
…ET MAINTENANT, ON L’APPELLE EL MAGNIFICO (…E poi lo chiamarono il Magnifico) réalisé par Enzo Barboni, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD & Combo Blu-ray + DVD le 22 octobre 2025 chez Bubbel Pop’ Édition.
Acteurs : Terence Hill, Gregory Walcott, Yanti Somer, Dominic Barto, Harry Carey Jr., Dan Sturkie, Enzo Fiermonte, Danika La Loggia….
Photographie : Aldo Giordani
Musique : Guido & Maurizio De Angelis
Durée : 2h05
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Sir Thomas Moore, un pied tendre, est envoyé dans l’Ouest américain en espérant devenir un homme, mais il préfère la poésie aux coups de feu et la bicyclette au cheval. Un jour, il se frotte au gunman Morton qui convoite sa fiancée…

En 1971, la suite d’On l’appelle Trinita – Lo chiamavano Trinità…, autrement dit On continue à l’appeler Trinita – …Continuavano a chiamarlo Trinità pulvérise le score du premier épisode (déjà conséquent avec 8,7 millions d’entrées), en attirant plus de 14,5 millions de spectateurs dans les salles. Encore à ce jour, cette suite demeure dans le top 10 des plus grands succès du cinéma italien de tous les temps. Une troisième aventure de Trinta et Bambino est bien sûr envisagée, mais l’histoire ne convient pas à Bud Spencer, considérant qu’il n’est pas autant mis en valeur que son partenaire. Qu’à cela ne tienne, Terence Hill et le réalisateur Enzo Barboni (sous le nom de E.B. Clucher), remettent le couvert dans le genre comédie de western, mais désirent tenter de nouvelles choses. Ce sera donc …Et maintenant, on l’appelle El Magnifico – …E poi lo chiamarono il Magnifico, titre qui fait évidemment le lien avec les deux Trinita, et dans lequel on retrouve une grande partie de l’équipe, devant comme derrière la caméra, tout comme les fayots encore fumants dans l’assiette. Malgré l’absence de l’ami Bud, le film d’Enzo Barboni rempliera encore les cinémas en 1972 et deviendra même le cinquième plus grand succès cette année-là, derrière le rouleau compresseur du Parrain – The Godfather (22 millions d’entrées), Le Dernier Tango à Paris – Ultimo tango a Parigi (15,6 millions), Maintenant, on l’appelle Plata – …Più forte ragazzi! (10 millions, ou les retrouvailles de Bud & Terence) et Mimi métallo blessé dans son honneur – Mimì metallurgico ferito nell’onore (7,6 millions). Plus rare, surtout sur les écrans français (malgré les 733.000 entrées sur notre territoire), peu diffusé à la télé hexagonale, …Et maintenant, on l’appelle El Magnifico reste méconnu chez nous. Il n’en reste pas moins que le spectacle demeure, même si Enzo Barboni assure le service minimum, empêtré d’ailleurs avec trop de personnages dont il ne sait plus quoi faire à un moment donné, au point de délaisser quelque peu sa tête d’affiche, qui met déjà un bon quart d’heure pour apparaître, après une exposition maladroite et un manque d’enjeux qui va persister durant les deux heures du long-métrage. Les amateurs de bastons risquent d’être déçus, puisque la première survient au bout d’une heure, Terence Hill y participant à peine. Les fans devront attendre la toute dernière partie pour cela. Entre-temps, pas grand-chose de mémorable. Mais le charme subsiste malgré tout…



Tom Moore est un étudiant assidu d’une grande école britannique. Lorsque son père, Joe, un célèbre cow-boy de l’Ouest américain, décède, Tom retourne dans sa ville natale où il rencontre les amis de son père : Bull, Holy Joe et Monkey, des hommes rustres sans aucune notion de politesse. Déçu d’imaginer son père côtoyer de telles personnes, Tom entreprend de les remettre sur le droit chemin. Mais les hommes du Far Ouest ne se laissent pas faire et décident à la place d’apprendre au jeune anglais à devenir un véritable cow-boy.


Terence Hill se débarrasse de la défroque crasseuse et trouée de Trinita, pour arborer la garde-robe du tiré à quatre épingles Sir Thomas Fitzpatrick Philip Moore, ou tout simplement Tom, venu découvrir le grand « West » américain, en complète opposition avec l’Angleterre qui l’a accueilli pour y faire ses études. Avec son flegme imperturbable, son chapeau melon et sa redingote, il fait « tâche » quand il arrive en milieu hostile, où il risque de se faire dépouiller à n’importe quel moment. C’est d’ailleurs ce qui arrive, quand sa diligence se fait attaquer par trois sbires…qui ne sont autres que les anciens collègues et compagnons de son défunt père, récemment décédé dans les bras d’une prostituée irlandaise. Une fois ce quiproquo passé, Tom va être « pris en charge » par Bull, Holy Joe et Monkey, bien décidés à faire de ce pied-tendre un homme comme il se doit. Les fans des aventures de Lucky Luke ne manqueront pas de pointer les étranges similitudes entre le film d’Enzo Barboni, également scénariste, et la 48è aventure – publiée en 1967 – de l’Homme qui tirait plus vite que son ombre, Le Pied-Tendre, dans lequel le personnage principal, également venu d’Angleterre, était aussi moqué et chahuté, car jugé incapable de s’adapter à la rude vie du Far-West.


Dans …Et maintenant, on l’appelle El Magnifico, Tom débarque de même, car héritier venu prendre possession de la terre de son père. Ce nouvel arrivant n’est pas du goût de tout le monde, et surtout pas de Morton Clayton (légendaire Riccardo Pizzuti, habitué à se faire démolir la tronche par Bud et Terence), qui ne peut s’empêcher de le provoquer, car convoitant la même donzelle aux yeux bleus, par ailleurs la fille d’un riche propriétaire terrien. Comme dans Le Pied-Tendre de Morris & Goscinny, Tom trouve rapidement ses marques dans le Far-West, reste imperturbable. Parallèlement, un récit d’apprentissage se met en place. Tom deviendra un pistolero adroit dans l’usage des flingues, mais avant cela, il comptera fleurette avec la belle (oh oui alors) Candida, interprétée par la finlandaise Yanti Somer, qui incarnait Perla dans le second Trinita. Déniaisé, Tom prendra la pétoire et ira régler ses comptes une bonne fois pour toutes.


Évidemment, tout se fait avec décontraction et un humour omniprésent. Le décalage entre la personnalité de Tom et la violence qui l’entoure marche bien, car les situations surréalistes renvoient à la bande dessinée. Terence Hill a l’air de prendre beaucoup de plaisir à composer un nouveau personnage, cousin très éloigné de Trinita, qui même éloigné des coutumes de l’ouest américain, porte en lui les gènes de son père. De ce fait, il fait preuve d’un sang-froid à toute épreuve, ses facultés physiques le sortent du pétrin et impressionnent ceux qui lui cherchent des noises, tandis que l’arme s’avère comme un prolongement naturel de sa main. Si les blagues ne fonctionnent pas systématiquement, l’alchimie est évidente entre les trois « parrains » de Tom, merveilleusement campés par l’imposant Gregory Walcott (Sugarland Express, Prime Cut, Plan 9 from Outer Space), vêtu comme Bud Spencer dans les Trinita (et cela n’est pas anodin), le mythique Harry Carey Jr. (La Rivière rouge, Le Fils du désert, Quatre Étranges Cavaliers, La Prisonnière du désert) et Dominic Barto (qui sera William Dalton dans le film et la série Lucky Luke). Et n’oublions pas l’indispensable Sal Borgese, acteur, mais aussi et surtout cascadeur, qui cette fois encore, se fait démolir la façade par ceux qu’il avait provoqué. Un running-gag qui relance souvent le récit et qui fait son effet systématiquement.


Plus d’un demi-siècle après sa sortie, …Et maintenant, on l’appelle El Magnifico reste un divertissement amusant, souvent gâché par un rythme lent (les 125 minutes se font clairement sentir), des décors naturels peu exploités et peu reluisants (le film a été tourné en Yougoslavie), ainsi que par un manque de rebondissements. Subsiste le charisme hors norme de Terence Hill, impeccable dans la peau de ce jeune homme distingué et instruit, qui se transforme en as de la gâchette comme un super-héros avant l’heure.



L’Édition Collector Blu-ray + DVD
Décidément, 2025 a été prolifique en sorties DVD-Blu-ray-UHD des films avec Terence Hill ! Ainsi, après Les Super flics de Miami, Attention les dégâts, Quand faut y aller, faut y aller, Salut l’ami, adieu le trésor !, Pair et impair, Attention, on va s’fâcher… et Deux super-flics ! chez BQHL, et quelques semaines avant les deux Trinita prévus chez Rimini Éditions, Bubbel Pop’ Éditions dégaine l’artillerie lourde avec une édition Collector Blu-ray + DVD (mais pas que, nous y reviendrons) d’…Et maintenant, on l’appelle El Magnifico. Jusqu’à présent sorti en France en DVD sous les couleurs de Sidonis Calysta, une galette qui se revendait à prix d’or sur la toile et ce depuis une quinzaine d’années, le film d’Enzo Barboni est savamment pris en charge par l’éditeur apparu il y a déjà un an avec le génial Stay Hungry. Deux éditions ont été pensées à cette occasion. La première apparaît sous la forme d’un Boîtier Blu-ray Scanavo Full Frame avec étui cartonné. Les deux disques sont solidement harnachés et par ailleurs sérigraphiés différemment, afin de faire la distinction entre le DVD et le Blu-ray. À l’intérieur, se trouve un livret intitulé « Des yeux couleur d’enfant », écrit par Christophe Chavdia (32 pages). Le rédacteur-cinéma revient abondamment sur le film qui nous intéresse aujourd’hui, en s’intéressant notamment à la mythologie de Terence Hill, en replaçant « El Magnifico » dans la carrière du réalisateur Enzo Barboni, ainsi que dans le western italien, qui vivait alors ses derniers soubresauts. Un livret très bien conçu. Cependant, un conseil, Bubbel Pop devrait éviter de « se remercier » dans les credits. Cela a été mentionné lors de discussions entre cinéphiles et défenseurs du support physique, et cela rappelle les génériques du style « Alain Delon remercie Alain Delon pour sa participation, ainsi que les comédiens qui ont donné la réplique à Alain Delon ». L’autre édition, celle estampillée « Collector », propose le même Scanavo, mais cette fois placé dans un Coffret Boîtier Clamshell, limité et numéroté à 500 exemplaires, qui contient en plus 5 cartes postales (17×12 cm), 1 affiche du film (40x51cm), le dossier de presse d’époque (12 pages, écrit dans un style naïf et qui s’avère au final assez pauvre), ainsi qu’un bandana, que nous vous déconseillons de laver, au risque de voir le transfert s’effacer…Cette édition est une exclusivité Web. Le menu principal est élégant, animé et musical.



En ce qui concerne les suppléments vidéos, nous vous conseillons d’écouter l’excellent Jean-François Rauger (29’). Le critique de cinéma et directeur de la programmation à la Cinémathèque française se penche tout d’abord sur la carrière d’Enzo Barboni, ancien directeur de la photographie (pour Sergio Corbucci surtout), passé à la mise en scène au début des années 1970 et qui allait rencontrer deux succès planétaires avec On l’appelle Trinita et sa suite, qui selon-lui allaient représenter à la fois l’évolution du western italien, mais aussi sa décadence. « Un succès paradoxal », qui montrait le déclin et le renouveau d’un genre. Jean-François Rauger en vient alors à …Et maintenant, on l’appelle El Magnifico, production Alberto Grimaldi (les deux premiers opus de la trilogie du Dollars, Le Dernier Tango à Paris, Fellini Satyricon, El Mercenario), qui démontrait une ambition plus poussée que les deux Trinita. Le casting, les conditions de tournage en Yougoslavie, les partis-pris (la violence est écartée pour attirer un public large) sont aussi passés en revue. On ne comprend pas pourquoi Jean-François Rauger évoque un échec commercial, sachant que le film a attiré pas loin de 7,5 millions de spectateurs et ce rien qu’en Italie.




On est un peu plus dubitatif sur le second bonus, à savoir une interview de Philippe Lombard (31’30). Non pas en raison des propos (quoique) du journaliste et auteur des Aventures de Bud Spencer & Terence Hill, mais aussi récemment scénariste du documentaire Terence Hill, Bud Spencer… et moi de Julien Dubois, mais en raison de sa forme étrange. En effet, les questions posées à Philippe Lombard par Stéphane Chevalier de Bubbel Pop’ sont distinctes et auraient mérité d’être coupées, surtout que celles-ci deviennent vite redondantes « Qu’est-ce qu’on peut dire sur untel ? », « Qu’est-ce qu’on peut dire sur ce film ? », « Qu’est-ce qu’on peut dire sur la musique ? ». Pas grand-chose à tirer de ce supplément, qui se contente de donner quelques infos sur El Magnifico, par ailleurs déjà entendues chez Jean-François Rauger, et qui s’étire inutilement en longueur. La quantité des suppléments ne fait pas forcément la qualité d’une édition et Bubbel Pop’, encore en phase d’apprentissage on va dire, devrait veiller à resserrer ses bonus au montage.

L’Image et le son
En ce qui concerne le nouveau master HD d’…Et maintenant, on l’appelle El Magnifico, jusqu’à présent inédit en Blu-ray en France, le plus étonnant est l’absence de texture argentique, en dehors de quelques stockshots utilisés pour le générique. L’image paraît étonnamment lisse et donne parfois aux comédiens un teint cireux, qui contraste avec la palette chromatique, certes lumineuse, mais qui semble artificielle avec des bleus par exemple très appuyés. Certains plans flous paraissent d’origine, des poussières ont échappé au scalpel numérique. La copie est stable dans l’ensemble (des scènes tremblent légèrement), les contrastes sont aléatoires, le piqué étonnant. Le résultat ne va pas forcément plaire à tout le monde, surtout aux puristes du grain argentique, mais les autres, ceux à la recherche d’une image (trop) nette et sans bavure, seront ravis.

Commençons par les choses qui fâchent et c’était déjà le cas sur les éditions BQHL, point de langue italienne au menu ! Comme nous l’indiquait ce cher « Indiana » Gilles Ermia, expert ès Terence Hill & Bud Spencer, et dont nous vous conseillons la chaine YouTube Indiana Gilles présente…, certains risquent de réfléchir à deux fois avant d’acquérir cette édition, puisque la version dite « originale » n’est pas présente. La « VO » comme l’indique la jaquette, est une piste anglaise, qui manque clairement de naturel et s’intègre mal à l’ensemble. N’hésitez pas à privilégier le doublage français, très réussi pour le coup, avec à la barre rien de moins que Dominique Paturel, qui pour la première fois prêtait sa sublime voix à Terence Hill, Claude Bertrand (voix habituelle de Bud Spencer, qui double ici Gregory Walcott), mais aussi Jacques Balutin, Fancis Lax, Jean Violette, Jacques Thébault, Jacques Richard, Philippe Dumat…que des cadors. Du point de vue technique, l’écoute est claire, distincte, suffisamment riche. Notons qu’il s’agit ici de la version intégrale et que deux minutes du film, qui n’ont jamais été doublées, passent automatiquement en anglais sous-titré si vous avez opté pour la VF. Les sous-titres français, sur lesquels apparaissent parfois des problèmes liés aux balises, ne sont pas imposés.



Crédits images : © MGM / Bubbel Pop’ Édition / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
