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BEETLEJUICE BEETLEJUICE réalisé par Tim Burton, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 22 janvier 2025 chez Warner Bros.
Acteurs : Michael Keaton, Winona Ryder, Jenna Ortega, Monica Bellucci, Willem Dafoe, Justin Theroux, Catherine O’Hara, Danny DeVito…
Scénario : Alfred Gough & Miles Millar
Photographie : Haris Zambarloukos
Musique : Danny Elfman
Durée : 1h44
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…
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Il est de retour ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était sérieusement attendu ! D’autant plus que ce comeback avait été teasé depuis belle lurette. Depuis même le début des années 1990. Il aura donc fallu patienter plus de 35 ans – sans tenir compte de la série animée – pour que Tim Burton livre la suite de Beetlejuice, son premier grand succès (et second long-métrage après Pee Wee’s Big Adventure), qui avait attiré plus de 600.000 spectateurs dans les salles françaises. Beetlejuice Beetlejuice débarque dans les cinémas du monde entier en 2024 et devient le plus grand succès du réalisateur depuis (l’immonde) Alice, qui datait tout de même d’une quinzaine d’années et qui avait franchi la barre convoitée du milliard de dollars. Mais en regardant la filmographie du cinéaste, cette séquelle est sans doute son opus le plus réussi et indéniablement personnel depuis Sleepy Hollow. Un quart de siècle sépare ces deux films, un gouffre temporel durant lequel Tim Burton – et c’est l’avis général de ses admirateurs – s’est perdu dans des longs-métrages plus commerciaux, où son génie s’étiolait au profit d’images de synthèses affreuses, du cabotinage de Johnny Depp, d’émotions artificielles aussi. Pas étonnant que le metteur en scène, désormais âgé de plus de 65 ans, ait voulu revenir à ses premières amours, au système D (même si Beetlejuice Beetlejuice a coûté la coquette somme de cent millions de dollars, contre 40 millions pour le premier, inflation prise en compte), aux effets spéciaux directs, aux maquettes, au trompe-l’oeil, à l’animation en volume, où il est définitivement le plus à l’aise. En reprenant quasiment l’intégralité du casting original, à l’exception du couple Baldwin-Davis (bien que l’on fasse référence aux Maitland) et de Jeffrey Jones (arrêté, condamné et reconnu coupable d’agression sur mineur), ce « Beetlejuice 2 » témoigne du regain d’inspiration de Tim Burton, qui prouve qu’il en a encore sous le capot et quand bien même cette nouvelle aventure est loin d’être parfaite, le spectacle est garanti et l’attente finalement bien récompensée.
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Lydia Deetz anime un talk-show sur le paranormal intitulé Ghost House, produit par son fiancé Rory. Lors de l’enregistrement d’une émission, Lydia croit apercevoir Beetlejuice dans le public. Peu de temps après, Delia, la belle-mère de Lydia, annonce la nouvelle du décès de son père, Charles, dévoré par un requin après le crash de son avion dans l’océan. Les Deetz se rendent à Winter River dans le Connecticut pour les funérailles, où ils récupèrent la fille de Lydia, Astrid, au pensionnat. Quand Rory demande Lydia en mariage, Astrid s’enfuit et rencontre Jeremy, dont elle tombe amoureuse.
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Et Beetlejuice dans tout cela ? Ils sont nombreux ceux qui ont critiqué le fait que le bio-exorciste n’apparaissait pas beaucoup dans cette suite. C’est vrai, mais il ne faut pas oublier qu’on ne le voyait pas non plus tant que ça dans le premier épisode. Tim Burton et Michael Keaton, comme d’habitude exceptionnel et sur lequel les années, les décennies même n’ont en rien atténué sa force comique, ont décidé de ne pas profiter de cette séquelle pour montrer plus le personnage que dans le premier. D’où peut-être cette sensation de frustration ressentie par certains spectateurs, d’autant plus que Beetlejuice, cette fois encore comme dans le premier, met longtemps à se dévoiler pleinement, autrement que de façon subliminale.
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Certes, on se moque de la fade Jenna Ortega, récupérée de la série Wednesday, dont le rôle importe peu ici et dont la présence semble être justifiée pour attirer la très jeune génération. Si Winona Ryder paraît aussi quelque peu fatiguée, Michael Keaton assure le show et fait instantanément oublier les bémols ressentis. On est heureux de revoir Catherine O’Hara (After Hours, Maman, j’ai raté l’avion !, Wyatt Earp), en pleine forme et qui a l’air aussi de s’éclater, tandis que Justin Theroux, Monica Bellucci (pour la première fois devant la caméra de son compagnon) et Willem Dafoe font pièces rapportées, comme si la qualité de la distribution semblait vouloir dissimuler les ventres mous constatés à mi-parcours. Le scénario d’Alfred Gough et Miles Millar, qui venaient de collaborer avec Tim Burton sur la série Mercredi, patine durant la première demi-heure, mais dès que les protagonistes se paument dans « l’après-vie », tout s’accélère enfin, Beetlejuice prend les choses en main et son interprète met le paquet, tout en prouvant qu’à plus de 70 piges (oui, Michael Keaton est né en 1951, faites le calcul) sa fraîcheur de jeu rendrait jaloux n’importe quel jeune premier et que son énergie est toujours aussi dévastatrice.
