DOUBLE DÉTENTE (Read Heat) réalisé par Walter Hill, disponible en 4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook le 23 octobre 2019 chez Studiocanal
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, James Belushi, Peter Boyle, Ed O’Ross, Laurence Fishburne, Gina Gershon, Richard Bright, J.W. Smith, Brion James…
Scénario : Harry Kleiner, Walter Hill, Troy Kennedy-Martin
Photographie : Matthew F. Leonetti
Musique : James Horner
Durée : 1h44
Date de sortie initiale : 1988
LE FILM
L’un est puissant et méthodique, il garde la tête froide, il vient de Moscou. L’autre est trapu et malin, il a le sang chaud, il vit à Chicago. Les deux sont flics et partenaires…
Capitalisme…
Depuis 48 heures avec Nick Nolte et Eddie Murphy, triomphe de l’année 1982, le réalisateur Walter Hill peine à renouer avec le succès. Si Comment claquer un million de dollars par jour – Brewster’s Millions s’en est pas trop mal tiré au box-office, Les Rues de feu (1984), Crossroads (1986) et Extrême préjudice (1987) se sont véritablement plantés, surtout aux Etats-Unis. Qu’à cela ne tienne, le cinéaste retourne voir le tandem Mario Kassar et Andrew Vajna de la société Carolco et parvient à leur vendre le pitch de ce que deviendra Double détente – Red Heat. Walter Hill renoue avec le buddy-movie et emballe une comédie-policière dans l’air du temps, tout en surfant sur la popularité toujours grandissante d’Arnold Schwarzenegger, puisque les deux hommes recherchaient un projet sur lequel collaborer. Devenu un petit classique des années 1980, largement rediffusé à la télévision, Double détente est comme son titre français l’indique un excellent divertissement, bourrin comme il le faut, réalisé avec suffisamment d’efficacité, interprété avec décontraction et un humour omniprésent.
Ivan Danko, un policier russe, est envoyé à Chicago pour ramener Rostavili, le trafiquant de drogue responsable de la mort de son coéquipier. Le criminel, tombé aux mains de la police américaine dès son arrivée, attend d’être extradé. Mais, durant le transfert, il s’échappe et Danko doit, par la force des choses, s’associer à la police locale pour retrouver le fugitif. Il fait équipe avec Art Ridzik, un policier bougon qui connaît Chicago sur le bout des doigts. Malgré toutes leurs différences, les deux hommes vont devoir se serrer les coudes pour récupérer le criminel et empêcher une transaction de drogue faramineuse.
Cocaïnum !
En 1988, Arnold Schwarzenegger a le vent en poupe. Depuis Conan le Barbare et sa suite (1982, 1984), le colosse autrichien aura enchaîné coup sur coup Terminator de James Cameron, Commando de Mark L. Lester et Predator de John McTiernan. Même si Kalidor – Red Sonja de Richard Fleischer, Le Contrat de John Irvin et Running Man de Paul Michael Glaser n’ont guère brillé au box-office, sa cote de popularité ne cesse de monter en flèche et explosera définitivement en 1991 avec Terminator 2 : Le Jugement dernier. Il arbore ici l’uniforme de la police soviétique, quand il ne se promène pas à moitié à poil comme dans la scène d’introduction. Il reprend ses tics hérités du Terminator, démarche lente, balai bien placé, regard plissé comme s’il passait aux rayons x chaque personne qui passe dans son champ de vision. Le sidekick est ici représenté par l’excellent James Belushi, frère de John, jusqu’ici aperçu dans Le Solitaire – Thief de Michael Mann, Salvador d’Oliver Stone et Le Proviseur de Christopher Cain. Juste avant de tourner l’un de ses films les plus célèbres, Chien de flic – K-9 de Rod Daniel, James Belushi fait ici équipe avec Schwarzy, dans le rôle d’un inspecteur du Chicago Police Department. Buriné, amateur de jolies filles, gentiment vulgaire et cynique, Art Ridzik se voit imposer à ses côtés le capitaine de police Ivan Danko, pour mettre la main sur le dénommé Viktor Rostavili, auquel Ed O’Ross prête sa tronche légendaire. Le jeune (et maigre) Laurence Fishburne, la trogne de Peter Boyle et la déjà sexy Gina Gershon complètent le casting.
Red Heat fonctionne grâce à son rythme soutenu, son second degré qui naît de l’opposition de ses deux protagonistes, humour que l’on retrouve d’ailleurs dans l’ironique partition de James Horner, son méchant bien cliché, mais aussi bien campé, ainsi que par son dernier acte très généreux en destructions lors de la poursuite en autobus dans les rues de Chicago. A sa sortie (alors que la guerre froide prend fin), Double détente réalise un score plus ou moins correct aux Etats-Unis avec 35 millions de dollars de recette. Mais c’est en Europe où le film rencontre véritablement son public, notamment en France où Red Heat attire 1,3 million de spectateurs.
LE 4K UHD
Mine rien, Double détente est l’un des titres ayant connu le plus d’éditions et de déclinaisons au fil des années chez Studiocanal. Une édition DVD en 2001, une édition collector en 2003, un Blu-ray en 2010. Tous de qualité fort médiocre il faut bien le dire. C’est donc avec une très grande surprise que nous voyons le film de Walter Hill débouler en 4K UHD. A l’instar de Haute sécurité de John Flynn, Double détente apparaît sous la forme d’un combo présenté en édition Steelbook, qui reprend le célèbre visuel de l’affiche originale sur fond rouge. Le menu principal est identique sur le Blu-ray et le 4K, animé et musical.
L’éditeur reprend les suppléments disponibles depuis 2010 en France, ainsi que sur les galettes américaines, à savoir :
Arnold Schwarzenegger, l’homme qui portait Hollywood sur ses épaules (15’30) : il s’agit ici d’un module consacré à Schwarzy et plus particulièrement à ses débuts au cinéma, puis à l’évolution de sa carrière, jusqu’à son accession au bureau de gouverneur de Californie. Les réalisateurs Arthur Allan Seidelman (Hercule à New York), Peter Hyams (La Fin des temps), mais aussi Michel Ferry (assistant-réalisateur sur Kalidor, la légende du talisman), Yannick Dahan et Stéphane Moïssakis (réalisateurs de La Horde) s’expriment ici soit sur leurs collaborations respectives avec le comédien, soit sur ce qu’il représente dans leur cinéphilie.
Le contexte politique de Double détente (10’) : Dave Saunders, auteur de Arnold Schwarzenegger and the Movies (2009), replace ici le film de Walter Hill dans la carrière de l’acteur, mais aussi et surtout dans l’histoire politique des années 1980 avec les réformes économiques et sociales menées par le président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique, autrement dit la perestroïka. Ce qui a entraîné un changement dans la représentation des personnages russes au cinéma, avec ici pour la première fois un héros soviétique positif incarné par Arnold Schwarzenegger. Une ouverture qui a permis à l’équipe de tournage de venir filmer quelques scènes sur la Place Rouge.
Les rois de Carolco (9’30) : Mario Kassar et Andrew Vajna sont au centre de ce supplément, d’ailleurs ils y apparaissent eux-mêmes afin d’évoquer leur rencontre et leur longue collaboration. En effet, c’est à eux que l’on doit des titres emblématiques du cinéma des années 1980-90 tels que les trois premiers Rambo, Extrême préjudice, Angel Heart, Double détente (sur lequel on revient plus précisément), Haute sécurité, Total Recall, L’Echelle de Jacob, The Doors, Terminator 2 : Le Jugement dernier et Basic Instinct. Cette société de production cinématographique américaine indépendante fera finalement faillite en 1995 en raison des bides de L’Île aux pirates de Renny Harlin et de Showgirls de Paul Verhoeven. Au moment du tournage de ce module, Mario Kassar et Andrew Vajna évoquent la renaissance de Carolco, sous le nom de C-2 Pictures, qui produira Terminator 3 : Le Soulèvement des machines. Ce comeback sera de courte durée puisque C-2 Pictures fermera définitivement ses portes en 2008.
Hommage au cascadeur Bennie E. Dobbins (12’30) : Double détente est un film dédié à Bennie E. Dobbins, mythique cascadeur, décédé brutalement à l’âge de 55 ans sur le tournage de Red Heat, la dernière semaine de tournage. Moult de ses confrères lui rendent ici hommage. Bennie E. Dobbins était également un grand ami d’Arnold Schwarzenegger depuis Commando.
Ed O’Ross, comment jouer un russe ? (5’) : Né en 1949, Ed O’Ross restera pour beaucoup de cinéphiles « le russe de Double détente ». Pourtant, originaire de Pittsburgh, le comédien n’aura jamais cessé de tourner (L’Arme fatale, Dick Tracy) comme il en témoigne ici au cours d’une interview très sympathique.
Enfin, l’interactivité se clôt sur un making of d’époque (18’30), en fait un montage de plusieurs featurettes promotionnelles, composé d’interviews des comédiens (Arnold Schwarzenegger et James Belushi, visiblement très – pour ne pas dire »trop » – complices) et de nombreuses images de tournage.
La bande-annonce est également au programme.
L’Image et le son
Rhaaaa ça fait plaisir ! Après un DVD techniquement obsolète et un Blu-ray aux fraises, on se demandait ce qu’on pourrait tirer de Double détente en 4K UHD, restauré à partir du négatif original. Et franchement c’est pas mal du tout. Ce qui surprend d’emblée c’est la propreté du master, la gestion du grain, fin, très élégant, relativement absent de l’ancienne édition HD. L’ensemble retrouve une évidente clarté, les détails des visages et des textures sont très appréciables, tout comme les très beaux éclairages au néon sur les séquences nocturnes. Certes, tout n’est pas parfait, certaines variations de couleurs sont constatables, la définition peut chanceler sensiblement sur les scènes plus agitées (comme la poursuite finale), surtout quand l’action est plongée dans la fumée, ce qui donne toujours du fil à retordre et entraîne un grain plus grumeleux. Mais le résultat est globalement très positif et ce dès la première scène du hammam. Double détente est présenté en HEVC, 2160p, en Dolby Vision HDR compatible HDR10.
Double détente possède son lot de scènes de bastons aux bruitages aussi fabuleux que ridicules, et de séquences d’action pétaradantes, qui sont ici constamment mises en valeur par des effets et des ambiances, mettant à contribution et intelligemment votre installation acoustique, sans trop paraître artificielle. En anglais du moins, car contrairement à cette piste et à la langue allemande également présente ici, la version française est la seule à ne pas bénéficier de la 5.1 et doit se contenter d’une Stéréo DTS-HD Master Audio. Cela n’empêche pas cette piste d’être très claire et dynamique. Mais elle ne peut rivaliser avec la version anglaise qui crée une immersion inédite et bienvenue. Sur les trois pistes, la composition de James Horner est à la fête, surtout en 5.1 ! Et pour les amateurs, il s’agit du premier film sur lequel le grand Daniel Beretta prête sa voix à Arnold Schwarzenegger.
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