Test Blu-ray / Bad Moon, réalisé par Eric Red

BAD MOON réalisé par Eric Red, disponible en DVD & Blu-ray le 25 septembre 2025 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Mariel Hemingway, Michael Paré, Mason Gamble, Ken Pogue, Hrothgar Mathews, Johanna Marlowe, Gavin Buhr, Julia Montgomery Brown…

Scénario : Eric Red, d’après le roman « Thor » de Wayne Smith

Photographie : Jan Kiesser

Musique : Daniel Licht

Durée : 1h21

Date de diffusion initiale: 1996

LE FILM

Après une expédition dans une jungle reculée, Ted rend visite aux États-Unis à sa sœur Janet qui vit seule avec son fils Brett. Ted est en réalité un loup-garou qui tente de vaincre la malédiction grâce à l’amour de ses proches. Mais le berger allemand de la famille, Thor, flaire le danger et tente d’avertir et de protéger ses maîtres…

Il faut parfois attendre dix, vingt, trente ans, parfois plus à un film pour être réellement redécouvert et peut-être même obtenir un certain statut culte. C’est le cas pour Bad Moon, ou tout simplement Pleine Lune, sorti sur les écrans, essentiellement américains, en 1996. Le film de loup-garou est quelque peu revenu à l’avant-plan avec Wolf, grand succès de l’année 1994, avec Jack Nicholson et Michelle Pfeiffer, tandis qu’un septième volet (et ça, on est sûr que vous ne le saviez pas) de Hurlements, la sixième suite du film de Joe Dante donc, apparaît dans les bacs vidéos. Doté d’un budget honnête de sept millions de dollars, le réalisateur Eric Red, connu pour son travail de scénariste (Hitcher de Robert Harmon, Aux frontières de l’aube et Blue Steel de Kathryn Bigelow), va alors livrer son opus le plus célèbre à ce jour, Bad Moon, son troisième long-métrage comme cinéaste. Ainsi, après deux courts, un téléfilm, suivi de Cohen & Tate (1988, avec Roy Scheider et Adam Baldwin) et Body Parts (1991, adapté de Boileau & Narcejac), Eric Red livre une formidable série B d’épouvante, en s’inspirant du roman Thor de Wayne Smith, le titre étant tiré du nom du chien, l’un des personnages principaux du récit. C’est aussi la même chose pour Bad Moon (production James G. Robinson, qui la même année osait le remake des Diaboliques, pauvre fou), le berger allemand tenant même la dragée haute à Mariel Hemingway et Michael Paré. De là à dire qu’il leur vole la vedette, il y a un pas que…vous savez et n’en pensez pas moins si vous avez déjà vu Pleine Lune. En l’état, en dehors d’images de synthèse affreuses et particulièrement risibles (en gros, le morphing final du clip Black or White est cent fois plus réussi), Bad Moon demeure un beau spectacle du genre, solidement interprété, court (76 minutes montre en main), prenant et efficace.

De retour d’une expédition au Népal, le grand reporter Ted Harrison, après avoir cherché l’isolement le plus complet, s’installe finalement non loin de chez sa sœur Janet qui élève seule son fils Brett. À ses proches, il cache, de plus en plus difficilement, qu’il se trouve victime d’une malédiction l’amenant, les nuits de pleine lune, à se transformer en loup-garou et à tuer. Désespéré qu’aucun vaccin ne puisse le guérir du mal qui le ronge, il ne peut cacher son état à Thor, le berger allemand de la famille. Flairant la menace, lui-même soupçonné par le shérif d’être à l’origine d’au moins une attaque fatale, Thor essaie d’en avertir et de protéger ses maîtres…

L’un des gros points forts de Bad Moon, est de ne pas s’encombrer de gras, de psychologie à deux balles qui viendrait ralentir le rythme (mené à cent à l’heure), de longues plages de dialogues qui ne feraient que paraphraser l’action. Le montage, imputable à Carroll Timothy O’Meara (Conan le Barbare, rien que ça), est un modèle du genre, la photographie de Jan Kiesser (Vampire…vous avez dit vampire?) a franchement de la gueule et surtout la créature parvient à se démarquer dans le bestiaire. À l’exception de la transformation réalisée en CGI que l’on croirait élaborées sur un Amstrad 6128 à cartouche, les effets sanglants (voire gores) et surtout les maquillages sont très réussis, notamment la gueule du loup-garou à la bouche proéminente et aux crocs bien acérés. Eric Red ne dissimule pas sa créature et n’hésite pas à la montrer en gros plan à plusieurs reprises. Et le charme agit, y compris auprès du spectateur, au fait des secrets du cinéma et donc de la confection des effets spéciaux.

Mention spéciale également à la musique de Daniel Licht (Dexter, La Peau sur les os), qui parvient à retrouver une tonalité vintage renvoyant aux films d’épouvante des années 1930-40 (Henry Hull apparaît d’ailleurs à la télévision dans la peau du loup garou tiré du Monstre de Londres), avec d’autres thèmes contemporains. Quant à Michael Paré (Les Rues de feu, Moon 44, Philadelphia Experiment), acteur perdu dans les tréfonds des DTVs, il est ici impeccable et apporte une vraie ambiguïté à son personnage, à la fois victime et bourreau, prisonnier d’une malédiction, qui devient de plus en plus antipathique à mesure que l’étau se resserre sur sa personne.

Bad Moon rend compte du grand savoir-faire de son réalisateur (rien à redire sur la forme, c’est aussi propre qu’élégant), qui ne connaîtra malheureusement aucun succès à ce jour et dont le dernier téléfilm remonte désormais à dix ans (Night of the Wild, diffusé sur Syfy). Mais Pleine Lune, immense échec critique et commercial à sa sortie, est une œuvre aujourd’hui chérie par un public qui n’a eu de cesse de grandir avec les années et qui le considèrent désormais et à juste titre comme un fleuron du genre.

LE BLU-RAY

Inédit dans nos contrées en DVD et Blu-ray, Bad Moon apparaît dans les deux formats chez BQHL Éditions. Les fans du film remarqueront cette édition, puisque l’éditeur a eu, comme la plupart du temps, la bonne idée de rependre un des visuels originaux d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

En ce qui concerne les bonus, ou plutôt le seul supplément de cette édition, BQHL propose un entretien avec Julien Dupuy (40’). Le réalisateur et journaliste (Starfix Nouvelle Génération, Mad Movies) revient abondamment sur le fond et la forme de Bad Moon, film qu’il adore et cela se ressent tout au long de sa présentation. Le genre du « film de loup garou » est ainsi rapidement passé en revue (avec de nombreux oublis tout de même), avant que Bad Moon soit réellement disséqué. La carrière d’Eric Red, les effets spéciaux, les thèmes (le rapport à la sauvagerie et à la bestialité en chaque être humain), le casting sont aussi abordés. S’il aurait pu se passer de certains termes « dans l’ère du temps » du type « divulgâcher » (quelle horreur), Julien Dupuy pointe aussi les bémols du film (la scène du morphing notamment), avant de conclure par « C’est chouette Bad Moon ».

L’Image et le son

Si le master présenté a visiblement quelques heures de vol, Bad Moon est enfin proposé en France dans une édition digne de ce nom, en Blu-ray au format 1080p. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce petit lifting lui sied à ravir. Tout d’abord, la propreté de la copie est indéniable, pas totalement dépourvue de scories certes, mais au final fort acceptable. La clarté HD et la colorimétrie pimpante flattent les rétines sur les séquences en extérieur. Les contrastes sont fermes, la texture argentique préservée, le piqué est acéré et les noirs denses. Les détails sur les décors abondent, sans oublier la profondeur de champ. Des plans peuvent paraître plus doux, mais jamais le film d’Eric Red n’était apparu ainsi dans nos contrées.

Bad Moon est disponible en version originale et française DTS HD Master Audio 5.1. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française est du même acabit et le doublage est particulièrement réussi. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques. Les stéréos sont aussi présentes.

Crédits images : © BQHL Editions / Warner / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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