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Beaucoup d’idées surnagent, comme celle dite de l’origin story (et donc de la mort) de Beetlejuice, qui nous emmène dans l’Italie du 17è siècle, en N&B et dans la langue de Dante (un moment où Burton se replonge dans un style gothique sublime), où on découvre Beetlejuice dans maquillage. Si l’acte final du mariage – où le Macarthur Park de Richard Harris remplace le légendaireDay-Ode Harry Belafonte – renvoie directement à celui du premier volet, on ne boude pas notre plaisir, les décors sont aussi inspirés qu’incroyables, la photographie multicolore d’Haris Zambarloukos (pourtant souvent peu inspiré sur les Poirot de Kenneth Branagh) rend hommage à celle de Thomas E. Ackerman, qui avait contribué à la pérennité de Beetlejuice.
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Alors, s’il peut et il y aura forcément des déceptions, Beetlejuice Beetlejuice fonctionne et les frissons sont instantanés dès les premières notes du thème principal de Danny Elfman. L’esprit de Beetlejuice premier du nom est bel et bien là et grâce à lui Tim Burton retrouve son âme de sale gosse. En attendant un troisième et dernier volet, dont le titre serait évident étant donné celui du second, une ultime aventure légitime vu le succès rencontré par ce dernier (surtout aux États-Unis étrangement) avec près de 450 millions de dollars.
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LE BLU-RAY
Beetlejuice Beetlejuice débarque tout naturellement chez Warner Bros., en DVD, Blu-ray et 4K UHD. Le visuel de l’édition HD standard, reprend celui de l’affiche d’exploitation française. La jaquette est glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est fixe et musical.
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Tim Burton a beau avoir été l’un des réalisateurs à avoir enregistré le plus de commentaires audio au cours de sa carrière, celui-ci n’a jamais été à l’aise dans l’exercice. S’il est un peu plus « bavard » que d’habitude, le cinéaste semble souvent encore s’endormir devant son film. Ce commentaire audio n’étant évidemment pas sous-titré en français (Warner oblige), vous pouvez largement passer votre chemin, même si vous êtes un fan hardcore du bonhomme.
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En revanche, en ce qui concerne les suppléments en vidéo, vous en aurez pour votre argent.
L’accent est mis bien sûr sur le comeback inespéré de Beetlejuice et la raison de ce retour tardif (euphémisme). On commence donc par le making of de 28 minutes, qui donne la parole à tous les comédiens, aux scénaristes, aux producteurs, au directeur de la photographie et à tous les responsables des départements techniques, trop heureux de partager leur bonheur quant à la mise en route officielle de « Beetlejuice 2 » (titre de tournage), devenu Beetlejuice Beetlejuice pour son exploitation dans les salles mondiales. Tim Burton explique entre autres pourquoi il lui a fallu pas moins de trois décennies pour se décider à revenir à cet univers. Un déclic qui a eu lieu, quand il commençait à se demander ce que « devenait » le personnage de Lydia, avec laquelle il se sentait le plus en connexion sur le premier film.
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Un module est ensuite consacré au personnage de Beetlejuice lui-même (8’35), durant lequel Michael Keaton et Tim Burton reviennent sur sa création (le maquillage a entre autres été improvisé sur le plateau du premier film), puis sur son évolution dans le second épisode.
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On passe à un focus sur les trois actrices principales du film, Jenna Ortega, Winona Ryder et Catherine O’Hara (7’), composé d’images de tournage et d’interviews diverses.
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Ils appartiennent à l’univers de Beetlejuice, les Shrinkers font aussi leur retour dans cette suite ! Il s’agit bien évidemment des « têtes réduites », dont le fameux Bob, pour lequel les spectateurs ont beaucoup d’affection et dont le destin apporte beaucoup d’émotions dans le film. Comment ces personnages ont-ils été créés et comment sont-ils réalisés ? Les superviseurs des effets spéciaux dévoilent ces secrets dans leurs ateliers (6’30).
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Avec Beetlejuice Beetlejuice, Tim Burton renoue avec l’animation en volume, ou le stop-motion. Les animateurs se penchent sur leurs créations, la séquence du crash aérien et sur le retour du serpent de sable (9’).
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Une grande partie de Beetlejuice Beetlejuice se déroule cette fois dans l’au-delà. Ce supplément dévoile l’envers du décor en compagnie des comédiens (dont Danny DeVito, 80 ans, qui fait une apparition mémorable). Les effets spéciaux pratiques sont disséqués (on se croirait bel et bien revenus dans les années 1980) et tout le monde s’amuse avec le Baby-ttlejuice (12’).
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On s’y attendait, la longue séquence du mariage est passée au peigne fin (8’). C’est ici qu’on en sait un peu plus sur la raison de l’utilisation de la chanson MacArthur Park par Richard Harris, qui vous restera définitivement en tête une fois que vous aurez vu le film.
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L’Image et le son
L’image de ce Blu-ray au format 1080p ( AVC) frôle la perfection. D’emblée, les contrastes affichent une densité remarquable. La clarté est de mise, la définition subjugue, les couleurs sont riches, élégantes et variées, les noirs denses, le piqué est très acéré aux quatre coins du cadre, les détails abondent (le visage constellé de rides de Michael Keaton) et les nombreuses scènes nocturnes, souvent éclairées avec les néons environnants ou autres spots phosphorescents, sont vraiment très belles. L’apport HD demeure omniprésent et indispensable pour bien rentrer dans ce trip sous acide.
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Dès la première séquence, le générique donc, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Dolby Atmos TrueHD est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique très présente de Danny Elfman Lira bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’action. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. Le moindre affrontement est propice à de multiples effets du début à la fin. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique. The juice is loose !
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Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr