Test Blu-ray / Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche

EOLOMEA réalisé par Herrmann Zschoche, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Cox Habbema, Ivan Andonov, Rolf Hoppe, Vsevolod Sanaev, Petar Slabakov, Wolfgang Greese, Holger Mahlich, Benjamin Besson…

Scénario : Willi Brückner, d’après le roman d’Angel Wagenstein

Photographie : Günter Jaeuthe

Musique : Günther Fischer

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Dans un futur proche, les hommes ont colonisé la Lune et d’autres étoiles. La station Margot est le centre de relais le plus important de ces colonies. Un jour, huit astronefs partis en exploration disparaissent, et la liaison avec la station est rompue. Après avoir reçu un message codé déclarant « Eolomea », le professeur Maria Scholl, représentant le Conseil Suprême, ordonne un couvre-feu pour tous les vaisseaux, et se rend elle-même sur Margot pour découvrir ce qui se passe.

Après L’Étoile du silence Der schweigende Stern (1960) de Kurt Maetzig et Signal, une aventure dans l’espace Signale – Ein Weltraumabenteuer (1970) de Gottfried Kolditz, la science-fiction allemande n’avait pas dit son dernier mot. Pour preuve, en 1972 débarque Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche, qui prend les manettes de cette grosse production de science-fiction tournée en 70mm. Malheureusement, nous sommes loin de la réussite de la sympathique Étoile du silence et donc plus proche du lénifiant Signal, une aventure de l’espace. La raison? Beaucoup de blablas, une abondance de dialogues qui s’étirent et qui s’avèrent souvent étranges (en bref, qui évoquent une certaine idéologie, sans la nommer ouvertement, mais qui n’en pense pas moins), des répliques hermétiques récitées par des comédiens sans véritable charisme (les coiffures et les costumes n’arrangent rien), qui prennent l’air sérieux, en pensant donner le change. Mais rien n’y fait, on s’ennuie devant Eolomea, dont le charme des effets spéciaux demeure malgré tout, mais qui se perd dans un premier degré qui fait plus bâiller que rire. Dommage…

Huit vaisseaux disparaissent et le contact radio avec la station spatiale géante Margot est rompu. En conséquence, le professeur Maria Scholl, avec le Conseil suprême, décide d’un couvre-feu pour tous les autres vaisseaux volant dans l’espace. Néanmoins, un vaisseau spatial est autorisé à quitter la Terre. Cela entraîne une série d’événements : tout d’abord, un mystérieux message codé en morse arrive sur Terre depuis la constellation du Cygne, à plusieurs années-lumière de la Terre. Après décodage, il s’agit du terme « Eolomea », un mot qui semble désigner une planète. Avec le capitaine Daniel Lagny, un personnage excentrique et peu motivé, le professeur Maria Scholl se prépare à faire le voyage risqué vers la station spatiale Margot pour résoudre le mystère. Une fois sur place, elle découvre qu’une expédition secrète vers Eolomea de vaisseaux spatiaux volés a été planifiée contre la volonté du gouvernement.

Voici donc une coproduction entre l’Union soviétique, l’Allemagne de l’Est et la Bulgarie. Autant dire que les acteurs viennent de partout pour représenter leurs pays respectifs, avec les dénommés Cox Habbema (venue de Hollande), Ivan Andonov et Petar Slabakov (bulgares), Rolf Hoppe (allemand, vu dans le très beau Trois noisettes pour Cendrillon de Václav Vorlíček), Vsevolod Sanaev (russe), Benjamin Besson (suisse), avec tout de même une prédominance de comédiens venus d’Outre-Rhin. Peu se démarquent réellement dans Eolomea, ayant peu à défendre, même s’ils tentent de faire passer la pilule en manipulant leurs écrans de contrôle, engoncés dans des déguisements improbables. Inspiré par un roman d’Angel Wagenstein, Eolomea se perd rapidement dans une histoire bien peu palpitante qui fait du sur-place et nous perd dans quelques explications scientifiques que ne renierait pas un trublion comme Christopher Nolan. On nous parle tour à tour de phénomènes lumineux survenus dans la zone du 21è soleil de la Constellation du Cygne (un phénomène qui revient tous les quarts de siècle), de planète surnommée « le printemps éternel », avec quelques références à Solaris de Tarkovski, ainsi qu’à une des trois lois de la robotique d’Isaac Asimov (celle où un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi), le tout avec des effets visuels (soignés) hérités de 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick sorti quatre ans auparavant.

