IMMACULÉE (Immaculate) réalisé par Michael Mohan, disponible en DVD & Blu-ray le 23 août 2024 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Sydney Sweeney, Simona Tabasco, Benedetta Porcaroli, Álvaro Morte, Niccolò Senni, Dora Romano, Giorgio Colangeli, Giampiero Judica…
Scénario : Andrew Lobel
Photographie : Elisha Christian
Musique : Will Bates
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
Cecilia, une jeune religieuse américaine, s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…
Qui arrêtera Sydney Sweeney ? Découverte en 2010 dans The Ward : L’hôpital de la terreur de John Carpenter dans lequel elle interprétait le personnage de Mika Boorem dans son enfance, l’actrice née en 1997 n’a eu de cesse de grimper les échelons. Vue au cinéma par la suite dans Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, The Voyeurs de Michael Mohan, elle s’impose aussi à la télévision dans les séries In the Vault, Everything Sucks!, The Handmaid’s Tale, Sharp Objects, The White Lotus et surtout Euphoria depuis 2019. 2023, elle passe la vitesse supérieure en tenant le rôle-titre de Reality de Tina Satter, qui la place directement parmi les comédiennes les plus convoitées du moment, enquille avec un énorme succès personnel au box-office avec la comédie-romantique Tout sauf toi – Anyone but You de Will Gluck (220 millions de dollars de recette) et apparaît dans le Spider-Verse dans le lénifiant Madame Web de S. J. Clarkson (dans lequel elle est l’un des rares éléments à sauver). Non seulement Sydney Sweeney est l’une des plus belles créatures apparues dans le cinéma américain depuis un bail (il faut sans doute remonter à Scarlett Johansson période Match Point pour retrouver un tel engouement hormonal), mais elle est aussi une artiste dingue, doublée d’une productrice ambitieuse. Après avoir financé Tout sauf toi, elle sauve un film d’horreur destiné à tomber dans les oubliettes, Immaculée, projet qui remontait alors à une dizaine d’années et auquel elle n’a cessé de croire. Sydney Sweeney produit donc cet Immaculate et a fait appel elle-même au réalisateur Michael Mohan, avec lequel elle avait déjà collaboré sur Everything Sucks! et The Voyeurs. Imprégné d’un parfum d’antan, celui qui accompagnait la nunsploitation (aaaah L’Autre enfer de Bruno Mattei, Les Démons du sexe de Jess Franco, Les Diables de Ken Russell…), Immaculée est un immense tour de force, remarquablement mis en scène, viscéral, court, rapide, porté par un casting magistral sur lequel trône Sydney Sweeney, quasiment de toutes les scènes et qui livre une nouvelle prestation que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
La jeune sœur Cecilia, novice, se tourne très tôt vers le christianisme. Après avoir survécu à une noyade dans un lac gelé et avoir été déclarée morte pendant sept minutes, Cecilia est convaincue que Dieu l’a sauvée dans un but précis. Elle reçoit une invitation du père Sal Tedeschi à rejoindre un couvent en Italie qui s’occupe des religieuses mourantes. Cecilia prononce ses vœux perpétuels d’adhérer aux conseils évangéliques et devient religieuse, décorée d’un chapelet. Elle se lie d’amitié avec sœur Gwen et constate certaines bizarreries, comme une religieuse âgée ayant des cicatrices en forme de croix sur la plante des pieds. La chapelle du couvent abrite une relique du « Saint-Clou » qui a crucifié Jésus. Après avoir fait des cauchemars de personnages encapuchonnés, Cecilia est choquée d’apprendre qu’elle est enceinte, même si elle demeure vierge. Les habitants du couvent commencent à la traiter comme la prochaine Vierge Marie, beaucoup proclamant que l’enfant est une « bénédiction ». Mais la santé de Cecilia se détériore. Sa demande d’être transportée dans un hôpital approprié est refusée par le Père Tedeschi…
À travers Reality, Tout sauf toi et Immaculée, Sydney Sweeney a su démontrer qu’elle n’était pas juste un petit bout de femme sculpturale d’1m60, image qu’elle sait parfaitement exploiter sur les nombreux tapis rouges qu’elle foule dans des tenues aussi élégantes qu’affolantes. Certes, celle-ci a su « profiter » de cette image pour se faire connaître, mais très vite, l’actrice a dévoilé de sacrées ambitions, enfin récompensées. C’était donc le moment tout indiqué pour ressortir le scénario d’Immaculée, dont elle possédait les droits, histoire concoctée en 2014 par un certain Andrew Lobel, film pour lequel Sydney Sweeney avait auditionné quand elle avait 16 ans. Elle co-produit Immaculée aux côtés de David Bernad (The White Lotus), Teddy Schwarzman (La Fille du roi des marais, The Rental), pour ne citer qu’eux, embarque toute l’équipe du côté de Rome et s’éloigne des clichés habituels pour livrer aux spectateurs un récit inattendu, anxiogène, blindé de rebondissements, frontal dans ses scènes violentes. En faisant perdre ses repères à un public habituellement conditionné aux jumpscares attendus et inévitables, aux ficelles grosses comme des cordes d’amarrages et aux protagonistes platement esquissés, Immaculée déjoue les attentes et il est impossible d’imaginer la tournure que prendront les événements durant 90 minutes.
Aux côtés de Sydney Sweeney, on saluera aussi la présence d’Álvaro Morte (El Profesor de La Casa de papel) et celle d’acteurs italiens (co-production oblige), dont les excellents Benedetta Percaroli (Perfetti sconosciuti de Paolo Genevese) et Giorgio Colangeli (Il Divo, Il reste encore demain, Piazza Fontana, La Nostra Vita). Magnifiquement photographié par Elisha Christian (complice du réalisateur sur ses œuvres précédentes), tourné dans d’impressionnants décors (y compris dans de vraies catacombes pour le dernier acte), Immaculée est un train-fantôme dans lequel on embarque avec autant de plaisirs que de frissons, du début (la première séquence met immédiatement dans le bain) à la fin, qui vous fera très mal au ventre, longtemps, très longtemps après.
LE BLU-RAY
Dieu merci, Immaculée, l’un des meilleurs films de 2024 débarque en DVD et Blu-ray chez l’un des meilleurs éditeurs français, Metropolitan Film & Video. À cette occasion, le visuel de l’affiche d’exploitation hexagonale est repris. Le menu principal est animé et musical.
Outre une sélection de bandes-annonces, l’éditeur a cassé sa tirelire pour faire traduire et donc sous-titrer, le tout aussi excellent qu’indispensable commentaire audio de Michael Mohan, par ailleurs enregistré trois jours avant la première du film, alors qu’aucune critique et publique n’avait été publiée. Nous vous conseillons vivement de revoir Immaculée en sa compagnie. Le réalisateur regorge d’anecdotes de tournage, revient sur ses collaborations avec Sydney Sweeney, l’origine d’Immaculée, les conditions de tournage en Italie, évoque quelques références (L’Homme qui voulait savoir de George Sluizer, Rosemary’s Baby de Roman Polanski, La Main de Dieu de Paolo Sorrentino, La Baie sanglante de Mario Bava, La Dame rouge tua sept fois d’Emilio Miraglia, Mais… qu’avez vous fait à Solange ? de Massimo Dallamano, Le Narcisse noir de Michael Powell et Emeric Pressburger…). Sans aucun temps mort, Michael Mohan passe d’un sujet à l’autre, parle de l’implication de Sydney Sweeney (« elle était présente à chaque étape »), du rapport aux spectateurs, du rôle important du catholicisme dans sa vie (« cela a même façonné la personne que je suis devenu » dit-il), passe le casting au peigne fin, fait preuve de franchise quand il trouve qu’un effet ne fonctionne pas autant qu’il le souhaitait (« j’aimerais avoir la main moins lourde la prochaine fois »), déclare son amour pour le giallo…on se régale !
L’Image et le son
Immaculée est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la magnifique photo du chef opérateur Elisha Christian. Les volontés artistiques sont respectées, soutenues par un encodage on ne peut plus solide. Ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie est optimale surtout sur les scènes en extérieur.
Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes de la piste anglaise DTS HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances sont efficaces et bénéficient d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant constamment le spectateur dans l’atmosphère, avec des silences angoissants dynamités ensuite par une ribambelle d’effets excellemment balancés de gauche à droite et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets souvent étonnants sur les séquences opportunes, à l’instar de l’acte final. Totalement immersif. Même chose pour la VF, qui assure quand il le fait, mais nous vous conseillons évidemment de sélectionner la VO pour bénéficier entre autres de la musicalité des langues et des accents.