Test Blu-ray / Hot Milk, réalisé par Rebecca Lenkiewicz

HOT MILK réalisé par Rebecca Lenkiewicz, disponible en DVD & Blu-ray le 16 octobre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Emma Mackey, Fiona Shaw, Vicky Krieps, Vincent Perez, Yann Gael, Patsy Ferran, Korina Gougouli, Denia Mimerini…

Scénario : Rebecca Lenkiewicz, d’après le roman de Deborah Levy

Photographie : Christopher Blauvelt

Musique : Matthew Herbert

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Une mère et sa fille débarquent de Grande-Bretagne dans le sud-est de l’Espagne pour un séjour de la dernière chance. La mère, Rose, en fauteuil roulant, a rendez-vous avec un spécialiste pour tenter de retrouver la motricité de ses jambes, qui lui font de plus en plus mal. Sofia, sa fille, l’accompagne, jouant les garde-malades, mais désireuse de s’adonner à quelques activités balnéaires. Sur la plage, celle-ci fait la rencontre d’Ingrid, une énigmatique touriste allemande aux mœurs particulièrement libres…

Scénariste reconnue (Ida de Pawel Pawlikowski, Désobéissance de Sebastián Lelio, Colette de Wash Westmoreland), Rebecca Lenkiewicz passe pour la première fois derrière la caméra avec Hot Milk. Derrière ce titre énigmatique, on trouve l’adaptation du roman éponyme de Deborah Levy, publié en 2016, livre dans lequel la nouvelle réalisatrice a trouvé les thèmes qu’elle souhaitait aborder et sensations qu’elle voulait transmettre à l’écran. Hot Milk au cinéma est une véritable expérience sensorielle, contemplative, marquée par une photographiée solaire, étouffante, presque anxiogène, qui reflète les états d’âme du personnage principal, Sofia. Cette dernière est interprétée par une comédienne qui a désormais le vent en poupe, la franco-britannique Emma Mackey, récemment auréolée du BAFTA de la « star montante ». Après son grand succès rencontré à la télévision avec la série Sex Education, le cinéma lui ouvre désormais les bras et les projets s’accumulent. Ainsi, après les blockbusters Eiffel de Martin Bourboulon et Mort sur le Nil – Death on the Nile de Kenneth Branagh et Barbie de Greta Gerwig, Emma Mackey est à l’affiche de trois films en 2025. Alpha De Julia Ducournau, Hot Milk donc et campera le rôle-titre de Ella McCay, qui signe le grand retour de James L. Brooks au cinéma, quinze ans après Comment savoir – How Do You Know. Avant de la retrouver aussi dans le prochain délire de Quentin Dupieux (Full Phil, avec Kristen Stewart et Woody Harrelson) et le reboot-remake des Chroniques de Narnia, Emma Mackey illumine Hot Milk, dans lequel son charisme sauvage, entre Charlotte Gainsbourg et Asia Argento, fait fureur. Derrière ce masque tendu, Sofia dissimule un ras-le-bol, comme si elle était déjà fatiguée de vivre. Sa mère, malade « imaginaire » lui rend la vie impossible, la rabaisse, la critique et ne peut pourtant s’empêcher de lui demander constamment son aide. L’arrivée en Espagne pour un grand rendez-vous médical, va bouleverser à la fois les repères de Sofia, mais aussi ses sentiments, quand elle rencontre l’énigmatique Ingrid. Hot Milk demande aux spectateurs de se laisser aller, de se laisser porter par l’émotion, l’érotisme qui se dégage de chaque apparition d’Emma Mackey, où la sensualité redouble quand elle est rejointe par Vicky Krieps, qui n’ayons pas peur des mots peut aisément être considérée aujourd’hui comme l’une des plus grandes comédiennes contemporaines. Alors, installez-vous et découvrez Hot Milk.

