Test Blu-ray / Le Spécialiste, réalisé par Sergio Corbucci

LE SPÉCIALISTE (Gli Specialisti) réalisé par Sergio Corbucci, disponible en combo DVD/Blu-ray et 4K Ultra HD/Blu-ray le 5 juin 2018 chez TF1 Studio

Acteurs :  Johnny Hallyday, Sylvie Fennec, Mario Adorf, Françoise Fabian, Gastone Moschin, Serge Marquand, Angela Luce, Mario Castellani…

Scénario :  Sergio Corbucci, Sabatino Ciuffini

Photographie : Dario Di Palma

Musique : Angelo Francesco Lavagnino

Durée : 1h45

Année de sortie : 1969

LE FILM

Charlie, le frère de Hud, a été lynché après avoir été injustement accusé de vol par les habitants de Blackstone. Pour le venger, Hud fait route vers la petite ville. Il est alors témoin de l’attaque d’une diligence dont il parvient à sauver les passagers. Fêté en héros, il rencontre le shérif de Blackstone puis fait la connaissance de Virginia, la veuve du banquier qui avait confié de l’argent à Charlie.

Réalisateur éclectique d’une soixantaine de longs métrages, Sergio Corbucci (1927-1990) est appelé par Johnny Hallyday lui-même, qui lui fait part de son désir de collaborer avec lui. Le metteur en scène de Django, Le Justicier du Minnesota et Le Grand Silence, sorti l’année précédente, accepte. Le western européen, qui avait explosé en 1964 avec Pour une poignée de dollars de Sergio Leone est alors à son apogée en 1969. De cette association naît Le Spécialiste (Gli Specialisti en italien), film aujourd’hui très prisé par les fans de l’idole des jeunes et qui avait connu un honnête succès à sa sortie en attirant plus d’1,2 million de spectateurs dans les salles en avril 1970. Aujourd’hui, Le Spécialiste reste une curiosité qui vaut bien plus pour la mise en scène de Sergio Corbucci que pour la prestation assez transparente de Johnny Hallyday.

Hud Dixon, cow-boy solitaire et taciturne, se rend à Blackstone, petite bourgade du Nevada, dans l’intention de venger la mort de son frère Charlie. Accusé à tort d’avoir dérobé les fonds de la banque qu’il était chargé de surveiller, ce dernier s’est fait lyncher par les gens du coin, mais le butin reste toujours introuvable. Hud est persuadé que son frère a été victime d’un complot et va tout faire pour retrouver les coupables. Les habitants ne sont pas rassurés par la présence de ce pistolero, surtout que le maire vient d’interdire l’usage des armes à feu. Dès son arrivée, Hud prend contact avec le shérif et avec Virginia, la veuve du banquier. Tous nient avoir été mêlés à la mort de Charlie et se refusent à aider Hud dans ses recherches. Entre-temps, le cow-boy sauve Sheba, une belle paysanne, des griffes de son beau-frère, un individu brutal. La jeune femme s’éprend de Hud et confirme l’innocence de Charlie. Pendant ce temps, un bandit mexicain du nom de El Diablo veut à tout prix mettre la main sur l’argent volé…

S’il reste un grand nom du cinéma bis italien, c’est avec les péplums, Romulus et Rémus et Le Fils de Spartacus, que Sergio Corbucci se fait un nom. Production franco-germano-italienne tournée dans la province de Belluno en Vénétie, Le Spécialiste est un vrai western spaghetti dans lequel Johnny Hallyday campe un pistolero hérité de l’Homme sans nom interprété par Clint Eastwood dans la trilogie du Dollar. Cheveux blonds, teint hâlé, yeux bleus reptiliens à la Franco Nero, Johnny Hallyday a une gueule, c’est indéniable, mais c’est autre chose concernant le talent d’acteur. En fait, Le Spécialiste c’est un peu comme si le chanteur arborait un déguisement réussi de cowboy, mais dans un décor artificiel du genre Frontierland d’un parc Disney. On ne croit pas à son personnage et malgré son investissement dans les scènes d’action, Johnny Hallyday n’est guère crédible dans les gunfights. S’il n’a de cesse d’imiter le regard plissé et la bouche pincée de Clint Eastwood, il prend surtout la pose en mode duckface avant l’heure et n’a pas suffisamment d’aura pour tenir le film sur ses petites épaules. D’ailleurs, le réalisateur n’est pas dupe et laisse une belle place aux seconds rôles, notamment Gastone Moschin (le Sheriff) et Mario Adorf (le révolutionnaire mexicain El Diablo).

La véritable star du Spécialiste demeure Sergio Corbucci lui-même. Le cinéaste s’intéresse aux personnages, à leurs tourments, espoirs et doutes, tout en offrant aux spectateurs ce pour quoi ils sont venus avec des fusillades rondement menées, des trahisons fatales, des règlements de comptes dans une ville où chacun semble avoir quelque chose à se reprocher. Même s’il ne peut s’empêcher de calquer encore le western américain, Le Spécialiste trouve indéniablement ses propres marques avec un style souvent baroque et le caractère pittoresque de certains tueurs ou situations, comme quand les habitants sont tous obligés de se mettre à poil et de ramper. N’oublions pas le charme et la sensualité de Françoise Fabian à qui le costume du Far West sied à ravir.

Donc oui, en dépit d’un manque de rythme, Le Spécialiste est un film à voir, mais plus pour les partis pris et intentions de son auteur qui annoncent le Matalo de Cesare Canevari avec ses hippies dégénérés, que pour Johnny qui joue du Colt et du poing.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Spécialiste, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le film est présenté dans sa version intégrale. L’excellent Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque, revient sur Le Spécialiste de Sergio Corbucci (25’), dont une rétrospective est d’ailleurs programmée du 9 au 29 juillet 2018 dans le temple français du septième art. Rauger insiste sur le décalage créé par la présence de Johnny Hallyday dans un western italien, ainsi que sur le « jeu » du comédien calqué sur la référence iconique de Clint Eastwood dans la trilogie de Sergio Leone. L’origine du projet, le relatif succès du film en France, le casting, les conditions de tournage, la mise en scène de Sergio Corbucci, les tensions entre Françoise Fabian et le réalisateur, tout y est abordé avec passion et humour.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces. Cette édition combo Blu-ray/DVD dispose également un livret exclusif et inédit de 32 pages comprenant Le Guitariste, parodie du film en bande-dessinée signée Guichard et Morchoisne, parue dans Pilote en 1970 et rééditée ici pour la première fois.

L’Image et le son

TF1 Studio livre un master HD qui permet aux spectateurs de redécouvrir Le Spécialiste dans de très belles conditions techniques. Les volontés artistiques du chef opérateur Dario Di Palma (Affreux, sales et méchants, Mimi métallo blessé dans son honneur) sont respectées, à l’instar de la texture argentique originale. Le confort de visionnage est indéniable, avec de très belles couleurs. Le piqué est flagrant, l’apport HD non négligeable sur plans larges, les séquences sombres sont aussi bien définies que le reste, les noirs sont concis, les détails fort appréciables. N’oublions pas le relief des textures, la profondeur de champ inédite, la stabilité et la restauration 4K (à partir du négatif image 35mm Technicolor-Techniscope) très impressionnante effectuée par L’Immagine Ritrovata.

Les pistes italienne et française DTS-HD Master Audio sont de même acabit. Les deux versions délivrent leurs dialogues avec suffisamment d’ardeur et les ambiances annexes sont dynamiques. S’il fallait vraiment les différencier, la piste italienne s’avère plus modérée, les voix des comédiens apparaissent plus fluides et les ambiances plus naturelles et homogènes. Dans les deux cas, aucun souffle intempestif n’est à déplorer, la propreté est de mise et la partition du prolifique compositeur Angelo Francesco Lavagnino est restituée avec efficacité. Les sous-titres sont imposés sur la version italienne. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / D’où viens-tu Johnny ?, réalisé par Noël Howard

D’OÙ VIENS-TU JOHNNY ? réalisé par Noël Howard, disponible en combo DVD/Blu-ray le 5 juin 2018 chez TF1 Studio

Acteurs :  Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Pierre Barouh, Jean-Jacques Debout, Evelyne Dandry, Fernand Sardou, André Pousse, Jean-Marie Rivière, Hélène Tossy, Henri Vilbert, Daniel Cauchy…

Scénario :  Yvan Audouard

Photographie : Walter Wottitz

Musique : Eddie Vartan, Jean-Jacques Debout, Johnny Hallyday

Durée : 1h40

Année de sortie : 1963

LE FILM

Johnny Rivière est un jeune Parisien au cœur pur, passionné de rock’n’roll. Le sous-sol d’un bar lui sert de salle de répétition, à lui et à ses musiciens, en échange de menus services qu’il rend au patron, M. Franck. Lorsqu’il comprend qu’il est manipulé par des truands, il se révolte et jette à la Seine un chargement de drogue qu’il était chargé de convoyer à son insu. Menacé de mort, il part se réfugier auprès des siens en Camargue, bientôt rejoint par sa fiancée Gigi mais aussi traqué par les malfrats qui se sont lancés à ses trousses. D’où bagarres, chevauchées, amour et chansons…

D’où viens-tu Johnny ? (1963) n’est pas la première apparition de Johnny Hallyday au cinéma, mais le film qui l’a véritablement consacré star du rock’n’roll en France. Outre une apparition subliminale dans Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot (1955) alors qu’il n’est âgé que de douze ans, le film à sketches Les Parisiennes (1962) marque son incursion dans le septième art, dans le segment Sophie, réalisé par Yves Allégret, dans lequel il donne la réplique à une débutante nommée Catherine Deneuve. Mais c’est bel et bien D’où viens-tu Johnny ? qui assoit définitivement sa popularité. Par ailleurs, le film restera son plus grand succès au box-office avec 2,8 millions d’entrées. S’il démarre comme un petit polar en N&B, teinté de musique et de chansons, le long métrage de Noël Howard passe ensuite en couleurs après le générique (qui apparaît au bout d’un quart d’heure) pour plonger le personnage principal dans un western tourné dans les magnifiques décors naturels de la Camargue, où les seconds couteaux entourent la vedette avec leur accent chantant.

Avec sa petite amie Gigi, Johnny Rivière joue et chante dans un groupe de rock à Paris. En échange d’un local de répétition, le jeune homme rend quelques services au patron du club, un dénommé M. Franck. Un jour, il découvre que la valise qu’il a été sommé de récupérer à la consigne contient de la drogue et jette son contenu dans la Seine. Furieux, M. Franck jure de se venger. Johnny part alors se réfugier en Camargue d’où il est originaire. Il retrouve avec bonheur ses amis d’enfance et les habitants du coin. Mais les acolytes de M. Franck vont bientôt retrouver sa trace…

Produit par Ray Ventura, D’où viens-tu Johnny ? devait à la base être réalisé par Abel Gance. Victime d’un infarctus, le cinéaste laisse finalement la place à l’américain Noël Howard, réalisateur de seconde équipe sur La Terre des pharaons de Howard Hawks (1955), Ariane de Billy Wilder (1957), Le Roi des rois de Nicholas Ray (1961) et même sur Lawrence d’Arabie de David Lean (1962). C’est sans doute pour avoir côtoyé les plus grands que la mise en scène de Noël Howard apporte un vrai sens visuel à ce petit film devenu culte. Tourné dans un superbe N&B, le prologue parisien installe le récit et les personnages, notamment celui campé par l’idole des jeunes qui venait alors d’exploser sur la scène musicale française.

Charismatique, démarche à la James Dean, mimiques à la Elvis Presley, Johnny Hallyday, 20 ans, s’impose face à la caméra en faisant preuve de naturel et d’aisance. Le générique arrive puis le cadre capture les merveilles de la Camargue, terrain de jeu malin pour instaurer un western à la française.

Si l’histoire qui s’ensuit est somme toute anecdotique et prétexte pour mettre Johnny en valeur et le faire pousser la chansonnette à la moindre occasion, dont le tube écrit par Jean-Jacques Debout Pour moi la vie va commencer, le spectacle se laisse suivre très agréablement. Johnny doit non seulement essayer d’échapper à ceux qui sont lancés à ses trousses, mais il se retrouve également plongé dans un triangle amoureux, doit faire du rodéo avec ses potes, compter fleurette à l’élue de son coeur Gigi (Sylvie Vartan), boire du pastis avec Fernand Sardou (qui ne faisait certainement pas semblant d’enchaîner les verres), tout ça en gardant le sourire et les yeux plissés pour montrer sa fureur de vivre. D’où viens-tu Johnny ? reste un film frais, léger, beau à regarder et bourré de charme.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de D’où viens-tu Johnny ?, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est lumineux, animé et musical.

Journaliste français et critique musical, Philippe Manoeuvre présente D’où viens-tu Johnny ? (25’). Cette introduction se concentre sur l’arrivée de Johnny Hallyday sur la scène musicale, sur ses premiers succès, son triomphe, sa consécration et ses apparitions au cinéma jusqu’au film qui nous intéresse. Le grand concert gratuit donné devant 150.000 personnes de la Place de la Nation en juin 1963 est également évoqué. Cinq minutes avant la fin, Philippe Manoeuvre est rejoint par le chanteur, auteur et compositeur Jean-Jacques Debout qui se souvient de la création de la chanson Pour moi la vie va commencer et du tournage du film de Noël Howard.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce. Cette édition combo Blu-ray/DVD dispose également un livret exclusif et inédit de 36 pages comprenant le carnet de tournage et 40 photos commentées.

L’Image et le son

D’où viens-tu Johnny ? a été restauré en 4K à partir du négatif image par le Laboratoire VDM. La première partie en N&B est sublime. Les noirs sont denses, les blancs lumineux, les contrastes très riches, la texture argentique respectée, la propreté indéniable et le piqué inédit. Après le générique, la partie couleurs déçoit légèrement. Les teintes apparaissent parfois un peu pâles, la gestion du grain est aléatoire, la définition chancelle parfois et certaines séquences laissent apparaître des rayures verticales. Mais dans l’ensemble ce master HD permet de (re)voir ce film très sympathique dans les meilleures conditions possibles.

Le mixage DTS-HD Master Audio 2.0 permet aux chansons de Johnny et à la musique d’Eddie Vartan d’être délivrées avec un coffre inédit. Egalement restauré à partir du négatif, le son a subi un dépoussiérage. Le confort acoustique est ici largement assuré, jamais entaché par un souffle quelconque. Les effets annexes, les voix des comédiens, tout est ici mis en valeur avec fluidité probante. Les sous-titres français pour sourds et malentendants sont également disponibles.

Crédits images : ©  TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Fantôme avec chauffeur, réalisé par Gérard Oury

FANTÔME AVEC CHAUFFEUR réalisé par Gérard Oury, disponible en Blu-ray le 20 juin 2018 chez Gaumont

Acteurs :  Philippe Noiret, Gérard Jugnot, Jean-Luc Bideau, Charlotte Kady, Daniel Russo, Béatrice Agenin, Maxime Boidron, Sophie Desmarets, Daniel Gélin…

Scénario :  Francis Veber

Photographie : Robert Fraisse

Musique : Wojciech Kilar

Durée : 1h21

Année de sortie : 1996

LE FILM

Philippe Bruneau-Tessier, grand patron d’usines, et son fidèle chauffeur, Georges, décèdent tous deux d’une mort violente à vingt quatre heures d’intervalle. Ils n’avaient rien en commun de leur vivant mais les deux fantômes auront quarante huit heures avant le grand appel pour apprendre à mieux se connaître au cours d’une fantastique aventure posthume.

Fantôme avec chauffeur est l’avant-dernier long métrage de Gérard Oury, l’homme aux 69 millions d’entrées en France. Après la déconvenue Vanille fraise (1989), La Soif de l’or avait redonné quelques couleurs au réalisateur, puisque le film avec Christian Clavier avait engrangé plus d’1,5 million d’entrées dans les salles en 1993. En voyant les triomphes des Visiteurs et des Anges gardiens, qui comprenaient de nombreux effets spéciaux numériques, Gérard Oury décide d’utiliser ces nouveaux outils pour sa prochaine comédie. Mais pour la première et unique fois de sa carrière, le cinéaste ne collabore pas au scénario et laisse le grand Francis Veber s’en occuper seul. A sa sortie, Fantôme avec chauffeur a été très mal accueilli par la presse et seulement 400.000 spectateurs avaient fait le déplacement pour découvrir Philippe Noiret et Gérard Jugnot devenir des spectres grâce aux trucages créés par un certain Pitof. Comédie-fantastique qui a recours à quelques gags lourdingues, le film étonne cependant par son émotion, grâce notamment à une histoire de filiation et d’amour père-fils.

Alors oui, rétrospectivement, il s’agit d’un des films les plus faibles de Gérard Oury et probablement du scénario le plus basique et scolaire de Francis Veber. A une époque, cette association aurait probablement pulvérisé le box-office, ce qui n’a malheureusement pas été le cas ici. Pourtant, Fantôme avec chauffeur est loin d’être un film déplaisant. Les deux têtes d’affiche semblent complices et s’amusent visiblement à se donner à la réplique, tout en jouant avec ce que les effets visuels leur permet de faire à l’écran. Les CGI de l’époque ne pouvaient déjà pas rivaliser avec ce qui se faisait aux Etats-Unis et l’ensemble fait très franchouillard, pourtant les séquences truquées s’accompagnent d’une certaine poésie. On pense alors à Garou-Garou, le passe-muraille, réalisé par Jean Boyer sorti en 1951, dans lequel Bourvil se réveillait avec le don de traverser les murs et qui au détour d’une scène mettait une gifle à…Gérard Oury.

Bénéficiant d’un budget très modeste, le réalisateur de La Grande vadrouille insuffle un charme rétro à son récit pourtant contemporain et aux images de synthèse alors à la pointe de la technologie. Fantôme avec chauffeur apparaît également comme une œuvre testamentaire. Le thème de la mort est évidemment omniprésent durant 1h15. Gérard Oury avait 76 ans au moment du tournage de son seizième film. Après une carrière en tant qu’acteur et une autre exceptionnelle en tant que scénariste et metteur en scène, la vue déclinante, Gérard Oury pensait peut-être qu’il s’agirait de son ultime long métrage. Si Le Schpountz (1999) allait démentir cela, Fantôme avec chauffeur évoque le passage de relais dans un monde en pleine mutation.

Le personnage joué par Philippe Noiret a sans doute eu un enfant très tard dans sa vie. Plusieurs fossés de générations les séparent. L’héritier de Bruneau-Teissier est un jeune homme passionné par les jeux vidéo, qui se réfugie dans une réalité virtuelle. La mort de son père et la chance laissée à Bruneau-Teissier de rester quelques jours auprès de son fils, vont finalement les rapprocher, les faire se découvrir, pour enfin se parler et se dire les sentiments qu’ils ont l’un envers l’autre. Malgré l’excellence de Gérard Jugnot, on sent que Gérard Oury accorde plus d’importance au personnage de Philippe Noiret. Le chauffeur, Georges Morel est juste là pour entraîner les quiproquos. Tout ce qui tourne aux histoires de cul du personnage, son trafic de drogue et ses petites combines ne fonctionnent pas et intéressent encore moins.

Toujours est-il que Fantôme avec chauffeur est une petite comédie sympathique, qui se laisse revoir avec plaisir.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Fantôme avec chauffeur, disponible chez Gaumont, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet.

Les suppléments sont peu nombreux et se résument à la bande-annonce et une présentation du film par Yves Alion (21’30). Le journaliste, critique et historien du cinéma défend Fantôme avec chauffeur qu’il affectionne tout particulièrement. Après avoir dressé une liste des films de Gérard Oury, Yves Alion en vient à la collaboration du réalisateur avec les comédiens, puis plus précisément à la mise en route, au tournage, aux effets visuels et aux thèmes de Fantôme avec chauffeur.

L’Image et le son

Le master HD est correct. Ce n’est pas non plus transcendant et l’image fait un peu vieillotte, mais au moins la copie est très propre, stable et les nombreuses séquences truquées sont plutôt homogènes. Seules les scènes de nuit sont moins bien définies, surtout sur les transparences ou quand les images de synthèse sont présentes, à l’instar des deux fantômes qui passent à travers le capot de la DS lors de la course-poursuite. Sinon les couleurs sont jolies, les contrastes soignés.

Le mixage DTS-HD Master Audio 2.0 instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Wojciech Kilar est bien lotie. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  Gaumont / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr