Test DVD / Pris de court, réalisé par Emmanuelle Cuau

PRIS DE COURT réalisé par Emmanuelle Cuau, disponible en DVD le 22 août 2017 chez Ad Vitam

Acteurs : Virginie Efira, Gilbert Melki, Marilyne Canto, Renan Prévot, Jean-Baptiste Blanc, Zacharie Chasseriaud…

Scénario : Raphaëlle Valbrune, Emmanuelle Cuau, Eric Barbier, Lise Bismuth-Vayssières

Photographie : Sabine Lancelin

Musique : Alexandre Lecluyse

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Nathalie est joaillière et vient de s’installer à Paris pour un nouveau travail avec ses deux fils. Mais la direction de la bijouterie change soudainement d’avis et lui annonce que le poste ne sera pas pour elle. Nathalie veut protéger ses enfants et décide de ne rien leur dire. De ce mensonge vont naître d’autres mensonges de part et d’autre part.

Voilà dix ans que nous attendions impatiemment le retour de la réalisatrice Emmanuelle Cuau derrière la caméra après son second long métrage et coup de maître Très bien, merci, sorti en avril 2007. Venue de l’IDHEC, elle signe son premier film en 1995, Circuit Carole, avec Bulle Ogier et Laurence Côte. Elle est également l’auteure du scénario de Secret défense de Jacques Rivette (1998) et met en scène quelques épisodes de séries télévisées (Combats de femme, Pepe Carvalho) avant de reprendre la caméra pour Très bien, merci. En 2017, Pris de court est donc son troisième long métrage et c’est encore une fois une grande réussite.

Emmanuelle Cuau coécrit le scénario avec Raphaëlle Desplechin (Tournée), Lise Bismuth et surtout l’excellent Eric Barbier, auteur et réalisateur de deux brillants polars, Le Serpent (2006) et Le Dernier diamant (2014). Dans Pris de court, on retrouve cette rigueur propre au thriller et présente dans les deux films d’Eric Barbier, alliée à la structure en engrenages déjà présente dans Très bien, merci. Emmanuelle Cuau fait basculer le drame familial vers le film à suspense, et n’hésite pas à jouer la carte du romanesque. Nathalie, joaillière, veuve, quitte le Canada avec ses deux fils pour s’installer à Paris. Elle vient en effet de se voir proposer un poste intéressant. Mais, à la dernière minute, les bijoutiers pour lesquels elle doit travailler lui annoncent que le poste n’est plus pour elle. Nathalie, qui vient de trouver un logement et d’inscrire ses fils à l’école, est désespérée. Pour protéger ses enfants, elle décide de ne rien leur dire et cherche un emploi de remplacement. Elle trouve alors du travail dans une brasserie. Bientôt, Paul, son fils aîné découvre qu’elle leur a menti. De son côté, il commence à se livrer à quelques larcins au profit de Fred, un truand du quartier. Paul est pris également dans une spirale et sa famille en vient à être menacée. Nathalie décide de prendre les choses en main pour les sortir de ces ennuis.

Nathalie est interprétée par la désormais incontournable Virginie Efira. Décidément, la carrière de la comédienne a connu une sacrée accélération depuis Caprice d’Emmanuel Mouret, puisqu’elle aura enchaîné avec Victoria de Justine Triet et Elle de Paul Verhoeven, avec qui elle se prépare d’ailleurs à tourner à nouveau, cette fois en tant qu’actrice principale. A l’instar de Gilbert Melki dans Très bien, merci, présent également au générique de Pris de court, le personnage de Virginie Efira se retrouve entraîné dans une succession d’événements peu banals, mais bien que dépassée par ce qui lui arrive, Nathalie va tenter de garder la tête haute et de s’en sortir. Emmanuelle Cuau présente son film comme un thriller familial. Le mélange des genres peut tout d’abord être étonnant et même décontenancer les spectateurs, toujours est-il que cela fonctionne parfaitement. L’étau se resserre sur les personnages, la tension est permanente et repose sur des situations auxquelles on croit pouvoir échapper et qui ne nous concernent pas, mais qui finissent par arriver au sein d’une famille monoparentale (les deux jeunes acteurs sont très bons par ailleurs) et qui espérait un nouveau départ.

La prestation de Virginie Efira est aussi formidable qu’élégante, à l’image du film, et nous sommes également ravis de voir à ses côtés la trop rare et talentueuse Marilyne Canto. Pris de court est une œuvre épurée, dépouillée même, vive et dynamique, qui va droit à l’essentiel grâce aux ellipses, sans jamais s’appesantir sur le malaise des personnages, mais qui au contraire se concentre sur leur contre-attaque en emportant ainsi les spectateurs dans un courant jusqu’à son dénouement inattendu.

LE DVD

Le DVD de Pris de court, disponible chez Ad Vitam, repose dans un boîtier classique transparent. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément, si ce n’est la bande-annonce. Vraiment dommage.

L’Image et le son

Malgré l’engouement critique, il semble qu’Ad Vitam n’ait pas jugé bon de sortir Pris de court en Blu-ray. Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là. Les couleurs sont bien loties, entre chaud et froid, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise sur toutes les séquences en extérieur et les contrastes élégants. Les détails ne manquent pas aux quatre coins du cadre, les noirs sont denses. On aurait vraiment aimé une édition HD !

Le mixage Dolby Digital 5.1 déçoit par son manque d’envergure et de peps, tant au niveau de la délivrance des dialogues que des effets latéraux. S’il n’y a pas grand-chose à redire sur la balance frontale, ce mixage ne parvient pas vraiment à créer une véritable spatialisation. Les enceintes latérales ne servent finalement qu’à mettre en relief les quelques ambiances naturelles de la ville. Bon point en revanche pour la version Stéréo, dynamique à souhait. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Ad Vitam / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Tout de suite maintenant, réalisé par Pascal Bonitzer

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TOUT DE SUITE MAINTENANT réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD le 8 novembre 2016 chez Ad Vitam

Acteurs : Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Bacri, Julia Faure, Pascal Greggory, Virgil Vernier

Scénario : Pascal Bonitzer, Agnès de Sacy

Photographie : Julien Hirsch

Musique : Bertrand Burgalat

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Nora Sator, jeune trentenaire dynamique, commence sa carrière dans la haute finance.
Quand elle apprend que son patron et sa femme ont fréquenté son père dans leur jeunesse, elle découvre qu’une mystérieuse rivalité les oppose encore.
Ambitieuse, Nora gagne vite la confiance de ses supérieurs mais entretient des rapports compliqués avec son collègue Xavier, contrairement à sa sœur Maya qui succombe rapidement à ses charmes…
Entre histoires de famille, de cœur et intrigues professionnelles, les destins s’entremêlent et les masques tombent.

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S’il n’a pas battu le record d’entrées de Rien sur Robert (1999), le réalisateur Pascal Bonitzer a connu un de ses plus grands succès en 2012 avec l’excellent Cherchez Hortense, coécrit avec la scénariste Agnès de Sacy. Les deux amis et collaborateurs se retrouvent naturellement pour Tout de suite maintenant. Le cinéaste s’entoure de comédiens qu’il connaît déjà comme Jean-Pierre Bacri (Cherchez Hortense) et Lambert Wilson (Le Grand alibi), mais bénéficie également du talent d’autres grands acteurs, Isabelle Huppert et Pascal Greggory, nouveaux dans son univers. S’il retrouve également sa fille Agathe, présente dans quatre de ses précédents longs métrage, Pascal Bonitzer engage la jeune génération, le désormais incontournable Vincent Lacoste et la délicieuse Julia Faure.

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Agathe Bonitzer est Nora Sator, recrutée dans une société qui gravite dans la haute finance.  Incidemment, elle découvre que son directeur (Lambert Wilson) et son père (Jean-Pierre Bacri) se sont fréquentés dans leur jeunesse. Une rivalité semble encore les opposer. Au fil des semaines, Nora acquiert la confiance de la direction mais ses rapports avec son collègue direct, Xavier (Vincent Lacoste, impeccable), sont compliqués. Ce dernier séduit Maya (Julia Faure), la sœur de Nora. Les vieilles histoires de famille et les antagonismes professionnels vont bientôt se révéler au grand jour.

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Avec Tout de suite maintenant, Pascal Bonitzer a voulu aborder le monde de la finance et ses « requins ». Désireux de saisir l’esprit d’une époque dans chacun de ses films, le réalisateur et prolifique scénariste cristallise le rythme trépidant de ce monde à travers le titre du film Tout de suite maintenant, qui ne laisse aucun moment de répit à ses « acteurs » principaux. La caméra ne quitte pour ainsi dire jamais Agathe Bonitzer, magnétique, qui trouve ici son premier vrai rôle de femme et qui s’en acquitte merveilleusement. Pour l’anecdote, la jeune comédienne incarnait déjà la fille de Jean-Pierre Bacri dans Les Sentiments (2006) de Noémie Lvovski. Le titre Tout de suite maintenant correspond également à la volonté de tout obtenir, l’argent, la réussite, le respect, le succès, la célébrité et l’amour dans les plus brefs délais, de plus en plus jeune.

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Agathe Bonitzer et Vincent Lacoste incarnent de jeunes loups plongés dans ce monde sans foi ni loi, elle la fille d’un ancien homme d’affaires, lui issu d’un milieu modeste qui est prêt à tout pour s’élever socialement. Mais si le monde de l’entreprise n’a pas changé ou s’est encore plus endurci, la nouvelle génération semble moins « monstrueuse » que l’était celle de leurs aînés. Nora est sans doute pleine d’ambition, prête à tout pour réussir et être reconnue pour son travail plutôt que par son nom, ses projets vont tout de même être perturbés par les sentiments qui vont naître entre elle et son collègue Xavier, même s’il commence à flirter avec sa sœur, chanteuse-serveuse dans une boîte de nuit. C’est la première fois que le cinéaste centre son récit autour d’une jeune femme, même si les personnages satellites, Bacri (impérial), Huppert (sublime), Wilson et Greggory (décalés et formidables) s’avèrent typiques de Pascal Bonitzer, à savoir des êtres en plein spleen, désenchantés, fatigués avant l’âge. Ce que ces personnages ont vécu, ce pourquoi ils se sont confrontés, disputés, déchirés, se répercute inévitablement sur la génération suivante, qui l’apprend à son corps défendant.

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Là où Jean-Pierre Bacri incarnait un fils écrasé par l’aura d’un père important et très demandé dans Cherchez Hortense, l’acteur le devient ici malgré lui puisque son nom devient un fardeau pour sa fille Nora. Même s’il n’appartient plus à ce monde, son fantôme demeure dans les couloirs froids et aseptisés désormais arpentés par sa fille. Mais les requins qui lui tournent autour semblent également la convoiter et Nora devient malgré elle le nouveau centre névralgique de toutes les frustrations et des occasions manquées, qui demeuraient jusqu’alors enfouies. Le désir de s’affirmer, de s’affranchir d’un nom célèbre dans le même milieu professionnel, tout cela fait évidemment écho avec Agathe Bonitzer, fille de Pascal Bonitzer et de Sophie Fillières. Elégamment écrit et interprété, Tout de suite maintenant confirme la fraîcheur du cinéma de Pascal Bonitzer, qui parvient à accrocher les wagons entre les générations, qui questionne le passé pour mieux comprendre le présent. Une grande réussite, intelligente et bourrée de charme.

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LE DVD

Le test du DVD de Tout de suite maintenant, disponible chez Ad Vitam, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

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L’éditeur joint un entretien intéressant de 28 minutes avec Pascal Bonitzer et sa coscénariste Agnès de Sacy. Les deux amis et collaborateurs, qui avaient déjà signé Cherchez Hortense en 2012, reviennent sur la genèse de Tout de suite maintenant, la difficulté rencontrée à l’écriture en raison de leur méconnaissance du monde de l’entreprise, les personnages, l’évolution du scénario, les thèmes explorés et inspirés par le livre autobiographique d’Anne Lauvergeon, La Femme qui résiste, dans lequel elle raconte ses débuts comme conseillère de Mitterrand. Le travail avec les comédiens, la musicalité des dialogues et les quelques coupes au montage sont également abordés.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le master d’A tout de suite maintenant est très propre et lumineux, détaillé à souhait et toujours plaisant pour les mirettes. Les séquences diurnes sont les mieux loties avec un piqué plus incisif et une colorimétrie pétillante. Les contrastes sont au beau fixe, tout comme les nombreux gros plans d’une précision sans failles. Mention spéciale aux ambiances tamisées du plus bel effet.

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Immersion totale que cette piste Dolby Digital 5.1 qui offre un confort sonore dynamique et un bel écrin acoustique. Les dialogues sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontale est ardente et les ambiances en extérieur ne sont jamais oubliées à l’instar des scènes en bord de mer. La piste stéréo est également impressionnante et propose un confort suffisant pour qui n’est pas équipé en 5.1. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en audiodescription.

atdm9Crédits images : © Ad Vitam / Captures du DVD et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr