SKIN réalisé par Guy Nattiv, disponible en DVD et Blu-ray le 3 décembre 2019 chez Lonesome Bear.
Acteurs : Jamie Bell, Danielle Macdonald, Daniel Henshall, Mike Colter, Vera Farmiga, Bill Camp, Louisa Krause, Zoe Margaret Colletti, Kylie Rogers, Colbi Gannett, Mary Stuart Masterson…
Scénario : Guy Nattiv
Photographie : Arnaud Potier
Musique : Dan Romer
Durée : 1h58
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
L’histoire vraie de Bryon “Pitbull” Widner, membre d’un gang de néo-nazis qui fera face à des conséquences mortelles lorsqu’il décidera de changer de vie…
A la base de Skin, il y a un court-métrage du même nom réalisé la même année par Guy Nattiv. Un film percutant qui a reçu l’Oscar du meilleur court métrage en 2019. S’il s’en éloigne pour la version « long métrage », le cinéaste israélien signe une œuvre coup de poing, viscéral, épatant, virtuose et qui prend aux tripes du début à la fin, inspiré par des faits réels, l’histoire de Bryon Widner, un ancien membre d’un groupe de skinhead, un néonazi, un suprémaciste blanc qui a décidé de se repentir et d’effacer ses tatouages haineux, croix gammées, rasoirs ensanglantés. Magistralement interprété par Jamie Bell, l’éternel Billy Elliot, on pense souvent au film culte d’Alan Clarke, Made in Britain, dans lequel Tim Roth incarnait également un jeune skinhead, ainsi qu’à celui de Tony Kaye, American History X, avec Edward Norton dans un de ses plus grands rôles. Il faudra désormais compter sur Skin quant au sujet épineux du néo-nazisme. Un récit sulfureux qui a sûrement effrayé les distributeurs, puisque le film de Guy Nattiv est arrivé directement dans les bacs français. Et la découverte est absolument obligatoire puisque Skin est ni plus ni moins l’un des meilleurs films de l’année 2019 !
CHASSEUSE DE GÉANTS (I Kill Giants) réalisépar Anders Walter,disponible en DVD et Blu-ray le 6 juin 2018 chez Lonesome Bear
Acteurs : Zoe Saldana, Imogen Poots, Jennifer Ehle, Noel Clarke, Madison Wolfe, Rory Jackson, Ciara O’Callaghan, Sydney Wade, Aideen Wylde…
Scénario : Joe Kelly
Photographie : Rasmus Heise
Musique : Laurent Perez Del Mar
Durée : 1h46
Année de sortie : 2017
LE FILM
Barbara est une adolescente solitaire différente des autres, et en conflit permanent avec son entourage. Ses journées au collège sont rythmées par les allers-retours entre le bureau du proviseur et la psychologue. Aux sources de l’inquiétude des adultes qui veillent sur elle, il y a son obsession pour les Géants, des créatures fantastiques venues d’un autre monde pour semer le chaos. Armée de son marteau légendaire, Barbara s’embarque dans un combat épique pour les empêcher d’envahir le monde…
En l’espace d’un an et demi, trois films traitant peu ou prou du même sujet, le deuil vu à travers le regard d’un enfant, sont sortis à quelques mois d’intervalle. Il y a eu tout d’abord A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, réalisé par J.A. Bayona, qui a connu une exploitation dans les salles. Echec totalement injustifié, mais laissons le temps faire son office. Bien que datant de 2016, il aura fallu attendre plus d’un an pour découvrir également La Neuvième Vie de Louis Drax – The 9th Life of Louis Drax d’Alexandre Aja. Merveille visuelle, expérience sensorielle qui n’a absolument rien à envier à l’oeuvre de Bayona, ce drame à la frontière du fantastique interprété par Jamie Dorman et Sarah Gadon n’a été exploité qu’en DVD et Blu-ray en France. Pas de surprise donc pour Chasseuse de géants, qui arrive également dans les bacs, sans passer par la case cinéma.
Il s’agit de l’adaptation cinématographique du roman graphique (édité chez Image Comics) I Kill Giants de Ken Niimura et Joe Kelly, ce dernier s’occupant seul de la transposition. Chasseuse de géants est une production belgo-britannico-américano-chinoise, financée par Chris Colombus (un temps envisagé à la mise en scène) via sa société 1492 Pictures. C’est aussi le premier long métrage du réalisateur danois Anders Walter, lui-même ancien dessinateur de comics, remarqué en 2014 avec son magnifique court-métrage Helium, récompensé par un Oscar. Par ailleurs, Helium, ainsi que son précédent court métrage 9 meter (2012) étaient déjà très proches de Chasseuse de géants dans ses intentions. Ce film revenait donc « de droit » à Anders Walter, qui signe un drame à la photographie très soignée, formidablement interprété et à la mise en scène élégante. Ce qui est dommage, c’est que Chasseuse de géants arrive « après la bataille » et l’on ne peut s’empêcher de faire des comparaisons avec les œuvres de Bayona et d’Aja. Surtout qu’il partage beaucoup de points communs du point de vue visuel avec A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, notamment en ce qui concerne la représentation du monde intérieur de l’enfant. Anders Walter utilise également l’animation en images de synthèse pour évoquer l’origine de ses monstres. Des ressemblances particulièrement troublantes, mais on ne peut en aucun cas parler de plagiat puisque tous ces films ont été produits et mis en scène quasi-simultanément.
S’il ne possède pas la poésie de A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, ni la virtuosité de La Neuvième Vie de Louis Drax, on ne pourra pas reprocher à Chasseuse de géants son manque de rigueur (malgré une production particulièrement chaotique), sa belle réussite technique et surtout son irréprochable direction d’acteurs. La jeune Madison Wolfe campe un personnage attachant et s’acquitte admirablement de la double facette de Barbara. On comprend très vite que la jeune fille préfère se réfugier dans son imaginaire, plutôt que d’affronter un drame qui semble toucher toute sa famille, dont s’occupe Karen, incarnée par la lumineuse Imogen Poots. Le casting compte également dans ses rangs la sublime Zoe Saldana, parfaite en psychologue qui essaye de percer la carapace de Barbara.
L’affiche peut être trompeuse. Voir cette petite fille armée, qui fait face à une créature surdimensionnée, avec pour accroche « Par les producteurs de la saga Harry Potter » annonce un film de fantasy, ce qui n’est absolument pas le cas. Chasseuse de géants est un drame intimiste et psychologique, centré sur le déni d’une adolescente, qui préfère oublier le drame qui se joue dans sa famille en ayant recours au rêve. Ou comment se raccrocher au monde de l’enfance, en l’occurrence le jeu, en essayant de repousser le plus longtemps possible l’entrée dans le monde adulte, constitué entre autres de la maladie et de la mort. La peur d’affronter ses démons, au sens propre comme au figuré.
Chasseuse de géants n’est donc pas destiné au jeune public, du moins aux spectateurs dans l’attente d’un film de science-fiction. Mais le deuil est un événement personnel et chaque spectateur est invité à projeter son propre vécu et à réaliser sa propre interprétation de ce très beau premier long métrage finalement universel et prometteur.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Chasseuse de géants, disponible chez Lonesome Bear, a été réalisé à partir d’un check-disc. Comme nous le mentionnons dans la critique, le visuel de la jaquette est comme qui dirait une arnaque puisque l’ensemble est conçu pour faire croire aux spectateurs que le film d’Anders Walter est un blockbuster à la Jack et le chasseur de géants ! Veillez à bien vous renseigner sur le long métrage avant l’achat. Le menu principal est animé et musical.
Excellente initiative de la part de l’éditeur de nous faire profiter des deux superbes courts-métrages réalisés par Anders Walter, 9 meter (17’-2012) et Helium (23’-2013), dont les thèmes (la maladie, le deuil, l’imaginaire comme échappatoire) s’avèrent très proches de Chasseuse de géants, surtout le second, récompensé par l’Oscar du meilleur court métrage de fiction en 2014.
Le reste de l’interactivité est plus anecdotique avec d’un côté un clip d’une minute consacré à la création des monstres en images de synthèse, et de l’autre un mini-making of (5’) centré sur le tournage (en Belgique) de l’affrontement de Barbara avec le titan.
L’Image et le son
Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT, Chasseuse de géantsdoit être découvert en Haute définition. Les quelques effets numériques sont très beaux, le piqué est affûté, les couleurs impressionnantes, les contrastes léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur Rasmus Heise. Quant aux diverses séquences réalisées en animation, elles sont tout simplement sublimes.
Les versions française et anglaise sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale, les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances riches, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle habilement à l’ensemble, notamment quand le géant se déplace. Un grand spectacle acoustique !