Test Blu-ray / Chucky – Jeu d’enfant, réalisé par Tom Holland

CHUCKY – JEU D’ENFANT (Child’s Play) réalisé par Tom Holland, disponible en DVD et Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 juillet 2018 chez ESC Edition

Acteurs : Catherine Hicks, Chris Sarandon, Alex Vincent, Brad Dourif, Dinah Manoff, Tommy Swerdlow, Jack Colvin, Neil Giuntoli

Scénario : Don Mancini, John Lafia, Tom Holland

Photographie : Bill Butler

Musique : Joe Renzetti

Durée : 1H27

Année de sortie : 1989

LE FILM

Abattu par la police et sur le point de rendre son dernier souffle, le serial killer Charles Lee Ray transfère, grâce au vaudou, son esprit dans une poupée Brave Gars, le dernier jouet à la mode. Si, baptisée Chucky, elle fait le bonheur du petit Andy, six ans, la poupée révèle bientôt sa nature maléfique, multipliant les victimes. Prisonnier de son enveloppe de plastique, Charles Lee Ray n’attend plus qu’une chose : changer au plus vite de corps. Et Andy lui semble tout indiqué comme donneur involontaire…

Commençons cette critique par un étrange fait divers : En 1876, la famille Otto emménage dans une grande maison en Californie dans la ville de Key West. La famille est aisée et dispose de plusieurs employés. Un jour, le patriarche se dispute violemment avec une des domestiques qui quittera le domicile par la suite. Mais avant de partir, elle offrira au petit Robert Eugene Otto, âgé de 6 ans, un poupon que l’enfant nommera comme lui : Robert. Robert est ensuite devenu une des attractions les plus insolites de la Californie. Après avoir vraisemblablement semé la terreur auprès de ses multiples propriétaires, il est maintenant exposé dans le musée de sa ville natale, Key West. Don Mancini et Tom Holland s’inspireront de cette étrange histoire pour écrire le script du chef-d’oeuvre en devenir, Child’s Play ou Jeu d’enfant, plus connu dans nos contrées sous le titre Chucky.

Magistral tour de force visuel et scénaristique, ce premier opus entraînera une franchise qui a force de suites s’est embourbée dans un humour autrefois subtil, mais rapidement devenu poussif. Jeu d’enfant est un véritable film d’horreur. Une ambiance générale très premier degré, une mise en scène millimétrée et astucieuse accompagne à merveille cette histoire de poupée psychopathe qui va bien plus loin que son simple concept de base. Chucky n’est pas un simple jouet, c’est un tueur cruel piégé dans un corps en plastique, qui sévit dans une famille déjà fragilisée. Sa soif de sang va s’animer dans l’appartement de l’enfant innocent qui l’a « adopté »,  Andy Barclay (Alex Vincent), qui va alors devoir affronter cette entité aussi grotesque qu’effroyablement dangereuse. Seuls sa mère, interprétée par Catherine Hicks (Sept à la maison) et le lieutenant Norris qu’incarne un Chris Sarandon (visiblement dépassé par les événements), viendront en aide à l’enfant menacé.

Tom Holland, fraîchement sorti du sympathique Vampire, vous avez dit vampire ? (1985), met comme à son habitude la pédale douce sur la violence outrancière et préfère employer une multitude d’astuces que n’aurait pas renié Alfred Hitchcock, en laissant son décor, les ombres et le hors-champ créer la peur chez le spectateur. La caméra, utilisée de manière subjective de manière à se mettre dans la peau du nabot démoniaque, a été inspiré à Tom Holland par le biais du téléfilm Trilogy of Terror. Un téléfilm a sketches en trois parties, diffusé en mars 1975 et dont le troisième acte (écrit par Richard Matheson), La Poupée de la terreur, raconte l’histoire d’une poupée vaudou cherchant à assassiner sa propriétaire. Traumatisé par ce petit film, Tom Holland aura nourri son imaginaire au fil des ans, en repensant inlassablement à ce minuscule poupon qui l’avait tant effrayé.

Et le réalisateur semble avoir rarement été aussi à l’aise, il est même surprenant de l’entendre parler de restriction artistique, ainsi que du tournage rapidement devenu complexe, en raison des marionnettes utilisées dont les dispositifs étaient à l’époque révolutionnaires. Les mouvements de Chucky s’avèrent pourtant d’une remarquable fluidité, encore aujourd’hui.

Porté par la voix désincarnée du génial Brad Dourif, Chucky tue, frappe, insulte, mord, poignarde, grâce au génie des créateurs des effets visuels, dont les prouesses techniques effectuées directement face à la caméra restent particulièrement bluffantes.

Jeu d’Enfant est un bijou, qui plus est, soulignée par une très belle bande originale signée Joe Renzett.

LE BLU-RAY

Jeu d’Enfant est disponible dans les bacs grâce aux bons soins d’ESC Editions. En DVD, mais aussi et surtout dans un superbe combo Blu-ray/DVD épais, Un mediabook visuellement très beau et élégant. Le boîtier contient également un livret de 24 pages écrit par Marc Toullec.

Le menu principal est animé, fluide et accompagné par le thème du film.

 

 

Pour ce qui est des suppléments, les fans de la poupée psychopathe pourront se repaître de trois entretiens tous très intéressants.

Les poupées maléfiques, une projection enfantine effrayante (17’), par Laurent Aknin. l’historien et critique de cinéma revient sur l’utilisation de la poupée ou du pantin au cinéma, des oeuvres d’épouvante des années 50 aux productions Blumhouse.

Jeu d’enfant, l’origine d’une saga familiale (16’), par Caroline Vié. La romancière et critique de cinéma revient sur les origines du célèbre poupon. De ses inspirations à la continuité de la saga, soulignant les qualités et défauts des six films, ainsi que la carrière du scénariste Don Mancini.

Entretien avec Tom Holland (20’) Cela faisait un bon bout de temps que ce bon vieux Tom Holland n’avait pas montré sa bouille devant une caméra. Il revient donc afin de présenter son film et aussi pour livrer quelques anecdotes croustillantes sur Jeu d’Enfant. Soucis de production, souvenirs d’enfance, le cinéaste se livre avec honnêteté et modestie dans cet entretien passionnant.

N’oublions pas la présentation du cinéaste (20 secondes), disponible en introduction du film !

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Jeu d’Enfant – Chucky arrive dans les bacs français dans une très belle édition HD (1080p) entièrement restaurée 4K. Le travail est impressionnant et l’image est très propre, débarrassée de la majeure partie des poussières, griffures et autres résidus qui ont dû être minutieusement enlevés image par image. Tout au long du processus de restauration, un soin particulier a été apporté afin que la texture originale du film, les détails, la structure du grain ne soient pas affectés par le traitement numérique. Ce nouveau transfert Haute Définition permet de redécouvrir Jeu d’Enfant – Chucky sous toutes ses coutures avec une magnifique patine argentique. Cette élévation HD offre à la colorimétrie un nouveau lifting et retrouve pour l’occasion une nouvelle vivacité. La gestion du grain et des contrastes demeure solide du début à la fin, y compris sur les séquences sombres, sans aucune réduction de bruit. Les détails et le piqué sont assez impressionnants, les plans flous sont d’origine. N’oublions pas la stabilité de la copie soutenue par un codec AVC exigeant.

La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1. Au premier abord on pouvait craindre le pire. Il n’en est rien, bien au contraire. Cette option acoustique séduisante permet à la composition de Joe Renzetti (Frankenhooker) d’environner le spectateur pour mieux le plonger dans l’ambiance du film. Les effets latéraux ajoutés ne tombent jamais dans la gratuité ni dans l’artificialité. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique. Les fans de l’excellente version française devront se contenter d’une piste DTS-HD Master Audio 2.0. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement couverts. Aucun souffle constaté.

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