355 (The 355) réalisé par Simon Kinberg, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 25 mai 2022 chez M6 Vidéo.
Acteurs : Jessica Chastain, Penélope Cruz, Bingbing Fan, Diane Kruger, Lupita Nyong’o, Édgar Ramírez, Sebastian Stan, Jason Flemyng…
Scénario : Theresa Rebeck & Simon Kinberg
Photographie : Tim Maurice-Jones
Musique : Junkie XL
Durée 2h03
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Une arme technologique capable de prendre le contrôle de réseaux informatiques tombe entre de mauvaises mains. Les agences de renseignements du monde entier envoient leurs agentes les plus redoutables là où l’arme destructrice a été localisée : à Paris. Leur mission : empêcher des organisations terroristes ou gouvernementales de s’en emparer pour déclencher un conflit mondial. Les espionnes vont devoir choisir entre se combattre ou s’allier contre une terrible organisation mondiale aux funestes desseins…
Pas de bol décidément pour Simon Kinberg, qui après le méchant bide de X-Men: Dark Phoenix, qui était pourtant bien mieux que X-Men: Apocalypse et même le surestimé (pour ne pas dire ronflant) X-Men: Days of Future Past, vient de connaître un nouvel échec commercial au cinéma avec son second long-métrage en tant que réalisateur, 355 – The 355. Alors qu’il dirigeait Jessica Chastain sur Dark Phoenix, cette dernière lui a directement proposé de mettre en scène un thriller d’espionnage qu’elle désirait produire et interpréter auprès d’autres comédiennes, comme un Mission Impossible au féminin qui se déroulerait aux quatre coins du monde. Produit pour 75 millions de dollars (hors budget promotionnel), 355 n’aura même pas franchi la barre des 15 millions de dollars de recette aux Etats-Unis et n’aura réussi à engranger que 7 millions de billets verts à l’international. Un four colossal, le premier de 2022 d’ailleurs, dont l’affiche était prometteuse. Dommage car 355 (il faudra attendre la fin du film pour avoir l’explication de ce titre étrange) est un divertissement qui ne se prend pas au sérieux, complètement improbable (surtout quand nos héroïnes se bastonnent, courent et sautent avec leurs talons), mais gentiment bad-ass et violemment sexy, dans lequel Jessica Chastain, Diane Kruger (remplaçant au pied levé Marion Cotillard), Lupita Nyong’o, Penélope Cruz et Fan Bingbing rivalisent de charme et prennent un plaisir évident à se donner la réplique. C’est chouette, rondement mené, pas forcément bien emballé (les scènes d’action au montage incompréhensible), mais sans temps mort et on déconnecte son cerveau comme il se doit.
Au sud de Bogotá, en Colombie, un baron de la drogue présente à Elijah Clarke un lecteur de programme de décryptage spécial, capable d’accéder à n’importe quel système numérique sur la planète. Clarke le double et le tue juste au moment où les autorités font une descente dans le manoir. Au milieu du chaos, l’agent colombien Luis Rojas s’empare de l’appareil. Mason « Mace » Brown, agente de la CIA, est chargée d’acheter le lecteur à Rojas. Elle se rend à Paris avec son partenaire de longue date Nick Fowler, avec qui elle entretient également une relation. Mais l’affaire tourne mal, quand l’agente infiltrée allemande Marie Schmidt vole le sac contenant l’argent. Mace poursuit Marie, qui s’échappe par le métro, tandis que Nick est confronté dans une ruelle à Clarke. Au siège de la CIA, Mace apprend que Nick a été retrouvé mort. Son supérieur, Larry Marks, lui donne sa bénédiction pour récupérer le disque par tous les moyens. Mace se rend à Londres pour recruter une amie de longue date, Khadijah Adiyeme, agent britannique à la retraite du MI6. De son côté, Rojas s’arrange pour remettre le lecteur à Graciela Rivera, une psychologue sans expérience sur le terrain.
Il y a l’Américaine Mason Brown (CIA), la Britannique Khadijah (ancienne du MI6 experte en informatique), l’Allemande Marie Schmidt, la psychologue colombienne Graciela et la mystérieuse Chinoise Lin Mi Sheng. Rien à voir avec Ocean’s 8 de Gary Ross, spin-off féminin de la trilogie Ocean de Steven Soderbergh, qui réunissait Sandra Bullock, Cate Blanchet, Anne Hathaway, Sarah Paulson, Helena Bonham Carter et Rihanna, mais 355 surfe de même sur la vague féministe qui s’est emparée d’Hollywood des suites du mouvement #MeToo, mais sans appuyer ou délivrer un message quelconque. Soyons honnêtes, 355 n’a rien à dire, mais s’avère un spectacle souvent réjouissant et nawak, qui ne s’encombre d’aucune psychologie (ou le minium syndical) et qui ne propose qu’une succession quasi-ininterrompue de scènes d’action, de filatures, de retournements de situations, de quiproquos et de poursuites. Tourné en Chine, au Maroc, aux Etats-Unis, en Angleterre et à Paris (ou comment passer de Sully-Morland aux Grands Boulevards et à Porte des Lilas en quelques secondes, c’est ça la magie du cinéma), le film n’invente rien, il n’a d’ailleurs pas cette prétention, mais les ingrédients du récit sont bien dosés, le goût est appréciable et le visuel clinquant. Cependant, Simon Kinberg a toujours du mal à gérer l’espace et ses séquences agitées font mal aux yeux, même si la photographie de Tim Maurice-Jones (Arnaques, Crimes et Botanique et Snatch : Tu braques ou tu raques de Guy Ritchie, Kick-Ass 2 de Jeff Wadlow, La Dame en noir de James Watkins) a de la gueule et apporte un vernis non négligeable à l’ensemble.
La flamboyante Jessica Chastain trône sans mal sur le casting et propose aussi un sacré défilé de mode du début à la fin. Pourtant, bien qu’elle demeure – comme d’habitude – impériale, Diane Kruger vole la vedette dans le rôle de l’agente teutonne Marie Schmidt, au caractère bien trempé, aussi experte au tir qu’au couteau, bourrin comme il le faut, et on peut le dire plus crédible dans les séquences d’action que ses camarades, néanmoins sérieusement concurrencée par Fan Bingbing, vue dans Les Sentinelles du Pacifique de Feng Xiao aux côtés de Bruce Willis, Le Portrait interdit de Charles de Meaux avec Melvil Poupaud et I Am Not Madame Bovary de Feng Xiaogang, qui illumine la dernière partie de 355. Penélope Cruz participe moins à la castagne, étant donné que son personnage n’est qu’une simple psy, mais amène beaucoup d’humour et surtout l’émotion au récit. Assez rare, Lupita Nyong’o n’est pas en reste, la superbe comédienne mexico-kényane découverte il y a dix ans dans 12 Years a Slave de Steve McQueen, récupérée depuis par Marvel dans Black Panther, crève l’écran une fois de plus et on espère la revoir plus souvent au cinéma. Belle alchimie donc entre quintet, autour duquel essayent d’exister Sebastian Stan (plus connu des spectateurs pour son rôle de James « Bucky » Barnes alias le Soldat de l’hiver, devenu Le Loup Blanc chez Marvel), Édgar Ramírez et Jason Fleming, la caution masculine on va dire, dont le concours ne se résume heureusement pas à jouer les potiches.
Même s’il ne reste pas grand-chose en tête après la projection, 355 remplit son contrat sans se forcer, mais avec suffisamment de professionnalisme et de bonne humeur pour que l’on passe un bon moment durant deux heures, en très charmante compagnie.
LE BLU-RAY
En dépit de son score plus que moyen dans les salles françaises (230.000 spectateurs), 355 bénéficie tout de même d’une sortie en DVD, Blu-ray et même en 4K UHD chez M6 Vidéo. Nous nous occuperons aujourd’hui de l’édition HD traditionnelle, qui se présente sous la forme d’un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un fourreau cartonné au visuel mettant forcément en valeur nos cinq comédiennes principales. Le menu principal est animé et musical.
Peu de bonus sur cette édition. Le premier module (5’) est un montage centré sur les effets spéciaux, avec une comparaison avant/après l’intervention des génies en la matière. Un festival de fonds verts et bleus, de décors réalisés en images de synthèse, de filins de protection effacés, de décors en CGI…
Nous trouvons aussi une petite scène coupée (6’) qui prolonge la confrontation de Graciela (Penélope Cruz) et Luis Rojas (Édgar Ramírez) à l’hôtel.
L’Image et le son
M6 Vidéo livre un superbe master HD de 355, instaurant les plus belles et élégantes conditions pour se replonger dans le film de Simon Kinberg. Le cadre large 2.40 et les contrastes sont ciselés, les détails abondent, la colorimétrie est magistrale, le piqué et les noirs sont acérés, chirurgicaux même, la clarté est souvent aveuglante. La copie restitue toutes les volontés artistiques du chef opérateur Tim Maurice-Jones, le relief et la profondeur de champ sont omniprésents et l’encodage AVC solide comme un roc.
En français comme anglais, les pistes DTS-HD Master 7.1 l’environnement acoustique est particulièrement enivrant, immersif et riche. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient à bon escient, tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. La précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. La bande-son, constamment spatialisée, est superbe. C’est du lourd ! L’éditeur fournit aussi une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.