Test 4K UHD / The Substance, réalisé par Coralie Fargeat

THE SUBSTANCE réalisé par Coralie Fargeat, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 13 mars 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid, Hugo Diego Garcia, Alexandra Papoulias Barton, Oscar Lesage, Joseph Balderrama, Robin Greer…

Scénario : Coralie Fargeat

Photographie : Benjamin Kracun

Musique : Raffertie

Durée : 2h21

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Évincée de l’émission d’aérobic qu’elle présente, Elisabeth Sparkle, une actrice vieillissante, accepte de payer pour un traitement novateur. Recevant un premier colis, elle y trouve une substance lui permettant de créer un double d’elle-même, plus jeune et plus parfait. Une fois l’activation et la genèse du double réalisées, celui-ci doit alors être stabilisé chaque jour avec un autre liquide prélevé dans la moelle épinière de l’être d’origine, ceci avant de permuter au bout d’une semaine en échangeant leur sang. Elle donne ainsi naissance à Sue, qui devient vite célèbre, mais qui est censée ne faire qu’une avec elle. Du coup le retour à son corps d’origine risque d’être bien frustrant…

Il est là le film de 2024 ! The Substance, le second long-métrage de Coralie Fargeat (née en 1976), sept ans après Revenge, qui avait immédiatement révélé la réalisatrice à l’aube de ses 40 ans. Il aura fallu attendre sept années, même si elle aura signé entre temps le clip À chaque vaccination, c’est la vie qui reprend (vous vous rappelez ? C’était après le confinement…), pour que Coralie Fargeat revienne sur le devant de la scène. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente est plus que très largement récompensée. The Substance est un monument, un chef d’oeuvre instantané, qui nous retourne à la fois la tête et l’estomac, au point où l’auteur de ces mots a carrément été malade toute la nuit suivant la projection du film. Pur film de mise en scène où rien n’est laissé au hasard, merveilleusement photographié par Benjamin Kracun (Promising Young Woman d’Emerald Fennell), suintant de références cinématographiques et donc cinéphiles (l’ombre de Stanley Kubrick, de David Cronenberg, de John Carpenter et de David Lynch planent sur tout le film, ainsi que Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson et même Blanche-Neige), The Substance embarque le spectateur dans un rollercoaster émotionnel et sensoriel, comme il en déboule désormais rarement dans les salles. Le grand succès international rencontré par The Substance (près de 600.000 entrées en France, 77 millions de dollars de recette mondiale, dont plus de 17 millions récoltés sur le sol américain) est donc plus que mérité, tout comme les multiples récompenses (Prix du scénario au Festival de Cannes, Oscar des Meilleurs maquillages et coiffures, Golden Globes de la Meilleure actrice pour Demi Moore) et autres nominations (dans quatre catégories pour les Oscars et les Golden Globes). Un sans-faute pour cette nouvelle étape du film de genre, qui non seulement s’avère une des plus grandes expériences de cinéma de ces 25 dernières années, mais qui en plus ne cesse de titiller l’intellect du spectateur en lui parlant de sujets entièrement contemporains. Réservé à un public averti, déconseillé aux âmes sensibles ou si vous venez de manger, mais ne ratez sous aucun prétexte.

Elisabeth Sparkle, grande actrice de cinéma et de télévision ayant acquis une notoriété à travers le monde dont l’apogée reste lointain et qui est aujourd’hui vedette d’un programme télévisé d’aérobic, est licenciée par Harvey, son directeur de production, lui expliquant vouloir de la nouveauté juvénile qui pourrait la remplacer. Après un accident de voiture dont elle sort indemne, Elisabeth reçoit de la part d’un infirmier une mystérieuse clé USB. De retour dans son appartement, Elisabeth visionne le contenu de la clé : une publicité présentant une substance miraculeuse issue du marché noir, capable de générer une version « plus jeune, plus belle et plus parfaite » de soi-même grâce à une modification cellulaire de son ADN. Après plusieurs hésitations, Elisabeth décide de passer commande. Les consignes d’utilisation stipulent que la Substance établit une relation symbiotique entre les deux corps : Elisabeth doit transférer sa conscience d’un corps à l’autre tous les sept jours sans exception, tandis que son corps inactif reste inconscient et est nourri par intraveineuse avec un approvisionnement alimentaire hebdomadaire. L’« autre soi » nécessite également des injections quotidiennes de liquide stabilisateur extrait du corps « matrice » via une ponction lombaire pour éviter toute détérioration. Elisabeth s’injecte le sérum activateur, à usage unique, puis est prise de violentes convulsions avant qu’une version plus jeune d’elle-même ne s’extirpe de sa colonne vertébrale. L’autre-soi, qui se baptise Sue, est alors rapidement engagé par Harvey, l’ancien patron d’Elisabeth. Elle devient célèbre à la télévision. L’émission de Sue, intitulée Pump It Up, est un succès d’audience et on lui offre finalement la chance d’animer la prestigieuse soirée du nouvel an sur la chaîne. Alors que Sue mène une vie de rêve, Elisabeth, qui se déteste, s’enferme à longueur de journée dans son appartement. À l’approche de la fin de son cycle hebdomadaire, Sue sort pour faire la fête et ramène un homme dans son appartement. Voulant profiter un peu plus de la nuit, elle extrait du stabilisateur supplémentaire d’Elisabeth, ce qui lui permet de dépasser le cycle de sept jours. Le lendemain matin, Elisabeth se réveille dans son corps et constate avec horreur que son index a vieilli très rapidement. Elle appelle le fournisseur qui l’avertit que rester dans l’autre-soi plus de sept jours provoque un vieillissement rapide et irréversible de la matrice, et qu’Elisabeth doit respecter l’équilibre pour éviter que cela ne se reproduise.Bien qu’elles partagent la même conscience, Elisabeth et Sue commencent à se voir comme des individus différents et finissent par se mépriser. Elisabeth en veut à Sue pour son insouciance des consignes d’utilisations tandis que Sue est consternée par les épisodes autodestructeurs de frénésie alimentaire d’Elisabeth. Après qu’Elisabeth a eu saccagé son appartement, Sue refuse de revenir en arrière et stocke des mois de liquide stabilisateur dans des bocaux en verre.

Depuis quand Demi Moore n’avait pas été à pareille fête ? On vous laisse un peu de temps…Aucune idée ? En dehors de quelques apparitions sympathiques dans Un talent en or massif The Unbearable Weight of Massive Talent de Tom Gormican, Pire Soirée Rough Night de Lucia Aniello, puis plus loin encore dans les excellents Another Happy Day de Sam Levinson et Margin Call de J. C. Chandor , il faut vraiment remonter à À armes égales G.I. Jane de Ridley Scott pour retrouver un film événement monté sur le nom de Demi Moore. C’était en 1997. Depuis, Woody Allen, Alain Berliner, Emilio Estevez et même Lisa Azuelos l’ont fait tourner, parfois au milieu d’une large distribution, mais moins souvent en tête d’affiche. Quel plaisir de revoir Demi Moore, 62 ans, au charisme intact, aussi à l’aise dans les scènes d’horreur, que plus légères, car oui, The Substance est souvent très drôle dans la surenchère, dans l’excès, dans le jusqu’au-boutisme. The Substance y va à fond, comme si un rouleau compresseur roulait à 100 km/h et ne se retournait pas sur les dégâts qu’il occasionnait. La cinéaste s’intéresse au destin d’une star de 50 ans, qui a dépassé la date de péremption, « remerciée » par son boss (sensationnel Dennis Quaid, qui remplaçait Ray Liotta, disparu avant le tournage), libidineux (et qui s’appelle Harvey, tiens tiens), vulgaire et qui ne sait pas manger proprement ses crevettes. Celle-ci découvre alors le moyen de « revenir » en s’injectant un sérum de provenance inconnue, qui lui permet de « donner naissance » à « la meilleure version d’elle-même », plus jeune, plus ferme, plus fraîche. C’est là que la magnifique Margaret Qualley, qui a décidément le vent en poupe (ou en croupe, c’est selon), qui enchaîne les tournages à vitesse grand V (Stars at Noon, Mon année à New York, The Leftovers, mais aussi chez les frères Coen et Richard Linklater), prend le relais, tout en incarnant un « autre » versant d’Elisabeth, Sue.

The Substance rend aussi fou que son personnage principal, dont la dualité et l’affrontement (extrêmement violent et sanglant) Elisabeth/Sue font étrangement penser au duel Clark Kent/Superman dans Superman III de Richard Lester, qui était ni plus ni moins la meilleure séquence de cette suite mal-aimée. On ne peut avoir que de la compassion pour Elisabeth Sparkle (littéralement « éclat » ou « étincelles ») dont l’étoile a brillé de longues années, y compris sur le Hollywood Walk of Fame, dont l’inauguration est d’ailleurs centrale dans la scène d’exposition, avant que celle-ci commence à se dégrader avec le temps qui passe, tandis que les passants s’arrêtent moins pour la photographier, avant que d’autres se demandent tout simplement qui pouvait bien être cette personnalité, devenue une star d’aérobic à la télévision. The Substance se clôt d’ailleurs à nouveau sur cette étoile, où ce qui reste d’Elisabeth s’étale et s’étiole définitivement sur le bitume, avant de disparaître dans la cuve d’une balayeuse de voirie. The Substance fait l’effet d’un typhon, dans lequel est aspiré le spectateur, jusqu’au GRAND MOMENT final, celui où devenu Monstro Elisasue, Elisabeth/Sue se rend à la soirée de sa vie, pour se produire devant une assemblée (et une cinquantaine de millions de téléspectateurs) loin de se douter de ce qui va se passer. Cette fois encore, attention à la nausée qui pourrait poindre sans que vous vous y attendiez.

Tourné entre Epinay sur Seine, Nice, Cannes et Antibes, The Substance est une tragicomédie fantastico d’horreur (mention spéciale aux maquillages et aux effets visuels), une parabole féministe (sans la pesanteur qui pollue habituellement le cinéma depuis le mouvement Metoo et le wokisme), un mélange des genres unique, qui dézingue la vulgarité du star system qui filme les jeunes femmes à hauteur de cul ou de poitrine, demande aux belles nanas de sourire (parler n’est pas ce qu’on leur demande en priorité), le tout doublé d’une gigantesque déclaration d’amour au cinéma.

C’est notre Palme d’or, notre Oscar du meilleur scénario, de la meilleure actrice, du meilleur film et de la meilleure réalisatrice. Notre film numéro 1 de 2024. L’un de nos plus grands traumatismes aussi sans doute.

LE 4K UHD

The Substance est l’un des grands titres de l’année pour Metropolitan Film & Video. L’éditeur propose donc naturellement le film de Coralie Fargeat en DVD, Blu-ray et 4K UHD. Notons aussi l’existence d’un Boîtier SteelBook limité comprenant les disques 4K Ultra HD et Blu-ray. Le menu principal est animé et musical.

En ce qui concerne les suppléments, c’est là que le bât blesse. Outre la bande-annonce et un teaser, nous ne trouvons qu’un bonus, une conversation entre Guillermo del Toro et Coralie Fargeat (17’). Le premier mène l’entretien en grand connaisseur du film de monstre, tandis que la réalisatrice dissèque les thèmes qu’elle a voulu aborder avec The Substance. Coralie Fargeat parle de ses références, recoupe les motifs de son second long-métrage avec ceux de Revenge, expliquant qu’elle a eu « besoin de laisser sortir quelque chose », une intention représentée entre autres durant l’acte final, « de façon chaotique » comme l’indique Guillermo Del Toro. Le courant passe indéniablement bien entre les deux intervenants et on est en droit de penser que le metteur en scène du Labyrinthe de Pan produise un jour un opus de Coralie Fargeat.

L’Image et le son

Que dire, si ce n’est que Metropolitan semble repousser une fois de plus les limites de la 4K UHD (Dolby Vision/HDR10) avec cette magnifique édition de The Substance ! Coralie Fargeat et son chef opérateur Benjamin Kracun ont opté pour un tournage entièrement numérique. C’est un sans-faute technique : relief, colorimétrie, piqué (chirurgical), contrastes (extraordinaires), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes, et chaque détail aux quatre coins de l’écran est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Une galette de démonstration de plus sortant de l’usine de l’éditeur au cheval ailé !

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique percutante de Raffertie bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets fracassants dans la dernière partie. Présence d’une piste Audiodescription et de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Working Title / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.