Test Blu-ray / Body Trash, réalisé par Philip Brophy

BODY TRASH (Body Melt) réalisé par Philip Brophy, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 16 mai 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Gerard Kennedy, Andrew Daddo, Ian Smith, Vince Gil, Regina Gaigalas, Neil Foley, Anthea Davis, Matthew Newton…

Scénario : Philip Brophy & Rob Bishop

Photographie : Ray Argall

Musique : Philip Brophy

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Une nouvelle vitamine est testée en secret sur les habitants d’une petite ville australienne, alors que jusqu’ici, tous les essais se sont révélés mortels. Un homme ayant participé aux précédents tests tente de donner l’alerte, mais, contaminé, il décède dans des circonstances atroces. Deux policiers mènent l’enquête, tandis que mutations, effets secondaires violents et hallucinations se multiplient dans la population.

Nous sommes ici clairement entre Street Trash (1987) de Jim Muro et Re-Animator (1985) de Stuart Gordon, un body-horror passé à la sauce Vegemite, vous savez cette pâte à tartiner noire étrange venue du pays des kangourous ! Body Trash, ou Body melt en version originale, est le premier et à ce jour le seul long-métrage de Philip Brophy, touche-à-tout en musique et en cinéma, qui après un court (No Dance, 1985) et un moyen-métrage (Salt, Saliva, Sperm and Sweat, 1988), décide de se lancer dans le grand format, histoire de régler quelques comptes avec sa contrée. C’est peu dire que tout le monde en prend plein la tronche dans cet opus d’horreur décomplexé et bourré d’inventions, qui peine cependant à maintenir l’intérêt du spectateur en raison d’un rythme et d’un scénario bien trop décousus. Heureusement, quelques séquences gores bien senties viennent redynamiser un peu l’ensemble, mais en dépit d’une durée ramassée de 79 minutes, l’ennui peut s’installer à plusieurs reprises. Si Body Trash est culte pour de nombreux spectateurs amateurs du genre, il est moins sûr qu’il fasse de nouveaux adeptes aujourd’hui…

Une nouvelle vitamine, la « Vimuville » est testée secrètement sur les habitants de la petite bourgade australienne de Pebbles Court. Le chercheur ayant découvert la molécule, Brian Rand, a connaissance d’un précédent test, qui a conduit à la mort des sujets d’expérience. Tentant de prévenir les habitants contaminés, mais infecté lui-même à son insu par sa maîtresse et patronne Shaan qui veut couvrir la compagnie pharmaceutique, des tentacules lui sortent de la gorge et il a un accident mortel. Malgré l’enquête sur la mort de Rand menée par l’inspecteur Sam Phillips et le sergent « Johnno » Johnson, Shaan décide de continuer l’expérience, au mépris des réticences du docteur Carrera, son agent dans la place. Les résidents de Pebbles Court utilisent la Vimuville, et des effets secondaires dévastateurs, tels que des hallucinations ou des mutations atroces, commencent rapidement à apparaître dans la population et causent la mort de nombre d’habitants.

Body Trash sent le système D et l’amateurisme. Le casting est inconnu chez nous, vous dire les noms ne servirait d’ailleurs à rien, la star du film étant bel et bien Philip Brophy, également coscénariste et compositeur. Ce dernier a décidé de mettre tout ce qui lui passait par la tête dans Body Trash, des banlieues aseptisées qui ressemblent presque à des décors de cinéma, le culte du sport et donc du corps (mention spéciale aux bodybuildés crétins), une dégénérescence des rapports humains, pour ne pas dire de l’être humain en général, l’omniprésence de la publicité…un gloubi-boulga de thèmes, malaxés, triturés, jetés à la tronche du spectateur et tant pis si ça passe ou si ça casse. Cela n’a pas été du goût du public Australien, tandis que le reste du monde allait bien accueillir cette succession de scènes étranges, nawaks, crades, gênantes, flippantes et jubilatoires la plupart du temps.

Nommé au prix du meilleur montage (pourtant, c’est l’un des gros points faibles de Body Melt), meilleurs costumes et meilleur son lors des Australian Film Institute Awards en 1994, ainsi que pour le prix du meilleur film sorti en vidéo, par l’Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur, Body Trash a su marquer certain esprits. On peut penser que cela a été le cas pour Coralie Fargeat, puisque certains points et motifs semblent avoir été repris dernièrement pour The Substance, y compris dans sa musique électro marquée par des basses qui vous rentrent dans l’estomac. Il y a une certaine liberté impossible, voire impensable aujourd’hui, qui irrigue Body Melt, délire visuel qui se permet tout. Le meilleur du film repose sur une famille « étrange », qui rappelle presque celles de La Colline a des yeux de Wes Craven ou Massacre à la tronçonneuse 2 de Tobe Hooper, mais dont l’issue reste en suspend, comme si le metteur en scène ne savait plus quoi faire de ses personnages.

Tout cela peut donner un peu mal à la tête, alors plutôt que du Doliprane, n’hésitez pas à tester la Vimuville. En l’état, Body Trash demeure un spectacle foutraque qui vaut assurément plus pour sa forme (les effets spéciaux et les maquillages sont d’ailleurs très réussis), plutôt que pour son fond finalement banal dans le genre satire. Amusant, mais rien d’inoubliable ou d’indispensable.

LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRET

Rimini Éditions revient encore à sa collection Angoisses, avec Body Trash, sorti en 2001 en DVD chez Seven7, uniquement en version française. Le film de Philip Brophy se voit dérouler le tapis rouge et bénéficie d’une superbe édition, qui reprend les couleurs habituelles de l’anthologie d’épouvante que nous adorons. Les deux disques et le livret sont disposés dans un Digipack à trois volets, glissé dans un fourreau cartonné, merveilleusement illustré. Le livret (24 pages) de Marc Toullec aborde comme d’habitude la genèse et la production du film, la carrière singulière de son réalisateur, la sortie et la pérennité de cet opus d’horreur. Le menu principal est animé et musical.

Le seul bonus disponible sur cette édition est une intervention de la chroniqueuse cinéma de genre, Lilyy Nelson, officiant sur Le Blog du Cinéma / Jumpscare Podcast (16’). Si ses propos ne manquent pas d’intérêt, la forme est irritante avec une coupe au montage toutes les dix secondes, sans doute le temps nécessaire à l’invitée de Rimini pour changer de panneau et reprendre ses arguments. Autrement dit, il faut faire preuve de patience (près de cent coupes quand même si l’on fait le calcul), un peu comme lorsque vous écoutez un Youtubeur du style Regelegorila (si vous ne connaissez pas, on vous déconseille de tenter). Dommage, car en ce qui concerne le fond, tout y est (y compris un beau retour sur la carrière du réalisateur et la Ozploitation) et c’est ce qu’on est en droit d’attendre pour un film de cet acabit. Mais la copie est à revoir.

L’Image et le son

Pas mal, pas mal cette édition Blu-ray de Body Trash ! Ce master HD s’en tire avec les honneurs avec des couleurs fraîches (le maquillage est presque trop « net » d’ailleurs), des contrastes élégants, un ensemble propre, une luminosité plaisante sur les séquences diurnes et une texture argentique palpable et très appuyée sur certains plans, le film ayant été tourné en 16mm et gonflé en 35mm par la suite. Aucun point négatif, la copie est stable d’entrée de jeu, du moins après la publicité en ouverture, le piqué est aussi inédit qu’incisif, les détails sont riches sur les nombreux gros plans, la propreté est irréprochable.

En plus de la Stéréo (impeccable), la version originale bénéficie d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1 exemplaire et limpide, restituant les dialogues avec minutie, ainsi que la partition électro qui jouit d’un coffre inédit. Les effets sont solides, le confort acoustique largement assuré. Le mixage français, dispo uniquement en 2.0, est certes moins riche mais le doublage vaut son pesant de cacahuètes.

Crédits images : © Rimini Éditions / Dumb Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.