CHASSE À L’HOMME (Hard Target) réalisé par John Woo, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 3 février 2021 chez ESC Editions.
Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Lance Henriksen, Yancy Butler, Arnold Vosloo, Wilford Brimley, Chuck Pfarrer…
Scénario : Chuck Pfarrer
Photographie : Russell Carpenter
Musique : Graeme Revell & Tim Simonec
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 1993
LE FILM
Natasha Binder débarque à la Nouvelle Orléans pour retrouver les traces de son père dont elle n’a plus de nouvelles depuis un certain temps. Pour cela, elle engage Chance, un gars du coin. Chance commence par refuser, mais finit par accepter. Ensemble, ils découvrent que le père de Natasha a été tué par une organisation criminelle qui s’adonne à la chasse à l’homme, dont les proies sont généralement des sans-abris.
Après le carton de Kickboxer, qui a largement contribué à faire de Jean-Claude Van Damme une star de cinéma, a movie star, le comédien enchaîne avec Full Contact – Lionheart en 1990, Coups pour coups – Death Warrant (1991) qui a connu un accueil plus mitigé que le précédent, Double Impact (1991, énorme succès aussi bien aux Etats-Unis qu’en France) et le hit mondial d’Universal Soldier (1992). Dans Cavale sans issue – Nowhere to run (1993), JCVD change un peu son fusil d’épaule et souhaite déjà démontrer que son talent ne se résume pas qu’à ses muscles. Le résultat au box-office s’en ressentira un peu. On arrive alors à Chasse à l’homme – Hard Target, premier film américain réalisé par l’éminent John Woo, tout droit débarqué de Hong Kong, appelé aux Etats-Unis, entre autres par Sam Raimi, qui officie ici en tant que producteur, et comme metteur en scène de secours au cas où John Woo ne parviendrait pas à diriger son équipe dans la langue de Shakespeare. Rétrospectivement, Chasse à l’homme apparaît comme étant le film du compromis. Celui de la star, habituée à ce que les réalisateurs soient à « son service » en mettant en valeur ses capacités physiques, mais aussi celui du cinéaste, qui même s’il est obligé de revoir ses ambitions et de se plier à un cahier des charges strict, désire s’imposer et marquer cette première mouture US de sa griffe reconnaissable entre mille. Il en résulte un film d’action mené tambour battant, qui parvient à la fois à contenter les fans de Jean-Claude Van Damme, mais aussi ceux du réalisateur chinois qui à mesure que le récit avance, semble reprendre la main à la fois sur l’histoire, mais aussi sur les personnages et bien entendu sur la représentation de la violence à l’écran, ainsi que sur le montage et les divers gunfights qui parsèment le film. Chasse à l’homme est et demeure un vrai classique du genre des années 1990.
À la Nouvelle-Orléans, un vétéran devenu sans-abri nommé Douglas Binder (Chuck Pfarrer, le scénariste lui-même) est la cible d’une chasse. On lui remet une ceinture contenant 10 000 dollars, somme qu’il pourra conserver s’il échappe à ses poursuivants en atteignant l’autre côté de la ville. L’organisateur de ce jeu inhumain est Emil Fouchon (Lance Henriksen), accompagné de son lieutenant Pik van Cleef (Arnold Vosloo). Leur client est un homme d’affaires nommé Lopacki, qui a payé la somme conséquente de 500000 $ pour pouvoir chasser un humain, aidé pour cela par quelques mercenaires. Binder ne parvient pas à atteindre sa destination et est tué par trois arbalètes. Alors qu’elle cherchait son père, la fille de Binder, Natasha (Yancy Butler, aux beaux yeux bleus, mais inexpressive), est attaquée par un groupe d’agresseurs qui ont aperçu son portefeuille bosselé de billets verts. Elle est sauvée par un sans-abri aux compétences exceptionnelles en arts martiaux nommé Chance Boudreaux (Jean-Claude Van Damme, cheveux gras dans le cou et anneau à l’oreille), un ancien des Forces Spéciales. Plus tard, elle décide de lui demander de l’aide pour retrouver son père. Chance hésite d’abord à s’impliquer dans cette mission, mais comme il ne peut payer ses cotisations syndicales dans la marine marchande, accepte à contrecœur d’épauler Natasha dans ses recherches, tout en lui servant de garde du corps. Natasha découvre alors l’homme qui a présenté son père à Fouchon, un certain Randal, qui aidait ce dernier à trouver des anciens soldats devenus vagabonds, si possible sans attaches familiales. La mort du père de Natasha est considérée comme un accident, mais Chance fouille quelques ruines et découvre la plaque d’identité de Binder, qui a été percée par une pointe de flèche. L’étau se resserre autour de Chance et de Natasha.
