SHERLOCK HOLMES : JEU D’OMBRES (Sherlock Holmes: A Game of Shadows) réalisé par Guy Ritchie, disponible en 4K Ultra HD + Blu-ray le 16 septembre 2020 chez Warner Bros. Entertainment France.
Acteurs : Robert Downey Jr., Jude Law, Noomi Rapace, Rachel McAdams, Jared Harris, Stephen Fry…
Scénario : Michele Mulroney & Kieran Mulroney d’après les personnages créés par Sir Arthur Conan Doyle
Photographie : Philippe Rousselot
Musique : Hans Zimmer
Durée : 2h08
Année de sortie : 2011
LE FILM
Sherlock Holmes a toujours été réputé pour être l’homme à l’esprit le plus affûté de son époque. Jusqu’au jour où le redoutable professeur James Moriarty, criminel d’une puissance intellectuelle comparable à celle du célèbre détective, fait son entrée en scène… Il a même sans doute un net avantage sur Holmes car il met non seulement son intelligence au service de noirs desseins, mais il est totalement dépourvu de sens moral. Partout dans le monde, la presse s’enflamme : on apprend ainsi qu’en Inde un magnat du coton est ruiné par un scandale, ou qu’en Chine un trafiquant d’opium est décédé, en apparence, d’une overdose, ou encore que des attentats se sont produits à Strasbourg et à Vienne et qu’aux Etats-Unis, un baron de l’acier vient de mourir…
Personne ne voit le lien entre ces événements qui semblent sans rapport, hormis le grand Sherlock Holmes qui y discerne la même volonté maléfique de semer la mort et la destruction. Et ces crimes portent tous la marque du sinistre Moriarty.
Avec plus de 200 millions de dollars récoltés sur le sol de l’Oncle Sam et plus de 300 millions dans le reste du monde, un second épisode des aventures de Sherlock Holmes était forcément attendu et ne s’est pas fait attendre. Deux ans plus tard, débarquait sur les écrans Sherlock Holmes : Jeu d’ombres – Sherlock Holmes: A Game of Shadows. On prend les mêmes – des deux côtés de la caméra – et on recommence ? Certes. Sauf que ce deuxième opus s’avère une franche réussite où l’humour complètement décalé fonctionne à plein régime, comme si Guy Ritchie, conforté par le succès du premier film, avait enfin pu y aller à fond dans le nawak et la relation gay friendly qui unit Holmes et Watson. Contrairement à Sherlock Holmes premier du nom, ce Jeu d’ombres voit les deux héros traverser l’Europe, ce qui donne à l’enquête un côté road movie très plaisant, d’autant plus qu’ils sont accompagnés cette fois par une certaine Madame Simza Heron, interprétée par la géniale Noomi Rapace, qui participe à l’action, complète parfaitement le tandem et qui ne sera pas de trop face au professeur Moriarty, l’ennemi juré de Sherlock Holmes. Tout cela pour dire que Sherlock Holmes : Jeu d’ombres met réellement les bouchées doubles et une fois n’est pas coutume s’avère une suite qui surpasse (et de loin) le premier opus.
Cette nouvelle enquête mènera Holmes, Watson et Simza de l’autre côté de la Manche, en France, en Allemagne et en Suisse notamment. Sherlock Holmes : Jeu d’ombres repose cette fois sur un scénario coécrit par Kieran et Michele Mulroney, découverts en 2009 avec Paper Man, une comédie-dramatique portée par un casting exceptionnel, Lisa Kudrow, Emma Stone, Jeff Daniels et Ryan Reynolds, dont ils avaient signé l’histoire et la mise en scène. Les époux Mulroney apportent à ce Jeu d’ombres une autre fraîcheur, pour lequel ils reprennent évidemment les ingrédients qui ont fait le succès du premier film, tout en leur incorporant une nouvelle sensibilité et une approche différente des personnages. L’enquête est par ailleurs bien plus passionnante et la psychologie des protagonistes plus fouillée, à l’instar de Sherlock Holmes lui-même, présenté ici comme un type à la limite de la folie (et qui passe son temps à se fondre dans le décor), à la sexualité trouble, limite autiste et dont l’affrontement avec Moriarty va agir comme une auto-psychanalyse puisque Moriarty, la némésis du détective, apparaît comme étant son double inversé, comme l’autre face d’une même pièce.
Conscient de sa nouvelle aura et de l’immense attachement des spectateurs à son égard, Robert Downey Jr. se lâche encore plus que dans le premier, tout en apportant une noirceur à son personnage, qui ne transparaissait que très brièvement dans l’épisode précédent. Son face-à-face avec le redoutable sociopathe Moriarty, que Jarred Harris (Lane Pryce dans la série Mad Men, The Ward – L’hôpital de la terreur de John Carpenter) campe avec son élégance habituelle, insuffle à Sherlock Holmes : Jeu d’ombres une finesse qui manquait à l’aventure précédente, et qui est d’ailleurs souvent peu compatible avec le style habituel de Guy Ritchie. Si Sherlock Holmes n’était pas une origin story et forçait le spectateur à prendre le train en route, Jeu d’ombres n’est plus handicapé par ce parti-pris. L’action démarre d’emblée en rappelant brièvement la Holmes-o-vision, dont le principe (sur lequel nous revenons dans notre critique du premier opus) consistant à « visualiser » les prévisions mentales quasi-instantanées du détective lors de ses combats n’est plus une surprise, mais se révèle être mieux utilisé par le réalisateur, qui a appris de ses erreurs. Plus tard, la séquence de l’attaque du train reste le plus grand moment d’action et d’humour du film avec Sherlock Holmes déguisé en femme, maquillage compris, qui vire tout simplement l’épouse de Watson (Kelly Reilly), pour pouvoir affronter ceux qui réduisent les wagons en charpie, afin de leur trouer la peau. A ce titre, Noomi Rapace, tout juste révélée par Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes de Niels Arden Oplev, adaptation des romans de Stieg Larsson où elle interprétait le rôle tant convoité de Lisbeth Salander, n’est pas en reste et se montre très à l’aise dans sa première grosse production hollywoodienne, juste avant de devenir la tête d’affiche de Prometheus de Ridley Scott. Jude Law est quant à lui toujours impeccable et un contrepoint parfait à Robert Downey Jr., avec lequel l’alchimie est encore plus évidente et palpable.
Cela n’empêche pas Guy Ritchie de réitérer dans les scènes qui renvoient à celles tournées en Bullet Time dans Matrix, à l’instar de l’évasion dans la forêt, qui si elle est totalement gratuite, n’en demeure pas moins ultra-efficace et en plus de ça belle à regarder. Oublions donc Sherlock Holmes version 2009 et profitons de ce Sherlock Holmes : Jeu d’ombres, blockbuster bien givré et plus impertinent que la moyenne, rétrospectivement le meilleur film du réalisateur après Agents très spéciaux : Code UNCLE. Malgré des recettes équivalentes au premier (même si le budget était aussi plus conséquent), une troisième enquête de Sherlock Holmes était forcément envisagée. Mais le projet a maintes et maintes fois été repoussé, voire abandonné un temps. Finalement, Robert Downey Jr. et Jude Law feront enfin leur grand retour en 2021 dans un Sherlock Holmes 3 qui sera mis en scène par Dexter Fletcher, comédien (vu dans Arnaques, Crimes et Botanique de Guy Ritchie où il interprétait Soap) et réalisateur à succès de Rocketman, biopic sur le chanteur Elton John.
LE COMBO 4K UHD – BLU-RAY
A l’instar de Sherlock Holmes, Sherlock Holmes : Jeu d’ombres a connu moult éditions chez Warner Bros. depuis 2012, du moins sur la forme, entre un DVD au boîtier Amaray classique, une Ultimate Edition boîtier SteelBook – Combo Blu-ray + DVD, un Blu-ray traditionnel et un Combo Blu-ray + DVD dans la collection Premium. Quasiment dix ans après sa sortie dans les salles, l’éditeur propose un combo 4K + Blu-ray, en édition limitée Steelbook, mais aussi en boîtier classique, de cette seconde aventure de Sherlock Holmes réalisé par Guy Ritchie. Le menu principal du disque UHD est fixe et musical. Les suppléments se trouvent sur l’édition Blu-ray et ne sont pas repris sur le 4K.
Pour ce qui est des bonus, vous devrez vous diriger sur le Blu-ray traditionnel, que vous possédez peut-être déjà et qui se résument tout d’abord à quelques Points Focus, sept au total, qui se focalisent sur les scènes d’action (4’), la création du personnage de Moriarty (7’), l’alchimie entre Robert Downey Jr. et Jude Law (5’), le personnage de Mycroft Holmes (5’30), le personnage de Simza Heron (4’), la mise en scène de Guy Ritchie (3’) et les décors (6’). Des modules évidemment constitués d’interviews de toute l’équipe, d’images de plateau, des répétitions et du tournage.
Comme sur le Blu-ray de Sherlock Holmes, celui de Jeu d’ombres propose de visionner le film en mode Maximum Movie, soit une expérience interactive avec le spectateur. Mais cette fois, ce n’est pas Guy Ritchie qui sera aux commandes de ce bonus, mais Robert Downey Jr. lui-même, qui aurait pu profiter de son jour de repos (c’est lui qui le dit), mais qui a préféré passer un peu de temps avec ses fans pour parler de Sherlock Holmes : Jeu d’ombres, en intervenant durant la projection et en s’adressant (non sans humour) au spectateur pour lui parler plus précisément de plusieurs séquences. Le comédien, très à l’aise et assurant le show comme le grand professionnel qu’il est, conseille parfois à celui qui le regarde de prendre un café s’il s’est assoupi durant ses explications, tout en dévoilant les coulisses du film, les mains dans les poches. Comme sur le premier Maximum Movie Mode, des photos, des storyboards et même des images de tournage apparaissent en PIP, ainsi que des liens qui vous amènent directement sur un point focus particulier, dont nous parlions dans la première section. Un supplément original, riche en informations et bien réalisé.
Egalement présent sur ce Blu-ray, une application à télécharger, vous permettant d’accéder et d’interagir sur l’interactivité en Wi-Fi.
L’Image et le son
En ce qui concerne la partie technique, nous nous permettons de reprendre ce que nous disions sur l’image et le son de l’édition 4K du premier Sherlock Holmes, puisque le constat est similaire. Bon…on ne va pas vous mentir, si vous possédez déjà le Blu-ray (encodé en AVC contrairement au premier Sherlock Holmes qui était en VC-1) de Sherlock Holmes : Jeu d’ombres, inutile de repasser à la caisse, car cette mouture 4K UHD ne vous apportera rien de plus, à part peut-être des noirs plus concis. La photographie de Philippe Rousselot fait la part belle aux contrastes accentués, avec des noirs volontairement bouchés. Si cela avait été remarqué sur l’édition HD traditionnelle, ce partis-pris est poussé à son maximum. L’étalonnage a certes été revu, mais force est de constater que les techniciens n’ont sûrement pas eu grand-chose à faire sur ce coup-là. Sans surprise, le piqué est aiguisé comme la lame d’un scalpel sur les séquences diurnes (et celles tournées en numérique via la caméra Phantom), les couleurs HDR10 à dominante brune et bleutée sont désaturées à souhait, le grain caractéristique des scènes tournées en 35mm est palpable et les gros plans regorgent de détails. Il n’y a qu’à voir les grains de beauté de la magnifique Rachel McAdams et les taches de rousseur de la non-moins sublime Kelly Reilly pour s’en rendre compte. A l’instar du Blu-ray, les effets numériques semblent encore plus se détacher de l’image, ce qui malheureusement renforce leur aspect artificiel. Un peu plus et on se croirait dans le Vidocq de Pitof ! C’est là tout le dilemme entre « image définie » et « très définie » pourrait-on dire.
Doit-on parler de la piste française Dolby Digital 5.1 ? Qui plus est sur une galette 4K UHD ? Non, certainement pas, d’autant plus quand on trouve en face d’elle une version originale DTS-HD Master Audio 5.1 ! Alors, aux oubliettes la langue de Molière avec son mixage obsolète (mais qui peut faire son effet chez certains) et place au grand spectacle acoustique ! Et de ce point de vue nous sommes gâtés avec quelques séquences agitées, comme les différentes poursuites ou bien la scène de l’affrontement dans le train et l’évasion dans la forêt. Les dialogues sont imposants, les latérales créent une spatialisation digne de nom (la fusillade durant l’évasion au milieu des arbres encore une fois, les séquences en Holmes-o-Vision), les basses sont percutantes et les latérales rivalisent d’effets. Tout cela pour dire que rien n’a changé par rapport au Blu-ray quoi !