
QUAND FAUT Y ALLER, FAUT Y ALLER (Nati con la camicia) réalisé par Enzo Barboni, disponible en DVD, Blu-ray et Combo 4K UHD + Blu-ray, le 29 avril 2025 chez BQHL Éditions.
Acteurs : Terence Hill, Bud Spencer, Buffy Dee, David Huddleston, Faith Minton, Riccardo Pizzuti, Dan Rambo…
Scénario : Marco Barboni
Photographie : Ben McDermott
Musique : Franco Micalizzi
Durée : 1h47
Date de sortie initiale: 1983
LE FILM
Dans un bar, Doug O’Riordan, un ancien détenu, rencontre Rosco Frazer, un aventurier qui traverse les États-Unis en patins à roulettes. Là, Rosco reconnaît le camionneur qui avait failli l’écraser quelques heures plus tôt. Les deux hommes en viennent aux mains. Ayant échappé aux policiers qui les ont pris pour des voleurs de camions, Doug et Rosco embarquent sur un vol à destination de Miami en usurpant l’identité de deux passagers. Ils ne savent pas que les passagers en question sont deux agents de la CIA.

Si le résultat au box-office de Salut l’ami, adieu le trésor ! – Chi trova un amico, trova un tesoro était décevant pour le tandem Terence Hill et Bud Spencer, la chute sera encore plus brutale pour Quand faut y aller, faut y aller – Nati con la camicia, qui sort en 1983. Alors que les salles sont prises d’assaut par les spectateurs friands de découvrir Le Retour du Jedi, Flashdance, Tootsie, Rocky 3 : L’Oeil du tigre, Rambo, Octopussy, Jamais plus jamais, les trublions du cinéma italien se retrouvent pour la quatorzième fois devant la caméra et pour la quatrième fois devant celle d’Enzo Barboni (sous son pseudonyme E.B. Clucher). Si les entrées en France (1,7 million de spectateurs, ce qui n’est pas rien) demeurent à peu près identiques à celles de Salut l’ami, adieu le trésor !, celles-ci s’écroulent subitement en Allemagne, où les deux comédiens étaient jusqu’à présent en état de grâce (peut-être en raison des originales germaniques de Terence Hill), et évidemment en Italie où le film n’apparaît même pas dans le top 50 de l’année. Certes, cet opus n’est pas celui auquel on pense en premier quand on évoque Hill&Spencer et quand bien même le scénario patine souvent ici et là, celui-ci possède encore beaucoup de grands moments de franche rigolade. Alors que Sean Connery (moumouté) reprenait la pétoire de l’agent secret au service de sa Majesté et que Roger Moore se grimait en clown pour désamorcer une bombe, les amis Bud et Terence s’amusent également de leur côté à jouer les espions, toujours en toute décontraction. Malgré ses évidentes faiblesses, Nati con la camicia reste un bon moment pour les aficionados.



Libéré de prison – où il était incarcéré pour avoir coulé le yacht d’un sénateur – plus tôt que prévu, le placide Doug O’Riordan fait la connaissance de Rosco Frazer dans un restaurant. Celui-ci, qui se déplace ordinairement en patins à roulettes, reconnaît en lui le chauffeur d’un camion qui a manqué le réduire en bouillie. Il use de ses talents de ventriloque pour déclencher une immense bagarre, que la haute stature de Doug domine aisément. Devenus amis, les deux compères empruntent un poids lourd, puis se substituent à deux passagers sur un vol pour Miami, sans savoir qu’ils viennent de prendre la place des deux meilleurs agents de la CIA, engagés dans une course contre la montre pour sauver le monde de la destruction…


Marco Barboni est cette fois seul en piste pour le scénario, qui s’avère un rien poussif. D’ailleurs, cela se ressent aussi bien à la mise en scène de son père Enzo que dans l’interprétation des deux têtes d’affiche, qui paraissent étonnamment peu concernés par ce qu’ils ont à faire, Bud Spencer surtout, plus en retrait. Néanmoins, le charme opère. Il y a tout d’abord cette musique/chanson récurrente de Franco Micalizzi (« Round, Round, Runniing Around…) qui s’incruste définitivement dans la tête, une photographie soignée, des scènes d’action « à l’américaine » efficaces et bien entendu des séquences de bastons toujours aussi bien chorégraphiées que poilantes. Mais le fait de baser encore une fois l’intrigue en Floride commence à lasser et ce côté redondant n’est pas aidé par un manque de rythme.