Pour ses débuts à Hollywood, John Woo n’y va pas par quatre chemins et même s’il devra revoir sa première copie (vingt minutes seront retirées pour obtenir la classification R, permettant aux mineurs de moins de 17 ans de pouvoir voir le film en étant accompagné d’un adulte), qui sera rejetée, présentée aux studios et à un premier panel de spectateurs lors d’une projection-test, le cinéaste chinois déploie indéniablement son savoir-faire et sa virtuosité dans Chasse à l’homme et ce dès la première séquence, impressionnante, surtout en version non-censurée, qui présente la fameuse chasse du titre français. Après avoir instauré une ambiance western, où même JCVD ouvre son long manteau pour pouvoir y dégainer sa jambe comme un colt pour se débarrasser de quelques petites frappes, afin de secourir une belle donzelle, John Woo déroule plus classiquement son récit, mais reprend les choses en main lors de l’attaque en pleine rue. C’est à ce moment précis que le réalisateur plonge le spectateur dans un gunfight complètement dingue, au cours duquel Chance – Van Damme prend la pétoire, enfourche une moto sur laquelle il réalise quelques acrobaties improbables et qu’il utilisera finalement comme bombe qu’il lancera à pleine vitesse sur ses ennemis. Volte-face et Mission impossible 2 dont déjà présents, car non seulement John Woo y reprendra certains motifs, au point d’ailleurs de se copier lui-même, mais il pioche déjà certains éléments issus de ses films précédents, pour les arranger à la sauce yankee.
Jean-Claude Van Damme ne signe sans doute pas la meilleure performance de sa carrière, il est d’ailleurs assez monolithique dans Chasse à l’homme, comme s’il devait encaisser le fait de laisser le statut de star à John Woo. Mais il s’en sort évidemment très bien dans la peau d’un marin cajun, surtout quand il distribue ses coups de pied retournés, mais aussi quand il prend la pétoire, chose finalement plutôt rare dans sa carrière. Le cocktail est donc bien dosé, à la fois dans les démonstrations d’arts martiaux de la tête d’affiche, que dans celles du maître chinois, désireux à la fois de montrer aux studios hollywoodiens ce qu’il a sous le capot, mais aussi aux spectateurs qui n’auraient jamais vu ses autres films. Mais ce que l’on retient avant tout de Chasse à l’homme, ce sont ses deux badguys complètement allumés incarnés par Lance Henriksen et Arnold Vosloo. Si le premier était déjà un comédien bien confirmé après avoir joué chez Sidney Lumet, Steven Spielberg, James Cameron, Philip Kaufman, Kathryn Bigelow, Walter Hill et Stuart Gordon, le second venait d’apparaître dans 1492 : Christophe Colomb de Ridley Scott et ne connaîtra qu’une renommée mondiale que six ans plus tard dans La Momie – The Mummy de Stephen Sommers, dans lequel il trouvera probablement le rôle de sa vie, celui du Grand-Prêtre Imhotep. John Woo ne s’en est jamais caché, ce sont bien ces deux personnages qui l’intéressaient le plus, à tel point que son premier montage leur laissait une plus grande place et s’intéressait d’un peu plus près sur leur « liaison ». Toujours est-il que les deux acteurs crèvent l’écran dans la peau de ces psychopathes et n’ont rien à envier à JCVD dans les scènes d’action et de gunfights. Et n’oublions pas aussi que Hard Target est un film qui a de la gueule et que l’on doit cette photo soignée à Russell Carpenter, chef opérateur qui signera les images de True Lies et de Titanic de James Cameron.
Si la première partie est somme toute assez classique, Chasse à l’homme passe la vitesse supérieure dès la poursuite à moto, pour ne plus s’arrêter jusqu’à la fin marquée par un affrontement explosif qui se déroule dans un entrepôt abandonné, au milieu d’anciens chars et de masques de carnaval, l’action se déroulant à la Nouvelle-Orléans. Produit pour un budget de 15 millions de dollars, Hard Target en récolte le double sur le sol américain et plus de 40 millions dans le reste du monde, soit cinq fois sa mise initiale. Un beau succès, aussi bien pour JCVD, qui partira de son côté pour aller tourner (et connaître) ce qui sera son plus grand triomphe commercial (Timecop de Peter Hyams), tandis que John Woo devra attendre trois ans pour mettre en scène son second opus hollywoodien, Broken Arrow.
LE COMBO
Nous avons pu avoir entre les mains l’édition Collector limitée Blu-ray + DVD + Goodies de Chasse à l’homme, qui se présente sous la forme vintage d’une VHS (13,5 cm x 21,5 cm x 3 cm) et qui arbore le visuel de l’affiche originale. Une fois la VHS sortie de son fourreau (fragile…), la cassette révèle un écrin dans lequel vous trouverez l’affiche du film recto/verso, le visuel original et un autre alternatif, dix photos tirées du film (papier brillant, 15 cm x 10 cm), ainsi qu’une imitation d’un magazine cinéma – très nineties – intitulé K.O. Mag (52 pages), comprenant la liste des suppléments de cette édition (ainsi que les bonus cachés et la façon d’y accéder), un article sur l’émergence des cinéastes chinois au sein de l’industrie hollywoodienne, une interview – sans langue de bois – de John Woo, une autre de Jean-Claude Van Damme, un reportage sur les coulisses du tournage, un autre sur le thème de la chasse à l’homme au cinéma, avec quelques titres passés en revue. Les deux disques reposent sur une façade du boîtier en très légère mousse. Notons que le Blu-ray contient la version non censurée de Chasse à l’homme (1h39) et le DVD la version cinéma (1h32). Le menu principal du Blu-ray (tout comme celui du DVD) est animé et musical. Enfin, le film de John Woo est aussi disponible en édition Standard Blu-ray + DVD.
Les suppléments que l’on retrouve à la fois sur le DVD et sur le Blu-ray sont la bande-annonce et trois spots TV.
Le DVD propose également la première partie d’un documentaire consacré aux débuts au cinéma de Jean-Claude Van Damme, qui englobe Karate Tiger, Bloodsport, L’Arme absolue – Black Eagle, Cyborg et Kickboxer. On doit cette présentation à l’excellent Arthur Cauras, que nous avions découvert au fil des bonus de l’édition Blu-ray + DVD de Cyborg d’Albert Pyun. A l’instar de ses précédentes interventions, Arthur Cauras livre moult informations avec une passion contagieuse sur la première partie de la carrière de notre JCVD adoré. En vingt minutes, vous saurez donc tout sur les étapes importantes qui ont conduit le comédien belge devant la caméra, ainsi que sur ses premiers grands succès qui l’ont propulsé nouvelle star du cinéma d’action à la fin des années 1980.
Nous retrouvons à nouveau Arthur Cauras sur le Blu-ray dans un supplément intitulé Proies et chasseurs : les films de chasse à l’homme (18’25). Comme son titre l’indique, le réalisateur de Jour après jour (2004) et Point Zéro (2014) propose un beau tour d’horizon des classiques du cinéma ayant pour thème …bah la chasse à l’homme pardi ! Les thèmes, les genres, les ingrédients sont tout d’abord mis en relief, avant l’énumération – aux côtés de Chasse à l’homme de John Woo – de certains titres comme Les Chasses du Comte Zaroff (1932), Predator (1987), Le Prix du danger (1982), Running Man (1987), Délivrance (1972), La Proie nue (1965), Rambo (1982), La Traque (1975, « une pépite du cinéma français, nihiliste et violente »), Les Proies ou Le Roi de la montagne (2007), Punishment Park (1971), ainsi que l’épisode 2 de la saison 2 de la série Black Mirror intitulé La Chasse – White Bear. Nous rajouterons à cette liste conséquente, La Dixième victime – La Decima vittima (1965) d’Elio Petri. Petit à petit, Arthur Cauras fait sa place dans le cercle des intervenants-DVD/Blu-ray que nous avons grand plaisir à retrouver !
Le gros morceau de cette interactivité est la présentation du film et le portrait de John Woo proposés par le réalisateur et critique Christophe Gans (36’). Passionnant, prolixe, l’invité d’ESC Editions ne s’arrête pas une seconde et explique tout d’abord comment John Woo est arrivé à Hollywood au début des années 1990. Comment est-il devenu « le cinéaste le plus étonnant apparu depuis plusieurs années » ? Comment les studios hollywoodiens ont-ils essayé de « récupérer » leur plus grand challenger à l’étranger ? Tout cela s’est fait grâce à Sam Raimi, à travers un véhicule de star pour Jean-Claude Van Damme, Chasse à l’homme. Mais comment ce grand styliste du cinéma a-t-il dû s’y prendre pour diriger un comédien qui pensait être la star du film ? Résumer l’intervention de Christophe Gans est peine perdue, car les arguments avancés sont bien trop nombreux et par ailleurs toujours très bien étayés. Vous y entendrez parler de la figure récurrente des personnages du réalisateur, de l’entente entre John Woo et Jean-Claude Van Damme, des partis-pris du film, du succès au box-office, des autres collaborations de JCVD avec des cinéastes HK (Ringo Lam, Tsui Hark), des autres films hollywoodiens de John Woo (Broken Arrow et Mission Impossible 2 en prennent pour leur grade, Volte/Face est encensé), la version non censurée de Chasse à l’homme et le Workprint (disponible sur cette édition en bonus caché), ainsi que de bien d’autres sujets.
Le fameux Workprint évoqué dans les suppléments est disponible sur ce Blu-ray. Pour le trouver, il suffit de vous reporter au magazine inclus dans cette édition. D’une durée de 116 minutes, présenté en MPEG, ce montage vous vaudra probablement un petit détour chez l’ophtalmo en fin de parcours tant la copie s’avère floue et par ailleurs timecodée. Mais si vous le pouvez, et peu importe pour les mirettes (quelques séances chez l’orthoptiste et ce sera réglé), n’hésitez pas à visionner au moins une fois ce bonus à part entière. Il s’agit d’une copie de travail, d’une version intermédiaire du montage de John Woo, qu’Universal avait projeté à un panel de spectateurs dans le cadre d’une projo-test. Un montage finalement rejeté qui contenait 20 minutes de scènes supplémentaires. Cette copie est issue de la numérisation d’une VHS, d’où la qualité médiocre (euphémisme). Comme l’indique Christophe Gans dans son entretien « le workprint n’est pas tant plus violent que pulsionnel […] et contient tous les axes de caméras désirés par le réalisateur […] John Woo crée quelque chose d’hallucinatoire, pour ne pas dire d’orgasmique, où la pulsion de mort anime les personnages comme durant un acte sexuel ». Le dénouement, autrement dit la mort du personnage de Lance Henriksen a été entièrement retourné (ici, pas de grenade dans le pantalon), une scène d’amour entre Chance et Natasha a aussi été retirée, tout comme plusieurs scènes entre Fouchon et van Cleaf, les deux méchants du film, pour lesquels John Woo avait indéniablement plus d’affection que pour le personnage interprété par Jean-Claude Van Damme.
Autre bonus caché, les coulisses du tournage (17’), un module constitué d’interviews du scénariste Chuck Pfarrer, de Quentin Tarantino (qui avait déjà repris des trucs de John Woo dans Reservoir Dogs), de critiques divers, de Sam Raimi (producteur), du directeur de la photographie Russell Carpenter, de John Woo, du monteur Bob Murawski, du comédien Chow Yun-fat, et du réalisateur Walter Hill, grand fan de John Woo, qui avait pensé faire un remake de The Killer. Quelques images de tournage illustrent ce documentaire, dans lequel on peut voir l’implication de Lance Henriksen, n’hésitant pas à payer de sa personne lors de la scène où le manteau de son personnage prend feu, en exécutant lui-même cette cascade devant des professionnels très impressionnés. Sam Raimi déclare que « John Woo est le Hitchcock de l’action […] mais j’ai peur pour lui à Hollywood […] Chasse à l’homme sera un film de John Woo édulcoré, mais même à 90 % le film va scotcher les spectateurs ». Bonus présenté en MPEG.
L’autre supplément caché complète le précédent, puisqu’il s’agit d’un autre making of (basse définition, 7’), aussi constitué d’images de tournage et d’interviews diverses, dont Jean-Claude Van Damme cette fois, qui assure la promo comme il en a l’habitude. Cette fois encore, la qualité de l’image risque de vous faire pleurer des larmes de sang…
L’interactivité se clôt sur le teaser d’une interview de JCVD, réalisée pour la télévision à l’occasion de la sortie de Chasse à l’homme au cinéma (1’).
L’Image et le son
Vraisemblablement, ESC Editions reprend le même master HD édité précédemment par Universal Pictures France en 2013. Néanmoins, l’ancien Blu-ray était encodé en VC-1 et passe ici AVC, plus solide et donne une plus-value à cette nouvelle édition en Haute-Définition du film de John Woo. Malgré un léger manque de concision sur certains plans, le résultat est à la hauteur des espérances. Les contrastes sont denses et très beaux, les ambiances nocturnes soignées, les teintes chatoyantes, sans oublier les séquences en extérieur lumineuses. La propreté est évidente, les détails précis (les doublures de JCVD se voient d’ailleurs nettement) et riches, la colorimétrie respecte les partis pris esthétiques originaux, tout comme le léger grain heureusement conservé lors du transfert. Enfin, n’oublions pas la profondeur de champ toujours appréciable, un relief omniprésent sur les séquences diurnes (aiguisées) ainsi qu’un piqué acéré sur les gammes plus froides.
Le film bénéficie de pistes anglaise et française (anciennement en DTS 5.1 sur le Blu-ray Universal) en DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, la spatialisation s’avère agréable, les enceintes latérales délivrent un lot fort appréciable d’ambiances naturelles, d’effets palpables, sans oublier la musique en soutien. Les bruitages sont exsudés avec force, la balance frontales-latérales est intelligemment équilibrée, l’ensemble est toujours dynamique et les basses interviennent à bon escient avec quelques pics remarquables. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, l’écoute demeure franche et limpide. Les sous-titres français ne sont pas imposés.