CALIFORNIE EN FLAMMES (California Conquest) réalisé par Lew Landers, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Cornel Wilde, Teresa Wright, Alfonso Bedoya, Lisa Ferraday, Eugene Iglesias, John Dehner, Ivan Lebedeff, Tito Renaldo…
Scénario : Robert E. Kent
Photographie : Ellis W. Carter
Durée : 1h19
Date de sortie initiale : 1952
LE FILM
Les Californiens, alors sous contrôle espagnol, repoussent une tentative des Russes pour s’emparer de leur territoire.
C’est un tout petit western. On pourrait même dire qu’il s’agit aussi d’un film de cape et d’épée en fait, un petit divertissement sans aucune prétention et destiné uniquement à convier les spectateurs à quelques aventures sympathiques pour leur faire oublier les difficultés du quotidien, tout en permettant à la Columbia de se faire au passage un maximum de billets verts. Soyons clairs, Californie en flammes – California Conquest (1952) ne reste pas et ne demeurera jamais dans les mémoires après la projection, mais s’avère une curiosité amusante, dans le sens où l’Histoire est triturée à souhait, malaxée, digérée et réinterprétée dans un but dramatique qui préfère miser sur l’efficacité plutôt que sur la réflexion. De ce point de vue-là, Californie en flammes se révèle être une récréation qui passe très vite et durant laquelle le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer.
Les années 1840. Si la Californie vit toujours sous domination mexicaine, Don Arturo Bordega et ses partisans se battent pour quelle intègre la jeune fédération des États-Unis. D’autres puissances étrangères manoeuvrent aussi pour se l’accaparer, en particulier la Russie qui, pour déstabiliser la région, s’appuie sur la rapacité de bandes armées…
Le film démarre par une belle apparition du titre, avant une remise dans le contexte historique durant laquelle on apprend qu’au XIXe siècle, quand la Californie n’était pas encore rattachée aux États-Unis, mais appartenait au Mexique, le brave Arturo Bordega luttait contre une troupe de brigands dirigée par le cruel José Martínez. Les conflits internes s’exacerbent, l’Angleterre, la France et même la Russie veulent mettre la main sur cette terre. Le Tsar s’installe à Fort Ross, un fort russe établi en Californie au début du XIXe siècle, grâce auquel il parvient à étendre son pouvoir sur le territoire Nord-Américain. L’opposition et la lutte des Californiens prennent alors une nouvelle ampleur. C’est là qu’intervient le héros de Californie en flammes, Don Arturo Bordega, interprété par l’excellent Cornel Wilde (1912-1989). Attachant d’emblée, le personnage est comme qui dirait un ersatz de Zorro / Don Diego de la Vega agissant à visage découvert, rusé comme un renard et surtout expert dans le duel à l’épée. Fine lame et bon acteur, Cornel Wilde campe un rebelle courageux et valeureux que l’on a plaisir à suivre, même au cours d’un récit souvent improbable et en aucun cas réaliste. Oublié par les spectateurs, celui qui aura pourtant été dirigé par Raoul Walsh (La Grande évasion – High Sierra), Charles Vidor (La Chanson du souvenir – A song to remember, qui lui vaudra une nomination pour l’Oscar du meilleur acteur), John M. Stahl (Péché mortel – Leave Her to Heaven), Otto Preminger (Quadrille d’amour – Centennial Summer), Douglas Sirk (Jenny, femme marquée – Shockproof), Joseph H. Lewis (Association criminelle – The Big Combo), Cecil B. DeMille (Sous le plus grand chapiteau du monde – The Greatest Show on Earth), Robert Wise (Les Rebelles de Fort Thorn – Two flags west) et bien d’autres, Cornel Wilde est un digne représentant charismatique des valeurs américaines, intrépide, malin et drôle, puisque Californie en flammes est sans cesse parcouru par un humour léger. A ses côtés, nous noterons la présence de la belle Teresa Wright (1918-2005), vue chez Alfred Hitchcock (L’Ombre d’un doute – Shadow of a Doubt), William Wyler (La Vipère, Madame Miniver, Les Plus Belles Années de notre vie), Raoul Walsh (La Vallée de la peur – Pursued) et plus tard chez Jeannot Szwarc dans le merveilleux Quelque part dans le temps – Somewhere in time, à qui le costume de cowgirl sied à ravir.
Californie en flammes est un film parmi tant d’autres, réalisés par Lew Landers (1901-1962), né Louis Friedlander, prolifique metteur en scène qui aura pour ainsi dire tout tourné et dont IMDB répertorie près de 180 longs-métrages, séries télévisées et téléfilms. Il reste essentiellement connu pour avoir signé Le Corbeau – The Raven, d’après la nouvelle d’Edgar Allan Poe, qui en 1935 réunissait alors Boris Karloff et Béla Lugosi. Hyperactif, capable de mettre en boite 12 films en une année (en 1942, son record), passant allègrement d’un genre à l’autre, Lew Landers emballe ce « western de cape et d’épée » avec suffisamment de professionnalisme et d’efficacité pour contenter une audience en quête de spectacle en Technicolor, avant de passer au film suivant.
California Conquest est volontiers romanesque et dépaysant, qui s’appuie sur un pan méconnu de l’Histoire des États-Unis et remplit sans se forcer, mais avec énergie contagieuse, un cahier des charges bien établi.
LE BLU-RAY
L’éditeur indique que certains cinéphiles essayaient de mettre la main sur Californie en flammes depuis une trentaine d’années. Ceux-ci seront donc ravis d’apprendre que le film de Lew Landers est non seulement enfin disponible en DVD, mais aussi en Haute-Définition (combo Blu-ray + DVD) ! Très beau visuel, beaucoup plus prometteur que ne l’est en réalité California Conquest. Le menu principal est animé et musical.
Le premier supplément de cette édition est un entretien avec le comédien Cornel Wilde (1987, 26’30), mené par Skip E. Lowe, qui à l’instar de l’inénarrable Henry-Jean Servat semble souvent plus intéressé par la vie privée de son invité que par sa carrière. A tel point que l’acteur semble même parfois mal à l’aise quand le présentateur insiste pour l’emmener sur ce terrain, pour en savoir plus sur ses relations avec telle ou telle actrice et sur ses rapports avec ses partenaires féminines. Heureusement, Cornel Wilde, âgé de 75 ans lors de cette interview, reste toujours très élégant et répond à son interlocuteur avec générosité. Mais il pointe aussi une nostalgie dans ses propos, surtout quand il se souvient de ses débuts, pourtant difficiles et marqués par le caractère impitoyable de certains pontes des studios hollywoodiens. « J’ai tourné beaucoup de genres de films » s’exprime Cornel Wilde, qui enchaîne aussi différentes anecdotes, que l’on a beaucoup de plaisir à écouter, surtout quand celui-ci s’exprime avec franchise. Dommage que la fin de ce module soit étrangement expédiée.
Patrick Brion est seul en piste pour défendre Californie en flammes (9’) sur ce Blu-ray. L’historien du Cinéma et créateur du Cinéma de Minuit, fait comme d’habitude un petit tour d’horizon des westerns sortis la même année que le film de Lew Landers, qui apparaît alors encore plus minuscule puisqu’en 1952 sortent Les Affameurs, Le Train sifflera trois fois et La Captive aux yeux clairs. Autant dire que California Conquest ne joue pas dans la même catégorie, ce qui n’empêche pas Patrick Brion de défendre ce petit film « extrêmement curieux » qu’il aime bien et qui lui permet d’évoquer la carrière impressionnante de son metteur en scène. Le casting est aussi passé au peigne fin, dont la filmographie de Cornel Wilde, qui selon-lui est « une des bonnes raisons de revoir Californie en flammes ».
L’Image et le son
Le Blu-ray – au format 1080p – de Californie en flammes est annoncé comme étant une première mondiale. N’attendez surtout pas une révolution dans le domaine de la Haute-Définition, mais certains amateurs ne manqueront pas de mettre la main sur ce film longtemps attendu. Le Technicolor manque néanmoins d’éclat et les teintes demeurent assez délavées, brunâtres ou pâles. Le piqué est en plus aléatoire, tout comme le rendu de la texture argentique, parfois lissée, les détails sont appréciables sur les gros plans, beaucoup moins sur les plans larges. Mais l’image, malgré des poussières diverses et quelques rayures verticales, est propre, c’est déjà ça. Un Blu-ray dans la « moyenne moins » dirons-nous.
Privilégiez sans rechigner la version originale DTS-HD Master Audio 2.0, fluide, aérée, propre, claire, qui restitue avec efficacité les dialogues et les ambiances annexes. Les sous-titres ne sont pas imposés. La piste française est nettement plus datée avec des répliques qui paraissent souvent couvertes ou pincées. Signalons que cette option est incomplète et certaines répliques passent automatiquement en anglais STF.