Par un été étouffant, Rose et sa fille Sofia se rendent à Almeria une station balnéaire du sud de l’Espagne. Elles viennent consulter l’énigmatique docteur Gómez, qui pourrait soigner la maladie de Rose, clouée à un fauteuil roulant. Sofia, jusque-là entravée par une mère possessive, s’abandonne au charme magnétique d’Ingrid, baroudeuse qui vit selon ses propres règles. Tandis que Sofia s’émancipe, Rose ne supporte pas de voir sa fille lui échapper – et les vieilles rancoeurs qui pèsent sur leur relation vont éclater au grand jour…

Hot Milk n’est pas une œuvre aux thèmes explicites. Tout est question de ressentis, qui conduisent à une explosion des sentiments jusqu’alors refoulés, calfeutrés, mis de côté. Si la première demi-heure déconcerte par son (apparente) absence d’enjeux, Rebecca Lenkiewicz est maline est dévoile son personnage principal par petites touches, par strates, infimes, qui superposées finissent par dresser le portrait de Sofia, jeune femme qui jusqu’à présent se dédie à sa mère, toxique, son père l’ayant quasi-abandonné quand elle avait quatre ans et qui a refait sa vie, en entretenant avec elle un rapport lointain, technique.

Toute la richesse de Hot Milk explose au fil des échanges, celui de la mère (la grande Fiona Shaw, Petunia Dursley dans la saga Harry Potter, la série Killing Eve) avec son médecin (Vincent Perez, impeccable, entre suffisance et empathie pincée), qui révèle le calvaire de Sofia, obligée d’entendre constamment les propos remplis de peur et d’incompréhension de cette femme arrivée à l’automne de son existence, au point de mettre la sienne en stand-by. Alors, quand Ingrid débarque comme un mirage sur la plage, telle une amazone sur son cheval, Sofia retrouve son besoin de liberté, le désir sexuel et d’indépendance.

Entre tension et spleen, Hot Milk trouve le parfait équilibre et rend compte une fois de plus de la psyché de Sofia, dont le sang est comme le lait chaud du titre original, prêt à bouillir et à déborder si on la chauffe encore trop longtemps. La mise en scène évolue au fil de la prise de conscience de Sofia (qui en vient à se faire piquer volontairement par des méduses, pour « ressentir » quelque chose), caresse son personnage sur la plage, les couleurs (magnifique photo de Christopher Blauvelt, Showing Up et First Cow de Kelly Reichardt, May December de Todd Haynes) sont ravivées, le sable devient plus ambré, tandis que la partition de Matthew Herbert (collaborateur fidèle de Sebastián Lelio) se fait plus aérienne et hypnotique.

Si le film se termine sur une note qui a tout du cauchemar laissé en suspens, Hot Milk apparaît comme un rêve éveillé et rien n’indique si tout ce qui se déroule autour de Sofia n’est pas dû uniquement à son imagination. Au public, qui on l’espère saura accueillir cette première œuvre comme il se doit, de se faire sa propre opinion.

LE BLU-RAY

14.000 entrées, c’est peu…Et pourtant, Hot Milk bénéficie d’une sortie en Haute-Définition chez Metropolitan Film & Video ! Merci infiniment à l’éditeur, car les sublimes partis-pris esthétiques doivent vraiment être découverts dans ces conditions. Le film de Rebecca Lenkiewicz est donc proposé en DVD, mais aussi en édition Combo Blu-ray + DVD, qui contient aussi un superbe livret de 26 pages, comprenant une note d’intention de la réalisatrice, la scène d’ouverture prévue à l’origine (qui dévoilait la résolution du film, finalement laissée en suspens), ainsi qu’un formidable retour sur Hot Milk par Nicolas Rioult, qui est également allé à la rencontre de Rebecca Lenkiewicz. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément vidéo à se mettre sous la dent est une mini-featurette d’à peine trois minutes, qui donne la parole aux comédiennes, ainsi qu’à la réalisatrice et à ses productrices, toutes revenant sur les personnages et les enjeux du film.

L’Image et le son

La définition est optimale et fait la part belle à une magnifique colorimétrie. Ce transfert HD de Hot Milk ne cesse de flatter les mirettes avec une luminosité omniprésente et un piqué incisif. Les séquences extérieures, particulièrement celles se déroulant en bord de mer, sont les mieux loties avec un soleil qui transperce les paysages et l’eau. La palette est vive, chaude et bigarrée, les contrastes denses y compris en intérieur, les détails foisonnent. Le film de Rebecca Lenkiewicz profite entièrement des apports de la HD.

La très belle musique composée par Matthew Herbert (Gloria Bell, Désobéissance) est admirablement délivrée et spatialisée par les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1. Les voix des comédiens s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. De nombreuses ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales, la balance gauche-droite est dynamique.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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