Test Blu-ray / Hurry Up Tomorrow, réalisé par Trey Edward Shults

HURRY UP TOMORROW réalisé par Trey Edwards Shults, disponible en DVD & Édition Collector Limitée Blu-ray+DVD+Livret le 18 septembre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Abel Tesfaye, Jenna Ortega, Barry Keoghan, Riley Keough, Ash T, Paul L. Davis, Sebastián Villalobos, Roman Mitichyan…

Scénario : Reza Fahim, Trey Edward Shults & Abel Tesfaye

Photographie : Chayse Irvin

Musique : The Weeknd & Daniel Lopatin

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Abel, une star de la musique, est entraîné par une de ses fans dans une odyssée qui l’amènera à remettre en question les fondements mêmes de son existence.

Voilà sans doute l’un des films les plus critiqués (négativement) de l’année 2025, Hurry Up Tomorrow, réalisé par Trey Edward Shults, que l’on avait découvert en 2017 avec It Comes at Night, œuvre post-apocalyptique maîtrisée, ambitieuse, qui révélait un auteur prometteur. Six ans après son précédent long-métrage, Waves, le metteur en scène est de retour avec Hurry Up Tomorrow, titre identique au sixième album de l’artiste The Weeknd, alias Abel Makkonen Tesfaye, célèbre dans le monde entier pour son tube Blinding Lights, devenu la chanson la plus écoutée de tous les temps sur Spotify. Le film et le disque sortent donc à quelques semaines d’intervalle, beau coup marketing, qui prolonge l’expérience musicale, à travers un faux biopic inspiré d’une histoire vraie. Le chanteur « interprète » une version alternative de lui-même et donne la réplique à Jenna Ortega, dans ce thriller psychologique que beaucoup ont gratuitement qualifié de simple et gênant ego trip. On ne va pas nier qu’il y a de cela effectivement, mais réduire Hurry Up Tomorrow à ce simple argument est on ne peut plus facile. Trey Edward Shults, en parfaite harmonie avec Abel Tesfaye, a concocté un véritable essai de cinéma, un roller-coaster visuel et d’émotions, qui plonge le spectateur dans la psyché perturbée d’une superstar de la chanson, qui se retrouve pour la première fois face à lui-même après un accident survenu sur scène. Si la minisérie The Idol, excessivement mal accueillie et qui ne connaîtra d’ailleurs qu’une seule saison, avait montré qu’il en avait sérieusement sous le capot en tant qu’acteur, Abel – The Weeknd – Tesfaye crève l’écran dans Hurry Up Tomorrow. Son face-à-face avec Jenna Ortega, pour une fois supportable, fonctionne à plein régime et on se laisse facilement embarquer dans ce ride survitaminé qui par sa mise en scène mouvementée et inventive, ainsi que par sa splendide photographie signée Chayse Irvin (BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan), fait penser à une attraction. On en ressort aussi retourné que rassasié. Il est impératif de donner une deuxième chance à Hurry Up Tomorrow, nouvelle production de ceux déjà à la barre de la trilogie XPearlMaXXXine.

En septembre 2022, lors d’un concert donné à Los Angeles, Abel Tesfaye, connu sous le nom de The Weeknd, perd subitement sa voix. Une déroute lourde de conséquences, qui le poussera à écourter sa performance dans une salle remplie de fans inconsolables. Ce traumatisme est le point de départ d’un long métrage que le chanteur a imaginé pour accompagner son album éponyme, sorti le 31 janvier dernier. Dans ces deux œuvres conjointes, il y raconte les doutes et les tourments d’une star de la pop, confronté à l’inévitable peur de l’échec, et à une envie profonde d’échapper à la célébrité.

Hurry Up Tomorrow n’est pas un clip vidéo de 90 minutes. C’est un vrai drame centré sur la confrontation intérieure entre Abel Tesfaye et son alter ego The Weeknd, ou quand un artiste créé un monstre et doit composer avec lui. La tête d’affiche se permet ce « délire » à 15 millions de dollars, mais nous ne sommes pas ici dans un documentaire, quand bien même un inévitable portrait du chanteur se dessine en filigrane. On imagine le trauma que cela peut engendrer pour un interprète d’être victime d’une extinction de voix en pleine représentation, devant 80.000 spectateurs. C’était il y a trois ans et Abel Tesfaye a beaucoup appris sur lui-même, étant donné que la cause n’était pas physique, mais psychique.

Ses fans auront beau le voir dans les coulisses, en train de s’échauffer, à la voix et le corps, comme un vrai boxeur avant de monter sur le ring, mais nous sommes en pleine fiction. On n’échappe pas à certains passages obligés, comme de montrer la star faire la fête avec son manager (excellent Barry Keoghan, À ceux qui nous ont offensés, The Batman, Les Banshees d’Inisherin), les filles se trémoussant ici et là, tandis qu’on aligne la coke sur quelques plateaux argentés. Mais la dépression guette en raison d’une rupture brutale, qui laisse Abel émotionnellement instable.

Pendant ce temps, Anima, fan de la musique de Tesfaye, met le feu à une maison avant de se rendre à Los Angeles pour le prochain concert d’Abel, ignorant les appels de sa mère. Avant le concert, Abel est diagnostiqué avec une dysphonie due à la tension musculaire et envisage d’annuler, mais Lee le convainc de se produire. Avant de monter sur scène, Abel laisse un message vocal émouvant et grossier à son ex-petite amie, la blâmant pour sa dépression. Anima assiste au concert, où Abel perd la voix et quitte brusquement la scène. Anima se faufile dans les coulisses et rencontre Abel. Intrigué, Abel repousse la sécurité et passe la nuit avec Anima à Pacific Park, puis à l’hôtel. C’est cette rencontre qui permettra à Abel de faire le point sur son existence, ses chansons lui servant alors d’exutoire, en parlant souvent des thèmes de la solitude et de l’abandon.

Le dernier tiers est plus brutal et pour le moins inattendu. Certains penseront à Misery de Rob Reiner, adapté du roman de Stephen King, où une fan séquestrait son écrivain favori, dans le but de faire ressusciter son personnage préféré. Hurry Up Tomorrow narre l’histoire de deux solitudes qui se rencontrent, qui se confrontent, chacun se reconnaissant dans l’autre. Ce miroir dressé et imposé conduit Abel à se confesser, à lâcher prise, à se pencher sur ses relations toxiques, sa toxicomanie aussi. Mais tout ceci ne s’est-il passé que dans la tête du chanteur ? Il faut donc accepter de se laisser porter par Hurry Up Tomorrow, belle, percutante et enivrante excursion cérébrale et sensorielle.

LE BLU-RAY

60.000 entrées en France pour Hurry Up Tomorrow. Un échec commercial mondial pour le film de Trey Edward Shults…Néanmoins, l’Hexagone bénéficie d’une sortie en Haute-Définition chez Metropolitan Film & Video. L’éditeur propose une mouture en DVD, ainsi qu’une Édition collector limitée – Blu-ray + DVD. Ce Combo dispose aussi d’un très beau livret de 24 pages, écrit et réalisé par Nicolas Rioult, qui de sa belle plume habituelle défend et analyse Hurry Up Tomorrow, à la fois sur le fond et sur la forme, le tout largement illustré par des photos de plateau ou tirées du film. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Vous pouvez commencer cette section Bonus par la très belle compilation des tests caméra, qui inclut aussi quelques fins de prises de vues où la tension se relâche (6’30).

Enchaînez avec l’excellent making of de 26 minutes, qui donne la parole à toute l’équipe, en particulier le réalisateur Trey Edward Shults, qui revient sur tous les aspects de Hurry Up Tomorrow, la genèse du film, sa conception, les intentions de The Weeknd, les partis-pris. Abel Tesfaye indique que sa musique a souvent été inspirée par le cinéma et que ce film apparaît comme un prolongement à son album du même nom. Quelques photos et images de tournage dévoilent l’envers du décor.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Le directeur de la photographie Chayse Irvin et le cinéaste Trey Edward Shults ont opté pour un tournage en 35mm, 16mm et même en Super 8, ainsi que différents cadres qui reflètent les états d’âme du personnage principal, enfermé, cloisonné d’emblée en 1.33, espace qui s’étend après en 1.85, pour bifurquer sur le 2.39 anamorphique, le format changeant à nouveau en cours de route. C’est peu dire qu’on en prend plein les yeux avec ce master HD de Hurry Up Tomorrow et l’expérience doit absolument se (re)vivre dans les meilleures conditions possibles. C’est le cas via ce Blu-ray exceptionnel, où les couleurs explosent, les contrastes vous aspirent, le piqué vous déchire les mirettes, tandis que le grain argentique sublime l’ensemble.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages Dolby Atmos particulièrement bluffants, surtout dans les scènes chantées, mais également dans les séquences plus calmes. En fait, toutes les scènes peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. Étonnamment, la version française – au doublage assez calamiteux – l’emporte systématiquement sur son homologue. Excellente initiative d’avoir sous-titré les paroles des chansons, qui participent à l’aspect dramatique.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / LionsGate / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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