On suit difficilement ce récit centré sur les incidents inexpliqués survenus à la base spatiale Margot, où des vaisseaux (ainsi que leurs équipages) ont disparu des radars, ce qui laisse les autorités responsables de la sécurité quelque peu dubitatifs. Malgré sa courte durée, Eolomea ne retient guère l’attention du spectateur et il faut véritablement s’armer de patience pour aller jusqu’au bout (les flashbacks n’aident guère à relancer la machine), ou quand désireux d’atteindre Eolomea, le professeur Tal propose une mission jugée irréalisable compte tenu des limitations de la vitesse des fusées. Sans se laisser décourager, un groupe constitué d’une centaine de jeunes scientifiques, peu disposés à attendre passivement un contact extraterrestre, prennent des mesures drastiques. Ils s’emparent des fusées nécessaires à la mission et embarquent sans approbation formelle dans l’espoir de réaliser le rêve de l’humanité de rencontrer une intelligence extraterrestre.

Dit comme cela, Eolomea vend du rêve, mais son exploitation reste décevante, plate, poussive, pour ne pas dire soporifique. Comme un épisode de Derrick dans l’espace. Avouez que c’était tentant !

LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRE

Artus Films revient à la SF teutone avec les sorties en Combo Blu-ray + DVD + Livret d’Eolomea et Dans la poussière des étoiles. Dans les deux cas, les galettes reposent dans un Digipack à deux volets, illustrés par les affiches originales, le tout glissé dans un fourreau cartonné. Cette édition d’Eolomea se compose donc aussi d’un livret de 62 pages, intitulé Étoiles rouge et rideau de fer, écrit par le fidèle Christian Lucas (Ciné Forever Vidéo). Il ne s’agit pas d’une profonde analyse du film qui nous intéresse aujourd’hui, mais d’une présentation d’une bonne trentaine de films SF réalisés sous le régime communiste. Chaque film est noté (ainsi que leur apport au genre et la qualité des effets spéciaux), remis dans son contexte, disséqué avec une passion toujours aussi contagieuse. Ce livret nous donne aussi l’occasion d’en apprendre plus sur les cinéastes qui se sont spécialisés dans le domaine de la science-fiction, à l’instar de Pavel Klushantsev. Le menu principal de chaque disque est fixe et musical.

Christian Lucas se charge aussi d’une présentation en vidéo d’Eolomea (20’). Comme à son habitude, cette intervention a été réfléchie et écrite de A à Z. Vous en saurez plus, pour ne pas dire tout, sur la genèse, la conception et la sortie du film d’Herrmann Zschoche. Si certains propos renvoient directement à ce que nous avons pu lire dans l’ouvrage inclus dans ce coffret, Christian Lucas ne manque pas d’arguments pour compléter d’autres éléments abordés, notamment pour ce qui est lié aux effets spéciaux ou au réalisateur, ainsi qu’au casting.

L’interactivité se clôt sur un Diaporama de photos et d’affiches d’exploitation.

L’Image et le son

Restauration 2K réalisée par la DEFA pour ce film jusqu’alors totalement inédit en France. Superbe copie, très propre, débarrassée des scories et poussières diverses (oui bon, peut-être une rayure ici et là, mais vous chipotez), stable, étincelante, respectueuse des partis pris esthétiques originaux et du grain argentique. Un petit film de plus exhumé par Artus Films, présenté dans les meilleures conditions possibles.

Seule la version originale allemande est disponible sur ce Blu-ray. La piste Mono restitue admirablement les dialogues, spatialise et délivre des ambiances naturelles, même si l’on pourra trouver le volume musical un peu trop bas.

Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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