UNDER PRESSURE (Mississippi Grind) réalisé par Anna Boden et Ryan Fleck, disponible en Blu-ray et DVD le 12 octobre 2016 chez Condor Entertainment
Acteurs : Ryan Reynolds, Ben Mendelsohn, Sienna Miller, Analeigh Tipton, Yvonne Landry, James Toback…
Scénario : Anna Boden, Ryan Fleck
Photographie : Andrij Parekh
Musique : Scott Bomar
Durée : 1h45
Date de sortie initiale : 2015
LE FILM
Malchanceux et fauché, Gerry s’associe avec un joueur charismatique de poker plus jeune, Curtis, afin de retrouver enfin la chance. Les deux hommes se lancent alors dans un voyage vers les routes du Sud des États-Unis avec des visions de lointaines victoires passées.
Anna Boden et Ryan Fleck sont respectivement la scénariste et le réalisateur de l’acclamé Half Nelson, qui a connu un grand succès en 2006. Couvert de récompenses dont le Prix spécial du jury à Deauville et à Locarno, le film a également été nommé dans les festivals du monde entier, en offrant même à Ryan Gosling sa première nomination aux Oscars du meilleur acteur. Désormais associés à la mise en scène, Anna Boden et Ryan Fleck réalisent Sugar en 2008, inédit en France et Une drôle d’histoire en 2010 avec Zach Galifianakis, sorti directement en DVD dans nos contrées. Même chose pour leur dernier film, Mississippi Grind, qui arrive dans les bacs sans passer par la case cinéma. Rebaptisé Under Pressure, ce très beau drame mélancolique (jusque dans sa bande-son blues et folk) est étrangement vendu comme un film d’action avec Ryan Reynolds, dont le visage tuméfié qui semble prêt à en découdre, remplit tout le visuel de la jaquette. De même, le résumé du film mentionne à peine le personnage incarné par Ben Mendelsohn alors que ce dernier a bel et bien le premier rôle. Mais il faut bien vendre un film…Toujours est-il qu’Under pressure raconte l’histoire de Gerry (Ben Mendelsohn), quadra au bout du rouleau, accro aux jeux d’argent, endetté, divorcé et père d’une fille qu’il ne voit jamais. Un soir, autour d’une table de poker, il rencontre Curtis (Ryan Reynolds donc), séduisant trentenaire, également expert aux cartes. Roublard, charismatique, enfiévré, il s’attache rapidement à Gerry et souhaite lui venir en aide. Visiblement solitaire et ayant pas mal bourlingué, Curtis propose à Gerry de prendre la route et de tenter ailleurs de remporter le gros lot.
Né en Australie en 1969, Ben Mendelsohn a su s’imposer au fil des années comme un des comédiens les plus fascinants en activité. S’il demeure essentiellement connu dans son pays natal, le grand public a pu l’apercevoir dans Vertical Limit de Martin Campbell, Le Nouveau monde de Terrence Malick, Australia de Baz Luhrmann, mais c’est son rôle d’oncle psychopathe dans Animal Kingdom de David Michôd qui lui ouvre encore plus grand les portes du cinéma hollywoodien. Depuis Ben Mendelsohn a collaboré avec Joel Schumacher, Andrew Dominik, Christopher Nolan, Derek Cianfrance, Anne Fontaine et Ridley Scott et Danny Rayburn dans la série Bloodline. Avant de décrocher un des rôles principaux dans le très attendu Rogue One: A Star Wars Story de Gareth Edwards, Ben Mendelsohn tourne ce petit Mississippi Grind. Magnétique, bouleversant, dingue de charisme, l’acteur a peu à faire pour créer l’empathie avec les spectateurs.
A ses côtés, Ryan Reynolds trouve un de ses plus beaux rôles à ce jour. Il est d’ailleurs étonnant de voir comment le jeu du comédien canadien a su s’affirmer depuis quelques années. Il est ici d’une étonnante et belle sobriété, très élégant. L’excellente Sienna Miller apparaît également au casting, encore une fois métamorphosée et qui a toujours le don de rendre ses personnages marquants même avec peu de temps à l’écran. Dans un tout petit rôle, Analeigh Tipton, révélation de Crazy, Stupid, Love. de John Requa et Glenn Ficarra en 2011, change ici de registre et s’avère remarquable dans le genre dramatique.
Under Pressure est un film lent, plein de spleen, mais dans lequel on se sent bien et qui donne envie de se battre contre tout ce qui peut nous tomber sur la tête. L’histoire est simple, tout comme la manière dont sont abordés les sentiments, mais Under Pressure nous transporte avec les personnages (qui se dévoilent petit à petit), lancés sur les routes de la Nouvelle Orleans, en Alabama, en Iowa et dans le Massachusetts, comme si le temps était suspendu voire s’était arrêté il y a plusieurs décennies. C’est là toute la grande réussite de ce petit film qui avec sa sincérité, sa douceur et sa sensibilité, sans oublier l’alchimie entre les deux comédiens, mérite la plus large audience possible.
LE BLU-RAY
Bien que Ben Mendelsohn soit l’acteur principal du film, il n’apparaît pas sur le visuel principal de la jaquette et son nom n’est même pas mentionné ! La part belle est faite à Ryan Reynolds, plus vendeur, surtout depuis le carton de Deadpool. De plus, avec son titre « français » Under Pressure et la trogne cassée de Ryan Reynolds qui occupe les 2/3 du visuel, cette jaquette induit en erreur puisque le film est bel et bien un drame et surtout pas un film d’action ou un thriller. Le menu principal est animé et musical.
Seul supplément de cette édition, un excellent making of (17′). Composé de nombreuses images de tournage et de propos de l’équipe (les réalisateurs, les acteurs, les producteurs), ce documentaire s’avère dans le ton du film et expose posément les thèmes, les enjeux, les personnages, ainsi que les conditions de tournage.
L’Image et le son
Le Blu-ray d’Under Pressure est proposé au format 1080i. Tourné en 35mm avec un petit budget, ce Blu-ray rend compte des conditions modestes d’un film indépendant, qui peine à trouver un équilibre en Haute-Définition. Si l’on est d’abord séduit par le rendu de la colorimétrie, force est de constater que la définition chancelle à plusieurs reprises. Le piqué manque singulièrement de mordant, tout comme les détails, notamment au niveau des visages des comédiens. Le codec tente de consolider certains plans avec difficulté, surtout sur les quelques séquences sombres. De plus, la profondeur de champ est décevante, quelques fourmillements sensibles s’invitent à la partie, la gestion des contrastes étant au final aléatoire. Toutefois, certains plans sortent aisément du lot avec un relief indéniable et une clarté plaisante sur les séquences diurnes.
Ne vous attendez pas à des explosions ou des effets surround fulminants, mais les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 permettent de spatialiser la musique du film. Cependant, les dialogues auraient peut-être gagné à être un poil plus alerte sur la centrale et l’ensemble demeure essentiellement frontal en dehors des quelques plages musicales. Les ambiances naturelles se font parfois ressentir et la balance des enceintes avant et arrière est plutôt bien équilibrée, surtout sur les scènes de casino et de courses. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.
Crédits images : © Condor Entertainment / Captures Blu-ray : Franck Brissard