Test 4K UHD / Sherlock Holmes, réalisé par Guy Ritchie

SHERLOCK HOLMES réalisé par Guy Ritchie, disponible en 4K Ultra HD + Blu-ray le 16 septembre 2020 chez Warner Bros. Entertainment France.

Acteurs : Robert Downey Jr., Jude Law, Rachel McAdams, Mark Strong, Eddie Marsan, Robert Maillet, Kelly Reilly…

Scénario : Lionel Wigram, Michael Robert Johnson, Anthony Peckham, Simon Kinberg d’après les personnages créés par Sir Arthur Conan Doyle

Photographie : Philippe Rousselot

Musique : Hans Zimmer

Durée : 2h08

Année de sortie : 2009

LE FILM

Aucune énigme ne résiste longtemps à Sherlock Holmes… Flanqué de son fidèle ami le Docteur John Watson, l’intrépide et légendaire détective traque sans relâche les criminels de tous poils. Ses armes : un sens aigu de l’observation et de la déduction, une érudition et une curiosité tous azimuts; accessoirement, une droite redoutable. Mais une menace sans précédent plane aujourd’hui sur Londres – et c’est exactement le genre de challenge dont notre homme a besoin pour ne pas sombrer dans l’ennui et la mélancolie. Après qu’une série de meurtres rituels a ensanglanté Londres, Holmes et Watson réussissent à intercepter le coupable : Lord Blackwood. A l’approche de son exécution, ce sinistre adepte de la magie noire annonce qu’il reviendra du royaume des morts pour exercer la plus terrible des vengeances. La panique s’empare de la ville après l’apparente résurrection de Blackwood. Scotland Yard donne sa langue au chat, et Sherlock Holmes se lance aussitôt avec fougue dans la plus étrange et la plus périlleuse de ses enquêtes…

Grand succès commercial de l’année 2009 avec plus d’un demi-milliard de dollars de recettes à l’international, Sherlock Holmes de Guy Ritchie (né en 1968) aura pourtant fait grincer pas mal de dents chez les passionnés du célèbre détective privé. Apparu en 1887 dans le roman Une étude en rouge, le personnage de Sherlock Holmes a été le héros de 4 romans et 56 nouvelles signés Sir Arthur Conan Doyle (1859-1930). Ce dernier a également mis en scène son héros dans 3 pièces de théâtre et 2 textes parodiques. En fait, Sherlock Holmes version Ritchie est adapté d’un comic book (non édité) de Lionel Wigram, inspiré des personnages créés par Sir Arthur Conan Doyle. On comprend mieux alors pourquoi le réalisateur se laisse aller à quelques expériences visuelles disons « originales », ainsi qu’à un traitement personnel réservé à ses protagonistes. Sherlock Holmes est un divertissement bourrin et sans aucune finesse, mais portée par l’enthousiasme et l’évidente complicité de ses deux stars, Robert Downey Jr. et Jude Law, qui en font des caisses, tout en assurant aussi bien dans la comédie (poussive) que dans les scènes d’action (souvent aberrantes). Tout cela pour dire que Sherlock Holmes n’a pas eu trop de mal à trouver son public dans le monde entier, y compris en France où le film a su rassembler plus de 2,1 millions de spectateurs.

Sherlock Holmes et son acolyte, le Dr John Watson, parviennent à interrompre à temps un rituel de magie noire dans une crypte, orchestré par lord Blackwood, responsable de la mort de cinq jeunes femmes, et le confient aux hommes du commissaire Lestrade. Trois mois plus tard, Holmes essaie d’empêcher les fiançailles de son ami John Watson qui réside avec lui, ce dernier voulant se marier avec Mary Morstan. N’ayant plus d’enquête, Holmes s’ennuie fermement, essayant de s’occuper par diverses activités inutiles. Watson vient chercher le détective : Blackwood veut le voir avant de mourir. Holmes se rend alors à la prison et observe qu’une malédiction y prend place : Blackwood contrôlerait le cerveau des criminels. De sa cellule, le magicien jure qu’il reviendra d’entre les morts et qu’il y aura trois morts de plus, que Holmes ne comprendra pas et qu’il ne pourra pas empêcher. Le lendemain, Blackwood est pendu, et Watson lui-même est chargé de constater le décès. Quelques jours plus tard, Irene Adler, criminelle de renom et grand amour de Holmes, resurgit dans sa vie. Holmes accepte alors la proposition d’Irene : retrouver un homme pour elle contre une somme d’argent. Curieux, Holmes la suit discrètement en se déguisant pour ne pas se faire repérer, et découvre que son commanditaire, caché dans l’ombre, semble très dangereux. Un officier envoyé par Lestrade débarque alors chez eux leur expliquant que le gardien du cimetière a remarqué Blackwood sortir du lieu en pleine nuit. Arrivé au cimetière, Holmes retrouve mort l’homme roux qu’il recherchait pour Irene, dans le cercueil que Blackwood devait occuper initialement, et le corps de celui-ci a disparu.

Foutraque, navrant, long, lourd, on pourrait continuer longtemps ainsi pour définir Sherlock Holmes. Néanmoins, le sixième long-métrage de Guy Ritchie ne manque pas non plus de qualités et on ne pourra pas reprocher au cinéaste d’avoir voulu remplir son cadre en reconstituant notamment la ville de Londres à la fin du 19è siècle. Ses costumes sont élégants, ses décors sont beaux, rien à redire là-dessus, même si ceux réalisés en images de synthèse se voient comme le nez au milieu de la figure, mais son film a de la gueule et une vraie patte visuelle. Pour cela, Guy Ritchie est surtout bien épaulé par le chef opérateur Philippe Rousselot (Diva, La Lune dans le caniveau, L’Ours, Et au milieu coule une rivière) qui rend l’ensemble cohérent et pas déplaisant à regarder. Tiens, en parlant d’éléments agréables à admirer, on ne pourra pas faire l’impasse sur les deux actrices du film, la britannique Kelly Reilly (Wendy dans la trilogie L’Auberge espagnoleLes Poupées russesCasse-tête chinois de Cédric Klapisch) et aussi et surtout la sublime Rachel McAdams, qui tient la dragée haute à son partenaire Robert Downey Jr. dans le rôle d’Irene Adler, l’équivalent au féminin de Sherlock Holmes.

Puisqu’on en est à évoquer le casting, la star du film, qui venait de faire un comeback inattendu deux ans plus tôt en tenant le rôle-titre d’Iron Man de Jon Favreau, surfe sur son personnage de Tony Stark, en adoptant les mêmes tics, l’accent british en plus. Charismatique, pince-sans-rire, ironique et charmeur, Robert Downey Jr. – lauréat du Golden Globe du Meilleur acteur dans un film d’aventure pour ce film – s’éclate visiblement dans les guêtres (modernisées pour l’occasion) de Sherlock Holmes, en lui apportant un aspect borderline, sale et froid, ainsi que son regard embué d’ancien camé. L’acteur apporte finalement sa pierre à l’édifice – comme un demi-frère attardé pourrait-on dire – et le pari est donc réussi. A ses côtés, Jude Law est impeccable dans la peau du docteur John Watson, parfait acolyte, à la fois protecteur et associé à part entière. Les deux rôles s’équilibrent et leur entente fonctionne à plein régime. On saluera également la prestation de Mark Strong (déjà présent dans Revolver et RockNRolla de Guy Ritchie), une fois de plus dans la peau de l’antagoniste à la grosse voix, ici dans le rôle de Lord Henry Blackwood.

Dommage que cette mouture de Sherlock Holmes croule sous des effets de style déjà pas fins à l’époque (et cela ne s’est pas arrangé depuis) quand la « Holmes-o-vision » est représentée à l’écran, autrement dit la réflexion imagée du détective quand celui-ci alors en plein combat, élabore une succession de coups destinés à mettre son adversaire au tapis. Une série de plans tournés au ralenti (avec la caméra numérique Phantom HD, capable de produire jusqu’à 3000 images seconde), immédiatement suivis du résultat final (et la plupart du temps conforme à ce qui avait été anticipé) filmé en temps réel. Ce qui pèche aussi dans ce Sherlock Holmes, c’est la pauvreté des dialogues (très bêtes) et du scénario coécrit entre autres par Simon Kinberg, « responsable » des horribles X-Men: Days of Future Past et X-Men: Apocalypse de Bryan Singer, ainsi que du dernier « officiel » en date, X-Men: Dark Phoenix, qu’il a aussi mis en scène.

Dix ans après sa sortie, on réévalue tout de même à la hausse Sherlock Holmes 2009, même si le film reste aussi léger qu’un parpaing, aussi rythmé qu’un épisode de Derrick et dépourvu de la moindre émotion. Des gros défauts qui seront étrangement corrigés dans le second opus, Sherlock Holmes : Jeu d’ombres, qui sortira deux ans plus tard et dont nous parlerons prochainement.

LE COMBO 4K + BLU-RAY

Sherlock Holmes a connu moult éditions chez Warner Bros. depuis 2011, du moins sur la forme. Entre un DVD au boîtier Amaray classique, un WB Environmental, une Ultimate Edition boîtier SteelBook – Combo Blu-ray + DVD, un combo Blu-ray + DVD, une édition Warner Ultimate (Blu-ray + Copie digitale UltraViolet) et un Blu-ray traditionnel. Dix ans après sa sortie dans les salles, l’éditeur propose un combo 4K + Blu-ray, en édition limitée Steelbook, mais aussi en boîtier classique. Le menu principal du disque UHD est fixe et musical. Les suppléments se trouvent sur l’édition Blu-ray et ne sont pas repris sur le 4K.

Pour ce qui est des bonus, vous devrez vous diriger sur le Blu-ray traditionnel, que vous possédez peut-être déjà et qui se résument tout d’abord à quelques Points Focus, huit au total (et pour une durée de 31 minutes) qui se focalisent sur la reconstitution de la ville de Londres à la fin de l’époque victorienne (5’), la création des costumes (4’), la chorégraphie des combats (4’), l’apprentissage de l’accent anglais pour Robert Downey Jr. (4’), les personnages féminins (4’), le Dr Watson et la capacité de déduction de Sherlock Holmes (4’), les collectionneurs et fans de l’oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle (3’) et les effets spéciaux (3’). Des modules évidemment constitués d’interviews de toute l’équipe, d’images de plateau, des répétitions et du tournage.

Un segment à part se concentre sur la nouvelle interprétation des écrits de Sir Arthur Conan Doyle et de ses personnages (14’), avec cette fois encore des images dévoilant les prises de vue et d’entretiens avec l’équipe, surtout des producteurs, dont le célèbre Joel Silver.

Mais le gros morceau de cette édition demeure la proposition de visionner le film en mode Maximum Movie, soit une expérience interactive durant laquelle le réalisateur Guy Ritchie intervient durant la projection et s’adresse au spectateur pour lui parler plus précisément de plusieurs séquences. Pendant que vous regardez le film, des photos, des storyboards et même des images de tournage apparaissent en PIP, ainsi que des liens qui vous amènent directement sur un point focus particulier, dont nous parlions dans la première section. Un supplément original, riche en informations et bien réalisé.

L’Image et le son

Bon…on ne va pas vous mentir, si vous possédez déjà le Blu-ray de Sherlock Holmes, inutile de repasser à la caisse, car cette mouture 4K UHD ne vous apportera rien de plus, à part peut-être des noirs plus concis. La photographie de Philippe Rousselot fait la part belle aux contrastes accentués, avec des noirs volontairement bouchés. Si cela avait été remarqué sur l’édition HD traditionnelle, ce partis-pris est poussé à son maximum ici et ce dès la poursuite qui ouvre le film, jusque dans le repaire de Blackwood. L’étalonnage a certes été revu, mais force est de constater que les techniciens n’ont sûrement pas eu grand-chose à faire sur ce coup-là. Sans surprise, le piqué est aiguisé comme la lame d’un scalpel sur les séquences diurnes, les couleurs HDR10 à dominante brune et bleutée sont désaturées à souhait, le grain caractéristique des scènes tournées en 35mm est palpable et les gros plans regorgent de détails. Il n’y a qu’à voir les grains de beauté de la magnifique Rachel McAdams et les taches de rousseur de la non-moins sublime Kelly Reilly pour s’en rendre compte. A l’instar du Blu-ray, les effets numériques semblent encore plus se détacher de l’image, ce qui malheureusement renforce leur aspect artificiel. Un peu plus et on se croirait dans le Vidocq de Pitof ! C’est là tout le dilemme entre « image définie » et « très définie » pourrait-on dire. Toutefois, entre un Blu-ray anciennement encodé en VC-1 et un 4K (HEVC) le choix est vite fait, si encore une fois ce titre manquait à votre collection.

Doit-on parler de la piste française Dolby Digital 5.1 ? Qui plus est sur une galette 4K UHD ? Non, certainement pas, d’autant plus quand on trouve en face d’elle une version originale DTS-HD Master Audio 5.1 ! Alors, aux oubliettes la langue de Molière avec son mixage obsolète (mais qui peut faire son effet chez certains) et place au grand spectacle acoustique ! Et de ce point de vue nous sommes gâtés avec quelques séquences agitées, comme les différentes poursuites ou bien la scène finale sur le London Bridge. Les dialogues sont imposants, les latérales créent une spatialisation digne de nom (toutes les scènes de rue, celles en Holmes-o-Vision), les basses sont percutantes (la séquence dans l’entrepôt maritime) et les latérales rivalisent d’effets. Tout cela pour dire que rien n’a changé par rapport au Blu-ray quoi !

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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