un rythme parfois en dents de scie, surtout que le film doit bien faire deux heures, La Chute du président est sans aucun doute le meilleur épisode des trois. L’attaque des drones est bien fichue, l’action est lisible, hormis durant les scènes nocturnes où cela coince un peu plus, les images de synthèse très visibles des deux premiers opus laissent place cette fois à de la vraie pyrotechnie (on ne compte plus les explosions d’ailleurs), l’action est plus brutale, l’ensemble plus « réaliste » et donc plus prenant et divertissant.
Pour l’heure, impossible de savoir s’il y aura une quatrième « chute », d’autant plus que le film a rapporté deux fois moins d’argent à l’international que La Chute de Londres. Néanmoins, avec un budget quasiment deux fois inférieur à celui du premier (comment passer de 70 millions à moins de 40 millions ici) et après un succès commercial évident (140 millions de recettes), l’agent Mike Banning n’a peut-être pas encore dit son dernier mot.
LE BLU-RAY
A l’instar de La Chute de la Maison-Blanche et La Chute de Londres, La Chute du président fait tout naturellement son apparition en DVD et en Blu-ray chez M6 Vidéo. Le menu principal est animé et musical.
Une galette bien remplie avec ses cinquante minutes de suppléments, ou plutôt des featurettes entièrement promotionnelles, mais où le travail est bien fait.
Tête d’affiche, mais également producteur, Gerard Butler prend les choses en main et apparaît dans quasiment tous les segments de cette interactivité. C’est le cas du module intitulé Même les héros ont des failles (8’30) où le comédien met l’accent sur la raison d’être de ce troisième volet, sur ses partis pris et l’envie d’emmener le spectateur ailleurs que dans La Chute de la Maison-Blanche et La Chute de Londres. De nombreuses images de tournage dévoilent l’envers du décor, l’acteur laisse aussi la place au réalisateur Ric Roman Waugh, au producteur Les Weldon, ainsi qu’aux autres comédiens du film. La relation et son évolution entre les personnages Mike Banning et Allan Trumbull est également au centre de ce bonus.
Le casting est un peu plus passé au peigne fin dans le supplément suivant (18’), avec entre autres la présentation des nouveaux personnages et donc des acteurs qui rejoignent la franchise.
Gros plan sur les cascades et les scènes d’action dans le bonus du même nom (9’30) où le légendaire Vic Armstrong, réalisateur de la seconde équipe et le responsable des cascades Greg Powell reviennent sur leurs boulots respectifs.
Bien que l’intrigue est supposée se dérouler aux Etats-Unis, le tournage de La Chute du président s’est essentiellement déroulé en Angleterre et en Bulgarie près de Sofia. Le directeur de la photographie Jules O’Loughlin et le réalisateur Ric Roman Waugh expliquent comment ils ont réussi à reconstituer Washington D.C. de l’autre côté de l’Atlantique (6’30).
L’interactivité se clôt sur trois scènes du film commentées par le réalisateur Ric Roman Waugh (8’30), l’attaque des drones, la poursuite en camion et l’épilogue.
L’Image et le son
Le master HD édité par M6 restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Jules O’Loughlin, avec des couleurs plutôt métalliques et froides, des contrastes léchés ainsi qu’un relief souvent palpable. L’image est plus douce sur les scènes agitées qui entraînent une légère perte de la définition (surtout sur les scènes de nuit), mais ce serait vraiment chipoter car la compression AVC consolide l’ensemble, les détails sont légion sur le cadre large, le piqué est aiguisé comme la lame d’un scalpel, les noirs d’une densité abyssale et la copie aussi élégante qu’éclatante.
Nous sommes ici en plein film d’auteur intimiste et… oh pardon… Attention les oreilles ! La Chute du président va mettre à mal votre installation ainsi que vos murs, votre sol et vos rapports avec vos voisins. Attendez la période des vacances scolaires, les fêtes de Noël (c’est parfait donc), les sports d’hiver ou les vacances de Pâques pour visionner cette séquelle qui en fera à vos tympans. Dès l’entraînement qui ouvre le film, c’est parti et les moments d’accalmie sont rares. Les explosions, déflagrations, crépitations, désintégrations et d’autres mots en « tions » sont ardemment réparties sur toutes les enceintes grâce aux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français, avec avantage de la langue anglaise en ce qui concerne la restitution des répliques qui tuent. L’ensemble est fracassant et le caisson de basses se déplace tout seul sur le parquet au moment de l’assaut final. Les pistes 2.0 font ce qu’elles peuvent et si elles contenteront ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière, le spectacle est évidemment moins immersif qu’en 5.1. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste en Audiodescription.
Une fois de plus pourquoi n’y a-t-il pas le support UHD 4K en France !!!? Donc l’achat se fera direction l’UHD 4K outre atlantique avec de l’audio dolby atmos, en VO, et une meilleur qualité visuelle, l’audio française est inclus, ( par ailleurs on peut citer des films récents comme comme ANNA, HOSTILES, HUNTER KILLER etc… qui n’ont pas de support 4K en France, quel dommage !).