Il faut véritablement attendre la seconde moitié du film pour que l’ensemble décolle. Là, les quiproquos se multiplient, les deux lascars affrontent des ninjas (oui oui, un peu plus on se croirait chez Luc Besson), s’amusent à endosser les costumes de deux millionnaires texans pour infiltrer une organisation criminelle dont les activités menacent la paix mondiale. Rien que ça. Les gadgets sont inventifs et l’affrontement final sur le paquebot vaut son pesant de cacahuètes. La parodie de 007 (chose amusante, Claude Bertrand, voix française habituelle de Bud Spencer était aussi celle de Roger Moore) bat son plein et s’avère bon enfant avec son méchant de pacotille, interprété par Buffy Dee (vu dans Un drôle de flic de Sergio Corbucci), sa femme fatale bad ass (Faith Minton, qu fera ensuite une belle carrière à la télévision), l’indispensable Riccardo Pizzuti (présent dans moult films du duo) qui s’en prend évidemment plein la tronche et le génial David Huddleston en boss de la CIA, qui retrouve ses compères de Deux super-flics !.


De bons et fameux seconds rôles qui épaulent les deux stars et accentuent souvent le côté bande dessinée live que Sergio Corbucci avait intégré dans Deux super-flics ! et Salut l’ami, adieu le trésor, repris et accentué par Enzo Barboni. Si le succès sera donc en demi-teinte, les deux acteurs et le réalisateur remettront le couvert une dernière fois l’année suivante pour Attention les dégâts ! – Non c’è due senza quattro…



LE 4K UHD
BQHL continue sa collection Terence Hill & Bud Spencer, pour notre plus grand plaisir. Ainsi, après Salut l’ami, adieu le trésor !, Pair & impair et Deux super-flics !, disponibles en DVD, Blu-ray et 4K, sans oublier Petit papa baston (uniquement en DVD et Blu-ray), débarque Quand faut y aller, faut y aller, toujours en HD, UHD et DVD. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Notons aussi que l’éditeur a sorti depuis Les Superflics de Miami, tandis qu’Attention les dégâts est attendu le 26 juin dans les bacs. Le menu principal est animé et musical.

Jean-François Giré, au rapport ! Durant près d’une demi-heure, le spécialiste du western, mais pas que, a une fois de plus répondu présent pour nous présenter Quand faut y aller, faut y aller. L’invité de BQHL s’exprime sur le genre parodique, en mettant ici en avant les références à la saga James Bond. Les conditions de tournage, le réalisateur, l’évolution du style comique du tandem Hill&Spencer, leur succès dans le monde entier (avec toutefois un bémol sur le sol américain), la version française et la pérennité du film sont les sujets abordés au cours de cette intervention.



L’Image et le son
A l’instar des précédents masters 4K de sa collection Hill&Spencer, BQHL ne déçoit pas outre mesure et la promotion UHD sied volontiers à la (re)découverte de Quand faut y aller, faut y aller. Une restauration tout à fait convaincante et dont le 4K se différencie du Blu-ray par une luminosité et des détails encore plus poussés. Le grain cinéma est présent, fin, élégant, le piqué est acéré, les couleurs fraîches et la propreté remarquable.

Propre et dynamique, le mixage anglais (vraisemblablement la langue du tournage, même si les comédiens sont ici doublés, comme ils le furent d’ailleurs souvent dans leur langue natale) DTS HD Master Audio Mono 2.0 ne fait pas d’esbroufe et restitue parfaitement les dialogues, ainsi que la musique de Franco Micalizzi. Mais notre préférence se tourne bien sûr vers la VF, celle qui nous a bercé, qui demeure la plus dynamique et la plus riche du lot. Les sous-titres français sont disponibles.



Crédits images : © BQHL Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr