JOHNNY ENGLISH CONTRE-ATTAQUE (Johnny English Strikes Again) réalisé par David Kerr, disponible en DVD et Blu-ray le 13 février 2019 chez Studiocanal
Acteurs : Rowan Atkinson, Emma Thompson, Olga Kurylenko, Ben Miller, Jake Lacy, David Mumeni, Adam James, Irena Tyshyna…
Scénario : Neal Purvis, Robert Wade
Photographie : Florian Hoffmeister
Musique : Howard Goodall
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
Lorsqu’un pirate informatique révèle le nom et la couverture de tous leurs agents infiltrés, les Services secrets britanniques n’ont pas d’autre choix que de rappeler le seul agent capable de les aider à débusquer le criminel : Johnny English, retraité du MI7, et désormais simple enseignant.
Etait-ce bien raisonnable ? Il semblerait que tous les sept ans, Rowan Atkinson ait décidé de renfiler le smoking de l’agent Johnny English. Après deux films Mr Bean (près de 500 millions de dollars cumulés) et deux Johnny English (320 millions récoltés), la tentation était grande pour le comédien qui cartonne à la télévision depuis 2016 dans la peau du commissaire Jules Maigret. Certes, cela fait plaisir de revoir sa trogne sur le grand écran, mais ses grimaces sont directement reprises des anciens épisodes de la série Mr Bean des années 1990, tout comme les gags et quiproquos qui n’ont pour ainsi dire pas changé. A l’instar de son personnage d’agent secret mis à la retraite, Johnny English contre-attaque est un film complètement démodé aujourd’hui. On est d’ailleurs plus mal à l’aise qu’hilare…
Cette nouvelle aventure démarre lorsqu’une cyber-attaque révèle l’identité de tous les agents britanniques sous couverture. Johnny English devient alors le dernier espoir des services secrets. Rappelé de sa retraite, il plonge tête la première dans sa mission : découvrir qui est le génie du piratage qui se cache derrière ces attaques. Avec ses méthodes obsolètes Johnny English doit relever les défis de la technologie moderne pour assurer la réussite de sa mission.
« Il ne craint rien, il n’a peur de rien, il ne comprend rien « scandait l’affiche française de Johnny English en 2003. Rowan Atkinson persiste et signe dans le rôle de l’agent le plus débile des services secrets britanniques, pour le pire et pas vraiment pour le meilleur. C’est même ce qui s’appelle tirer sur la corde, même si celle-ci est déjà bien entamée et ne tient plus que sur quelques fibres. Johnny English contre-attaque n’est pas le seul exemple dans le même genre. Mais quand on voit au générique le nom d’un réalisateur totalement inconnu, David Kerr, qui signe son premier long métrage après avoir oeuvré pendant vingt ans à la télévision (Inside No. 9), un budget divisé par deux par rapport à celui alloué au second volet, une durée moindre, un méchant falot (Jake Lacy), un thème musical qui tourne en boucle, on est en droit de se poser quelques questions sur la légitimité de cette entreprise. Comme pour Les Vacances de Mr Bean, Johnny English débarque dans le sud de la France pour accomplir sa mission, avec l’aide de son fidèle comparse Bough (Ben Miller). On connaît la suite, du moins la suite de la suite.
Rowan Atkinson n’est pas un débutant et sait ce que les spectateurs attendent de lui. Le problème, c’est qu’il n’a jamais su renouveler sa panoplie de comique, comme lors de la scène de danse endiablée ou de l’endormissement impromptu. Sur un postulat de départ qui tient sur un papier OCB, les séquences s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse, sans rythme, avec un je-m’en-foutisme, laissant au spectateur le choix de rire, de sourire, ou d’écarquiller les yeux devant des situations plutôt embarrassantes. Pourtant, âgé de 63 ans, Rowan Atkinson affiche une forme olympique et seule son énergie parvient à donner un semblant d’intérêt à ce troisième volet qui racle les fonds de tiroir. Même le charme de la sublime Olga Kurylenko – ancienne Bond Girl dans l’immonde Quantum of Solace – semble éteint et n’agit pas, c’est dire si le navire prend l’eau. Les très nombreux clins d’oeil à James Bond sont amusants, mais le scénario en abuse, jusqu’à reprendre certains décors vus GoldenEye et Casino Royale. Dans tout ce gloubi-boulga, la merveilleuse Emma Thompson surnage, mais c’est normal à force de mouliner constamment des bras. Quant à la mise en scène, elle se contente d’« enregistrer » ce qui se passe.
C’est embêtant, car moult gags auraient franchement pu donner quelque chose de très drôles, comme la scène de la réalité virtuelle, qui est de loin la meilleure du film, mais qui reste malheureusement bien trop sage. Malgré tout, cette dernière (?) mission de Johnny English, rejeton de l’Inspecteur Clouseau, Austin Powers et de Frank Drebin, a encore une fois remporté un très gros succès avec 160 millions de dollars de recette pour un budget de 25 millions. Preuve indiscutable de l’affection des spectateurs pour Rowan Atkinson.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Johnny English contre-attaque, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
L’éditeur livre un master HD de haute volée, lumineux, détaillé, formidablement contrasté et au piqué vif. Si la définition n’est toutefois pas optimale avec des scènes sombres un peu trop douces, force est de constater le soin apporté au transfert. Le cadre large bénéficie d’un beau traitement de faveur, les détails abondent sur les gros plans et les séquences extérieures diurnes, la colorimétrie est bigarrée et la compression AVC consolide l’ensemble.
Les versions française et originale disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent autant explosives et immersives dès le générique d’ouverture. La musique omniprésente du compositeur Howard Goodall, complice de Rowan Atkinson depuis La Vipère noire (1983), est constamment spatialisée, le caisson de basses est régulièrement sollicité sur les séquences d’action, les voix sont solidement plantées sur la centrale et la balance frontale demeure percutante tout du long. N’oublions pas les effets latéraux multiples sur les latérales. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.