DANS LA POUSSIÈRE DES ÉTOILES (Im Staub der Sterne) réalisé par Gottfried Kolditz, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.
Acteurs : Jana Brejchová, Alfred Struwe, Ekkehard Schall, Milan Beli, Silvia Popovici, Violeta Andrei, Leon Niemczyk, Regine Heintze…
Scénario : Joachim Hellwig & Gottfried Kolditz
Photographie : Peter Süring
Musique : Karl-Ernst Sasse
Durée : 1h32
Date de sortie initiale : 1976
LE FILM
Ayant reçu un appel de détresse provenant de la planète TEM4, le vaisseau spatial Cyrno parvient à s’y rendre, non sans difficultés. Sur place, on fait comprendre à l’équipage qu’il s’agissait d’une erreur. Le chef de la planète invite alors tous les membres du Cyrno à une fête. Seul Suko reste méfiant, et à juste titre : les mines de TEM4 ont besoin d’esclaves…
« Dans la poussière d’étoiles » chantait Jasmine à Aladdin sur le tapis volant…Mais une quinzaine d’années auparavant, dans une autre partie du monde, un autre rêve, non pas bleu, mais rouge, débarquait au cinéma, Dans la poussière des étoiles donc, ultime film de science-fiction allemand produit par la légendaire DEFA. Si l’étoile rouge à cinq branches reste le symbole des États communistes, celles explorées dans cette superproduction est-allemande par Gottfried Kolditz (1922-1982) sont bel et bien celles de l’espace. Déjà à l’oeuvre sur Signal, une aventure dans l’espace – Signale – Ein Weltraumabenteuer, le réalisateur s’en sort beaucoup mieux, quand bien même les effets spéciaux s’avèrent ici limités. On retrouve par ailleurs les mêmes tares, à savoir des acteurs peu charismatiques, un rythme lent, mais cette fois la pilule passe, sans doute en raison de certaines scènes psychédéliques à la limite du nanar, des coupes de cheveux et des costumes invraisemblables (les pattes d’eph dans l’espace, c’est quelque chose!), mais aussi et contre toute attente grâce à son scénario généreux en rebondissements et en nawak complètement assumé. Si la dernière partie traîne un peu en longueur, Dans la poussière des étoiles est un divertissement désuet qui ne manque pas de charme.
Le vaisseau spatial Cynro reçoit un appel de détresse de la planète TEM 4. L’équipage tente de répondre mais finit par s’écraser sur la planète à cause d’un brouillage radio. En sortant du vaisseau, l’équipage va à la rencontre du leader de la planète : Ronk, qui leur dit qu’il n’y a jamais eu d’accident et que l’appel de détresse était une erreur. En guise d’excuse, il invite l’équipage à une fête, au grand dam de Suko, le navigateur du Cynro qui refuse l’invitation par méfiance. Ses soupçons étaient fondés : Ronk se sert de la fête pour effacer tout souvenir de l’appel de détresse. De plus, Suko découvre une mine souterraine où Ronk force des captifs indigènes à travailler comme esclaves. Après ces révélations, l’équipage du Cynro est incapable de décider s’il doit retourner à son vaisseau et s’échapper ou rester pour aider les esclaves à gagner leur liberté.
Aaaah ces acteurs affublés d’un pyjama en guise de combinaison spatiale (Cosmos 99 a sans doute été une source d’inspiration), un autre qui rappelle celle de la Denrée dans La Soupe aux choux ou le costume de Casimir, un autre encore Super Mario, les décors pauvres avec deux ou trois diodes qui clignotent en guise de tableau de bord…on sait d’emblée que l’on va rire, mais pas seulement. D’accord, la longue séquence de fiesta témienne avec ses chorégraphies kitsch qui renvoient à celles de l’île du plaisir des 12 Travaux d’Astérix est assez hallucinante, mais malgré tout Dans la poussière des étoiles raconte bien une histoire. Celle d’une planète asservie et surtout d’esclaves qui se révoltent. Certes, la bataille finale n’est pas à la hauteur des espérances, mais le film de Gottfried Kolditz sait lier le divertissement et la réflexion entre deux scènes extravagantes, à l’instar de la danse à poil (exécutée dans l’ombre, un vrai délire arty), les différentes apparitions du grand manitou aux cheveux décolorés (ainsi qu’en peignoir et en sandales en plastique qui couinent), un plan douche en full frontal, des sbires à moustaches habillés par Handy Bag et leurs gros mollets glissés dans des cuissardes à la Mylène Farmer…un cocktail détonnant, qui peut paraître indigeste, mais qui au final laisse un goût étonnamment plaisant en bouche, pendant que les décors naturels ravissent les mirettes.
Si le casting demeure complètement inconnu au bataillon avec Jana Brejchová (vu dans La Belle et la Bête de Juraj Herz), Leon Niemczyk (tête d’affiche du formidable Couteau dans l’eau de Roman Polanski) et d’autres comédiens hétéroclites dont les personnages répondent au nom d’Akala, Suko, Ronk, Illik,Kte, Xik, Chat et Prott, on se laisse prendre au jeu avec cet équipage improbable débarquant sur une planète en apparence sereine, mais en réalité hostile. De là à voir que tout est beau et se déroule à merveille dans les pays communistes, mais que tout ceci n’est qu’apparence (la torture et le lavage de cerveau aident au bon fonctionnement de la société), il y a là une métaphore à laquelle les auteurs (dont Gottfried Kolditz lui-même) ont sûrement pensé et qui donne une certaine plus-value à Dans la poussière des étoiles.
LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRE
Après Signal, une aventure dans l’espace de Gottfried Kolditz et L’Etoile du silence Kurt Maetzig, disponibles en DVD, Artus Films revient à la SF teutone avec les sorties en Combo Blu-ray + DVD + Livret d’Eolomea et Dans la poussière des étoiles. Dans les deux cas, les galettes reposent dans un Digipack à deux volets, illustrés par les affiches originales, le tout glissé dans un fourreau cartonné. Cette édition de Dans la poussière des étoiles se compose aussi d’un livret de 62 pages, intitulé Rouges sont les galaxies, écrit par le fidèle Christian Lucas (Ciné Forever Vidéo), qui complète celui dispo sur l’édition Artus d’Eolomea. Il ne s’agit pas d’une profonde analyse du film qui nous intéresse aujourd’hui, mais d’une présentation d’une bonne quarantaine de films/téléfilms/dessins-animés SF réalisés sous le régime communiste. Chaque film est noté (ainsi que leur apport au genre et la qualité des effets spéciaux), remis dans son contexte, disséqué avec une passion toujours aussi contagieuse. Le menu principal de chaque disque est fixe et musical.
Christian Lucas se charge aussi d’une présentation en vidéo de Dans la poussière des étoiles (24’). Comme à son habitude, cette intervention a été réfléchie et écrite de A à Z. Vous en saurez plus, pour ne pas dire tout, sur la genèse, la conception et la sortie du film de Gottfried Kolditz. Si certains propos renvoient directement à ce que nous avons pu lire dans l’ouvrage inclus dans ce coffret, Christian Lucas ne manque pas d’arguments pour compléter d’autres éléments abordés, notamment pour ce qui est lié au réalisateur, au casting, ainsi qu’aux conditions de tournage.
L’interactivité se clôt sur un Diaporama de photos et d’affiches d’exploitation, sans oublier la bande-annonce originale.
L’Image et le son
Dans la poussière des étoiles a connu un dépoussiérage complet, une restauration 2K présentée par la DEFA, qui restitue toutes les particularités du tournage en pellicule ORWO. Grâce à un codec AVC de haute tenue, ce Blu-ray proposé au format 1080p, permet aux spectateurs de découvrir totalement les incroyables décors du film. Si l’on excepte quelques séquences plus douces que d’autres ou au grain plus appuyé, nous nous trouvons devant une image qui ne cesse de flatter les rétines. Issue d’une restauration solide, cette copie HD, d’une stabilité à toutes épreuves, est absolument indispensable. La propreté est indéniable, les couleurs trouvent une vraie vivacité (rouges éclatants, bleus électriques), le piqué est joliment acéré et les détails sont probants.
L’éditeur propose uniquement la version allemande en Mono. Les effets annexes sont ardents, dynamiques et vifs, à l’instar du score de Karl-Ernst Sasse. Une piste qui ne déçoit pas et qui s’avère même étonnamment propre.
Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr